Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:18:27
Mercredi 21 août 2019

L’été c’est fait pour lire et comme je vous y invitais à redécouvrir, à partir de lectures, la place des femmes dans notre histoire… Or, bien souvent, quand on nous parle des guerres, des révolutions, des grandes évolutions de la société, on nous parle des hommes comme si, à eux seuls, ils avaient tout fait… On pourrait quand même redécouvrir le rôle des femmes – et il fut bien réel – dans les grands évènements de notre histoire… Femmes qui font tourner les fermes durant toutes les guerres depuis l’Antiquité, femmes qui remplacent les hommes dans les usines durant la Première Guerre mondiale, femmes en résistance durant la Deuxième… Alors, pourquoi ne pas regarder les femmes durant la Guerre d’Algérie ?

Algériennes, 1954-1962, est un magnifique album de bande dessinée qui parle de l’Algérie, de la guerre d’Algérie… Meralli et Deloupy, auteur et scénariste, pourtant, ne nous disent rien des batailles, des grands chefs, des grands attentats, des tentatives de putsch ou autres faits marquants de ce conflit… D’ailleurs, de cette guerre on ne veut jamais parler en France… On veut oublier !

Est-ce mieux en Algérie ? Non, dans ce pays qui a gagné son indépendance à l’issue de ce conflit, on a un culte du FLN mais on ne rend pas hommage à tous ceux qui ont combattu pour cette dernière, juste ceux qui ont gagné avec leur mouvement devenu parti… Quant aux autres, on les a même assassinés…

Cette guerre d’Algérie est comme une pustule dont les deux nations n’arrivent pas à se débarrasser, un chancre qui reste là et qui est transmissible à une jeunesse qui n’est pas toujours très informée sur ce que fut cette période terrible…

Les deux auteurs de la bande dessinée ne remédient pas à tout cela mais ont décidé de donner la parole aux femmes… Mère d’appelé, femme d’appelé, fille de combattant, fille de Harki, combattante… Qui sont-elles ? Comment ont-elles vécu cette période ? Comment voient-elles les choses des décennies plus tard ?

Pour arriver à cela, ils ont mis en place un personnage, Béatrice, qui de nos jours lit un article sur les atrocités de la guerre d’Algérie… Or, son père fut appelé durant cette guerre et il ne lui a jamais rien dit… Rien sur ce qu’il avait vécu, fait, subi, ressenti… Il refuse de parler et c’est sa maman qui après avoir raconté un évènement vécu lors d’un passage à Alger la met en contact avec une autre femme… Puis de femme en femme, elle reconstitue des destins qui se croisent et racontent non pas la guerre d’Algérie mais des vécus de guerre par des femmes algériennes… ici, Algériennes ne signifie pas autre chose que femmes qui on vécu en Algérie…

C’est touchant, bouleversant, pertinent, riche en humanité, incrusté dans l’histoire de ces deux pays, ces deux nations, ces deux peuples… Cela ne remplacera pas les Histoires d’Algérie ou autres ouvrages sur la Guerre d’Algérie, mais cela permettra de probablement mieux comprendre l’ambiance dans laquelle se sont passés ces fameux « évènements »… Oui, la guerre dont on n’osait même pas dire le nom !

Cet ouvrage pourrait sembler déplacé car paru au moment où nous commémorions la fin de la Grande Guerre, mais, en fait, il y a bien un point essentiel qui unit ces deux temps forts de notre histoire : la guerre est terrible, toujours, qu’elle soit entre deux pays, au sein d’un même pays ou d’indépendance… La guerre est toujours sanguinaire, cruelle et dramatique. Elle l’est pour ceux qui la font, ceux qui meurent, ceux qui survivent… Terrible aussi dans les mémoires jusqu’à bouleverser ceux qui ne l’ont pas faite mais qui en portent le poids malgré tout… Or, à chaque fois on oublie de parler des femmes qui pourtant sont bien là, présentes, souffrantes, actrices, victimes et ce sont elles qui transmettent la mémoire d’un évènement comme le montrent bien les auteurs de ce très bon album…

Donc, non seulement il faut lire cet album mais il faut le faire lire et c’est bien le moment puisque l’été c’est fait pour lire…

Les dessins de Zac Deloupy dans Algériennes sont magnifiques et sa narration graphique est profonde, profondément humaine pour ne pas dire pétrie d’humanisme… C’est à ne pas manquer sous aucun prétexte !

Donc, très bonne lecture à tous et à très bientôt…

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:19:06
Jeudi 22 août 2019

L’été c’est fait pour lire et j’aime bien, parfois, me laisser entièrement surprendre par une lecture… Généralement, ça commence par un ouvrage à bas prix chez mon libraire préféré qui vend des ouvrages d’occasion, des services de presse, des invendus de longue date… Je suis attiré par un titre, une couverture, un nom d’auteur… Là, ce jour-là, c’était le nom de l’auteur-illustrateur, François Place…

Le livre est relativement récent, 2018, et le titre attire rapidement mon attention provoquant une curiosité certaine, Le Marquis de la Baleine. Le sous-titre est éloquent : Comédie tragique en six actes pour trois personnages et une baleine…

Je connais François Place depuis assez longtemps et j’ai même eu le plaisir de l’interviewer plusieurs fois lors des parutions de ces ouvrages qui m’ont emballé : Les derniers Géants et les trois tomes d’Atlas des géographes d’Orbae… Ce conteur – pas d’autre mot pour le définir même s’il raconte avec des mots écrits et des dessins magnifiques – a le don de nous pousser des univers incroyables où on finit par se sentir bien… Le plus difficile est toujours d’en revenir…

Nous voilà donc dans la salle du trône du château de Minotruche. Le marquis de Sinistrobule vient rencontrer le couple royal, Balthasar XXII et son épouse Mirabelle… De surcroit, le couple royal est composé de son oncle et sa tante… L’objet de la discussion est simple : il faut redonner du lustre au royaume de Minotruche !

Avouons que la tâche n’est pas aisée car le royaume est petit – un confetti vu du ciel – et les moyens du royaume sont assez faible… Heureusement, le marquis a une idée…

Bon, je ne vais pas tout vous raconter et je vous laisse quelques surprises. C’est une petite pièce, un conte dialogué et illustré de toute beauté, avec un humanisme bien réel et des critiques à peine voilées sur la société capitaliste dans laquelle nous vivons… Les illustrations sont à la hauteur de François Place, aucune déception dans ce domaine-là ! Enfin, le tout fait un album jubilatoire que j’ai adoré !

Je voudrais quand même rassurer tout le monde… Même s’il y a bien une baleine, même si on envisage de la pêcher, de la manger avec de nombreux convives… elle ne souffrira pas et elle pourra même continuer à nager en toute liberté dans les océans… Oui, c’est ça, la pèche moderne et respectueuse des animaux !

Je ne peux donc que vous inviter amicalement à faire vos bagages pour le royaume de Minotruche, une belle destination pour vos vacances, bien sûr… et comme l’été c’est fait pour lire, belle occasion de lire cet album Le marquis de la Baleine, ou même tout autre ouvrage de François Place… Vous ne serez pas déçus !

Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:19:46
Vendredi 23 août 2019

L’été c’est fait pour lire mais je vous l’avoue, dans ma vie, une fois que j’ai commencé à lire de façon autonome – tardivement d’ailleurs – je ne me suis pas contenté de lire que l’été… Mais, certains me demandent comment je me suis mis à lire des « choses sérieuses »… C’est à cette question que je voudrais répondre même si l’expression « choses sérieuses » ne signifie pas grand-chose, en fait. Ce que j’entends, par contre, c’est que souvent je vous présente des livres classés dans les rubriques sciences humaines, sciences, métaphysique… Or, a priori, ce n’est pas le contenu de nos lectures estivales… Quoi que…

Tout d’abord, très rapidement, après avoir découvert Agatha Christie et le plaisir de la lecture, je suis tombé au contact d’auteurs en les trouvant dans la bibliothèque familiale. Chez nous, ce n’était pas à proprement parler une bibliothèque mais plutôt des piles dans la maison et des cartons dans la cave… Là, discrètement, sans autorisation, je suis tombé sur Gargantua de Rabelais, Notre regard qui manque à la lumière de Gustave Thibon, La pesanteur et la grâce de Simone Weil, Les grandes amitiés de Raïssa Maritain… et c’est avec ce lot de livres qu’a commencé ma grande aventure au pays des écrits… Ce sont là des ouvrages fondateurs, cultes, capitaux pour moi-même si de très nombreux autres se sont ajoutés au fil du temps…

J’avais à peu près une quinzaine d’années quand j’ai lu Thibon, Weil, Maritain (Jacques et Raïssa). Je n’avais pas encore fait de philosophie, je ne savais même pas de quoi il s’agissait car chez moi on parlait plus sciences que philosophie… Beaucoup plus jeune, ce sont les mathématiques modernes qui m’intéressaient. Je m’étais même fait offrir vers 11 ans les deux premiers volumes de Mathématique moderne de Georges Papy, ouvrages que j’ai toujours… Mais, il ne s’agissait pas de lecture plaisir, juste de mathématique et je lisais cela comme d’autres jouaient au Mécano…

Avec Thibon, Weil et Maritain, j’avais l’impression de trouver des adultes qui me parlaient directement, moi qui était adolescent, on me prenait au sérieux, on me parlait de Dieu, de la vie, de la mort, de l’avenir, des relations avec les autres… J’avais ce sentiment que d’autres lecteurs ont eu, celui d’être le destinataire unique du livre, d’être dans une relation privilégiée avec l’auteur, d’entrer dans une intimité exclusive… Oui, cela peut paraitre fort mais c’est cela que je vivais…

Je n’ai jamais rencontré Simone Weil (décédée en 1943) et les Maritain (décédés en 1960 et 1973), mais j’ai eu la chance de rencontrer Gustave Thibon (décédé en 2001). Il était venu faire une conférence à Brest où j’étais étudiant. Je me souviens d’une chose capitale et significative : je ne comprenais pas que tant de monde ait voulu l’écouter tant j’étais persuadé d’être le seul à le lire et « dialoguer » avec lui… Bon, après, ça m’a passé et j’ai bien compris qu’il y avait l’intimité du livre et la vie réelle…

Dans Gustave Thibon et Simone Weil, ce qui m’a facilité l’accès à des pensées souvent d’une grande puissance, c’est le fait qu’il s’agisse – en tous cas dans les deux livres cités – de pensées courtes, je crois que l’on dit aphorismes. C’était à moi de prolonger cela, de le méditer, de le digérer… Un exemple ? « Il faut que l’amour finisse par tuer le moi. Sinon, c’est le « moi » qui finit par tuer l’amour. » Voilà une pensée de Thibon qui me parlait directement quand j’avais 15 ans…

Quant à La pesanteur et la grâce de Simone Weil, ouvrage d’ailleurs directement en lien avec Gustave Thibon qui en avait assuré la publication posthume, il avait l’avantage de parler aussi de Dieu en termes qui me convenaient parfaitement. Qu’importe que Simone ait été Juive, qu’elle se soit convertie ou pas au Christianisme, qu’elle soit mystique ou pas… elle parlait et je comprenais !

« Ceux qui désirent leur salut ne croient pas vraiment à la réalité de la joie de Dieu »

Et alors que je copiais cette citation de Simone Weil, voilà que je réalise que je viens de relire durant une vingtaine de minutes des pages de cet ouvrage extraordinaire… C’est ce que je vis avec ces auteurs référents de ma vie. Dès que j’ouvre un livre, je glisse et j’y reste coincé…

Alors, les plus courageux et téméraires me demanderont par lequel commencer… Là, ma réponse sera simple : par celui que vous trouverez en premier ! La pesanteur est la grâce, Les grandes amitiés et Notre regard qui manque à la lumière sont trois livres qui sont toujours disponibles. Certes, il vous faudra les commander ou aller dans de grandes librairies mais aucune difficulté… C’est un peu comme si je n’étais pas le seul à les trouver important… Allez savoir !

Comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:20:34
Samedi 24 août 2019

L’été c’est fait pour lire et ce n’est pas parce que nous approchons de la fin des vacances estivales – certains ont même repris le travail depuis quelques semaines – que je vais cesser de lire des romans policiers et de vous en parler…

Dans une préface au roman « La maison des morts étranges » de Margery Allingham, François Rivière, grand expert en romans policiers britanniques, imagine une photo de famille des grandes autrices avec au premier rang les trois reines, les trois duchesses, les trois grandes : Agatha Christie, Dorothy Sayers et Patricia Wentworth. Première joie personnelle, François Rivière hisse bien Patricia Wentworth, ma préférée, au premier rang. Au second rang de cette photo souvenir, on trouve Ngaio Marsch, Mignon Eberhardt et Martha Albrand aux côtés de Margery Allingham. Seul problème pour moi : qui sont Mignon Eberhardt et Martha Albrand ? Heureusement, d’une certaine façon, ces deux autrices ne sont pas britanniques : la première est américaine et la seconde allemande. Ouf, je peux continuer à travailler en paix… L’honneur est sauf !

Oui, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, je mène quelques recherches littéraires sur les autrices britanniques de romans policiers… C’est comme ça même si cela peut vous sembler futile…

Il n’en demeure pas moins que cette chère Margery Allingham n’est pas très connue, elle qui siège au second rang à côté de Ngaio Marsch… Pourtant, elle eut son heure de gloire dans le roman à énigme : qui a tué ? Ce que nos amis britanniques appellent le « whodunit ». A ce titre, elle est bien aux côtés de nos duchesses du crime même si elle n’a pas été autant traduite dans le monde… Il faut dire qu’en France, on a tendance à mesurer la notoriété des auteurs et autrices étrangers au nombre d’ouvrages disponibles en langue française…

Pour situer dans le temps cette chère Margery, donnons quelques éléments biographiques… Elle est née en 1904 à Londres, décédée en 1966 à Colchester. Son personnage le plus connu, Albert Campion a été créé en 1929. On peut rappeler que Lord Peter, le héros de Dorothy Sayers, est né en 1923, Maud Silver, l’enquêtrice de Patricia Wentworth est née en 1928, Hercule Poirot en 1920, Miss Jane Marple en 1930… La romancière est donc bien de la même génération… Elle écrira son dernier roman complet en 1965 et laissera un inachevé et une trame incomplète. Tout cela sera terminé par son mari Philip Youngman Carter…

Le seul regret sera donc simplement de ne pas avoir toute sa bibliographie en langue française ou de ne pas être capable de lire cette romancière dans le texte original… Heureusement, il existe bien quelques ouvrages en français dont certains sont disponibles de nos jours… Je pense à Crime à Black Dudley ! Vous avez donc la possibilité de découvrir cette autrice mais vous pouvez aussi vous contenter des reines du premier rang avec Lord Peter et l’inconnu de Dorothy Sayers, Les lèvres qui voient de Patricia Wentworth ou Un cadavre dans la bibliothèque d’Agatha Christie…

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, des polars en particulier, bonne lecture et à bientôt !


Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:21:22
Dimanche 25 août 2019

L’été c’est fait pour lire et il y a quelques jours j’ai décidé de mettre en valeur un certain nombre de bandes dessinées consacrées à la vie de femmes célèbres qui avaient participé assez activement à l’histoire de l’humanité. Comme vous fûtes assez nombreuses et aussi nombreux à plébisciter cette dynamique, je persiste et signe avec encore quelques chroniques consacrées aux femmes dans notre histoire…

Encore en bande dessinée ! Mais pas que… En effet, ouvrons ensemble l’ouvrage de Catel consacré à Benoîte Groult… Catel est une autrice – prenons l’habitude, surtout aujourd’hui avec cet ouvrage spécifique, de mettre les noms de métiers au féminin – qui s’est spécialisée, au fur et à mesure de ses ouvrages, dans les biographies en bandes dessinées, sur des formats libres. On appelle ces ouvrages des romans graphiques, même si dans le cas de Catel il ne s’agit pas d’œuvres de fiction mais bien d’un travail historique, journalistique, littéraire… Pour ses ouvrages précédents, Kiki de Montparnasse et Olympe de Gouges, Catel n’avait pas eu la chance d’interviewer les objets de ses études, mais cette fois-ci, avec Benoîte Groult, tout partira, au contraire, de rencontres bien réelles… et vous allez découvrir tout cela avec cet ouvrage, Ainsi soit Benoîte Groult !

Benoîte Groult est une romancière et autrice de littérature et pour elle la bande dessinée n’est qu’un mode narratif secondaire. C’est d’ailleurs là que réside l’audace de Catel car elle va aller au bout de son idée et réussir un ouvrage en bande dessinée sur une femme qui ne connait pas et n’aime pas la bédé…

Tout est né d’une commande. Catel doit faire le portrait d’une personnalité en bédé pour Libération, elle a carte blanche et comme à chaque fois dans ce genre de situation, elle doit aller très vite. Elle hésite entre deux femmes, Claire Bretécher et Benoîte Groult. Et c’est ainsi que Catel part à l’assaut de Benoîte, si vous me permettez cette expression. De ce travail ponctuel va naître une amitié et l’envie de faire un ouvrage beaucoup plus volumineux, une sorte de biographie comme elle l’avait fait, écrit et dessiné pour Kiki et Olympe…

Je ne suis pas, au départ, un lecteur de Benoîte Groult. Pas par refus de son style ou de ses idées. Non, plus par circonstances et éducation. Ma mère ne lisait pas Benoîte, contrairement à la mère de Catel, les romans n’était pas tombés dans mes mains, n’étaient pas coincés dans la bibliothèque familiale… Donc j’ai ouvert cet ouvrage sans idées préconçues, sans a priori, et je suis immédiatement entré dans le monde de Benoîte Groult. J’ai lu ce livre – oui, Benoîte, cette bédé est bien un livre – d’un seul coup et dès la lecture terminée, j’ai recommencé une fois avant d’aller chercher quelques ouvrages signés Benoîte Groult pour prolonger cette immersion bien agréable…

Catel a su, avec son style de bio-graphiste que l’on commence à bien connaitre, nous mettre en contact avec Benoîte, sans chichi, sans intellectualisme, sans prétention, sans proximité excessive. On est là juste derrière elles, Benoîte et Catel, on sourit, on est touché, on se fait tout petit pour ne pas interrompre le dialogue qui souvent est d’une douceur, d’une délicatesse incroyable. J’avoue que ce récit m’a bouleversé car il m’a renvoyé à ma mère, à toutes ces femmes qui ont vécu au vingtième siècle, qui ont été victimes des règles et lois imposées par les hommes qui ont oublié trop longtemps que les femmes avaient le droit à la liberté, à l’égalité, au respect, à l’amour… Je ne vais pas en rajouter car la lecture devrait vous faire comprendre tout cela sans que je sois indispensable d’une quelconque manière…

Quand on termine cette lecture, on se demande pourquoi il n’y pas beaucoup plus d’ouvrages de ce type, des vrais, grands et puissants ouvrages de médiation et vulgarisation. Si elle n’existait pas, il faudrait inventer Catel de toute urgence ! Je reste persuadé que nous avons là une des autrices majeures de notre époque n’en déplaise à tous ceux qui sous-estiment les biographies en bédé, les récits et autres romans graphiques de toutes natures… Il est donc urgent pour tous ceux qui ignorent encore son travail de vous y mettre : Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges et Ainsi soit Benoîte de Groult devraient venir prendre place sur votre table de nuit et comme l’été c’est fait pour lire, c’est bien le moment !

