Page 1 de 1
Les gens comme moi ont parfois des phrases qui leur poussent dans la tête, d'un coup des phrases qui sont comme des débuts de roman, qui sortent d'on ne sait où.
Les gens comme moi ce sont des gens qui sont surpris de ce qui leur arrive. Ce sont des gens qui des fois auraient envie de se frotter les yeux, tant ils ne croient pas que ce soit possible, ce qui se produit, tant c'est incongru.
Ce sont des gens qui sortent facilement du lit le matin venu, parce qu'ils ont faim, faim aussi de la douceur du début du jour. Parce qu'ils ont envie d'habiter l'espace avant même le soleil, d'hiver ou d'été.
Les gens comme moi possèdent des chaussures, souvent leurs chaussures préférées entre toutes, qui ont été achetées seconde main. Mais, dans ce cas, ils ne peuvent pas s'empêcher de penser "second pied". Je reconnais les gens comme moi au fait qu'ils paniquent dans les supermarchés, devant le trop de tout, devant les montagnes de plastique, devant tous ces produits qui sortent de quelque part mais qu'on oublie d'interroger, ces produits d'automatisme, de facilité, de prestidigitation.
Les gens comme moi essaient de démêler leurs émotions. Parfois ça marche. Ca marche: ça craque. Mais ils sont heureux qu'elles soient là, qu'elles soient renouvelées, qu'elles soient abondantes, qu'elles ne se carapatent jamais trop loin. Ils racontent, ensuite, à une oreille tendue: "La première fois qu'elle est venue, j'ai regardé par-dessus mon épaule, pour voir quelle émotion s'était agrippée à ma nuque avec son ventre chaud et électrique. C'était une impuissance mâtinée de peur."
Les gens comme moi écoutent des podcasts, tremblent de sentir surgir dans une voix toute une existence humaine, freluquette, pesante, une vie et sa gravité, sa tendresse, son lot de déconvenues, ses convictions, ses défections. Les gens comme moi quand ils écrivent se demandent combien de fois la phrase qu'ils déroulent figure, telle quelle, dans un autre carnet, sous une autre encre, tracée par d'autres doigts. Ils savent et ne savent pas la longueur de la chaine des corps, la ritournelle des questionnements, la mémoire des formules. Ils ont le trac avant de se dire, mais ensuite s'exclament que personne ne les déchiffrera.
Les gens comme moi affirment des choses puis s'en vont sur la pointe des pieds, en laissant ou ne laissant pas d'explication.
https://vivrefm.com/podcasts/…
Les gens comme moi ce sont des gens qui sont surpris de ce qui leur arrive. Ce sont des gens qui des fois auraient envie de se frotter les yeux, tant ils ne croient pas que ce soit possible, ce qui se produit, tant c'est incongru.
Ce sont des gens qui sortent facilement du lit le matin venu, parce qu'ils ont faim, faim aussi de la douceur du début du jour. Parce qu'ils ont envie d'habiter l'espace avant même le soleil, d'hiver ou d'été.
Les gens comme moi possèdent des chaussures, souvent leurs chaussures préférées entre toutes, qui ont été achetées seconde main. Mais, dans ce cas, ils ne peuvent pas s'empêcher de penser "second pied". Je reconnais les gens comme moi au fait qu'ils paniquent dans les supermarchés, devant le trop de tout, devant les montagnes de plastique, devant tous ces produits qui sortent de quelque part mais qu'on oublie d'interroger, ces produits d'automatisme, de facilité, de prestidigitation.
Les gens comme moi essaient de démêler leurs émotions. Parfois ça marche. Ca marche: ça craque. Mais ils sont heureux qu'elles soient là, qu'elles soient renouvelées, qu'elles soient abondantes, qu'elles ne se carapatent jamais trop loin. Ils racontent, ensuite, à une oreille tendue: "La première fois qu'elle est venue, j'ai regardé par-dessus mon épaule, pour voir quelle émotion s'était agrippée à ma nuque avec son ventre chaud et électrique. C'était une impuissance mâtinée de peur."
Les gens comme moi écoutent des podcasts, tremblent de sentir surgir dans une voix toute une existence humaine, freluquette, pesante, une vie et sa gravité, sa tendresse, son lot de déconvenues, ses convictions, ses défections. Les gens comme moi quand ils écrivent se demandent combien de fois la phrase qu'ils déroulent figure, telle quelle, dans un autre carnet, sous une autre encre, tracée par d'autres doigts. Ils savent et ne savent pas la longueur de la chaine des corps, la ritournelle des questionnements, la mémoire des formules. Ils ont le trac avant de se dire, mais ensuite s'exclament que personne ne les déchiffrera.
Les gens comme moi affirment des choses puis s'en vont sur la pointe des pieds, en laissant ou ne laissant pas d'explication.
https://vivrefm.com/podcasts/…
Moi, j'aime bien les gens comme Aube...
supere!!!berbe qu'il y ait des phrases comme ça. Maintenant un Jean comme moi aimerais tout un arbre, une forêt entière de phrases belles comme ça, des mots qui poussent dans la tête et même que quelqu'un comme Nadir s'y retrouve :-))
Les gens comme moi apprécient de retrouver, au détour de tes textes, cette délicieuse envie de matérialiser nos émotions, de les étriquer tout entiers dans des mots écrits à l'encre, puis avant que la phrase ne se termine, par un nouveau trait de plume, leur ménager une porte de sortie.
Les gouttes d'encre sont comme des gouttes d'eau ; ta vie monochromatique s'y introduit avec blancheur, par réfraction s'y déploie, avant de s'en évader dans une infinité de couleurs.
Les gouttes d'encre sont comme des gouttes d'eau ; ta vie monochromatique s'y introduit avec blancheur, par réfraction s'y déploie, avant de s'en évader dans une infinité de couleurs.
Des mots, des phrases qui nous " poussent dans la tête". Oui, Lobe, c'est un moment que je dirai magique et il faut les écrire et les faire lire comme toi, merci, c'est un si bon moment !
Tu fais manifestement référence à une émission récurrente que je ne connais - pratique pas même si tu donnes un lien à la fin de ton texte.
Par contre ce que je connais c'est le style de Lobe, sa manière d'envisager les choses qui souvent prend les habitudes ou ce qu'on croyait acquis à contrepied. C'est très fort d'afficher ses doutes ou sa fragilité :
Les gens comme moi affirment des choses puis s'en vont sur la pointe des pieds, en laissant ou ne laissant pas d'explication.
C'est certainement le meilleur moyen d'affirmer sa force.
Et puis j'aime bien cette idée là :
Les gens comme moi quand ils écrivent se demandent combien de fois la phrase qu'ils déroulent figure, telle quelle, dans un autre carnet, sous une autre encre, tracée par d'autres doigts.
Par contre ce que je connais c'est le style de Lobe, sa manière d'envisager les choses qui souvent prend les habitudes ou ce qu'on croyait acquis à contrepied. C'est très fort d'afficher ses doutes ou sa fragilité :
Les gens comme moi affirment des choses puis s'en vont sur la pointe des pieds, en laissant ou ne laissant pas d'explication.
C'est certainement le meilleur moyen d'affirmer sa force.
Et puis j'aime bien cette idée là :
Les gens comme moi quand ils écrivent se demandent combien de fois la phrase qu'ils déroulent figure, telle quelle, dans un autre carnet, sous une autre encre, tracée par d'autres doigts.
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre