Antinea
avatar 09/08/2019 @ 22:21:12
Quand on voit le nombre de romans policiers qui trônent dans les librairies, je plains les auteurs qui se lancent aujourd’hui dans ce genre littéraire.

Déjà, pour l’aspect esthétique : les livres ont tous la tranche noire, s’entassent les uns contre les autres dans des rayons noirs, se pressent en rang d’oignons dans une étagère sombre et angoissante à force de noirceur. Impossible de faire sortir du lot un seul de ces volumes. Il faut en prendre un, le retourner, prendre le temps de lire la quatrième de couverture pour espérer se laisser appâter par le résumé…

Et là, ce n’est pas gagné non plus. C’est presque toujours la même chose : un meurtre sordide, perpétré en hiver, des mises en scènes macabres, parfois un contexte rituel sans queue ni tête, une enquête qui piétine jusqu’au moment où un homme, rarement une femme, plus futé que les autres, souvent porté sur la liqueur, parfois accompagné d’un second d’une naïveté déconcertante le mettant sur la voie sans le vouloir, résout le tout avec brio, avec ou sans modestie.

Le coup du sparring-partner, Conan Doyle, Agatha Christie, Martha Grimes et d’autres nous l’ont fait. Après tout, un génie hors norme, généralement inadapté social, se doit d’être accompagné par un personnage plus normal, plus sobre, capable d’aller faire trois courses ou de commander un café sans éveiller le soupçon du coupable. Columbo, lui, il avait son chien comme second placide, voire sa femme dont on n’a jamais vu la trombine, il me semble. C’était bien fait d’ailleurs : il suffisait qu’il évoque ses problèmes domestiques, le fait que sa femme faisait divinement la confiture ou aimait les tartines de miel au petit-déjeuner, pour faire cracher au suspect un détail capital pour son enquête. Plutôt malin.

Et puis il y a toute la clique des inspecteurs ou des héros qui se déguisent, les Holmes, Lecoq, et même Arsène lupin… Se grimer en personne âgée pour mener son enquête est légion dans les romans de la fin du dix-neuvième siècle et du début vingtième. Seule Miss Marple, plus récente, incarnera la vieillesse malicieuse sans aucun fard.

Alors me direz-vous, elle en a lu la petite des romans policiers pour en parler. Oui, quelques-uns mais pas tant que cela car cela me déprime. Les romans d’aujourd’hui sont trop violents, ceux d’avant sont parfois trop rocambolesques, mais j’ose encore parfois aborder le genre quand le crime n’est pas le cœur du roman. Bref, quand ils sont un peu originaux. Mais pour le moment, je le constate, je n’y ai jamais croisé de chameau.

Lobe
avatar 10/08/2019 @ 11:24:03
Ca fait du bien de te lire écrire sur la lecture! On dirait une sorte de courrier d'humeur à destination de ce qui aujourd'hui se frotteraient à ce genre, pour les mettre en gare. Ce sont lesquels, les originaux qui trouvent grâce à tes yeux? Astuce chameau: sans l'avoir lu (moi, les policiers, ça me passe aussi un peu au-dessus de la tête), j'imagine que dans le très classique Mort sur le Nil, il doit bien y en avoir un ou deux, des camélidés égarés...

Minoritaire

avatar 10/08/2019 @ 12:05:19
L'intérêt du genre, dans son espèce commune, c'est qu'il ne prend pas de place dans le cerveau. Comme un hamburger : sitôt avalé, sitôt digéré; ou comme une série TV. Et pendant cette lecture, pourvu qu'elle soit suffisamment passionnante, on se distrait de son quotidien. Mais j'admets que la difficulté est précisément de tomber sur le polar juste cuit à point, comme le hamburger. Et comme le hamburger, il ne faut pas en abuser : juste une fois de temps en temps ; un petit plaisir :-)
Tiens, un hamburger de chameau, ça se fait ?

Cyclo
avatar 10/08/2019 @ 18:21:16
pour moi qui suis un gros lecteur de romans policiers, encore aujourd'hui, malgré mon âge, le texte m'a surpris, intrigué. J'ai trouvé que, en fin de compte, c'est un bel hommage au genre que tu as écrit ! Et bravo pour avoir réussi à placer le chameau dans le chas de ton aiguille à écrire !!!

Marvic

avatar 11/08/2019 @ 11:40:16
J'étais une grosse lectrice de romans policiers et ce sont exactement tes arguments qui m'ont fait prendre de la distance avec ce genre littéraire. Tu connais cependant bien tes "classiques", et force est de constater, que là aussi, tu as raison.
Mais je suis sûre qu'en cherchant bien, on arriverait à trouver un chameau :-))

Pieronnelle

avatar 12/08/2019 @ 16:25:54
Mais non c'est pas vrai on sent bien que tu les aimes les romans policiers ! :-) Mais tu leur en veux, et sur ce plan je te suis , de trop de banalités ou d'extravagances pour avoir l'air original. Enfin ceux de maintenant car il y en a eu des bons...J'ai bien aimé le chien en second rôle de Colombo :-) Mais les meilleurs romans policiers sont ceux qui ne ressemblent pas à leur genre, où le «mort ou morte» n'est qu''un prétexte à une énigme et surtout un développement psychologique du ou des personnages ; un bon Wallender quoi ! Et Simenon ! Mais c'est vrai qu''on peut se poser la question : pourquoi faut-il toujours un mort ?! La vie n'est-elle pas une énigme à elle seule !
Bien heureuse de t'avoir retrouvée sur ce fil !

