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LA NUIT BLEUE.
Une nuit bleue s’abat sur la forêt sauvage
D’une brume elle emplit l’air embué du rivage
Puis s’étale
Quand j’atteignais enfin la berge frémissante
Les myosotis avaient reployé, innocentes,
Leurs pétales.
Au bleu céruléen succédait un bleu nuit.
Son assombrissement se mêlait à l’ennui
Des eaux froides.
L’eau dessinait un cercle autour de mes pieds pâles
Le cristallin brillait d’une lueur d’opale
Qui s’évade.
Un plancher plat, algueux, s’agitait sous mes pas
Recouvert d’une peau qu’on ne lui connaît pas,
Centenaire.
Et dans le bleu de l’eau je vis un garçon, seul
L’océan son tombeau, les vagues son linceul
D’outremer.
Il se trouvait là ! Moi, je n’étais que son reflet !
Je m’immergeai plus bas sous la mer qui ronflait.
Et je vis
La coulure inlassable d’un lourd encrier.
Dans ce bleu silencieux on ne peut pas crier
Pour sa vie.
Je descendis plus bas, plus bas dans les entrailles
Dans le benthos, l’ambre, le varech, le corail
Le limon.
L’opaque, sous-marin, lugubre bleu du soir,
Paraît ici bien sombre, antichambre d’un noir
De charbon.
Un ballet que portaient de grands courants nautiques
Voltigeait calmement dans le bleu électrique
Des méduses…
C’est là que, évidé de toute volonté
Je sus que jamais je ne pourrai remonter
Vers l’écluse.
Là-haut, sans bavure, sans rayon, sans rameau,
Cette douce couleur qui jamais ne dit mot
Sur la toile,
Scintille maintenant à travers, taciturne,
L’arabesque voilée de la marée nocturne,
D’un feu d’étoile.
Une nuit bleue s’abat sur la forêt sauvage
D’une brume elle emplit l’air embué du rivage
Puis s’étale
Quand j’atteignais enfin la berge frémissante
Les myosotis avaient reployé, innocentes,
Leurs pétales.
Au bleu céruléen succédait un bleu nuit.
Son assombrissement se mêlait à l’ennui
Des eaux froides.
L’eau dessinait un cercle autour de mes pieds pâles
Le cristallin brillait d’une lueur d’opale
Qui s’évade.
Un plancher plat, algueux, s’agitait sous mes pas
Recouvert d’une peau qu’on ne lui connaît pas,
Centenaire.
Et dans le bleu de l’eau je vis un garçon, seul
L’océan son tombeau, les vagues son linceul
D’outremer.
Il se trouvait là ! Moi, je n’étais que son reflet !
Je m’immergeai plus bas sous la mer qui ronflait.
Et je vis
La coulure inlassable d’un lourd encrier.
Dans ce bleu silencieux on ne peut pas crier
Pour sa vie.
Je descendis plus bas, plus bas dans les entrailles
Dans le benthos, l’ambre, le varech, le corail
Le limon.
L’opaque, sous-marin, lugubre bleu du soir,
Paraît ici bien sombre, antichambre d’un noir
De charbon.
Un ballet que portaient de grands courants nautiques
Voltigeait calmement dans le bleu électrique
Des méduses…
C’est là que, évidé de toute volonté
Je sus que jamais je ne pourrai remonter
Vers l’écluse.
Là-haut, sans bavure, sans rayon, sans rameau,
Cette douce couleur qui jamais ne dit mot
Sur la toile,
Scintille maintenant à travers, taciturne,
L’arabesque voilée de la marée nocturne,
D’un feu d’étoile.
C'est beau, très onirique, bravo Martin.
As-tu utilisé sciemment le symbole du Myosotis ? Un de ses surnoms est aussi "Ne m'oubliez-pas" qui serait lié à une légende (je cite):
"Alors qu’un chevalier et sa dame se promenaient le long d’une rivière, l’homme se pencha pour cueillir une fleur et l’offrir à sa bien-aimée. Perdant l’équilibre en raison du poids de son armure, il tomba à l’eau. Alors qu’il se noyait, il eut le temps de lancer la fleur vers sa dame en criant « Ne m’oubliez pas ! »."
Cette fleur était évidemment un pied de myosotis...
Je trouve que dans ton poème, aux allusions aquatiques et qui évoque une noyade, cette fleur trouve bien sa place.
As-tu utilisé sciemment le symbole du Myosotis ? Un de ses surnoms est aussi "Ne m'oubliez-pas" qui serait lié à une légende (je cite):
"Alors qu’un chevalier et sa dame se promenaient le long d’une rivière, l’homme se pencha pour cueillir une fleur et l’offrir à sa bien-aimée. Perdant l’équilibre en raison du poids de son armure, il tomba à l’eau. Alors qu’il se noyait, il eut le temps de lancer la fleur vers sa dame en criant « Ne m’oubliez pas ! »."
Cette fleur était évidemment un pied de myosotis...
Je trouve que dans ton poème, aux allusions aquatiques et qui évoque une noyade, cette fleur trouve bien sa place.
Ah, merci Fanou!
Ton histoire est assez drôle et en effet correspond bien au theme meme si ma noyade à moi a plus de classe haha ;-)
Ton histoire est assez drôle et en effet correspond bien au theme meme si ma noyade à moi a plus de classe haha ;-)
Bien que les poèmes ne m'attirent que peu, celui-ci, avec ses couleurs, plaît à ma nature d'aquarelliste.
J'ai eu du plaisir à le lire et je l'ai trouvé beau.
