Saint-Germain-des-Prés

avatar 01/03/2006 @ 14:22:18
Cher Macréon,

Je ne suis pas d’accord avec toi, et je me permets de développer ici mes arguments.

Selon toi, ce livre de Sollers est « une excellente manière d’approfondir sa connaissance et de percevoir la magie du style de l’auteur de Zarathoustra ». Et tu termines ta critique éclair en conseillant la lecture de ce livre à « ceux qui ne connaissent ni Sollers ni Nietzsche et qui souhaitent élargir leur horizon ». Moi qui connais un peu Nietzsche, ce n’est certainement pas le biais que je conseillerais pour aborder le personnage, le philosophe et enfin son œuvre. Vous vous intéressez à Nietzsche ? Et bien lisez-le, bon sang ! Lui, et pas un autre (même si Sollers colle habilement bout à bout une profusion de citations). Nietzsche, on ne le redira jamais assez, est tout à fait compréhensible. La seule condition de départ est de s’y intéresser. Prenez « Ecce homo », c’est d’une clarté exemplaire ! Et Zarathoustra, quel souffle ! Pourquoi se passer de ce plaisir et s’ennuyer avec Sollers ?

Pour l’érotisme, dis-tu. Faudra m’expliquer. Certains mots crus ne m’ont semblé ni nécessaires ni émoustillants. D’autres scènes sont rapidement évoquées, mais de tellement loin qu’on aurait besoin d’une loupe pour y déceler la parcelle d’érotisme censée y être…

Le livre est salué en France ? Ca me semble logique. N’est pas Sollers qui veut. Les critiques littéraires français ont bien peu l’occasion de se mettre un écrivain d’envergure sous la dent alors quand ils en tiennent un, ils le saluent tant et plus. Ce n’est pas tous les jours qu’un auteur français publie un roman de plus de 500 pages sur un sujet intelligent et avec un vocabulaire choisi.

Au plaisir d'en discuter plus avant...
S-G-d-P

Jules
01/03/2006 @ 17:50:02
Oh !... Saint-Germain je t'ai toujours beaucoup apprécié mais là, tu arrives carrément au sommet de l'échelle !...

Ton opinion sur les lettres françaises d'aujourd'hui, avec ton humour, m'a littéralement ravi !... Je ne savais pas encore à quel point nos pensées étaient les mêmes dans le domaine...

Je m'y sens d'autant mieux !...

Amitiés à vous deux et un bisou à Quentin au passage...

Aria
avatar 01/03/2006 @ 18:10:54
Sollers m'a toujours insupportée. C'est le seul écrivain dont j'ai eu envie de balancer un livre au vide-ordure, tant sa vision des femmes (au travers de ses écrits, dans la vie j'ignore...et je m'en contre-fiche), je devrais plutôt dire son "utilisation" des femmes m'irrite et le mot est faible...
Alors c'est sûr, pour découvrir Nietzsche, que je n'ai jamais lu depuis la classe de Philo, je ne passerai pas par lui et ses fantasmes de nymphettes.

Macréon 03/03/2006 @ 18:57:17
Autodidacte, peu accoutumé aux spéculations philosophiques ( j'envie ceux ou celles qui ont pu faire des études de cet ordre), je me suis réjoui de connaître un tout petit mieux Nietzsche et Sollers sur lesquels j'ai lu énormément de critiques mais pas lu un seul livre. C'est pourquoi je vous approuve lorsque vous écrivez : " eh bien, lisez-le, bon sang !" D'ailleurs, j'ai décidé d'acheter " Ecce Homo " très vanté par Sollers.

Ce qui m'a toujours intéressé au sujet de N., . et que je n'ai trouvé nulle part,c'est de savoir la réelle influence du philosophe sur les nazis ( surhomme etc.). A ma connaissance, aucun livre n'a traité sérieusement et clairement de ce problème. J'ai l'impression d'être le seul à penser que N. a influencé assez profondément le dictateur sanglant et ses séides.D'ailleurs, après la guerre, Nietzsche a été assez longtemps au rancart parce que tenu partiellement responsable de l'hystérie nazie.

De Sollers, vous réprouvez ses mots crus, sa vulgarité ; à mon avis, c'est sur le conseil de son éditeur qu'il a cru devoir assaisonner sa prose farcie effectivement de citations qui pourraient lasser, mais judicieusement mises en lumière. C'est vrai qu'à la limite, il faut une loupe pour y trouver de l'érotisme; ses petites vantardises sexuelles ne portent guère à conséquence.
Il faut s'attacher aux qualités de l'écrivain, telles que je les découvre : une culture encycopédique et classique, différents sujets qui passent de l'un à l'autre avec désinvolture et naturel, pour tout dire un style jubilatoire, sarcastique, une verve qui n'évite pas toujours les platitudes ( peu fréquentes). Les bonheurs de style ne manquent pas et la deuxième partie du livre est la meilleure, selon moi.

