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… Pendant ce temps …
… dans la maison Le Cloarec, derrière les murs de granit, et plus précisément à la cave, Soizic, les jambes entravées et un bras menotté à une conduite d’eau suppliait Mamm Coz ;
- Mais pourquoi ! Laisse-moi partir ! Je veux rejoindre Gwenn ! Il m’attend ! S’il te plait …
Et elle se tordait les mains d’incompréhension et de frustration.
Face à elle Mamm Coz, venue déposer le repas du midi, impassible, restait inflexible ;
- Il revient, Gwenn ! Sa mission est terminée, tu ne ferais que compliquer les choses. Je suis obligée de te bloquer là, Soizic. C’est pour ton bien, et le sien. Désolée. As-tu besoin d’autre chose ? De lecture, de journaux … ?
Et Soizic, désespérée, secouait la tête et laissait couler ses larmes. Ca faisait quand même depuis deux jours qu’elle était enfermée là.
En réalité Mamm Coz avait reçu l’information – qui l’avait sérieusement ébranlée – que Soizic était en fait en mission d’infiltration auprès de son Gwenn. Des écoutes auprès de responsables de Security Global Solutions (SGS), une société américaine de sécurité avait montré que Soizic rapportait au responsable français, un ancien de la D.R.M. (Direction du Renseignement Militaire), Vincent Derumier, une vieille connaissance de Mamm Coz. Le Colonel François de Kerguelen venait de lui demander de « neutraliser » Soizic pour qu’elle n’aille pas tout mettre par terre.
… A Brest, le contre-amiral Pierre-Yves Ronac’h recevait un coup de fil d’un mystérieux Hervé :
- Pierre-Yves ?
- Contre-amiral Ronac’h à l’appareil.
- Pierre-Yves, c’est Hervé …
- Hervé ?
- Hervé Le Guerec. Le Lycée Vauban …
- Hervé Le Guérec ? Pas possible … Ca fait combien de temps ?
- Un bail, c’est sûr. Mais dis-moi, je vais droit à l’essentiel, c’est urgent. Je suis journaliste au « Télégramme » et nous nous apprêtons à passer une info. Juste, on voudrait avoir confirmation …
- …
- Tu es toujours là ?
- Oui, oui, de quoi s’agit-il ?
- Voilà, une source que je ne peux nommer nous a indiqué que des commandos de marine français auraient mis fin aux exactions du fameux Abou Hamza, le tortionnaire qui évoluait en Syrie – Irak. Nous ne trouvons confirmation nulle part mais si c’est vrai ce serait un sacré scoop. Il y a du vrai ?
- D’où tu tiens ça ? (le ton était mi-amusé mi-agacé)
- Je ne peux pas te le dire mais ça vient de l’autre côté du Rhin. C’est tout ce que je puis te dire.
- Laisse-moi 10 minutes et je te rappelle.
Et le contre-amiral Ronac’h, sous le sceau de l’anonymat, avait confirmé qu’Abou Hamza, recherché par toutes les armées qui étaient intervenues peu ou prou dans la zone Irak – Syrie , avait trouvé la mort lors de combats au Kosovo. La nouvelle serait totalement officielle après identification formelle du corps, identification en cours. « Mais tu ne mentionnes pas la marine française, OK ? » avait-il conclu.
…Quelque part en France, Vincent Derumier blêmissait en entendant cette voix qu’il n’avait plus entendu depuis des lustres, depuis qu’il y a huit ans il avait quitté la D.R.M. pour SGS ; la voix de Torr-penn. Torr-penn, la terrible mère de son compagnon de mission Gwenn Le Cloarec qu’il avait lamentablement laissé tomber au moment d’engager une mission dangereuse au Kosovo dans le cadre de la KFOR.
Familier des Le Cloarec, Vincent Derumier était bien placé pour savoir que Mamm Coz, la gentille Mamie, n’était pas qu’une joueuse de bingo inoffensive, mais qu’elle avait tenu un rôle dans la formation des jeunes recrues et qu’elle avait servi de boîte à lettres pour transmettre les informations relatives aux missions. Il n’avait jamais eu de contact avec elle après avoir démissionné et il se demandait bien comment elle l’avait retrouvé.
- Ecoute-moi, salopard. J’ai une petite idée de ce que tu trames pour ta boîte d’espions à la gomme. Et ce que tu fais est dégueulasse. Mais, surtout, tu vas ficher la paix à une gentille petite, qui vit chez moi, qui s’appelle Soizic et qui est un peu paumée là. Et puis puisque tu as laissé tomber Gwenn, tu vas arrêter de t’intéresser à lui. Sinon j’ai dans l’idée qu’il pourrait t’arriver des bricoles. On t’a retrouvé, tu vois … Tu n’as qu’à expliquer à tes commanditaires que Gwenn ne travaille plus pour l’armée. Pas trop compliqué, non ?
- …
- Enfin tu fais comme tu veux mais si je te retrouve sur notre chemin …
…Quelque part, entre Croatie et Bretagne, Gwenn déglutissait en relisant le message :
« Rejoins-moi à Berlin. Je détiens ton fils. Zarokzy. »
Zarokzy. Le trafiquant d’armes dont il avait fait capoter les affaires avec Abou Hamza en Syrie quelques années auparavant. Le bilan était terrible pour Zarokzy ; il avait perdu des sommes folles, Abou Hamza était persuadé que c’était lui qui l’avait trahi et lui-même était maintenant dans les radars des services de renseignement. Il avait dû se résoudre à cesser l’activité de ventes d’armes devenue trop risquée.
Ainsi il se trouvait à Berlin.
« Je détiens ton fils ». Gwenn songea qu’il y a simplement deux jours il ignorait encore qu’il avait un fils, un Gwenn-Omar, né d’Anna, et que … Et qu’Anna, il ne savait toujours pas avec certitude si elle était morte ou pas (intox ou réalité), ni surtout s’il avait envie de la revoir. Il y avait Soizic maintenant …
Non, décidément il ne savait pas ce qu’il allait faire.
… dans la maison Le Cloarec, derrière les murs de granit, et plus précisément à la cave, Soizic, les jambes entravées et un bras menotté à une conduite d’eau suppliait Mamm Coz ;
- Mais pourquoi ! Laisse-moi partir ! Je veux rejoindre Gwenn ! Il m’attend ! S’il te plait …
Et elle se tordait les mains d’incompréhension et de frustration.
Face à elle Mamm Coz, venue déposer le repas du midi, impassible, restait inflexible ;
- Il revient, Gwenn ! Sa mission est terminée, tu ne ferais que compliquer les choses. Je suis obligée de te bloquer là, Soizic. C’est pour ton bien, et le sien. Désolée. As-tu besoin d’autre chose ? De lecture, de journaux … ?
Et Soizic, désespérée, secouait la tête et laissait couler ses larmes. Ca faisait quand même depuis deux jours qu’elle était enfermée là.
En réalité Mamm Coz avait reçu l’information – qui l’avait sérieusement ébranlée – que Soizic était en fait en mission d’infiltration auprès de son Gwenn. Des écoutes auprès de responsables de Security Global Solutions (SGS), une société américaine de sécurité avait montré que Soizic rapportait au responsable français, un ancien de la D.R.M. (Direction du Renseignement Militaire), Vincent Derumier, une vieille connaissance de Mamm Coz. Le Colonel François de Kerguelen venait de lui demander de « neutraliser » Soizic pour qu’elle n’aille pas tout mettre par terre.
… A Brest, le contre-amiral Pierre-Yves Ronac’h recevait un coup de fil d’un mystérieux Hervé :
- Pierre-Yves ?
- Contre-amiral Ronac’h à l’appareil.
- Pierre-Yves, c’est Hervé …
- Hervé ?
- Hervé Le Guerec. Le Lycée Vauban …
- Hervé Le Guérec ? Pas possible … Ca fait combien de temps ?
- Un bail, c’est sûr. Mais dis-moi, je vais droit à l’essentiel, c’est urgent. Je suis journaliste au « Télégramme » et nous nous apprêtons à passer une info. Juste, on voudrait avoir confirmation …
- …
- Tu es toujours là ?
- Oui, oui, de quoi s’agit-il ?
- Voilà, une source que je ne peux nommer nous a indiqué que des commandos de marine français auraient mis fin aux exactions du fameux Abou Hamza, le tortionnaire qui évoluait en Syrie – Irak. Nous ne trouvons confirmation nulle part mais si c’est vrai ce serait un sacré scoop. Il y a du vrai ?
- D’où tu tiens ça ? (le ton était mi-amusé mi-agacé)
- Je ne peux pas te le dire mais ça vient de l’autre côté du Rhin. C’est tout ce que je puis te dire.
- Laisse-moi 10 minutes et je te rappelle.
Et le contre-amiral Ronac’h, sous le sceau de l’anonymat, avait confirmé qu’Abou Hamza, recherché par toutes les armées qui étaient intervenues peu ou prou dans la zone Irak – Syrie , avait trouvé la mort lors de combats au Kosovo. La nouvelle serait totalement officielle après identification formelle du corps, identification en cours. « Mais tu ne mentionnes pas la marine française, OK ? » avait-il conclu.
…Quelque part en France, Vincent Derumier blêmissait en entendant cette voix qu’il n’avait plus entendu depuis des lustres, depuis qu’il y a huit ans il avait quitté la D.R.M. pour SGS ; la voix de Torr-penn. Torr-penn, la terrible mère de son compagnon de mission Gwenn Le Cloarec qu’il avait lamentablement laissé tomber au moment d’engager une mission dangereuse au Kosovo dans le cadre de la KFOR.
Familier des Le Cloarec, Vincent Derumier était bien placé pour savoir que Mamm Coz, la gentille Mamie, n’était pas qu’une joueuse de bingo inoffensive, mais qu’elle avait tenu un rôle dans la formation des jeunes recrues et qu’elle avait servi de boîte à lettres pour transmettre les informations relatives aux missions. Il n’avait jamais eu de contact avec elle après avoir démissionné et il se demandait bien comment elle l’avait retrouvé.
- Ecoute-moi, salopard. J’ai une petite idée de ce que tu trames pour ta boîte d’espions à la gomme. Et ce que tu fais est dégueulasse. Mais, surtout, tu vas ficher la paix à une gentille petite, qui vit chez moi, qui s’appelle Soizic et qui est un peu paumée là. Et puis puisque tu as laissé tomber Gwenn, tu vas arrêter de t’intéresser à lui. Sinon j’ai dans l’idée qu’il pourrait t’arriver des bricoles. On t’a retrouvé, tu vois … Tu n’as qu’à expliquer à tes commanditaires que Gwenn ne travaille plus pour l’armée. Pas trop compliqué, non ?
- …
- Enfin tu fais comme tu veux mais si je te retrouve sur notre chemin …
…Quelque part, entre Croatie et Bretagne, Gwenn déglutissait en relisant le message :
« Rejoins-moi à Berlin. Je détiens ton fils. Zarokzy. »
Zarokzy. Le trafiquant d’armes dont il avait fait capoter les affaires avec Abou Hamza en Syrie quelques années auparavant. Le bilan était terrible pour Zarokzy ; il avait perdu des sommes folles, Abou Hamza était persuadé que c’était lui qui l’avait trahi et lui-même était maintenant dans les radars des services de renseignement. Il avait dû se résoudre à cesser l’activité de ventes d’armes devenue trop risquée.
Ainsi il se trouvait à Berlin.
« Je détiens ton fils ». Gwenn songea qu’il y a simplement deux jours il ignorait encore qu’il avait un fils, un Gwenn-Omar, né d’Anna, et que … Et qu’Anna, il ne savait toujours pas avec certitude si elle était morte ou pas (intox ou réalité), ni surtout s’il avait envie de la revoir. Il y avait Soizic maintenant …
Non, décidément il ne savait pas ce qu’il allait faire.
Bravo Tistou ! Voici une belle synthèse qui nous dresse un résumé bien typé et cohérent de la situation.
Mamm-Coz, qui l'eût cru, digne émule de son fils et émargeant sans doute sur les registres des "Services"...Va falloir que j'interroge mes sources locales compétentes à propos de l'âge limite des recrues dans les commandos...
Ah ! les belles-mères... il faut toujours avoir l'oeil sur elles et d'ailleurs notre ami SJB s'est évertué, à longueur de temps, à nous avertir sur leurs faits, méfaits et les éventuels coups tordus qu'elles savent ourdir en touillant dans leurs casseroles !
Mamm-Coz, avec un gilet pare-balles et un casque à pointe, parachutée au Kosovo déguisée en "Ankou" : l'arme absolue.
Un détail : il n'y a PAS de cave dans ce pays, à moins d'en aménager une en fracturant le granit à la dynamite...
Bon vent aux suivants ;-)
Mamm-Coz, qui l'eût cru, digne émule de son fils et émargeant sans doute sur les registres des "Services"...Va falloir que j'interroge mes sources locales compétentes à propos de l'âge limite des recrues dans les commandos...
Ah ! les belles-mères... il faut toujours avoir l'oeil sur elles et d'ailleurs notre ami SJB s'est évertué, à longueur de temps, à nous avertir sur leurs faits, méfaits et les éventuels coups tordus qu'elles savent ourdir en touillant dans leurs casseroles !
Mamm-Coz, avec un gilet pare-balles et un casque à pointe, parachutée au Kosovo déguisée en "Ankou" : l'arme absolue.
Un détail : il n'y a PAS de cave dans ce pays, à moins d'en aménager une en fracturant le granit à la dynamite...
Bon vent aux suivants ;-)
Je partage totalement l'avis de Radetsky ! Et j'avais relevé aussi l'absence de cave...mais aux grands maux, les grands remèdes :-))
Tu as réussi à écrire un texte ET cohérent, ET ouvert, ET reprenant les informations diverses et variées des textes précédents; chapeau ! Satisfaisant chacun comme je le suis de découvrir que Mamm Coz ne s'en laisse pas conter !
Tu as réussi à écrire un texte ET cohérent, ET ouvert, ET reprenant les informations diverses et variées des textes précédents; chapeau ! Satisfaisant chacun comme je le suis de découvrir que Mamm Coz ne s'en laisse pas conter !
Ah mais vous l'ignoriez ? La maison Le Cloarec est célèbre en Bretagne à plus d'un titre. Mais surtout, surtout, parce qu'elle est la seule à posséder une cave ... (mode mauvaise foi !)
Ah mais vous l'ignoriez ? La maison Le Cloarec est célèbre en Bretagne à plus d'un titre. Mais surtout, surtout, parce qu'elle est la seule à posséder une cave ... (mode mauvaise foi !)
;-)))
On voit bien que tu as joue au rugby Tistou dans ta façon de reprendre la balle après la mêlée..:-) et quelle mêlée ! J'avais bien deviné que la Mamm'Coz était pas très catholique , mais j'ai encore du mal à me repérer dans toutes ces organisations, qui travaile pour qui...Comme je l'ai précisé à Mino j'ai du mal avec l' espionnage ...et j'ai pas bien compris pour qui travaille vraiment Soizig et quel tort elle pourrait causer à Gwenn...
Par contre je trouve la fin réaliste à cause de l'indécision de Gwenn qui là est très compréhensible pour moi...après ce sac de noeuds !
Bon courage pour la suite !
Par contre je trouve la fin réaliste à cause de l'indécision de Gwenn qui là est très compréhensible pour moi...après ce sac de noeuds !
Bon courage pour la suite !
Bel épisode, dès la première phrase j'ai été scotché par ce qu'il arrive à Soizic.
Vincent était il vraiment un personnage destiné à revenir? je ne voyait pas comme ça...
je suis un peu perdu aussi par l'arrivée d'un ancien copain d'école qui recontacte son pote amiral mais c'est original et l'ensemble haletant et j'ai dévoré le tout à la première lecture.
Vincent était il vraiment un personnage destiné à revenir? je ne voyait pas comme ça...
je suis un peu perdu aussi par l'arrivée d'un ancien copain d'école qui recontacte son pote amiral mais c'est original et l'ensemble haletant et j'ai dévoré le tout à la première lecture.
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