Lobe
avatar 11/08/2020 @ 22:25:55
Dans la chambre d’Armand s’enroule un crépuscule
Tout de pourpre de parme et d’air lourd frémissant
C’est un soir qui s’étend sur des vies minuscules
Respiration sereine – soudain tout fout le camp

Le trop vif ronflement navre l’oreille alerte :
Armand active alors la belle acquisition
Grandit un halo bleu, qui dessine la perte
Qui dessine la mort suivie de l’oblivion

Paris ne vois-tu pas la tragédie funeste
A l’ultime étage, la rixe est lancée
D’une part : la lampe, technologie en test
De l’autre : le moustique, lui qu’on veut tancer

Les nuages dehors gonflent - Armand explose
La lampe ne sert à rien qu’à azurer les lieux
Huit fois qu’il est piqué, le jeune homme morose
Piqué dans son orgueil par l’insecte vicieux

Heureux soit le moustique du soir du matin
Qui prélève le sang tant du dernier des gueux,
Imprenable chanceux, insensible mutin,
Que celui de l’entomologiste fougueux

Magicite
avatar 12/08/2020 @ 10:30:07
Hé bien il fallait oser, s'attaquer aux contraintes en poème...
Quelle bataille, c'est toute l'humanité piqué dans son orgueil on peut croire. Brandissant des lampes à néon bleu contre l'ennemi.
Super ce côté surréaliste.

Martin1

avatar 12/08/2020 @ 12:49:29

Le trop vif ronflement navre l’oreille alerte

Que voilà un beau vers
De pourpre, de parme la chambre s'enfonce dans un halo bleu nuit après quoi Armand émergera couvert de huit piqûres bien rouges.
Je suis impressionné de constater que tu te sois lancé dans la versification en quelques 1 heure... c'est un travail de fourmi, ou de moustique, ça demande une certaine discipline et, d'habitude, beaucoup de temps. Et donc dans ce temps que tu t'es imparti, tu as tenu cinq strophes inventives, bravo, ça tient de l'exploit !
J'ai trouvé tes strophes d'un niveau inégal : Ce sont surtout les deux premières qui démontrent une sorte de belle ambition mélodique. Il en reste des couleurs tremblantes et vaporeuses, mais qui ne peuvent pas germer par la suite à cause du sujet du poème, peut-être un peu trop trivial, du moins rivé dans les contraintes de l'exercice et du temps. J'ai l'impression que tu t'es inspiré de Du Bellay, pour ta dernière strophe surtout, qui réussit la clôture du poème. En tout cas ce texte me laisse curieux de savoir ce que tu peux écrire comme poème en vers dans un thème que tu aurais toi-même choisi.

Tistou 12/08/2020 @ 18:16:03
Ce n'est quand même pas le fait que, étant privé de ton instrument à clavier tu t'es dit "faisons des vers, ce sera plus court et plus rapide à recopier" ?! Parce que ça équivaudrait à monter le dernier kilomètre de la montagne en ligne droite, une pure verticale, pour éviter de dérouler tous les lacets.
Mais peut-être oui dans la mesure où tu te sentirais suffisamment à l'aise dans la versification et suffisamment sûre de toi ?
En tout cas chapeau car ces 5 strophes tiennent la route, font sens et sont de belle facture.
Tout de même, lors d'une première lecture tardive hier soir je m'étais dit que là :

Heureux soit le moustique du soir du matin
Qui prélève le sang tant du dernier des gueux,
Imprenable chanceux, insensible mutin,
Que celui de l’entomologiste fougueux


quelque chose clochait.
Là je suis bien éveillé, je prends le temps et OK je comprends. Quel ouvrage !
Quant à "l'oblivion", il m'a fallu chercher dans le dictionnaire.
Bravo pour ton km vertical !

Tistou 12/08/2020 @ 18:32:22
En tout cas ce texte me laisse curieux de savoir ce que tu peux écrire comme poème en vers dans un thème que tu aurais toi-même choisi.

Lobe te répondra peut-être bien elle-même, mais j'anticipe ; tu peux aller voir là:

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
(que tu as déjà commenté par ailleurs), ou là :

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

Mais il y en a d'autres. A cet égard je rappelle qu'on a accès à la liste des écrits de chaque membre en cliquant sur l'onglet "Ses écrits" après avoir cliqué sur le pseudo lui-même (par contre ça ne renseigne pas sur la nature du texte mais au moins on peut y aller directement.

J'ai longtemps tenu un catalogue plus descriptif, là :

http://rollotomasi.free.fr/CL_cat/

On y accède par "Vos Ecrits", puis "Le catalogue". Malheureusement cliquer emmène en page 2 et le lien pour le catalogue est en page 1. Il n'est plus entretenu depuis Janvier 2014 ...

Lobe
avatar 13/08/2020 @ 10:21:36
Il y avait ça (http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…) aussi, peut-être mon texte le plus proche d'une poésie versifiée. Ca remonte cela dit...

Martin1

avatar 13/08/2020 @ 18:25:43
Il y avait ça (http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…) aussi, peut-être mon texte le plus proche d'une poésie versifiée. Ca remonte cela dit...


Merci, celui-ci est très beau, plus court et plus abouti. Il arrive à nous surprendre, passant promptement d'une image à l'autre, mais sans nous laisser pour autant le sentiment d'être désorienté. On en retient une sorte de véhémence silencieuse. Il nous apprend à épouser un abîme intérieur qui est souvent ignoré de l'humanité d'aujourd'hui. Tu te demandais à l'époque s'il était pertinent d'accoler ou non les vers rimés comme dans une prose. C'est drôle, j'avais tenté ce genre d'expérience très récemment, mais dans un style plus narratif : http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
que Tistou avait gentiment commenté d'ailleurs. Cela dit c'était plus un conte qu'un poème.

SpaceCadet
avatar 15/08/2020 @ 18:32:55
'Dans la chambre d’Armand s’enroule un crépuscule
Tout de pourpre de parme et d’air lourd frémissant'

Juste ces deux phrases et je suis sous le charme et puis et puis on passe vite à la réalité et à la technologie et à l'humour et ... C'est un poème-texte qui change doucement de ton à mesure que la nuit avance, on dirait presque, au rythme des vers. Tout ça pondu en une heure, misère, ça relève de la magie noire (du moins vu de mon point de vue)!!!

Lobe
avatar 17/08/2020 @ 08:46:14

Quant à "l'oblivion", il m'a fallu chercher dans le dictionnaire.


Je l'ai piqué à l'anglais, en clin d'oeil à Septu qui demandait si l'exercice serait dans la langue de Shakespeare. C'est seulement le lendemain que j'ai vérifié qu'il venait bien du français, à l'origine...

Cyclo
avatar 18/08/2020 @ 10:09:18
J'aurais jamais osé me lancer dans un poème de forme classique, bien qu'en écrivant assez facilement ! Mais, avec les contraintes...
Fallait oser, trouver des mots (j'ai vu pour la première fois "oblivion")...
Mon vers préféré :
Tout de pourpre de parme et d'air lourd frémissant

Nathafi
avatar 18/08/2020 @ 21:09:52

Chapeau bas, Lobe !!!
C'est très distingué je trouve, et quel bel hommage aux moustiques qui piquent !
Armand aurait pu se munir d'une belle armure, pour contrer l'ennemi :-)
Jolie production en si peu de temps !

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