Tistou 12/08/2019 @ 17:05:20
Ah bon ! Tu n'aimes pas les romans policiers ? C'te blague ! Quand on a écrit "L'homme du train" on ne se renie pas comme ça ! Même si ce n'était pas purement policier ça restait tendance polar me semble-t-il ?
Pieronnelle a cité Wallander, les polars d'Henning Mankell. Ceux-là devraient davantage te correspondre (même si des morts il y en a aussi). Personnellement j'aime les policiers pas hyperviolents. Et notamment ceux qui me font plonger dans d'autres cultures, qui installent vraiment un héros dans son milieu et qui ne jouent pas l'intrigue pour l'intrigue ou la violence pour la violence. J'ai quelques chouchous comme ça ...
Le chameau parachuté à l'extrême limite m'a fait revenir sur terre.Fichue bestiole.
C'était une énorme surprise que de te voir participer. J'imagine que c'est Lobe qui est allée te récupérer par la peau du dos ?

Kalie
avatar 12/08/2019 @ 18:30:00
C'est vrai que l'offre frise l'overdose. Les polars monopolisent les rayons. En plus des auteurs américains et français, depuis Stieg Larsson et ses Millénium, on ne compte plus les polars suédois, norvégiens (Jo Nesbo...), finlandais, islandais et même Groenlandais. Sur ce que j'ai lu, je trouve qu'ils ne sont pas très concis. Mais les polars nordiques apportent parfois un nouveau regard notamment sur le couple (une certaine liberté sexuelle comme dans Millénium où l'adultère est accepté par tous les intervenants : la femme, le mari et l'amant - inimaginable dans un polar américain par exemple). Personnellement, ces temps-ci j'ai un peu abandonné le genre.

Antinea
avatar 28/08/2019 @ 09:07:37
Mais les meilleurs romans policiers sont ceux qui ne ressemblent pas à leur genre, où le «mort ou morte» n'est qu''un prétexte à une énigme et surtout un développement psychologique du ou des personnages ; un bon Wallender quoi ! Et Simenon !


Simenon, oui, pourquoi pas. J'en avais lu deux. J'aime bien le charme suranné.
Wallender : jamais essayé.

Pour le moment, j'essaie de lire (tout court, pas vraiment eu les temps des dernières années ! enfin si, j'ai lu plein de livres pour enfants !!!!) des romans populaires du XIXème siècle. Certains sont policiers (les livres de Gaboriau par exemple, ou certains de Du Boisgobey), d'autres plus "de moeurs" (Du Boisgobey). Je compte attaquer Ponson du Terrail, le papa de Rocambole (et du mot "rocambolesque"), un personnage que je soupçonne être un pré-arsène lupin. Mais Dieu que ces bouquins ne sont pas faciles à trouver (sauf en e-book, mais les écrans, cela me fatigue). Cette littérature populaire m'évoque le Paris fantasmé que j'ai conservé dans mon coeur. Pas étonnant je pense que ces romans soient encore fameux au Japon ! Enfin, souvent le crime n'est qu'un prétexte à décrire la vie de l'époque, à mettre en scène des héros un peut caricaturaux qui prennent l'omnibus, se déguisent, ont une gouaille bien de l'époque, s'en remettent à des usuriers douteux, croisent des concierges à l'oreille bien tendue, fréquentes des bal populaires dont certains quartiers ont gardé le nom...


Felixlechat

avatar 31/08/2019 @ 02:39:28
Toujours identiques. Meutre, investigation policière et résolution de l'affaire. Quelle farce! Un cinéma minable qui nous fait croire que si qqun est assassiné le coupable sera immanquablement trouvé. Plus de 50% des crimes ne sont pas résolus. Les enquêtes d'action montrent les forces de l'ordre sur le terrain avec des résultats extraordinaires. On ne les montre jamais dans les banlieues où la pègre caillasse leurs bagnoles s'ils s'y aventurent. Ils traquent aussi les automobilistes sur les routes avec des radars de plus en plus perfectionnés. Là c'est super. Le français paye. Mais dans les zones de non-droit de plus en plus nombreuses
leur absence fait figure de loi. Dealers et proxénètes règnent en maîtres.
Soutenus par des politiques et des hommes malfaisants des malfrats envahissent les villes.sans craindre la justice de juges souvent complaisants; ils ne paieront jamais les amendes et les prisons sont pleines.
FLC.

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