Eric Eliès
avatar 24/04/2021 @ 18:26:49
Je crois bien que c'est le premier écrit que je poste sur le site ! :) Depuis plusieurs années, j'écris de temps en temps des petits textes dans l'esprit de l'oulipo, juste pour le plaisir de jouer avec les mots et le langage, Je ne sais pas, en revanche, si ça peut représenter un intérêt pour un lecteur. Mon épouse n'est pas franchement convaincue et je me permets donc de vous soumettre un petit poème (pour faire court mais j'ai aussi écrit des textes en prose, beaucoup plus longs) pour savoir si y trouvez un plaisir de lecture ou si c'est juste un peu de temps (agréablement) perdu... :D

La technique employée est celle dite du bivocalisme où on n'utilise qu'une seule voyelle dans tout le texte (ici, le "i" en plus du "e", dont on ne peut pas se priver en français)

Ciel gris et stérile - immensément vide
Neige vierge d'empreintes
Vie éteinte...
Rien ne frémit
si ce n'est le scintillement terrible des cimes
L'hiver règne
érige ses sentinelles invisibles
et piétine les vieilles rêveries

Est-ce le printemps ?
Des signes se dessinent
Pierre écrite de gris lichens - prière !

Le givre se fendille et libère les rivières...
Des milliers de brindilles deviennent étincelles : primevères !
Les sentiers reverdissent
et vibrent de rires enfiévrés et de désirs stridents...

Martin1

avatar 24/04/2021 @ 19:06:44
Personnellement j'ai lu ton court poème avant de lire ton explication. J'ai bien fait. Je n'ai rien contre l'Oulipo et ses méthodes bizarres - mais je reconnais un beau poème parce qu'il n'est nullement besoin de connaître les secrets d'horlogerie de sa construction.
J'ai cru à une allitération du "v" avant de lire ton chapeau et de constater la rareté des voyelles employées.
Peut-être que si elle avait ignoré l'originalité de la consigne, ton épouse aurait davantage apprécié les assonances délicieuses que tu égrenais à ses oreilles.
"le givre se fendille et libère les rivières"
C'est charmant, la modicité des voyelles employées donne aux consonnes l'air de courir entre des épis de blé tous semblables et penchés de diverses manières au gré des envies du poète.

Cyclo
avatar 25/04/2021 @ 12:08:22
Très belle réussite, en effet. La contrainte a sans doute permis l'écriture...

Radetsky 25/04/2021 @ 18:37:18
Je crois bien que c'est le premier écrit que je poste sur le site ! :) Depuis plusieurs années, j'écris de temps en temps des petits textes dans l'esprit de l'oulipo, juste pour le plaisir de jouer avec les mots et le langage, Je ne sais pas, en revanche, si ça peut représenter un intérêt pour un lecteur. Mon épouse n'est pas franchement convaincue et je me permets donc de vous soumettre un petit poème (pour faire court mais j'ai aussi écrit des textes en prose, beaucoup plus longs) pour savoir si y trouvez un plaisir de lecture ou si c'est juste un peu de temps (agréablement) perdu... :D

La technique employée est celle dite du bivocalisme où on n'utilise qu'une seule voyelle dans tout le texte (ici, le "i" en plus du "e", dont on ne peut pas se priver en français)

Ciel gris et stérile - immensément vide
Neige vierge d'empreintes
Vie éteinte...
Rien ne frémit
si ce n'est le scintillement terrible des cimes
L'hiver règne
érige ses sentinelles invisibles
et piétine les vieilles rêveries

Est-ce le printemps ?
Des signes se dessinent
Pierre écrite de gris lichens - prière !

Le givre se fendille et libère les rivières...
Des milliers de brindilles deviennent étincelles : primevères !
Les sentiers reverdissent
et vibrent de rires enfiévrés et de désirs stridents...


Que de dons, Commandant !
Coup d'essai, coup de maître... Mais au-delà des louanges un plaisir de lecture. Merci !


Eric Eliès
avatar 26/04/2021 @ 00:24:09
Merci à tous les trois : ça fait plaisir !!! :D

@Martin : je suis content que tu aies d'abord cru à une allitération en "v" car ça montre que le résultat n'est pas trop artificiel et ne saute pas à la figure. Ton image avec les consonnes qui gambadent est jolie : en général, on dit que la vie et les couleurs des mots sont données par les voyelles (cf le poème de Rimbaud), Là c'est plutôt monochrome mais la répétition des mêmes sonorités crée un rythme qui a une musicalité assez syncopée.

@Cyclo : la contrainte n'a pas permis l'écriture (j'arrive à écrire sans ! :D) mais l'a orientée. Ce qui est étonnant, quand on joue en s'imposant ce genre de règles, c'est qu'on se sent porté par le langage comme s'il y avait des courants intérieurs à la langue qui vous font dériver dans une direction plutôt qu'une autre.

@Rad : ce n'est pas tout à fait un coup d'essai car j'ai déjà empilé quelques brouillons. La voyelle la plus compliquée à employer fut le "u" ! Mais malheureusement, je n'ai plus le temps pour ce genre de jeu... même s'il me vient l'envie de glisser des bribes librement inventives (et illisibles ?) en mes missives bien insipides !

Fanou03
avatar 26/04/2021 @ 08:54:40
Joli texte, Eric ! Je trouve qu'il y a un petit côté "Haïku" du fait des description au présent je pense, très réussi.

SpaceCadet
avatar 26/04/2021 @ 11:25:10
Comme mentionné ailleurs, n'ayant pas le temps de lire tous les textes proposés, je préfère m'abstenir de commenter ce qui est publié sous la rubrique 'Vos écrits'.

Je me posais cependant la question suivante: il n'y a pas de titre au poème que tu publie ici; comme je ne suis pas familier avec les pratiques oulipienne, je me demandais s'il s'agissait d'un choix délibéré ou bien le résultat d'une règle imposée par l'Oulipo.

Je me demandais également si tu avais fait le choix d'un thème avant de commencer l'écriture du poème ou bien si, comme semble l'indiquer ton commentaire destiné à Cyclo, le thème serait venu de soi, en cours d'écriture.

Eric Eliès
avatar 27/04/2021 @ 03:33:34
Merci aussi à vous deux !!!

@Fanou03 : je n'avais pas songé au haïku mais, à y réfléchir, la comparaison se tient. Le haïku impose un formalisme très strict, qui s'apparente à une contrainte dont la rigueur oriente l'écriture. En outre, mon poème a une thématique contemplative sur la nature et les saisons, qui s'apparente à celle du haïku...

@SpaceCadet : je ne suis pas un spécialiste de l'oulipo mais, à ma connaissance, l'oulipo n'interdit pas mettre des titres aux poèmes ! C'est juste que je n'ai pas cherché à le faire mais, si tu veux que je lui en donne un, je l'intitule " Eveil " (qui respecte la règle I/E). La thématique de l'hiver et du printemps s'est développée toute seule à partir d'un noyau venu presque spontanément " hiver - neige - givre". En fait, c'est étonnant comme les voyelles ont des nuances différentes. Par exemple, pour le "a", me viennent spontanément les associations "flamme - embraser - désastre " ou "espace - béance - néant". Pour le "u", c'était "lugubre - crépuscule - sépulture" ou "luxure - stupre - vertu". Après, à partir de ce noyau, je brode... En fait, ce qui est étonnant, c'est de voir à quel point le français est une langue incroyablement souple qui permet de presque tout dire quel que soit le carcan qu'on lui impose. J'avoue que j'aimerais bien l'avis de Feint, notre expert ès linguistique ! :D

SpaceCadet
avatar 27/04/2021 @ 14:56:07
Merci aussi à vous deux !!!

@Fanou03 : je n'avais pas songé au haïku mais, à y réfléchir, la comparaison se tient. Le haïku impose un formalisme très strict, qui s'apparente à une contrainte dont la rigueur oriente l'écriture. En outre, mon poème a une thématique contemplative sur la nature et les saisons, qui s'apparente à celle du haïku...

@SpaceCadet : je ne suis pas un spécialiste de l'oulipo mais, à ma connaissance, l'oulipo n'interdit pas mettre des titres aux poèmes ! C'est juste que je n'ai pas cherché à le faire mais, si tu veux que je lui en donne un, je l'intitule " Eveil " (qui respecte la règle I/E). La thématique de l'hiver et du printemps s'est développée toute seule à partir d'un noyau venu presque spontanément " hiver - neige - givre". En fait, c'est étonnant comme les voyelles ont des nuances différentes. Par exemple, pour le "a", me viennent spontanément les associations "flamme - embraser - désastre " ou "espace - béance - néant". Pour le "u", c'était "lugubre - crépuscule - sépulture" ou "luxure - stupre - vertu". Après, à partir de ce noyau, je brode... En fait, ce qui est étonnant, c'est de voir à quel point le français est une langue incroyablement souple qui permet de presque tout dire quel que soit le carcan qu'on lui impose. J'avoue que j'aimerais bien l'avis de Feint, notre expert ès linguistique ! :D


Merci.
Très intéressant, ce que tu soulèves à propos des nuances. Ca se ressent fort bien en lisant les exemples que tu proposes.

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier