Le rat des champs
avatar 06/09/2008 @ 14:01:29
Je le précise tout de suite, je n'ai lu de son livre que quelques extraits parus dans la presse ou alors en feuilletant le bouquin au magasin, ce qui est insuffisant pour faire une critique éclair honnête.

Selon Fufu junior, une grande partie des médecins serait des abrutis vénaux se fichant de leurs patients comme de leur premier abaisse-langue, et il tente de le prouver par de nombreuses anecdotes assez partiales et racontées de façon peu honnête. Il fait l'impasse sur le dévouement et la compétence de la toute grande majorité de ses (ex) confrères et pourrait donc faire peur. Braves gens allez plutôt consulter un astrologue ou un gourou, est-ce la solution qu'il préconise?

Honnêtement, je ne sais que penser. Est-il un médecin de grande qualité, déçu par le manque d'éthique réel ou supposé de ses confrères ou projette-t-il sur eux ses propres insuffisances? La chose n'est pas claire, mais ce témoignage uniquement à charge d'une profession qui est quoi qu'il en dise honorable crée le malaise.

Antinea
avatar 06/09/2008 @ 14:55:05
Le Rat, tu lance un débat là.
Je me rappelle Shelton et son témoignage face à une soirée de solitude où l'un de ses amis s'était senti très mal. Mais pas de médecin sur place, pas d'ambulance disponible pour cause d'hôpital surchargé. Et c'est loin d'être anecdotique, il m'est arrivée deux fois la même chose, et je suis certaine que beaucoup ont des histoires semblables à raconter.
Je n'ai pas lu le livre dont tu parles, mais il m'intéresse.
Médecin est une profession honorable, comme tu le dis. Mais c'est partout pareil : y'en a des bons, et des moins bons.
La seule chose que je ne comprenne pas c'est le peu de tour de garde que les médecin en cabinet font aujourd'hui. C'est une question polémique mais elle est importante. Je ne parle pas des médecins hospitaliers, souvent exploités et pas cher payés.

Antinea
avatar 06/09/2008 @ 14:59:09
Bien sûr, sans faute d'orthographe... "Tu lances"... ;)

Le rat des champs
avatar 06/09/2008 @ 15:13:20
C'est vrai, Antinea, que le public attend beaucoup des médecins et que son attente n'est pas toujours respectée, soyons honnêtes et reconnaissons-le. Il est exact que les médecins ne se bousculent plus au portillon pour faire des gardes, pour de nombreuses raisons, qui tiennent plus à mon avis d'une mauvaise politique de santé publique et d'un certain découragement que d'un manque de conscience professionnelle. Une médecine de qualité coûte cher au budget de l'Etat, parce que chacun veut bénéficier du meilleur diagnostic et des meilleurs soins, ce qui est normal.

Parallèlement à ça, on voit que les pays européens restreignent les budgets de l'assurance maladie et que de nombreux verrous administratifs sont mis en place en Belgique comme en France pour maîtriser les coûts. Ca va en Belgique des remboursements conditionnels avec autorisation de remboursement soumis à l'approbation du médecin-conseil de la mutuelle aux références médicales opposables en France.

C'est un choix de société et je constate que quand il s'agit de construire un rond-point inutile, il y a toujours de l'argent.

En Belgique, une visite de nuit au domicile du malade rapporte 74,34 € au médecin, frais de déplacement inclus, dont il doit rendre plus de la moitié, par le biais des impôts et des lois sociales à l'Etat. Connais-tu un plombier qui accepterait de se déplacer pour ce prix-là en pleine nuit?

Le rat des champs
avatar 06/09/2008 @ 15:23:00
Encore un truc, tu parles d'hôpital surchargé et tu as raison. Est-il normal qu'il faille attendre trois mois pour passer une résonance magnétique parce que le législateur, par souci d'économie a jugé utile de réduire l'offre en pondant une loi dite de limitation de l'équipement lourd, empêchant de nombreux hôpitaux d'ouvrir un service? Est-il normal que suite à la fermeture de nombreux lits d'hôpitaux notamment en psychiatrie, pour des raisons budgétaires, on n'arrive plus à hospitaliser dans l'urgence un patient qui représente un danger pour lui-même et les autres?

Hier j'ai eu dans ma pratique professionnelle à gérer le cas d'un type qui voulait se jeter par la fenêtre et était violent avec son entourage, et bien il n'y avait pas de place disponible dans tous les instituts psychiatriques à 100 km à la ronde.

En tant que citoyens-contribuables et patients potentiels nous devons exiger des pouvoirs publics une politique de santé recevant des budgets réalistes prenant en compte les besoins et non les sommes que l'Etat est disposé à y consacrer.

Antinea
avatar 06/09/2008 @ 15:32:22


Parallèlement à ça, on voit que les pays européens restreignent les budgets de l'assurance maladie et que de nombreux verrous administratifs sont mis en place en Belgique comme en France pour maîtriser les coûts. Ca va en Belgique des remboursements conditionnels avec autorisation de remboursement soumis à l'approbation du médecin-conseil de la mutuelle aux références médicales opposables en France.

C'est un choix de société et je constate que quand il s'agit de construire un rond-point inutile, il y a toujours de l'argent.

En Belgique, une visite de nuit au domicile du malade rapporte 74,34 € au médecin, frais de déplacement inclus, dont il doit rendre plus de la moitié, par le biais des impôts et des lois sociales à l'Etat. Connais-tu un plombier qui accepterait de se déplacer pour ce prix-là en pleine nuit?


Je connais ces revendications, ayant une personne de la profession libérale dans la famille.

La conception de la médecine en France (je ne parlerais pas de la Belgique que je ne connais pas) est très différente de celle du Portugal (là, je connais).
En France, la médecine reste malgré tout "humaine", c'est-à-dire accessible aux personnes. L'Etat rembourse, ce que je trouve excellent. Je regrette cependant la vision des français face à ces remboursements. Pour eux, c'est normal, c'est un dû et ça ne va pas plus loin. Quelle chance ont-ils ! Mais ils se trompent. Le système français est exceptionnel, et si on continue à en abuser, on va le perdre et on n'aura plus que nos yeux pour pleurer et de belles phrases pour dire : "c'est un droit !". C'est un droit certes, mais cela ne nous donne pas le droit à nous d'abuser.

Au Portugal, on paie cher une consultation, il n'y a jamais de visites à domicile. Si on veut payer moins, il faut aller au dispensaire et patienter presque la journée pour voir un médecin, quand il ne faut pas re-tenter sa chance le lendemain. Les remboursements sont anecdotiques et ne couvrent pas la totalité des dépenses.

Au sujet des tours de garde, je suis assez fachée contre les médecins français installés en cabinet. Dans le village de mes parents, il y a 5 médecins. Aucun n'assure un service de garde. Il y a déjà eu 2 décès le week end de personnes ayant fait une crise cardiaque. L'hôpital le plus proche étant à 20 km (et toujours bondé, pas d'ambulances disponibles), et les médecins n'assurant pas les gardes, ces personnes n'ont pu être sauvées. Face au problème, la Mairie a proposé aux médecins l'ouverture d'un dispensaire (local payé par la commune) pour réunir ces médecins et l'embauche d'une secrétaire (payée par la commune) afin de faire un roulement. Refus total.

Je sais bien que les charges des professions libérales est une honte. On leur pompe tout et aucun corps de métier n'accepterait de travailler pour donner plus de la moitié des revenus en impôts, retraites, charges sociales... La médecine n'est pas non plus un boulot au 35h, il faut être présent, souvent tard le soir lorsque la grippe est de retour.
Bref, c'est épineux. Mais je continue de penser que les revenus, même diminués par les impôts, permettent au médecin de vivre bien et que quand même une garde de temps en temps ne serait pas trop un problème.
C'est mon avis, ne le prend pas mal le Rat ! ;)

Antinea
avatar 06/09/2008 @ 15:34:33
Est-il normal qu'il faille attendre trois mois pour passer une résonance magnétique parce que le législateur, par souci d'économie a jugé utile de réduire l'offre en pondant une loi dite de limitation de l'équipement lourd, empêchant de nombreux hôpitaux d'ouvrir un service? Est-il normal que suite à la fermeture de nombreux lits d'hôpitaux notamment en psychiatrie, pour des raisons budgétaires, on n'arrive plus à hospitaliser dans l'urgence un patient qui représente un danger pour lui-même et les autres?

Hier j'ai eu dans ma pratique professionnelle à gérer le cas d'un type qui voulait se jeter par la fenêtre et était violent avec son entourage, et bien il n'y avait pas de place disponible dans tous les instituts psychiatriques à 100 km à la ronde.

En tant que citoyens-contribuables et patients potentiels nous devons exiger des pouvoirs publics une politique de santé recevant des budgets réalistes prenant en compte les besoins et non les sommes que l'Etat est disposé à y consacrer.


Tout à fait d'accord.

Débézed

avatar 06/09/2008 @ 22:15:57
Il y a pourtant encore des médecins sympas qui croient encore au serment qu'ils ont prêté !

Une petite aventure personnelle qui m'est arrivée il y a quelques années dans une ville de la région (60 000 habitants intra muros). Un dimanche, j'étais chez ma belle-mère avec ma femme, ma fille et son petit bébé de 4 mois quand ma fille a brutalement été agressée par une sévère gastro qui ne lui permettait pas de se déplacer pour les raisons que vous imaginez et que je passerai sous silence.

La police a refusé de nous donner le nom du médecin de garde au téléphone, nous sommes allés au commissariat et nous nous sommes fait jeter comme des mal propres. Impossible même d'avoir la pharmacie de garde. En désespoir de cause, nous nous sommes adressés au SAMU qui nous a orienté vers un cabinet médical où un médecin a accepté de se déplacer pour soigner ma fille. Après avoir entendu le récit de nos errements qui ont tout même durés près de cinq heures (je l'ai fait courte), il a jugé le comportement de la police et des autres instances qui n'ont pas voulu ou pas pu nous secourir, tout à fait inadmissible et il a refusé de percevoir le montant de sa consultation. Je me souviendrai de lui, c'est un médecin, un vrai !

Nous n'avions même plus de lait pour le bébé et nous sommes rentrés chez nous, à 100 km de là, laissant notre fille avec sa grand mère pour soigner cette gastro qu'elle aurait pu traiter 5 heures plus tôt pour pouvoir rejoindre la maison avec son bébé.

Et quand on pense qu'une telle aventure peut arriver à une personne isolée ou fragilisée, on a peur !

Antinea
avatar 07/09/2008 @ 15:48:55
Il y a pourtant encore des médecins sympas qui croient encore au serment qu'ils ont prêté !



Oui.
Le médecin que j'avais dans la ville où j'ai fait mes études était super consciencieux, il travaillait comme un fou, avait de rendez-vous tard le soir s'il le fallait. Même si la consultation pour une grippe pouvait ne pas durer plus de 5 min, il savait consacrer du temps quand il avait un doute.

Il faudrait un roulement pour que ce ne soient pas toujours les bonnes âmes qui se fassent exploiter.

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