Pour ceux et celle qui comme moi souhaiteraient aller plus loin après cette « bio-graphique» je vous conseille quelques textes de femmes qu’il faut lire : Ainsi soit-elle, Les trois quart du temps et Ainsi soit Olympe de Gouges de Benoîte Groult, Journal à quatre mains de Benoîte et Flora Groult, Histoire d’une femme libre de Françoise Giroud, La Bâtarde de Violette Leduc, Les belles images de Simone de Beauvoir, Nos vingt ans de Clara Malraux… Attention, écrit par une femme ne signifie pas lisible seulement par les femmes ! Allez, messieurs, laissez-vous faire, ce sont de superbes lectures !

Bonne lecture donc car tout cela devrait vous mobiliser pour la fin de l’été !!!

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:22:27
Lundi 26 août 2019

L’été c’est fait pour lire et, hier, je vous ai présenté une biographie de Benoîte Groult en bande dessinée par Catel, Ainsi soit Benoîte Groult. A cette occasion, je vous avais proposé de lire ou relire certains textes de ces femmes qui durant le vingtième siècle avaient combattu pour que les femmes soient mieux considérées dans notre société. Je ne connaissais pas Benoîte Groult quand j’ai lu la bande dessinée, depuis, j’ai comblé mon retard et, entre autres, j’ai lu Mon évasion de Benoîte Groult, un texte que je ne connaissais pas, qui est sorti en 2008 aux éditions Grasset, et qui porte la mention « autobiographie ». C’est donc un livre qui entre dans la démarche annoncée, retrouver les motivations de ces femmes qui se sont battues avec conviction pour une cause que l’on semble quelque peu oublier aujourd’hui… Précisons aussi que Benoîte est décédée en 2016 à l’âge de 96 ans…

Pour le lecteur du livre biographique de Catel, avouons qu’il ne va pas y avoir de révélation tonitruante car l’essentiel a bien été intégré par Catel, dessiné et mis en scène. Par contre, ce qui est réellement différent c’est le ton. Avec Catel, on avait deux choses : l’interview de Benoîte et le regard de Catel. Très rapidement on pouvait penser que Catel s’étant prise d’affection pour l’objet de son étude, pouvait parfois manquer d’objectivité, avoir arrangé son texte pour n’être que favorable à Benoîte tout en faisant croire à une biographie objective digne d’une historienne. Comprenez-moi bien, je ne fais pas un procès d’intention à Catel, j’imagine seulement ce que l’on pouvait penser…

Avec une autobiographie, le point de vue est définitivement clair, précis et net : le point de vue de Benoîte et Benoîte seule ! Du coup, j’avoue avoir eu peur un instant de me trouver face à un texte beaucoup plus polémique, virulent, agressif, féministe au sens MLF des années soixante-dix. Mais c’est parce que je ne connaissais pas assez bien Benoîte Groult et pour le coup j’avais beaucoup trop d’a priori…

Tout ce texte est plein de douceur, de constats objectifs, de respect pour tous, femmes et hommes, y compris ceux qui ne pensent pas comme elle, avec au bout du compte le portrait vivant d’une femme de son siècle. Certains vont y voir des traces de leurs mères, grands-mères, épouses et autres femmes qu’ils ont rencontrées, aimées ou avec qui ils ont travaillé. Certains moments sont particulièrement forts avec des élans de sincérité totale, des aveux de souffrance, de bonheur, de lassitude… D’autres sont plus légers et mêmes drôles… Mon évasion, c’est comme une partie de vie qui s’étale devant nous…

Je voudrais seulement parler d’un ou deux points de cet ouvrage de façon à vous laisser le plaisir de la découverte par ailleurs. Je me suis entièrement retrouvé dans une des passions de Benoîte Groult, la pêche à pied en Bretagne. Oui, c’est bien une passion, un art de vivre d’ailleurs, et je crois que seuls ceux qui ont pratiqué cela peuvent comprendre… J’aime quand elle en parle et, surtout, comment elle peut aborder des sujets graves, y compris dans ces descriptions plutôt légères… Elle aborde ainsi, au détour d’un rocher le vieillissement de son corps, cet âge qui vient année après année la transformer en profondeur. Ma tête croit pouvoir encore sautiller, passer ce trou, rebondir sur ces algues, éviter de glisser là… et mon corps, lui, est prêt à tomber, glisser, s’oublier… En plus, les risques ne sont pas en proportion avec ce que l’on va rapporter de la pêche, car comme elle dit si bien, il n’y a même plus de tourteau à trouver ici ou là…

La fin de l’ouvrage est de l’ordre de la métaphysique, c’est très touchant et fort :

« Je n’ignore plus que la mort est tapie non loin désormais, guettant sa proie sous ses paupières de crocodile qui ne dort jamais. Je me berce encore de l’espoir qu’elle n’abattra pas sa griffe sur moi de sitôt. Mais je sais qu’elle a plus d’un tour dans son sac.
Par quelle grâce parvient-on à l’oublier ? Par quels stratagèmes réussit-on encore à jouir de la beauté du monde, du bonheur d’écrire et du plaisir de se réveiller chaque matin ?
Il faut se garder d’approfondir la question. Un malheur est si vite arrivé… »

Franchement, voilà bien un livre à lire et qui apportera à chacun de bonnes raisons de vivre, d’espérer et de se battre pour améliorer le monde car il y a encore beaucoup de travail à faire !!! Comme l’été c’est fait pour lire, évadez-vous aussi avec cet ouvrage de Benoîte Groult et n’oubliez jamais, surtout vous les jeunes femmes, que les combats menés avant vous et dont vous bénéficiez sont toujours à poursuivre… On peut tout perdre et si vite !

Bonne lecture à tous !!!

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:23:15
Mardi 27 août 2019

L’été c’est fait pour lire, mais, aussi, pour participer activement au déménagement de ses enfants… C’est ainsi que cet été, pour la première fois, je vais avoir une fille qui habite dans la Sud Ouest. En soi, ce n’est pas un évènement majeur, mais il se trouve qu’il s’agit de celle qui aime le canard, le confit, le magret… Belle occasion de trouver un livre sur cette cuisine typique et lui offrir… A charge pour elle de tester ces recettes lors de mes passages à Albi !

Reconnaissons qu’il n’est pas si simple de trouver de tels ouvrages dans la région où l’on préfère les œufs en meurette, le bœuf bourguignon, le jambon persillé, pain d’épices et autre pochouse… Bon, j’ai quand même trouvé un petit opus, La cuisine du canard et de l’oie. Le sous-titre est très alléchant : traditionnelle, festive et conviviale. Tout un programme…

Alors, pour une fois, je vais vous présenter un livre de cuisine que j’ai lu mais dont je n’ai testé aucune recette laissant cela à ma fille pour le futur. Pas de pression inutile, pas de comparaison possible, juste des envies bien réelles car les recettes donnent véritablement envie… Envie de goûter, de découvrir, de comprendre cette région, de se faire plaisir…

Même si l’ouvrage est petit par la taille, la première surprise est de découvrir comment faire soi-même son confit. Il faut bien avouer que n’étant qu’un bon cuisinier de la moitié nord de la France, quand j’entends confit, je cherche un bocal avec du confit déjà fait. Certes, j’ai pris l’habitude de trouver des gens qui élèvent leurs bêtes et font eux-mêmes leurs confits, et on en trouve en Bourgogne, heureusement. Mais, je l’avoue, jamais m’était venue l’idée de faire moi-même mon confit à partir d’un canard frais… Pourtant, la recette semble peu complexe… Voilà donc une première idée, ma chère fille, offrir à tes parents quelques bocaux de confit…

Deuxième surprise, et de taille, je découvre que dans ces régions, on fait aussi des plats traditionnels en mélangeant porc et canard. J’entends par là, ces plats d’hiver qui tiennent au corps et qui utilisent des légumes de saison. Chez nous, en Lorraine, ma région d’origine, on a la potée, le jarret de porc à la choucroute et quelques autres recettes à partir du cochon car tout est bon dans le cochon !

Je découvre donc, avec un certain plaisir, l’azinat au chou. Les ingrédients nous plongent dans les plats de la famille des potées : chou, oignons, carottes, pommes de terre, cochon demi-sel, jambon de pays, saucisse de couenne… et, et c’est là la grande surprise, des cuisses de canard ! Je dis surprise pour moi car je pense que beaucoup parmi vous connaissaient ce type de mélange. Pour moi, c’est une nouveauté que j’ai envie de goûter au plus vite !!!

L’azinat est un plat traditionnel de l’Ariège, on n’est donc pas trop loin du Tarn, et cela signifie « mélange ». Chaque pays à sa recette mais dans tous les cas on peut cuisiner avec des légumes de saison et de la région…

On trouve dans ce petit livre choisi avec un peu de chance de nombreuses recettes locales avec canard ou oie et tout est très alléchant. Bien sûr, on termine en fanfare avec le cassoulet. Là, il se raconte, mais on n’est pas obligé de le croire à la lettre, que la recette remonte à la Guerre de Cent ans… On aurait réalisé dans la ville de Castelnaudary – cette fois-ci on est dans l’Aude, toujours très près d’Albi – un grand ragout avec ce qu’il restait de viande et fèves dans la ville assiégée… Les soldats trouvèrent là un surcroit d’énergie qui leur permit de battre les Anglais… Voilà pourquoi on sert encore de gros cassoulets aux joueurs de rugby français avec les matchs contre les Anglais, mais vous n’êtes toujours pas obligés de me croire…

Bref, un petit livre par la taille, La cuisine du canard et de l’oie, mais porteur de rêves et d’espérances culinaires, alors comme l’été c’est fait pour lire et rêver, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:23:56
Mercredi 28 août 2019

L’été c’est fait pour lire et quand on passe quelques jours de villégiature en Bretagne quoi de plus naturel de présenter au moins un ouvrage concernant cette douce région que j’aime… Seulement, voilà, comment trouver la perle rare qui va satisfaire le lecteur avec de belles photographies tout en le poussant à réfléchir, à être plus responsable dans ses comportements de touriste et qui va permettre d’apprendre et découvrir… Oui, il faut bien aller au-delà des clichés de tourisme et propagande…

C’est dans la collection d’ouvrages édités par le quotidien Le Télégramme que j’ai pris mon livre du jour, Atlas du patrimoine du Finistère de Françoise Péron et Guillaume Marie, tous deux géographes compétents et reconnus !

Pourquoi celui-là ? Tout d’abord pour des raisons personnelles. Le Finistère est le département breton de mon cœur car c’est le premier que j’ai connu, mon grand-père habitant Brest et ayant en plus vécu deux ans chez lui lors de mes études à Brest même ! C’est aussi la période où tous les matins je pouvais lire Le Télégramme qui arrivait directement dans la boite à lettres et que nous commentions ensemble régulièrement…

Pourquoi cet ouvrage sur le patrimoine ? Là, il s’agit d’une conviction forte car si nous ne prenons pas soin de notre patrimoine, nous allons finir par le perdre entièrement… Or, le patrimoine c’est à la fois un héritage commun mais aussi une richesse, une spécificité, un bien réel qui nous propulse dans l’avenir… Alors, certes, les auteurs donneront des définitions beaucoup plus correctes mais je crois qu’il faut retenir que le patrimoine, c’est tout simplement vital !

Alors, ce patrimoine maritime du Finistère, il est constitué de quoi, de quels éléments, de quelles réalisations concrètes ? On aura, bien sûr, c’est logique dans ce département aux côtes nombreuses et périlleuses, l’éclairage du littoral avec phares et sémaphores… mais il y aura des forteresses, des demeures d’armateurs, des chapelles votives, des maisons et des villages de pêcheurs, des entreprises de valorisation du littoral comme conserveries de poissons et exploitation du goémon, sans oublier les constructions de bateaux avec les chantiers navals et les cimetières de ces mêmes bateaux… Oui, rien ne sera oublié pas même le littoral touristique avec les constructions de vacances, les plages…

Une particularité de ce patrimoine maritime du Finistère – presque un quart du patrimoine du littoral français – réside aussi dans ses nombreuses îles dont certaines sont très connues. Qui n’a jamais entendu parler de Sein, Ouessant ou Batz ? Mais, il y en a encore de très nombreuses toutes petites… Puis il y a aussi ces rias et abers qui voient l’eau de l’océan pénétrer les terres et augmenter considérablement la longueur du littoral finistérien !

Je ne vais pas vous résumer entièrement cet ouvrage qui est composé de textes précis, scientifiques et techniques mais accessibles à tous. Il est aussi illustré par de très nombreuses photographies de qualité qui apportent beaucoup. Enfin, c’est sa richesse essentielle à mes yeux, il propose une multitude de cartes très pédagogiques pour donner la possibilité au lecteur de visualiser et positionner chaque aspect du patrimoine présenté…

Oui cet Atlas du patrimoine maritime du Finistère est un excellent ouvrage qui pourrait donner la l’opportunité à tous ceux qui sont allés passer les jours de canicule à l’Ouest extrême de revivre durant l’hiver ces belles visites qui les ont enchantés… A lire et offrir, à garder en souvenir ou pour préparer votre prochaine villégiature finistérienne… et, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:24:36
Jeudi 29 août 2019

L’été c’est fait pour lire et en cette période de rentrée littéraire – oui, pour moi les nouveautés BD appartiennent bien à la rentrée littéraire – les bandes dessinées s’amoncellent et s’empilent avec parfois d’excellentes choses que j’ai envie de vous présenter… Je viens de terminer la dernière livraison de la série Les guerriers de Dieu, le tome 5, consacré au massacre de la Saint Barthélémy. Les auteurs, Philippe Richelle pour le scénario et Pierre Wachs pour le dessin, achèvent là cette série que je suis depuis le début et que je trouve excellente…

Certes, j’aurais pu vous en parler le 24 août – jour anniversaire du massacre – mais comme les méfaits tragiques ont duré plusieurs jours, nous sommes bien encore dans les dates… Faut-il, d’ailleurs, célébrer un tel évènement ? Certains diront non car il ne faut pas s’auto-flageller et cesser de mettre en avant ce type d’évènements qui nuit à notre image… Je préfère, comme toujours, regarder notre histoire avec le plus de lucidité et en tirer tous les enseignements pour le futur… C’est le rôle de l’histoire et de son étude régulière par tous ! D’ailleurs, quand on veut supprimer ou alléger les cours d’histoire c’est pour mieux oublier et exploiter les citoyens aujourd’hui et demain !

Ce dernier album entièrement consacré au massacre de la Saint-Barthélemy ne met en scène presque exclusivement que les personnages historiques. Les personnages de fiction, inventés par Philippe Richelle, disparaissent ou ne sont cantonnés qu’aux tâches secondaires… Maintenant, le roi, Charles IX, la reine mère, Catherine de Médicis, et son fils préféré, François d’Alençon duc d’Anjou, sont sur le devant de la scène. Ils sont accompagnés de l’amiral de Coligny, d’Henri de Navarre, futur Henri IV, et de Marguerite de Valois, la fameuse reine Margot…

On ne résume pas en quelques phrases ce qui s’est passé en France, à Paris en particulier, à cette époque. Ce qui est certain, c’est que nous sommes en pleine période des guerres de religion qui sont plus des guerres politiques et civiles que des guerres religieuses. La France contrairement à d’autres nations s’est divisée en deux au moment de la Réforme. Les enjeux sont politiques : quelle famille arrivera à prendre l’ascendant sur la famille royale et finalement dirigera la France… La famille de Guise tient la corde et joue le jeu des catholiques ultra…

La reine Catherine de Médicis est à la foi une femme forte, ambitieuse, catholique, cynique et pleine d’ascendant sur ses enfants – et à ce titre on la considère souvent comme la grande responsable du massacre de la Saint-Barthélemy – mais, en même temps, elle comprend les enjeux d’unité du royaume et elle est prête à certains compromis avec les Huguenots…

Le bilan sera terrible, le sang va couler sur Paris et sur la France, Charles IX ne s’en remettra pas, le royaume tentera de se reconstruire mais il faudra beaucoup de temps et après ce massacre, fin de cette série, il y aura encore de nombreux évènements comme l’assassinat du duc de Guise, l’assassinat d’Henri III, l’avènement d’Henri IV, l’édit de Nantes…

Cette très bonne série, Les guerriers de Dieu, a le mérite de bien expliquer tout cela, de rendre accessible ces guerres de religion à tous les lecteurs et permet de comprendre ce que peut être l’intégrisme sous toutes ses formes… Du coup, belle ouverture sur notre époque aussi !

Très bon scénario de Philippe Rochelle qui respecte l’histoire, les personnages connus et les circonstances tout en incluant un petit grain de fiction bien sympathique. Belle narration graphique de Pierre Wachs qui montrera aux plus réticents que la bédé historique peut être dynamique, agréable à lire et intelligente !

Comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:25:26
Vendredi 30 août 2019

L’été c’est fait pour lire et, hier, nous avons croisé Catherine de Médicis dans la série Les guerriers de Dieu de Richelle et Wachs. Il me semblait logique de prolonger le regard sur cette reine avec la série qui lui est consacrée chez Delcourt…

Il y a quelques petites années quand j’avais entendu parler pour la première fois de la collection Les reines de sang, je m’étais fait deux réflexions. D’une part, je me réjouissais d’une telle idée étant passionné d’histoire et de bande dessinée. J’étais donc prêt à lire tous les albums, à découvrir toutes les reines qui feraient l’objet d’une histoire… Grand bien m’en a pris puisque c’est avec passion et un certain bonheur que j’ai lu Aliénor, Isabelle, Jeanne ou Tseu Hi… D’autres m’ont moins emballé mais cela me semble tout à fait normal car on ne peut pas tout aimer !

Mais la deuxième réflexion était de savoir si cette collection trouverait son lectorat, au moins le nombre de lecteurs minimal pour que l’éditeur ait envie de continuer le travail… Là, même si je n’ai pas les chiffres précis, il semble bien que si les chiffres de ventes n’aient pas été au rendez-vous, la série Aliénor n’aurait eu 6 albums alors qu’au départ il en était prévu 3… Donc, on peut dire que tout va relativement bien, que la collection se prolonge et que nous avons ce mois-ci deux nouvelles séries royales avec Catherine de Médicis et Les trois Julia…

Pour aujourd’hui, restons seulement concentrés sur Catherine de Médicis. En France, tout le monde connait le nom de cette reine et on lui attribue généralement le massacre de la Saint-Barthélemy et la folie de ses enfants à commencer par celle de son fils Charles IX. Pour le reste, avouons que les informations factuelles ne sont pas très nombreuses… D’ailleurs, cette reine de France d’origine étrangère a-t-elle eu réellement du pouvoir ? Catherine a-t-elle sauvé la France ou au contraire l’a-t-elle coulée ? En fait, il est très difficile de comprendre cette reine et les biographies la concernant ne sont pas toutes du même avis… Ce qui semble certain, c’est que sa réputation de « reine de sang » justifie totalement sa présence dans cette collection !

Le premier tome de cette biographie en bande dessinée – on en annonce trois – va concerner sa jeunesse en Italie, plus exactement à Florence et Rome. C’est la partie que nous ne connaissons pas trop nous Français mais que la scénariste de la bédé, Simona Mogavino, connait le mieux…

Simona a d’abord travaillé dans la sauvegarde et la réfection des œuvres d’art avant d’être immobilisée durant quelques mois pour un problème de santé. C’est alors qu’elle a compris qu’elle pouvait faire autre chose de sa vie. Elle a d’abord lu puis écrit. Et comme son mari, Alessio Lapo, qu’elle a rencontré lors d’un travail sur une fresque, fait de la bande dessinée c’est assez naturellement qu’elle a pensé écrire des scénarios de bédés…

Aliénor, dont je vous ai déjà parlé, est sa première série de bande dessinée et elle a travaillé en étroite collaboration avec Arnaud Delalande sur le scénario et avec le dessinateur Carlos Gomez, un Argentin qu’elle aime beaucoup. Après cette série Aliénor, le même attelage professionnel se lance dans l’histoire de Catherine de Médicis.

Ce premier album de Catherine de Médicis, la reine maudite est très réussi même si on ne peut plus parler de surprise après les six volumes d’Aliénor, la légende noire. En effet, le scénario est clair et précis, les références historiques suffisantes mais pas étouffantes, les personnages crédibles, les dialogues conséquents mais pas trop pour sauver la narration graphique, le dessin dynamique, le rythme de la bédé est pertinent… Bref, tous les indicateurs sont au vert pour annoncer que cette série devrait cartonner auprès des lecteurs… d’autant plus que tout ce qui touche aux guerres de religion est aujourd’hui un sujet qui intéresse les lecteurs…

D’ailleurs, signalons que, en plus de la série Les guerriers de Dieu (Glénat), il existe encore une autre série qui traite du massacre de la Saint-Barthélemy, Saint-Barthélemy (Les Arènes)… Vous avez réellement le choix pour découvrir cette tragique période et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:29:14
Samedi 31 août 2019

L’été c’est fait pour lire et je dois bien avouer que depuis que je lis pour le plaisir, soit depuis l’âge de 13 ans environ, la littérature policière a toujours une place privilégiée dans les piles de livres qui sont sur ma table de nuit, mon bureau, sous mon lit… Si j’ai déjà longuement parlé de ma passion bien réelle pour les autrices britanniques de polars, il ne faut pas que vous pensiez un seul instant que je me limite à ces femmes car tout au long de ma vie de lecteur j’ai découvert, dévoré, apprécié de nombreux auteurs de romans policiers. On peut citer dans cette longue liste, sans vouloir âtre exhaustif, Charles Exbrayat, Frédéric Fajardie, Pierre Nord, Boileau-Narcejac, Maurice Leblanc, Arthur Conan Doyle, Didier Daeninckx, Gérard Delteil, Gaston Leroux, Stuart Wood, Raymond Chandler, Jean-Patrick Manchette… Cessons cette liste car plus j’avance et plus je vois qui je suis entrain d’oublier… Dans ces auteurs, certains furent des auteurs de romans, d’autres de nouvelles, il y en a qui ont été adaptés en bédé, au cinéma et même au théâtre…

Parfois, il y a des auteurs que j’ai oubliés, effacés de ma mémoire, sans que ce soit pour des raisons de qualité de leurs textes. Je vais prendre un exemple simple, William Irish. Je l’ai lu, du moins, j’ai eu en main un certain nombre de livres, en particulier Tous les coups sont permis, un recueil de nouvelles policières que j’ai lu quand j’avais une vingtaine d’année et dont je me souviens de la couverture en live de poche…

Or, j’avais à peu près complètement oublié ce pauvre William Irish quand je suis tombé chez Emmaüs sur six recueils de nouvelles publiés par 10/18. Compte tenu du prix dérisoire de chaque volume, sans hésitation, me voilà chargé de quelques nouveaux livres à lire… Parfois, je dois avoir peur de manquer, allez savoir ?

Dès le premier soir, je glissais délicatement dans Irish Window, recueil où la première nouvelle est Fenêtre sur cour ! Oui, vous commencez à vous dire que vous connaissez ce romancier William Irish, au moins à travers ce film d’Alfred Hitchcock… Oui, ce film sorti en 1954 est probablement un des meilleurs du grand maitre du suspense…

Oui, quand je vous parle de William Irish et de ses nouvelles, vous ne voyez pas toujours l’importance de cet auteur tandis que si je dis : Angoisse dans la nuit, Fenêtre sur cour, La mariée était en noir, La sirène du Mississipi, J’ai épousé une ombre, Jouer c’est tuer… sans oublier toutes les adaptations pour la télévision, vous comprenez que William Irish est un auteur prolixe qui a fourni de nombreuses bases à des scenarii pour le septième art !

Je ne peux que vous conseiller d’aller lire quelques unes de ses nouvelles pour mesurer que les mots restent bien souvent le socle dur de l’imagination et que pour plonger un lecteur dans une ambiance forte il ne faut à William Irish que quelques pages…

Le pauvre homme n’a pas été très heureux dans sa vie, homosexuel qui vivait à une époque difficile aux Etats-Unis (1903-1968) ce qui le plongea dans une sorte de culpabilisation terrible, souvent seul et isolé malgré une reconnaissance certaine de son vivant… Après la mort de sa mère dont il s’occupait, il vécut onze ans dans un hôtel sans en sortir ou presque, seul, atteint du diabète et alcoolique… Pas étonnant que ses nouvelles soient si noires…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, je vais poursuivre la lecture des autres recueils de nouvelles de William Irish durant ma villégiature aux bords de l’Océan Atlantique !

Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:30:01
Dimanche 1er septembre 2019

L’été c’est fait pour lire et cela peut, dans certains cas, nous éclairer sur notre histoire et donc notre présent aussi. J’ai lu très récemment une biographie atypique, Le Régent, un ouvrage de Jean-Christian Petitfils. Certes, l’ouvrage date de 1986, mais sur la question ce fut le premier livre de référence et il est resté inégalé depuis… Du moins, c’est ce que je crois !

A force d’enchainer les noms de façon mécanique, Louis III, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVII, Louis XVIII… on finit par oublier qu’en fait il ne s’agit pas d’une succession de père en fils sans souci, et, qu’entre autre, il y eut des régences, c'est-à-dire des moments d’attente de la majorité du successeur… Par exemple, quand Louis XIII meurt, Louis XIV n’a que 5 ans ! Quand Louis XIV décède, Louis XV n’a, lui-aussi, que 5 ans…

Donc, Louis XIV, dans sa « grande » sagesse a tenté de trouver une solution pérenne pour le royaume en ne faisant pas du duc d’Orléans un Régent tout puissant. Il savait que l’héritier, son arrière-petit-fils, serait trop jeune pour régner et que Philippe d’Orléans avait mauvaise réputation…

En fait, cette mauvaise réputation va accompagner le Régent jusqu’à nos jours ou presque. Comme il a réussi à faire casser le testament de Louis XIV c’est qu’il était ambitieux, comme il était connu comme libertin c’est qu’il était dépravé et immoral, comme il a cherché la paix avec l’Angleterre c’est que c’était un traitre…

En fait, l’auteur de la biographie, Jean-Christian Petitfils, va s’appliquer avec beaucoup d’éléments factuels à reconstruire l’image du Régent. Il ne s’agit pas d’en faire un saint ou un homme parfait, juste de remettre l’homme dans un contexte et montrer que ce Régent ne fut pas si mauvais que cela…

Il a cherché, indiscutablement, dans la difficulté, à assurer la paix à la France, le rétablissement des finances publiques et le bonheur individuel de chaque français. C’était une forme d’Utopie, vouée à l’échec d’une certaine façon mais qu’il poussa assez loin… C’est aussi sous cette Régence que Law va tenter de mettre en place son système de monnaie papier dont le but principal était de résoudre le déficit laissé par le règne de Louis XIV. Le système n’a pas fonctionné comme souhaité (spéculation, effondrement et banqueroute) mais la faute initiale datait du règne précédent. Il y a toujours un moment où il faut payer ses dettes… On devrait s’en souvenir aujourd’hui !

Alors, la petite histoire a préféré retenir le côté libertin de Philippe d’Orléans, sa joie de vivre puis sa mort d’un AVC (probablement) sur l’épaule de sa maitresse… Mais cet homme méritait mieux comme place dans l’Histoire et c’est bien ce qu’a voulu faire Petitfils avec sa biographie, lui rendre hommage, avec cette véritable histoire de la régence…

Pour certains royalistes puristes, il restera l’arrière-grand-père de Philippe Egalité, régicide, et ancêtre de Louis-Philippe 1er, roi des Français, l’usurpateur… Pour tous les autres, c’est un personnage important de notre passé que l’on peut découvrir avec les Mémoires de Saint-Simon ou cette très brillante biographie, Le Régent, de Jean-Christian Petitfils… et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 23/08/2019 @ 08:37:49
La chronique d'aujourd'hui, 23 août, pour ceux qui attendaient que je parle de Simone Weil...

Shelton
avatar 02/09/2019 @ 09:51:09
Lundi 2 septembre 2019

L’été c’est fait pour lire et même le jour de la rentrée on peut continuer à l’affirmer. Je sais bien que pour certains c’est plus difficile à entendre, les vacances sont terminées, il faut maintenant travailler et la lecture passe au second rang voire au troisième rang des intérêts quotidiens… Et pourtant…

On n’a beau dire que les sciences sont plus importantes que toutes les matières, qu’il faut parler deux ou trois langues vivantes, qu’il faut faire du sport, qu’il faut parler aux autres… et tout cela est bien vrai ! Il n’en demeure pas moins que la lecture, la littérature et la philosophie sont là pour nous apporter autre chose et, qui sait le plus important…

Lire, c’est ouvrir son esprit et son être à l’expérience des autres. En effet, l’être humain est un être qui ne vit pas seul sur cette planète. Nous avons été précédés par des millions d’autres êtres qui ont vécu avec les mêmes interrogations que nous… D’où venons-nous, qui sommes-nous, qu’est-ce qu’un sentiment, qu’est-ce qu’aimer, qu’est-ce vivre, pourquoi meurt-on, qu’est-ce qu’il y a après ma mort, qu’est-ce que bien vivre, pourquoi avoir peur de demain, de l’inconnu, de la mort…

La science peut donner des éléments de réponse, parfois avec pertinence, sérieux… mais jamais de façon totale, définitive, absolue… Les théories se succèdent, se perfectionnent, se complètent… mais les grandes interrogations restent !

Alors, me direz-vous, pourquoi lire puisque les livres ne sont pas plus définitifs que la science ? Oui, mais le livre m’apporte une façon de vivre humaine. Certes, les réponses ne sont pas totales mais je vois comment d’autres vivent avec ces non réponses, ces réponses incomplètes, ces réponses espérées ou fantasmées… Le livre c’est à chaque fois un peu de vie qui s’ouvre à nous…

Le livre nous invite à la vie par les mots, par le rêve, la fiction, la réflexion, le témoignage, la poésie… Ce n’est jamais une solution, juste une piste, un chemin, une bulle d’air, un instant fort et enrichissant…

Lire c’est grandir, s’épaissir, se solidifier, progresser… C’est progressif et durable, ce n’est jamais du temps de perdu même quand le livre est mauvais, inadapté, désagréable… car la mauvaise expérience livresque fait aussi cheminer, grandir, progresser…

Donc, il est impératif de lire, faire lire et parler de nos lectures. Le partage permet aussi de grandir en comprenant comment l’autre a perçu un livre que nous avons aimé, détesté ou oublié… Alors, au moment de cette rentrée scolaire, je vous propose quelques pistes d’action…

On pourrait imaginer que les parents lisent en même temps que leurs enfants les fameuses lectures obligatoires. Ils pourraient ainsi non pas de contenter de contrôler le travail purement scolaire de leurs petits chéris, mais ils pourraient échanger avec eux montrant par là même que ces dits livres obligatoires présentent bien un intérêt, pour eux aussi adultes ! Ce serait une belle étape à franchir !

On peut aussi penser que, parfois, la lecture obligatoire est trop limitée. Il ne faudra donc pas hésiter à prendre en bibliothèque, acheter en librairie ou chez Emmaüs d’autres ouvrages d’un auteur qui aura été découvert et apprécié en lecture scolaire. Il faut ouvrir au maximum l’enfant à la lecture plaisir !!!

Enfin, n’oubliez pas de partager ce que vous avez aimé au même âge même si cela n’est pas dans la liste obligatoire. On ne lit jamais trop et partager est une façon d’entretenir des liens solides avec vos enfants (mais c’est aussi valable pour neveux/nièces, filleuls/filleules, cousins/cousines, enfants des voisins…).

Donc, bonne rentrée à tous ceux qui sont concernés et bonne journée aux autres ! Ah, j’ai oublié de vous donner une petite idée de lecture aujourd’hui… alors cherchez dans votre mémoire, relisez et faites lire puisque l’été c’est fait pour lire !


Shelton
avatar 03/09/2019 @ 06:46:19
Mardi 3 septembre 2019

L’été c’est fait pour lire et dans la littérature policière, il existe bien un personnage incontournable, inimitable, incroyable et inépuisable, Sherlock Holmes ! Enfin, là, j’exagère un peu car il n’est pas inimitable mais imité en continu parfois même avec talent… Il faut dire que Sir Arthur Conan Doyle lui-même s’était un peu (ou largement diront certains) d’un personnage créé par Alan Edgar Poe… D’ailleurs cette imitation fut presque structurelle quand Conan Doyle fut obligé par le public lecteur de ressusciter son héros, dans Le retour de Sherlock Holmes (aussi traduit en français par Résurrection de Sherlock Holmes) de 1905. Alors, bien sûr, comme Conan Doyle ne peut pas supporter la magie, le fantastique et le surnaturel, le retour de Sherlock est expliqué de façon rationnelle par Sherlock lui-même dans la nouvelle La maison vide… Il n’en demeure pas moins que tout était possible !

La première imitation est très rapide, comme la première adaptation au cinéma. Certaines de ces œuvres d’imitation (souvent en hommage) resteront célèbres et seront si inventives que l’expression « Elémentaire mon cher Watson » n’est même pas de Sir Arthur Conan Doyle… Il faudra un film de 1929 et un recueil de nouvelles de 1954 pour que cette réplique incarne à elle-seule le grand détective !

Seulement, un grand nombre des pastiches, à la manière de… ou nouvelles-hommage sont tout simplement édités dans des revues spécialisées, dans des outils d’études holmésiennes et jamais disponibles pour le grand public… Heureusement, les éditions Rivages ont pallié à cela avec la publication de trois volumes de ces nouvelles étonnantes… Attention, un quatrième sort même dans quelques semaines, Elémentaire mon cher Conan Doyle !

Cet été, c’est Au-delà de Sherlock Holmes qui m’est arrivé dans les mains et ce fut un petit plaisir estival bien venu ! Il faut dire que cette fois-ci, n’en déplaise à Conan Doyle et Sherlock Holmes, le fantastique s’est complètement invité dans quatre nouvelles (dont une très courte, avouons-le). En effet, qui aurait pu imaginer, Dieu lui-même, demander un peu d’aide à Sherlock Holmes quand il décède et arrive au paradis ? Ou aurait pu concevoir un Sherlock Holmes, plus vrai que nature, chez les Martiens ?

Mais c’est la quatrième et dernière nouvelle de ce recueil qui est la plus forte quand Watson devient client de Sherlock dans une enquête qui voit le grand maître de l’énigme confronté au diable en personne…

Personnellement, j’aime beaucoup les nouvelles et encore plus les romans de Sir Arthur Conan Doyle. Sherlock Holmes est un personnage atypique, certes qui peut sembler désagréable, égoïste, égocentrique, frustré, misogyne, accro à la drogue, mélancolique, joueur de violon (surtout spécialiste pour faire grincer les cordes de son instrument en pleine nuit)… Il est donc vrai que ce n’est pas l’ami idéal… mais, comme Hercule Poirot, ce sont des enquêteurs hors normes qui fascinent le lecteur… enfin, disons qui me fascine ! Du coup, ce type d’ouvrage me permet de continuer à découvrir Sherlock Holmes à l’œuvre comme d’ailleurs toutes ces imitations que je lis souvent avec beaucoup de plaisir !

Alors, en attendant la nouveauté Elémentaire mon cher Conan Doyle, je vous conseille de relire un roman de Sir Arthur Conan Doyle comme Le chien des Baskerville, de vous délecter avec ce petit opus Au-delà de Sherlock Holmes bien sympathique ou de relire une nouvelle des Aventures de Sherlock Holmes comme Le ruban moucheté… et comme l’été c’est fait pour lire, pourquoi ne pas tout relire…

Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 04/09/2019 @ 06:45:53
Mercredi 4 septembre 2019

L’été c’est fait pour lire et nous allons rester encore dans l’univers holmésien. A cela plusieurs raisons mais surtout parce que j’aime bien et c’est déjà beaucoup car pour transmettre l’envie de lire il vaut mieux parler de ce que l’on aime ! La deuxième raison c’est qu’au début de mes vacances je suis tombé en librairie sur un ouvrage que je ne connaissais pas, sur une autrice inconnue pour moi et un éditeur dont je n’avais jamais entendu parler… Tout cela ne pouvait exciter ma curiosité d’autant plus que le titre, Sherlock Holmes et le Pont du Diable, me renvoyait immédiatement à des amours de jeunesse… le fameux Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle !

Donc c’est avec plaisir que je prenais ce roman policier pour lire sur la plage, lieu que j’affecte particulièrement pour lire… Enfin, quand il ne fait pas trop chaud, qu’il n’y a pas trop de vent, pas trop de monde et que mes petits-enfants me laissent lire… C’est ainsi que j’ai dévoré ce roman qui se déroule à Saverne…

L’avantage, pour le spécialiste des aventures de Sherlock Holmes, c’est qu’il existe de nombreuses possibilités pour caser, insérer, mettre en place une aventure. Le cher Watson n’a pas tout raconté, tout évoquer et Sherlock pouvait enchainer les enquêtes sans problème… Il se portait d’ailleurs beaucoup mieux en travaillant alors que l’inaction le poussait impitoyablement vers sa seringue, sa solution et ses démons…

Nous sommes donc en hiver 1899 et nos deux amis sont sollicités de façon dramatique par une femme alsacienne. Un dramatique accident, puis une réplique quinze jours plus tard. Un frère et une sœur ont perdu la vie dans les ruines d’un château au-dessus de Saverne et ce serait, en tout cas une lettre anonyme l’affirme, un crime…

Quelle chance, le détective et le médecin sont libres et les voilà qui font ce grand voyage de Londres à Saverne…

Pour moi, ce roman est d’une grande qualité, pas tant du point de vue de Sherlock Holmes lui-même que de celui de ce cher docteur Watson. Tout au long du roman j’ai trouvé ce personnage très crédible, dans la pure lignée des écrits de Sir Arthur Conan Doyle et je trouve que Christine Müller a su réaliser là un magnifique travail.

Pour ce qui est du roman dans sa globalité, il est bien construit mais peut-être avec trop de rebondissements. Il faut dire que souvent nous avons l’habitude d’un Sherlock coincé dans des nouvelles relativement courtes. Il faut dire que l’auteur a écrit 56 nouvelles et quatre romans et donc c’est peut-être là que j’ai senti une distance avec l’original. C’est trop long pour une enquête simple et avec trop d’éparpillement pour un roman façon Doyle, du moins c’est le sentiment que j’ai eu en lisant…

Par contre, à aucun moment je ne me suis ennuyé et, surtout, jamais je me suis dit que ce Sherlock n’était pas crédible. Certes, il fonctionne à Saverne, il est éloigné de son Londres mystérieux mais il s’en sort très bien même si les criminels alsaciens lui donnent bien du fil à retordre…

Enfin, ce roman est beaucoup plus qu’un « simple » roman régional. D’abord parce que nos régions ne sont pas « simples » et qu’il faudrait que les Parisiens le comprennent une fois pour toutes. Mais aussi parce que cette écriture de Christine Müller est belle et agréable à lire. C’est un bon roman, tout simplement, même si c’est aussi un hommage à Sir Arthur Conan Doyle.

Enfin, pour mes amies qui craindraient un Sherlock Holmes trop misogyne, sachez que l’autrice a réussi à mettre en place un personnage qui sait être odieux quand il le faut tout en restant bien humain à d’autres. Elle trouve un bel équilibre sympathique que certaines lectrices devraient apprécier !

Voilà, une belle lecture estivale que je ne peux que vous conseiller car nous sommes encore en été et que l’été c’est fait pour lire !

Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 05/09/2019 @ 05:03:28
Jeudi 5 septembre 2019

L’été c’est fait pour lire mais lire ne signifie pas être sérieux, rester sérieux toujours… On peut associer rire et jeu ! Heureusement ! D’ailleurs, la lecture est une activité qui sait être ludique…

Il y a quelques années, à l’occasion de ses premières reconstitutions en Playmobil, j’avais eu la chance de rencontrer Richard Unglik. J’avais été séduit par cet homme – cet éternel enfant – qui avait trouvé le moyen de prolonger ses jeux d’enfance en montrant à tous que Playmobil n’était pas seulement un bon jeu d’enfant mais bien un outil qui permettait de visualiser l’imagination, qui donnait corps aux rêves les plus fous… Ce que je ne savais pas encore, c’est que Richard, passionné des aventures de Sherlock Holmes, s’attaquerait à l’un des roman les mieux construits de Sir Arthur Conan Doyle, Le chien des Baskerville ! Dès lors, il quitterait la sphère du jeu pour celle du monde policier, pour l’univers holmésien et je ne pouvais que le suivre…

Vous pourriez me dire que le roman policier est avant tout un jeu mais pour moi c’est aussi une science, un objet d’étude, un plaisir, une activité jouissive en quelque sorte ! Bon, ceci étant dit, passons à cet ouvrage atypique…

Attention, il s’agit bien plus que d’une adaptation d’un bon roman, vous allez entrer dans un univers complet, riche en détails, exact et rigoureux où tous les fans vont être là à observer, contrôler, mesurer et réfléchir avant de constater que la copie est presque parfaite… Richard Unglik intègre même le « Elémentaire mon cher Watson » qui pourtant est ultérieur à la création de Doyle. Mais, en même temps, comment ne pas évoquer tous les aspects de Sherlock y compris ceux apparus dans les pastiches, dans les adaptations cinématographiques, dans les séries télévisées ou dans les mises en bandes dessinées ? Ici, les références sont complètes et visiblement cogitées, portées et construites par un amateur de qualité, par un professionnel et des aventures de Sherlock Holmes et de Playmobil !

Ce que j’ai le plus apprécié n’est pas tant les reconstitutions du 221 bis Baker Street avec Playmobil – ce qui en soit est déjà un exploit – mais l’ensemble des documents présentés au lecteur, synthèse de tout ce que l’on trouve dans les romans et nouvelles de Doyle : cartes d’identité, de visite et autres, fiches de sécurité de Scotland Yard, reconstitution de la presse, documents complémentaires en tous genres et passionnants, des reproductions de lettres… On n’est plus dans Playmobil, mais bien dans le monde holmésien !

Ce qui surprend le lecteur qui avait feuilleté un peu rapidement l’ouvrage avant de l’acheter, ce sont ces grandes reproductions avec pages dépliées qui montrent une rue entière de Londres ou la lande britannique obscurcie par la nuit… de toute beauté et, surtout, efficace pour se laisser pénétrer par l’ambiance du roman…

Pour nous raconter tout cela, Richard Unglik fait comme s’il s’agissait d’un drame à l’ancienne, d’une pièce de théâtre même si l’unité de lieu est un peu débordée, et il nous présente à la fin tous les acteurs qui ont joué. A nous d’applaudir !

L’ouvrage est constitué de photographies que Richard Unglik a réalisées lui-même démontrant ainsi qu’il est à la fois amateur de Playmobil – on l’avait bien compris depuis longtemps – mais aussi metteur en scène, scénographe, adaptateur, photographe, joueur, enquêteur, fan de Sherlock Holmes et j’en passe et des meilleurs…

Il fait même des émules puisque, lors d’un salon Kid Expo de Paris, le diocèse de Paris avait reconstitué une grande partie des épisodes biblique en Playmobil ce qui faisait un clin d’œil à son ouvrage La grande aventure de l’histoire, également publié par Casterman comme l’ensemble de ses livres…

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, vous pourriez aussi lire ou relire ce roman de Sir Arthur Conan Doyle, Le chien des Baskerville et ensuite voir comment tout cela peut être adapté en Playmobil !

Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 06/09/2019 @ 13:12:34
Vendredi 6 septembre 2019

L’été c’est fait pour lire et je profite souvent de cette période estivale pour lire des romans policiers. J’aime beaucoup ce genre que je n’hésite pas à classer en littéraire même si certains ne partagent pas ce point de vue avec moi. Donc, un genre littéraire à part entière, des auteurs et des autrices de qualité, de la création, de l’originalité… Mais, j’ai très rapidement, au fil des ans et des lectures, choisi de porter prioritairement mon attention sur les autrices britanniques de romans policiers. Certes, il s’agissait au départ d’une affaire de goût – j’aime tout particulièrement Agatha Christie et Patricia Wentworth – mais ce fut une façon aussi de me forcer à découvrir car aujourd’hui, j’ai du mal à croiser une autrice britannique sans lire au moins un de ses romans policiers… C’est ainsi que j’ai découvert récemment Rhys Bowen !

C’est dans une librairie – oui, il en existe encore quelques-unes en France – que je suis tombé par hasard sur Son espionne royale mène l’enquête. Je ne connaissais pas du tout l’autrice et quand j’ai vu qu’elle pouvait être classée en « autrice britannique », je n’ai pas hésité à acheter cet ouvrage sans en savoir plus…

Depuis, j’ai commencé par lire ce premier roman qui au départ m’a un peu déstabilisé. Beaucoup d’humour, d’allusions à la vie sociale anglaise des années trente car le roman se déroule en 1932 et j’attendais avec impatience un petit meurtre… Bon, il arrive bien quand même, ne vous inquiétez pas, et l’enquête est plutôt bien construite…

A la moitié de la lecture du premier roman de cette série dont les deux premiers tomes viennent d’être traduits en langue française, je me suis dit que je retrouvais là le même ton, la même ambiance que dans les romans d’Exbrayat dont l’héroïne est la fameuse Imogène. Donc, vous l’aurez bien compris, on navigue entre espionnage et policier, on rit souvent même quand la situation est grave et au final, on réfléchit beaucoup…

En effet, l’autrice touche du doigt tous les excès de la société britannique en particulier les relations sociales entre la famille royale, les nobles, les riches bourgeois et le reste de la société. Il faut dire que pour cela l’autrice a créé une héroïne peu banale, une femme Georgiana qui appartient à la famille royale, 34ème dans l’ordre de succession, mais aussi qui est fille d’une actrice qui a divorcé de son père duc qui lui s’est suicidé paniqué devant sa situation financière… Ah, le jeu d’argent…

Alors, l’espionnage me direz-vous ? Figurez-vous que la reine elle-même a demandé à Georgiana de remplir une mission… Cette mission est liée à un fait réel – car dans ce roman il y a quelques éléments réels et d’autres nés dans l’imagination de la romancière – et donc ce fait réel est constitué par la liaison du prince de Galles avec une jeune femme mariée américaine… Une liaison qui allait perturber très sérieusement le royaume…

Alors, je ne vous en dit pas plus car franchement je pense que vous devriez lire ce roman. C’est un roman d’été par excellence, un roman léger mais très humain, un roman bien écrit, enfin, au moins bien traduit. L’ensemble est léger mais on ne tombe pas non plus dans un texte inutile, lassant ou vulgaire. C’est propre, logique, cohérent mais avec une critique sympathique comme seule une anglaise peut le faire sur cette société d’un autre temps malgré tout…

Depuis, bien sûr, j’ai acheté le tome 2 mais pour la suite, il faudra attendre que la traductrice travaille encore un peu, que l’éditeur décide de poursuivre l’expérience. Sans estimer que cette série marque définitivement l’histoire de la littérature je dois avouer que j’ai été convaincu et que je vais suivre ce travail dans le temps…

Et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 07/09/2019 @ 08:55:08
Samedi 7 septembre 2019

L’été c’est fait pour lire, oui, mais pour une fois et je vais vous le dire tout de suite, je vais commencer par vous parler d’un livre que je n’ai pas lu. Oh, je sais bien que Pierre Bayard m’a octroyé d’une certaine manière de le faire – Comment parler des livres que l’on n’a pas lus, 2007 – mais je voulais être très honnête avec vous, je n’ai pas lu Orléans de Yann Moix ! Pourtant, il me semble assez judicieux d’en parler et par la même occasion de parler d’un ou deux livres que j’ai lus et appréciés…

Je m’explique !

Je suis toujours de près la rentrée littéraire même si d’année en année je trouve qu’elle a quelque chose d’artificiel et que ce n’est pas toujours le meilleur moment de la vie littéraire française. Passons…

Il n’en demeure donc pas moins que depuis le 21 août, date de la sortie de ce roman Orléans il n’y a pas un jour sans qu’une information tombe … Oui, je fais comme si l’information sur les livres était prioritaire dans notre pays, comme si les polémiques autour des livres étaient aussi violentes qu’autrefois, comme si la République des livres était plus importante que tout… Que voulez-vous ça me fait plaisir et comme l’été c’est fait pour lire, c’est une façon de construire mon utopie livresque… même si je sais bien au fond de moi que le cours de la bourse perturbe beaucoup plus mes concitoyens… Non ?

Donc, il y eut une première vague d’informations qui disait en substance, que ce roman était bon, voire même le meilleur de Yann Moix. Dont acte. Les premières chroniques entendues me poussaient même à prendre le temps de lire ce roman… Il était au moins dans ma liste cérébrale à défaut d’être déjà sur ma table de nuit…

Puis, le père et le frère de Yann Moix ont pris la parole et proféré leur vérité : Yann a menti, il n’a jamais été traité de cette façon ! Là, immédiatement, je me dois de réagir… Oui, Orléans raconte, dit-on, les sévices qu’auraient subis Yann dans sa jeunesse… Or, ces sévices seraient faux… Donc le roman ne serait plus un bon roman… Stop ! Où est le rapport ? Un roman est un roman ! Depuis quand un roman devrait-il être « vrai » ?

En fait, je voudrais vous inviter à lire ou relire Roland Barthes. Un roman est un objet qui par des signes nous raconte une fiction. Cette fiction s’adresse directement au lecteur sans aucun lien avec une vie réelle, supposée, rêvée, fantasmée ou inventée… Le lecteur est face au livre, face à une fiction. Point barre !

Je peux aimer le roman Le sabotage amoureux d’Amélie Nothomb (1993) sans m’interroger sur l’exactitude parfaite des faits racontés puisqu’il s’agit d’un roman. Serge Doubrovsky a même été jusqu'à créer un mot spécial pour désigner cette forme littéraire, autofiction ! Et dans autofiction, il y a bien fiction ! Lorsque Roland Barthes écrit L’empire des signes (1970), il fait bien comprendre (et j’emprunte les mots à Mathieu Messager et son remarquable Que sais-je, Roland Barthes – que j’ai lu !!! – qu’il ne s’agit pas « d’un récit de voyage au sens strict, mais bien d’une fiction, d’une fabrication d’un simulacre qui a les traits du Japon, sans pour autant prétendre rien représenter ou analyser du Japon ». Quand on lit un roman, on est pleinement dans la fiction et la question n’est pas de savoir ce qui est vrai ou pas, mais de savoir si le roman est bien construit, bien écrit, agréable à lire, s’il nous transporte dans un univers de façon pertinente… et chacun pourra glisser dans cette liste tous les critères qui font que, à ses yeux, un roman est bon… car il s’agit aussi d’une relation intime entre le roman et le lecteur, pas entre le romancier et le lecteur… Je peux lire des romans de Christine Angot sans avoir à me demander ce qu’elle a réellement vécu…

Donc, pour en revenir à Yann Moix, la réaction du père et du frère ne devrait avoir aucun impact sur cette relation entre le roman et le lecteur…

Soit, me direz-vous, mais si on apprend que Yann Moix était en fait le bourreau de son frère (accusation que ce dernier a porté dans un deuxième temps) ou qu’il a été dans sa jeunesse antisémite (textes et caricatures donnés dans un fanzine de lycée), on pourrait quand même dire que le roman est mauvais, l’auteur infréquentable, l’homme à oublier définitivement…

Attention, n’allons pas trop vite ! Même si tout cela était véridique, qu’est-ce que cela changerait au roman ? Quand j’étais jeune, il ne fallait pas lire les romans d’André Gide parce qu’il était pédéraste. Peut-être que dans certaines familles catholiques traditionnelles on imaginait que c’était contagieux par les mots, allez savoir… Il ne fallait pas lire les romans de Louis Aragon parce qu’il était communiste… Il ne fallait pas lire Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline car il avait mal tourné après… Mais tout cela n’est qu’ineptie ! Le roman est un objet que le lecteur peut lire, voire aimer ou détester sans qu’il ait besoin de connaitre l’auteur… Là, encore, revenez paisiblement à Roland Barthes et son œuvre critique !

Voilà, maintenant que « Orléans » est enlevé de la liste des romans concourant pour le Goncourt. Bernard Pivot a tenté d’expliquer cela tant bien que mal et on sentait bien qu’il aurait préféré ne rester que sur l’aspect littéraire pur… « La seconde moitié du roman est moins bien écrite et travaillée »… Là, je ne peux pas juger car je n’ai pas lu le roman mais j’espère que c’est bien le cas comme cela il y a au moins une bonne raison d’écarter ce roman d’un prix qui, soit dit en passant, n’est pas non plus essentiel à la réalité de la vie littéraire…

Mais, si on devait enlever de notre littérature tous les ouvrages de ceux qui ont menti ou tout simplement pas respecté les règles et lois de la période dans laquelle ils vivaient, si on ôtait aussi de notre mémoire littéraire et artistique toutes les œuvres de ceux qui ont bu, qui se sont drogués, qui ont exercé sur les autres des tyrannies de toute nature… resterait-il une œuvre d’art à transmettre à nos enfants ?

Même si l’été est fait pour lire, je ne sais toujours pas si je vais lire Orléans de Yann Moix mais j’aurais préféré que l’on parle de ses qualités et défauts littéraires… et c’est aussi valable pour tous les romans de cette rentrée, bien sûr !

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, je vous conseille de lire ce Roland Barthes (2019) de Mathieu Messager qui permet d’accéder à l’œuvre de Barthes en douceur mais de façon pertinente !

Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 08/09/2019 @ 09:39:17
Dimanche 8 septembre 2019

L’été c’est fait pour lire et voici quelques jours que je ne vous ai pas parlé de nourriture, de recette, de produit alimentaire. Pourtant, le sujet est important et il ne manque pas d’ouvrages qui traitent ces thèmes avec talent, pertinence, bonheur, esthétique… déclenchant chez le lecteur que je suis plaisir, envie, rêve…

Je n’ai pas trouvé un véritable ouvrage précis et complet sur la saisonnalité des produits, malheureusement car je suis persuadé qu’il s’agit là d’un véritable sujet. Bien sûr, nous sommes beaucoup à avoir quelques idées sur le sujet car nous savons bien que nous ne pouvons pas faire pousser des tomates dans nos jardins en plein mois de février ! Mais, si, pour les fruits et légumes de chez nous, nous avons bien des repères, pour d’autres produits c’est plus complexe… Entre autre dans le domaine de la pêche… Y a-t-il une saisonnalité pour le poisson, les coquillages, les crustacés ? Plus généralement, comment connaître tous les produits qui peuvent prendre place dans notre assiette…

Dans un premier temps, je rappellerai qu’il existe un ouvrage assez fantastique, L’encyclopédie des aliments, une publication de 1997 des éditions Fontaine, aujourd’hui épuisée. Heureusement, on la trouve encore d’occasion et je ne peux que vous conseiller d’avoir ce livre dans votre cuisine. On trouve tout ou presque sur les aliments : leur histoire, leur apport pour le corps humain, les grandes précautions à prendre pour les cuire, les manger, les conserver, ainsi que des us et coutumes les concernant. On va donc trouver ici de nombreux éléments sur la saisonnalité des produits et on ne va pas se limiter aux fruits et légumes puisque l’on trouvera des rubriques sur les viandes, les poissons, les crustacés…

Par exemple, pour le poisson, il y aura d’abord quelques conseils précis pour s’assurer de la fraicheur : état des ouïes, des yeux, de la peau, de la chair, des écailles, du ventre sans oublier l’odeur… Je vous promets que lorsque vous savez certaines choses vous choisissez beaucoup mieux votre poisson et on ne peut plus vous faire prendre des poissons pour frais quand ils ne le sont pas… On vous expliquera comment écailler, ébarber, éviscérer et lever les filets et je rappelle qu’il ne faut pas toujours faire faire cela par le poissonnier – surtout quand vous voyez certains massacres par des personnes non formées dans des grandes surfaces locales que ma sympathie légendaire m’empêche de citer… Quant aux déchets, ne jetez pas tout à la poubelle alors que l’on peut réaliser de très bonnes soupes ou fumets sans difficultés majeures…

Mais revenons à ma saisonnalité puisque c’est ce dont je voulais vous parler aujourd’hui… Par exemple, parlons du cabillaud, ce fameux poisson que l’on appelle morue quand il est séché et salé. Dans le reste du monde, on dit morue dans tous les cas, parfois même en intégrant l’églefin, la morue de l’Atlantique voire même certains merlus… Ce cabillaud, donc, est péché sur les côtes de pendant trois ou quatre mois, en eau profonde toute l’année. On peut donc en trouver toute l’année chez le poissonnier mais attention après avoir puisé dans l’espèce avec excès, il faut maintenant se restreindre car la morue pourrait disparaitre purement et simplement. Il faut donc en profiter quand le cabillaud a le meilleur goût, soit entre octobre et avril… Bien sûr, comme ce poisson existe aussi séché et salé, là, on peut en profiter sans problème… Je rappelle aussi que l’églefin fumé est ce que l’on appelle du haddock et c’est juste délicieux…

La saisonnalité pour poissons, crustacés et coquillages n’est pas calculée que sur le goût mais surtout sur les périodes de reproduction pour permettre de ne pas faire disparaitre les espèces animales car la sauvegarde de la biodiversité commence aussi dans votre assiette, je dirais même dans votre panier de marché ! Par exemple, pour la coquille Saint-Jacques, on a une saisonnalité qui va d’octobre à mai, et c’est le respect de cette période de pêche qui permet d’en avoir encore !

Je ne peux donc que vous conseiller que de respecter cette saisonnalité, de manger les produits frais au bon moment et de varier au maximum les aliments de votre table… C’est bon pour le goût, la santé, la planète…

Après tout, le bonheur alimentaire, ce n’est pas de dévorer des coquilles Saint-Jacques toutes les semaines – il y aurait aussi un sacré problème de budget – mais d’en déguster trois fois dans l’année, avec plaisir, et d’être certain que nos petits-enfants pourront le faire encore dans quelques décennies…

Bien sûr, le Breton parle de produits de la mer mais le raisonnement est valable pour tous les aliments dans toutes les régions d’où le fait important de trouver des ouvrages qui en parlent avec sérieux. Je sais qu’Internet vous donne tous les renseignements désirés mais un bon livre est irremplaçable et comme l’été c’est fait pour lire…

Pour compléter cette chronique, très prochainement, nous aborderons aussi la saisonnalité du fromage et des produits laitiers en général…

Bonne lecture à tous !

Début Précédente Page 6 de 7 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier