Myrco

avatar 14/05/2019 @ 09:03:15


Suite à cette lecture, j'ai lu l'article Wikipedia sur le New Deal
https://fr.wikipedia.org/wiki/New_Deal
"on estime que trente-six familles riches possédaient des revenus égaux à ceux de 42 % de la population." ...

Est-ce mieux aujourd'hui à l'échelle mondiale quand on sait que les 26 personnes les plus riches détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de l'humanité ?

Ludmilla
avatar 14/05/2019 @ 09:17:58


Suite à cette lecture, j'ai lu l'article Wikipedia sur le New Deal
https://fr.wikipedia.org/wiki/New_Deal
"on estime que trente-six familles riches possédaient des revenus égaux à ceux de 42 % de la population." ...


Est-ce mieux aujourd'hui à l'échelle mondiale quand on sait que les 26 personnes les plus riches détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de l'humanité ?
Non :-(
Je viens de commencer "L'humanité en péril" de Fred Vargas (édité en 2019)
"82% de la richesse mondiale s'est retrouvée l'an dernier dans les poches des plus grandes fortunes de la planète, qui représentent 1% de la population mondiale"

Myrco

avatar 14/05/2019 @ 10:09:21
TERMINE

Cette dernière partie est assez déchirante.
Steinbeck rend un hommage appuyé au courage de ces gens qui jusqu'au bout tentent de faire face à l'adversité et sur lesquels tout s'acharne.
Comme le disait Saule, la fin du chapitre XXV avait instillé en nous l'espoir d'une révolte...on a vu ce qu'il en advient.

J'ai noté au chapitre XXVIII la très belle tirade de Tom ( "je serai là" p590) désormais habité par l'esprit de Casy dont il semble vouloir reprendre le flambeau. Jusqu'où?

La fin ouverte nous laisse dans l'incertitude quant au devenir de la famille Load défaite maintenant malgré l'obstination de Man. Comme tant d'autres familles évoquées à l'avant-dernier chapitre, dont les Load n'étaient qu'une incarnation, on suppose que peut-être certains s'en sortiront, d'autres pas, destins perdus ou abîmés parmi tant d'autres...
Confiant en la nature et en l'homme humilié, révolté, Steinbeck maintient une fenêtre d'espoir: le printemps renaîtra et " tant que leur peur (celle des hommes) pouvait se muer en colère, ils ne flancheraient pas "
Cet humanisme profond, on le retrouve dans la scène ultime, magnifique, par laquelle Steinbeck a choisi de conclure son œuvre qui met en évidence la générosité, le don de soi d'êtres encore capables de se transcender alors que le système a cru les réduire à rien. Une scène dans laquelle la figure jusqu'ici en retrait et peu attachante de Rosasharn se trouve sublimée, au risque de choquer nombre de puritains de l'Amérique de l'époque. Cette fin très controversée n'a d'ailleurs pu être reprise dans le film destiné au grand public.

Myrco

avatar 14/05/2019 @ 10:21:26
@Ludmilla,
Je suppose que tu n'oublieras pas de remettre ce fil en discussion attenante à la fiche du livre. Merci d'avance.

Saule

avatar 14/05/2019 @ 15:17:28
Je trouve comme toi que la fin est vraiment réussie, surtout la lutte contre l'inondation, le courage et l'entraide entre ses hommes. Il y a un peu d'espoir avec Tom qui semble vouloir reprendre le flambeau. La toute fin est en effet très belle, même si je peux comprendre qu'on puisse trouver qu'il en fasse un peu trop en versant dans du sentimentalisme. Mais comme tu dis, ça magnifie un peu le personnage de Rosaharn qui était devenue un peu plaintive.

Ce roman est vraiment un témoignage étonnant sur une époque, je n'avais pas imaginé que les gens vivaient comme ça. Je viens de relire un petit essai d'une journaliste suisse sur des voyages qu'elle avait fait aux US à cette époque, et elle raconte vraiment la même chose: des gens qui tentent d'organiser les ouvriers en syndicats d'un côté et de l'autre la police ou des casseurs qui les soumettent à des arrestations arbitraires et injustes. les américains étaient épris d'optimisme et avaient la croyance dans la chance de chacun de faire fortune, ce qu'il fait qu'à la base ils étaient très individualistes et contre toute forme d'organisations syndicales et très peu politisés mais suite à la grande crise et plusieurs catastrophe (dont l'ouragan de poussière dont parle Steinbeck) ils ont quand même voté démocrate et Roosevelt à mis en place son programme le "New Deal" qui a été efficace (jusqu'à un certain point).

Je voudrai lire un roman qui se passe en Europe, de la même époque. Je me souviens du livre de Levi "Le Christ s'est arrêté à Eboli" dans lequel on voit que les paysans du sud de l'Italie vivaient comme au moyen-âge à cette époque...

Ludmilla
avatar 14/05/2019 @ 17:22:54
@Ludmilla,
Je suppose que tu n'oublieras pas de remettre ce fil en discussion attenante à la fiche du livre. Merci d'avance.
C'est fait!

Marvic

avatar 14/05/2019 @ 18:34:02
Lecture terminée.
Le personnage marquant, le pilier de la famille est cette femme incroyable de justesse, de réflexion formidable de Man.
Capable de cacher la mort de sa propre mère pour permettre à sa famille d’entrer en Californie ;
capable tour à tour de faire preuve la tendresse, d’empathie mais aussi de fermeté auprès de sa fille Rose de Saron ; "dis-toi bien que tu n’es pas seule sur terre, tu n’es qu’une personne parmi d’autres" et de ses deux plus jeunes enfants. (chapitre 22)
Capable de résister à son mari à une époque de soumission, capable de savamment l’humilier pour le forcer à réagir, à agir.
Capable de calmer Tom, de le protéger de lui-même mais aussi de le laisser partir.

Chapitre 22 : alors que la famille trouve une place inespérée dans un Camp du Gouvernement qui ressemble à un coin de paradis, sanitaire, eau chaude, bureau de bienfaisance, entraide, décisions et responsabilités partagées, fêtes et bals chaleureux, Man peut enfin souffler, elle a aussi le temps de penser, à son exode, à tous ceux qu’elle a perdus en chemin, sa maison, son terrain ;
passage donnant lieu à des échanges émouvants avec son mari :«"tu te souviens ?"
...mais qu’est-ce que le confort, l’entraide, quand on a faim…

Et ce chapitre 25 qui donne le titre au roman, abominable et tellement réel ; la destruction des récoltes car cela revient trop cher de ramasser, cueillir ; les parents et enfants affamés qui regardent les pommes de terre partir dans le courant surveillées par des gardes en arme.
"dans l’âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines" page 492

Les derniers chapitres se lisent en une seule fois (ou presque). Plus on avance dans la lecture, plus on est pris, emporté, passionné.
En cela, je rejoins SJB ; j’ai moi aussi préféré le récit après l’arrivée en Californie.

Tout a commencé par une sécheresse. Et se termine par un déluge. Pour rappeler à l'homme sa condition, pour lui rappeler qu'il n'est que de passage sur cette terre  ?

Contrairement à vous, ( même si je n’ai pas l’impression d’être une puritaine, en tout cas, pas de l’époque du livre !) , je n’ai pas aimé la page finale.

Il n’en restera pas moins que j’ai énormément apprécié cette (re-) lecture, qui donne envie de recommencer l’expérience avec un autre "monument" oublié, l’an prochain !

Myrco

avatar 15/05/2019 @ 10:16:36
@ Marvic

Ce que tu dis est vrai concernant le personnage de Man mais cela ne doit pas occulter l'autre personnage tout aussi phare du roman, Tom à qui sa mère dit à un moment "Tu es un élu Tom", Tom qui incarne la force morale (héritée de sa mère), la révolte pour la dignité et contre l'injustice et l'espoir par sa capacité et sa volonté de s'engager dans le combat pour ses idéaux. Il est clair que lorsqu'il s'en va, il a bien l'intention de s'engager dans la lutte syndicale tout en sachant ce qu'il risque dans le contexte.

Je regrette par ailleurs que tu n'aies pas été sensible à la beauté et à la grandeur de l'acte final;-(

Saint Jean-Baptiste 15/05/2019 @ 16:22:51
Terminé.
A lecture forcée, j’étais impatient de connaître le sort réservé aux Joad et la fin du livre ne m’a pas déçu du tout, je l’ai même trouvée grandiose (hormis la dernière page, vraiment trop amenée, mais peu importe).
Je trouve que le nivaux a changé du tout au tout depuis l’arrivée en Californie.
L’histoire est plus dense, on ne se perd plus – ou beaucoup moins – dans des anecdotes superficielles et l’intérêt de l’histoire est nettement plus grand.

Mais ce sont surtout les personnages qui ont changé.
On se rappelle, par exemple, la scène où Ma veut fendre le crane de son mari à coup de manche de cric s’il s’oppose à sa décision… Et les histoires du grand-père qui riait à se décrocher les hanches quand il racontait ses parties de chasses contre les Indiens…
J’avais trouvé ces scènes à peine dignes d’un roman du terroir, où l’on vous présente des personnages caricaturés pour amuser le lecteur.

Au fil des pages Ma est devenue un tout grand personnage de roman. Un vrai chef, en même temps qu’une vraie mère. Elle a une personnalité formidable. Elle est très résolue quand elle mène la barque et elle sait se montrer très tendre avec ses enfants. Notamment avec Rose et avec Tom. Mais j’ai été surpris de son indifférence lors de la disparition de son fils Noah. L’attitude du père était aussi étrange… Et, finalement, personne ne le regrette. Peut-être que quelque chose m’a échappé.

Où la personnalité de Ma se révèle le mieux, ai-je trouvé, c’est quand ils sont à la ferme Hopper où l’on cueille des fruits ; elle se rend au magasin de la Compagnie, et là, elle remet à sa place le vendeur qui essayait de la charrier. Cette scène est vraiment bien croquée.

Tom est le digne successeur de Ma, c’est un « élu » qui reprendra le combat. Mais je crois que c’est surtout l’héritier spirituel de Casy le pasteur.
(Entre parenthèse, et sans vouloir jouer mon p’tit pasteur, quand il dit : « un homme n’a pas d’âme à soi tout seul, mais seulement un morceau de l’âme unique », il donne une définition tout à fait exacte du dogme de la Communion des saints).

J’ai beaucoup aimé le chapitre XXIX qui fait écho au chapitre I. On y voit l’homme confronté aux forces de la nature ; le récit est dense, le contenu est dramatique, et c’est superbement écrit.
Du reste, tous les chapitres hors récit, je l’ai ai trouvés très bien écrits et, en général, d’un niveau très élevés.

Allons ! Voilà encore une belle lecture commune et conviviale, qui fera date dans l’histoire de notre site favori.

Marvic

avatar 15/05/2019 @ 17:17:26
@ Marvic

Ce que tu dis est vrai concernant le personnage de Man mais cela ne doit pas occulter l'autre personnage tout aussi phare du roman, Tom à qui sa mère dit à un moment "Tu es un élu Tom", Tom qui incarne la force morale (héritée de sa mère), la révolte pour la dignité et contre l'injustice et l'espoir par sa capacité et sa volonté de s'engager dans le combat pour ses idéaux. Il est clair que lorsqu'il s'en va, il a bien l'intention de s'engager dans la lutte syndicale tout en sachant ce qu'il risque dans le contexte.

Je regrette par ailleurs que tu n'aies pas été sensible à la beauté et à la grandeur de l'acte final;-(

Tu as raison, Tom est un autre personnage phare qui m'a cependant moins touchée que sa mère. Sensibilité totalement subjective ! S'ajoute probablement la frustration de ne pas voir la révolte attendue.

Quant à la scène finale, j'ai trouvé qu'elle arrivait comme "un cheveu sur la soupe". Ce qui ne m'empêche pas de comprendre ton interprétation !

Marvic

avatar 15/05/2019 @ 17:19:38
Terminé.
Allons ! Voilà encore une belle lecture commune et conviviale, qui fera date dans l’histoire de notre site favori.

:-))
On recommencera l'an prochain !

Fanou03
avatar 15/05/2019 @ 19:32:27
Voilà encore une belle lecture commune et conviviale, qui fera date dans l’histoire de notre site favori.


Je n'ai jamais lu "Les Raisins...' mais je vous ai suivi régulièrement: vos réactions, vos questionnements et vos échanges ont été très instructifs, et constructifs malgré les avis parfois divergents. Un grand merci à tous la qualité des discussions !

Koudoux

avatar 18/05/2019 @ 08:18:32
Terminé
Man est admirable.
J'ai été bluffée par ce roman. Un peu naïve peut être mais j'ignorais beaucoup de cette partie de l'histoire.
Une magnifique expérience.
MERCI A TOUS!

Capucin
avatar 19/05/2019 @ 16:30:25
Maintenant, écoutez Bruce Springsteen, The Ghost of Tom Joad
https://youtu.be/n-mq0uJ7rlM

Saint Jean-Baptiste 21/05/2019 @ 18:55:52
Je recrée donc un fil "au propre" pour démarrer avec vous cette nouvelle aventure. :-)

S'étaient engagés au pacte de sang :

LesieG
Marvic
Bluewitch
Tistou
FD
Pieronnelle
Ludmilla
Septularisen
SJB
Saule
Myrco
Cyclo

Toujours de la partie? Je n'ai oublié personne? Des invités supplémentaires?

Vous avez tous votre livre, votre crayon, votre café (ou thé ou...), vos lunettes de lecture et votre coussin favori?

Ceux qui veulent peuvent m'apporter un brin de muguet. :-)

Petit rappel : s'il devait y avoir un débat politique, social, communautaire, utopique, esthétique, gustatif, artistique ou chimérique, n'oubliez pas, tout le monde aura du dessert et on va bien s'amuser ! :-)
Encore un peu et nous allions oublier de remercier notre organisatrice de charme et de la féliciter pour sa très remarquée discrétion…
Elle a bien mérité son brin de muguet.
;-))

Tistou 24/05/2019 @ 16:08:25
Maintenant, écoutez Bruce Springsteen, The Ghost of Tom Joad
https://youtu.be/n-mq0uJ7rlM


Merci Capucin ! Une bien belle personne que le Bruce Springsteen ...

Tistou 24/05/2019 @ 16:16:05
Ch XVIII et XIX
C'est l'arrivée terrible en vue de la Californie après le passage du désert et des montagnes. On est bien loin du départ en vacances camping décrit par certain (SJB peut-être ?) et Steinbeck ne mégote sur l'insoutenable avec le cadavre de la grand-mère qui n'est révélé qu'à l'arrivée par Man.
Avec le chapitre général XIX on pressent que la partie californienne ne va pas être une partie de plaisir. Steinbeck avait déjà pris soin de semer des indices au cours de leur rencontre avec des qui s'en revenaient, fuyant l'inhospitalité. Là, il est plus spécifique et nous prépare au pire.
C'est que si le voyage était éprouvant, avec deux morts dans les paquets (!), il était au moins sous-tendu par l'espoir d'un paradis à gagner. Maintenant qu'ils arrivent en enfer, le seul espoir va être de survivre. Et c'est beaucoup moins facile à supporter.

Tistou 24/05/2019 @ 16:22:31
Ch XX et XXI
On rentre réellement "dans le dur". Ils refusaient de voir en face que tous s'étaient fait berner par des prospectus, maintenant ils y sont. Dans le précaire, l'inhospitalier et jusqu'à l'injustice. Coup de sang de Tom Joad et acte d'héroïsme de Casy. Migration encore, vers un moroir aux alouettes toujours plus lointain ...
Et ch général plus "politique" avec lequel, n'en doutons pas, John Steinbeck a dû se faire de solides inimitiés aux USA. Encore heureux qu'il ait pas été "descendu". Une balle perdue est si vite arrivée !
Pour moi la lecture devient plus dure à supporter, on comprend qu'il ne s'agit que d'une descente vers le drame ...

Tistou 24/05/2019 @ 16:27:59
Ch XXII, XXIII et XXIV
Rémission au camp du gouvernement. Passage plus optimiste pour mieux redescendre ensuite. L'occasion pour Steinbeck de prêcher pour une structure en auto-organisation, plutôt utopique mais bon ... Et puis de mettre en valeur les provocations policières ou de la milice pour remettre tout ce petit monde "à la botte". Money is money et des gens miséreux et désorganisés sont infiniment plus faciles à manipuler ...

Tistou 24/05/2019 @ 16:37:48
Ch XXV et XXVI
D'abord explication de texte de la part de Steinbeck sur "comment maintenir de hauts prix" pour des articles de première nécessité. Un nouveau chapitre général politique.
Puis terrible chapitre XXVI ; on le voyait venir, à force de prendre les gens pour des c..., de les pousser à bout, l'irréparable se produit et les morts s'accumulent. Tom Joad se retrouve dans la situation qu'il était facile d'imaginer, le cas de Casy est typique de la guerre menée à cette époque (?) par le pouvoir aux syndicats ou à ceux qui veulent a minima s'organiser. Casy sanctifié, Tom Joad marginalisé, la situation se dégrade toujours davantage.

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