J'ai eu du plaisir à le lire et je l'ai trouvé beau.
Est-ce que tu as commencé à écrire ton poème en ayant déjà l'idée de ce rythme? Est-ce qu'il correspond à quelque chose? Des marches vers le fond de l'eau? C'est peut-être fortuit, mais ça m'intrigue.
Sur le fond, eh bien, c'est tout à fait "blue mood", moi ça me plait parce que j'aime bien ça, comme le dit Minoritaire sur Conv & Bad, des fois on ne peut pas ne pas toucher le fond, alors... autant y aller franco, et en poésie?!?
Sur le fond, eh bien, c'est tout à fait "blue mood", moi ça me plait parce que j'aime bien ça, comme le dit Minoritaire sur Conv & Bad, des fois on ne peut pas ne pas toucher le fond, alors... autant y aller franco, et en poésie?!?
Bonjour Lobe et merci pour ton message,
Pardon je n'avais pas vu que tu avais fait remonter mon poème et posé une question ;-)
Je n'accorde pas de sens précis au rythme que je choisis.
Lorsque j'écris, les alexandrins viennent parfois plus naturellement que les autres rythmes, mais j'essaie de changer, alors il y a plusieurs solutions :
- soit je m'impose un rythme, je le tourne dans la tête comme une ritournelle, et lorsqu'il est devenu naturel, j'attends que les premiers mots viennent occuper les places vides laissées par la musique. C'est la méthode de mon poème "le fruit de l'archipel", qui est tombé plus bas dans la liste et qui n'a pas reçu de commentaire, mais qui te plaira peut-être.
- soit je laisse les alexandrins surgir et je crée ensuite une rupture, en ajoutant, comme ici, un vers de trois pieds en bout de chaque paire d'alexandrins. C'est cette méthode que j'ai utilisée pour celui-là.
Néanmoins alternance vers courts - vers longs est une de mes habitudes préférées, parce que c'est une tranquille oscillation qui pourrait ne pas avoir de fin si l'auteur n'y met pas un terme, et aussi parce que cette alternance peut se faire d'une vingtaine de manières différentes, donc je n'ai pas l'impression de faire toujours la même chose
Pardon je n'avais pas vu que tu avais fait remonter mon poème et posé une question ;-)
Je n'accorde pas de sens précis au rythme que je choisis.
Lorsque j'écris, les alexandrins viennent parfois plus naturellement que les autres rythmes, mais j'essaie de changer, alors il y a plusieurs solutions :
- soit je m'impose un rythme, je le tourne dans la tête comme une ritournelle, et lorsqu'il est devenu naturel, j'attends que les premiers mots viennent occuper les places vides laissées par la musique. C'est la méthode de mon poème "le fruit de l'archipel", qui est tombé plus bas dans la liste et qui n'a pas reçu de commentaire, mais qui te plaira peut-être.
- soit je laisse les alexandrins surgir et je crée ensuite une rupture, en ajoutant, comme ici, un vers de trois pieds en bout de chaque paire d'alexandrins. C'est cette méthode que j'ai utilisée pour celui-là.
Néanmoins alternance vers courts - vers longs est une de mes habitudes préférées, parce que c'est une tranquille oscillation qui pourrait ne pas avoir de fin si l'auteur n'y met pas un terme, et aussi parce que cette alternance peut se faire d'une vingtaine de manières différentes, donc je n'ai pas l'impression de faire toujours la même chose
Merci à Lobe d'avoir remonté ce poème !
Très beau Martin, oui onirique presque vaporeux... mais vers le fond. Il m'a fait frissonner et presqu'angoisser, un je ne sais quoi de dangereux qui pointe son nez et de beau en même temps, comme souvent...
Très beau Martin, oui onirique presque vaporeux... mais vers le fond. Il m'a fait frissonner et presqu'angoisser, un je ne sais quoi de dangereux qui pointe son nez et de beau en même temps, comme souvent...
Je ne voulais pas t'angoisser, Piero, mais je suis content qu'il t'ait inspiré quelque chose !
Très réussi. On dépasse allègrement et sans difficulté le besoin (besoin typique d'un gros lecteur de prose bien signifiante) de comprendre. On se laisse ainsi emmener, porté par des images, des sensations. Tu y parviens ici sans nul doute et c'est bien ce qui me fait dire que tu as réussi ton coup. Un coup qui n'est jamais gagné d'avance en la matière.
"Au bleu céruléen succédait un bleu nuit.
Son assombrissement se mêlait à l’ennui
Des eaux froides.
L’eau dessinait un cercle autour de mes pieds pâles
Le cristallin brillait d’une lueur d’opale
Qui s’évade."
Très beau. Un peu inquiétant, en effet, comme le suggère Pieronnelle.
Inspiré.
"Au bleu céruléen succédait un bleu nuit.
Son assombrissement se mêlait à l’ennui
Des eaux froides.
L’eau dessinait un cercle autour de mes pieds pâles
Le cristallin brillait d’une lueur d’opale
Qui s’évade."
Très beau. Un peu inquiétant, en effet, comme le suggère Pieronnelle.
Inspiré.
Merci Tistou ! Tiens, tu as apprécié un de mes textes, une fois n'est pas coutume ;-)
Merci Tistou ! Tiens, tu as apprécié un de mes textes, une fois n'est pas coutume ;-)
Oh ! Je ne sais pas ..., je ne pense pas que ce soit juste Martin1 ?
Je préfère donner des avis constructifs et sincères qu'applaudir immanquablement. En tout cas pas d'ostracisme de ma part vis à vis de toi.
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