Finalement, le dinosaure, comme il s'appelle lui-même, se porte bien. J'apprécie décidément son style familier, gamin. Mais j'ignore toujours si je vais me décider d'acheter un de ses livres.

Macréon 03/03/2006 @ 19:22:39
Je comprends parfaitement votre agacement et même votre irritation. Je l'avais moi-même remarqué; c'est son côté écrivain de droite d'avant guerre, un peu machiste,en douce, à la Montherlant. ( il hurlerait de rire s'il me lisait).

Quant à ses" fantasmes de nymphettes" ( c'est bien trouvé), sauf erreur, la littérature d'aujourd'hui foisonne de livres qui exploitent ce genre de filon.

Vous avez bien entendu le droit de détester cet auteur, mais je vous assure, c'est un bouquin qui, n'était l'âge relativement canonique de l'auteur, aurait mérité remporter un prix ( le Goncourt ?). On s'habitue même à ses tics d'écriture, par exemple ses énumérations à la Prévert.

Ce livre, je vous le prédis, va connaître le succès : il bénéficie d'ailleurs d'une publicité très large( un quart de page dans " Le Monde") et peut-être d'un bouche à oreille qui vont doper le tirage. Bien à vous.





Sollers m'a toujours insupportée. C'est le seul écrivain dont j'ai eu envie de balancer un livre au vide-ordure, tant sa vision des femmes (au travers de ses écrits, dans la vie j'ignore...et je m'en contre-fiche), je devrais plutôt dire son "utilisation" des femmes m'irrite et le mot est faible...
Alors c'est sûr, pour découvrir Nietzsche, que je n'ai jamais lu depuis la classe de Philo, je ne passerai pas par lui et ses fantasmes de nymphettes.

Solange 03/03/2006 @ 19:53:32
Ce qui m'a toujours intéressé au sujet de N., . et que je n'ai trouvé nulle part,c'est de savoir la réelle influence du philosophe sur les nazis ( surhomme etc.). A ma connaissance, aucun livre n'a traité sérieusement et clairement de ce problème. J'ai l'impression d'être le seul à penser que N. a influencé assez profondément le dictateur sanglant et ses séides.
Il y a sur ce site une personne (qui n'intervient malheureusement plus dans les forums) qui a rédigé une thèse sur ce sujet. Je pense que vous êtes dans l'erreur lorsque vous dites qu'aucun livre n'a sérieusement traité du sujet, vous devriez mieux vous renseigner.

Fee carabine 03/03/2006 @ 20:14:37
Ce qui m'a toujours intéressé au sujet de N., . et que je n'ai trouvé nulle part,c'est de savoir la réelle influence du philosophe sur les nazis ( surhomme etc.). A ma connaissance, aucun livre n'a traité sérieusement et clairement de ce problème. J'ai l'impression d'être le seul à penser que N. a influencé assez profondément le dictateur sanglant et ses séides.D'ailleurs, après la guerre, Nietzsche a été assez longtemps au rancart parce que tenu partiellement responsable de l'hystérie nazie.


Je crois que la question est plutôt de savoir dans quelle mesure il faut parler d'influence de Nietzsche sur les nazis ou de récupération de Nietzsche par les nazis (qui étaient fort doués en la matière, et qui ont pour ce faire bénéficié de l'aide fort efficace de la soeur du philosophe qui a en partie assuré l'édition de ses oeuvres, en les arrangeant quelque peu au passage).
Je crois que certaines éditions récentes des oeuvres de Nietzsche abordent ce problème. Voir par exemple un article sur une nouvelle édition de "La volonté de puissance" (un livre publié à titre posthume par les bons soins de la soeur de Nietzsche): http://lire.fr/critique.asp/…

Kinbote
avatar 03/03/2006 @ 20:45:58
Intéressant de connaître la réaction vierge, si j'ose dire, de Macréon face à un Sollers dont on ne sait plus que penser. Cela dit, l'attachement de Sollers pour Nietzsche n'est pas nouveau.
Pourquoi ne pas découvrir l'un et l'autre, même si, c'est sûr, il y a quantité d'autres voies: Klossowski ou Deleuze, par exemple.
Erudition, virtuosité d'écriture, sens du spectacle: Sollers n'en manque pas, même si à force ses recettes sont connues, y compris son couplet sur son idée, il est vrai, de la femme.
Il faut dire que depuis le temps qu'il est dans la place, il possède tout un réseau d'amis et que peu de critiques littéraires, comme pour BHL, peuvent se permettre de dire du mal de lui. Même pour un Sollers moyen, les éloges pleuvent dans la presse parisienne. Alors, quand c'est un bon crû, il ne faut pas s'étonner qu'il fasse l'unanimité. Mais bon, c'est un peu devenu le tôlier des Lettres françaises, comme l'avait un jour déclaré Raphaël Sorin ; ç'aurait pu tomber plus mal.

Macréon 03/03/2006 @ 22:17:31
Pouvez-vous être assez aimable de me donner une piste pour retrouver le nom de cette personne ? ( celle qui a rédigé une thèse sur le sujet )

Cela fait longtemps que je clique sur Google Hitler- Nietzsche et je n'y trouve rien de réellement intéressant.

J'ai moi-même naguère fait une critique dans "Critiques libres " sur un livre traitant du sujet qui me captive( vous pouvez la retrouver) mais ce livre était tout à fait insatisfaisant.

Macréon 03/03/2006 @ 22:38:21
Je vous remercie des références ( Lire etc) que vous avez bien voulu me transmettre.

A première vue vue, c'est à mon humble avis le site ( en anglais) Nietzsche's features qui semble le plus complet.

Je poursuis mes recherches et vous tiendrai au courant si je tombe sur une rareté qui réponde à mes souhaits.

Sibylline 06/03/2006 @ 19:04:29
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/801
Ce n'est pas si récent, dites donc. ;-)))
On se demande, parfois...

Pendragon
avatar 07/03/2006 @ 14:24:50
Macreon, j'avais déjà répondu en son temps à ta critique sur Nietzsche. Je ne suis nullement un spécialiste, simplement un "sur-fan" de Nietzsche, son oeuvre et sa pensée.

A mon humble avis, Nietzsche n'a jamais voulu, n'a jamais prévu, n'a jamais envisagé le nazisme et encore moins Hitler ! Qu'il ait été récupéré, c'est possible, c'est en partie la faute de sa soeur et en très (très) grande partie la faute de personnes qui comprennent ce qu'ils veulent bien comprendre dans l'oeuvre de Nietzsche !

Il y a toujours deux faces à une pièce et porter le regard sur l'une voile la vision de l'autre. Nietzsche nous a expliqué qu'il fallait être très prudent à ne pas confondre cause et conséquence, ça a l'air évident, mais à regarder de plus près, cela l'est beaucoup moins.

Est-ce que Nietzsche a influencé Hitler ? Probablement que oui ? Et Napoléon ? Et Jules César ? Et Platon ? Et les Borgia ? Et Néron ? Et Thalès de Millet ? Et Louis XIV ? Et Danton ? Et Jeanne d'Arc ? Et Colomb ? Et Leonard de Vinci ? Et le Grand Albert ? Et les Rosicruciens ? Et la Bible !!!???

Et bien oui, si Hitler a d'une façon ou d'une autre eu connaissance de toutes ces vies, ou pensées, il a été influencé ! Nous sommes tous autant que nous sommes le produit de nos influences. Nous sommes la "conséquence" de nos apprentissages ! Mais ces influences sont-elles la cause (individuelle) de ce que nous sommes ? Non, bien sûr que non ! Qui reproche encore à Einstein quoi que ce soit dans Hiroshima ? L'utilisation d'un outil, quel qu'il soit (pensée ou objet) ne peut en aucun cas être liée à l'outil lui-même !

Laissons donc Nietzsche a sa pensée première comme nous laissons le papillon à ses fleurs, n’allons pas lui reprocher l’ouragan !

Macréon 07/03/2006 @ 20:47:12
"Est-ce que Nietzsche a influencé Hitler ? Probablement que oui ? Et Napoléon ? Et Jules César ? Et Platon ? Et les Borgia ? Et Néron ? Et Thalès de Millet ? Et Louis XIV ? Et Danton ? Et Jeanne d'Arc ? Et Colomb ? Et Leonard de Vinci ? Et le Grand Albert ? Et les Rosicruciens ? Et la Bible !!!???"

Vos observations sont pertinentes et notamment le passage que je reproduis ci-dessus. Hitler et Napoléon : en efet, je suis aussi convaincu que le dictateur allemand était fasciné par le destin du Corse . Ces deux chefs de guerre ont même un point commun: c'est d'avoir échoué devant Moscou ; ces événements ont été le commencememnt, les prémices de leurs chutes respectives.

Et pourtant ... Mussolini admirateur de Nietzsche( c'est certain) . Cela ne vos interpelle pas un petit peu ? Ne coyez-vous pas que cette admiration n'ait pas eu une influence relativement déterminante dans son comportement ?

Nous ne le saurons jamais. Je reste convaincu qu'il n'y a pas de documentation trouvable qui relate tout simplement les détails des faits qui prouvent que les dirigeants nazis ont été influencés par Nietzsche. Peut-être en allemand ...

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