Virginie 03/05/2004 @ 20:34:29
Quand l'adultère tourne au cauchemar :

Une fiction pleine de mystère, ainsi qu'une fable sur la façon dont le regard d'autrui nous paralyse



Calme, placide, élévant rarement la voix, Hélène Harbelin, la cinquantaine sereine, mène une vie paisible auprès de son mari, de son fils, de sa fille et de ses petits enfants. Mais contrairement, à l'idée reçue que les gens heureux n'ont pas d'histoire, sa vie va basculer dans l'inattendu et l'étrangeté dramatique.

Un jour, sur un coup de tête, elle trompe son mari avec un inconnu. Un geste pas très important à ses yeux, mais l'adultère vire au cauchemar quand, au lit, l'amant meurt d'une crise cardiaque. Hélène, qui s'enfuit, décide de s'enfermer dans le silence, et veut à tout prix effacer cet évenement de sa mémoire. Elle oublie seulement que, dans son affolement, elle a laissé son sac à main dans la chambre. Avec tous ses papiers. Ce qui n'était au départ qu'un coup de canif dans son contrat de mariage l'entraînera dans une spirale infernale. Avec, pour le lecteur, une cascade de surprises savamment distillées au fil de chapitres courts, secs, sans artifices.

Habituée à écrire l'enfermement mental de femmes prisonnières de leur passé, de leur affect, de la violence des hommes ou de leurs contradictions, Tatiana de Rosnay, l'auteur émouvant de La Mémoire des Murs, signe avec Spirales un nouveau thriller psychologique. Elle en profite pour réaffirmer son engagement citoyen auprès des plus démunis. Si elle explore ici les frontières fragiles entre le bien et le mal (thème recurrent pour elle), elle bâtit son suspense diabolique sur une double mouvement narratif : l'intimité détruite d'Hélène et celle de sans-papiers d'origine serbe s'entrechoquent dans une danse macabre orchestrée par quelques maîtres chanteurs dont on ne comprendra qu'à la fin les motivations profondes. Passage du désir dans le corps féminin, vies chamboulées par la musique du hasard, dénonciations de la bonne conscience des masses : autant d'ingrédients romanesques utilisés avec une rare économie de moyens.

Tout dans cette fiction opaque réspire l'étrange et le mystère. Manière pour Tatiana de Rosnay d'offrir une splendide fable sur le rêve et la réalité, et sur la façon dont nous imaginons le monde exterieur quand le regarde d'autrui nous paralyse et nous fige dans nos peurs d'enfant, nos pensées secrètes et nos phobies profondes. Un texte puissant, de fracture existentialiste, qui s'impose aussi comme un éloge de l'art, présenté comme un rempart à la déshérence et à la misère morale des individus comme des sociétés entières.

Jean-Rémi Barland LIRE Avril 2004

Forrester 04/05/2004 @ 12:20:24
waouhhh !
super. j'ai telllllement aimé ce SPIRALE !
(au fait j'aime bien la nouvelle mouture de LIRE. )


:)

Marsup 29/08/2013 @ 10:24:10
Bonjour,

Je trouve ce livre très efficace à tel point qu'il est difficile de le lacher. Par contre, la fin me laisse dubitatif...

D'ailleurs, je ne sais si je l'ai bien comprise :
Hélène serait la jeune femme aux yeux dorés qui écrit dans son cahier cette histoire fictive (que le lecteur croit réelle) ?

Si c'est le cas, c'est décevant car un peu tro facile...

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier