Pieronnelle

avatar 18/08/2018 @ 23:54:53
Ah oui merci Shelton et aussi pour cette superbe chronique sur le livre de Taubira ; c'est tellement rassurant l'honnêteté dans les choix, loin des parti-pris ; tes chroniques sont une vraie richesse pour notre site. Peut-être un jour les réuniras-tu dans un livre ? Bonne vacances !

Shelton
avatar 19/08/2018 @ 01:17:52
Dimanche 19 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais aussi pour aimer même si l’on déclare un peu rapidement que « amours d’été ne durent jamais »… D’ailleurs en amour comme dans de nombreux autres sujets, les dictons simplistes ne sont pas paroles d’Evangile… D’ailleurs, faut-il prendre l’Evangile à la lettre ? Bref, on sent bien que les mots humains sont toujours à prendre avec des précautions d’usage, du moins si on veut bien rester humains…

Je l’avoue, vous prendre avec des concepts philosophiques, dès le lever – du moins pour ceux qui lisent cette chronique au petit lever – est d’autant moins amical et sympathique que je vous annonce un ouvrage plus pétillant, « La cuisine aphrodisiaque » !

Oui, mais justement, on raconte tellement tout et son contraire sur le sujet que j’ai encore du mal à savoir si l’aileron de requin doit être cuit ou pas, la corne de rhinocéros écrasée et le jus de gingembre cru avec ou sans sel… Je rigole… Enfin, presque…

Et c’est là le fait rassurant de cet ouvrage et il réside dans le premier chapitre, « l’amour par le menu » ! Beaucoup de ce que l’on devrait appeler le mythe aphrodisiaque repose sur une efficacité non-prouvée. Mais si on y croit… allez savoir ! C’est ce que l’autrice appelle l’imagination, tout simplement et dont « la palme revient aux Chinois » même si les Indiens n’ont rien à leur envier. Aussi, cet ouvrage va nous proposer un certain nombre de recettes qui mettent en condition, qui poussent à l’épanouissement des sens, qui favorisent la douceur et la tendresse, qui exacerbent l’imagination… Oui, à ce titre, il s’agit bien de la cuisine aphrodisiaque mais pour le reste il suffit d’y croire : un peu de crédulité, une once de conviction, un peu d’auto persuasion et une pincée de conditionnement… et pour les Lorrains, je vous conseille même la méthode Coué, celle de notre cher Emile !

Alors, comme la sagesse chinoise confirme bien que « ceux qui s’entendent au commerce sexuel sont de bons cuisiniers… », vous attendez certainement de ma part que je vous livre au moins un des secrets de cet ouvrage avant de vous précipiter pour l’acheter. Si tel est le cas, abstenez-vous car il ne suffit pas de mélanger les cinq arômes dans un brouet savoureux, il faut aussi connaitre l’art du Yin et du Yang pour mélanger les cinq plaisirs car « ceux qui ne connaissent pas cet art mourront d’une mort prématurée » !

Je pourrais vous affirmer – ce ne m’engage pas trop car je vais m’abriter derrière le Kâma Sûtra – qu’il suffirait pour un homme de boire du lait mêlé avec du sucre, de la racine de la plante uchchata, du poivre chaba et de la réglisse ou du lait dans lequel on a fait bouillir un testicule de bélier ou de bouc – je ne sais pas quel est le plus efficace – pour trouver une vigueur incroyable… Mais, même si la recette me semble à prendre avec des pincettes, rien qu’en la lisant cela donne envie de sourire et d’entrer dans la magie des mots, celle que l’on recherche en lisant… La fameuse imagination dont on parlait au départ nait dans les mots, par les mots…

Alors, je vous rassure, oui, vous allez trouver des recettes, plutôt sympathiques et agréables à manger avec celui ou celle que vous aimez. Dès l’élaboration, votre pensée sera avec l’être chéri et dès lors les ingrédients deviennent secondaires, que dis-je deviennent essentiels et ils sont tous aphrodisiaques, c'est-à-dire qu’ils portent votre amour, le réconfortent, le consolident et bien heureux le cuisinier qui sait préparer de tels brouets… Comme vous voulez du concret, je peux citer le thandai, les crevettes sautées à la ciboule, l’anguille laquée, le thé à la cardamone, le bouillon de poulet au ginseng, le chutney au gingembre… Oui, il y a bien de nombreuses recettes toutes aussi fines les unes que les autres… Pour les effets, ce sera à vous de juger !

Mais, comme l’été c’est fait pour lire, voici un ouvrage qui ouvre sur une culture asiatique dont je ne parle pas souvent et qui pourrait vous donner envie d’aller voir du côté de la littérature de ce continent que j’aime beaucoup avec Mo Yan, Han Kang, Yun Ch’oe, Mun-Yol Yi, Chi Li ou A Cheng…
Alors, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 20/08/2018 @ 20:08:20
Lundi 20 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais reconnaissons que cette période estivale est propice à des lectures légères, faciles, agréables et plaisantes… Oui, généralement, on a plutôt envie de dispenser des efforts… Bien, j’entends bien mais je ne suis pas certain que ce soit l’idéal, aussi je vous propose un autre jeu littéraire… On va partir du léger et on va se diriger vers du plus lourd et comme l’été c’est fait pour lire on pourra faire les deux sans s’en rendre compte !

On va commencer par le côté fun de l’été et on va lire « La vie sexuelle des écrivains » d’Iman Bassalah. Bon, je l’avoue, il y a bien une petite tromperie, il ne s’agit pas des écrivains mais de huit auteurs seulement, quatre femmes et quatre hommes. Par contre, je reconnais que le choix est assez équilibré : Victor Hugo, Marie-Madeleine La Fayette, Marcel Proust, George Sand, Jean de La Fontaine, Marguerite Duras, Georges Simenon et Sidonie-Gabrielle Colette…

D’une façon générale, je ne suis pas à la recherche des détails et anecdotes croustillants sur la vie des écrivains. J’ai toujours dit que je préférais les œuvres, les écrits, les livres… mais quand l’auteur du livre est un docteur en Lettres modernes, une passionnée de littérature, qu’elle écrit très bien et qu’elle aime les auteurs, j’avoue que l’ouvrage se lit avec douceur et même plaisir.

Alors, on va se glisser dans les alcôves de ces grands auteurs et on va découvrir (ou pas) certains aspects de la sexualité des ces écrivains. Va-t-on changer pour autant notre façon de les considérer ? Non, peut-être que l’on va dans certains cas comprendre un peu mieux certaines allusions textuelles et encore ce n’est pas toujours aussi simple… Dans tous les cas, ne vous attendez pas à des révélations fracassantes, juste quelques confirmations, quelques éléments factuels mais rien d’exceptionnel de ce côté-là tandis que, par contre, tout est bien replacé dans la vie et al création littéraire de ces auteurs et c’est bien là l’aspect qualitatif de cet ouvrage !

Alors, quand on a terminé le livre d’Iman Bassalah, on n’a plus qu’une envie, enfin ce fut mon cas et je vous pousse à faire de même, c’est d’ouvrir les grands livres de ces auteurs. Seulement, voilà, j’ai un problème majeur… Dans ces auteurs, il y a deux auteurs que je n’aime pas du tout ou, plus exactement, dont je n’ai jamais réussi à lire un livre entier, à commencer par ce Victor Hugo qui ne m’a jamais séduit depuis que je fréquente les livres, les auteurs, les œuvres de toute nature !

Pourtant, je l’avoue, on m’a offert récemment « L’art d’être grand-père ». J’ai essayé plusieurs fois, j’ai bien lu quelques vers, voire même quelques-uns des 27 poèmes de ce recueil mais j’avoue que je n’accroche pas trop…

Quant à Proust – en roman et non en bédé car là j’ai réussi à le lire – j’avoue n’avoir jamais réussi à dépasser les 50 premières pages du premier roman d’A la recherche du temps perdu, «Combray », précisément première partie du premier cycle, Du côté de chez Swann ! Aussi, je ne suis pas à même de vous pousser à lire cet auteur… si ce n’est en bande dessinée !

Par contre, pour les autres auteurs, je suis plus à l’aise et je peux vous conseiller, entre autres, de lire ou relire Les contes de La Fontaine, La princesse de Montpensier de Madame de La Fayette, Contes d’une Grand-mère de George Sand, Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras, Les fiançailles de M Hire de Georges Simenon et Dialogues de bêtes de Colette ! Alors, voici un beau programme mais comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 20/08/2018 @ 20:09:27
Mardi 21 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais même en cette période estivale on a plutôt le sentiment que l’homme crie « l’été c’est fait pour faire la guerre ! ». Alors, parfois, cette guerre peut prendre des tournures économiques ou douanières mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il s’agit bien de guerre quand même c'est-à-dire d’une action dont le but avoué et déclaré et bien de mettre l’autre à genoux, de lui faire rendre gorge, de tout lui prendre…

Je ne dis pas que les intentions soient toutes mauvaises mais comme me disait mon père, l’enfer est pavé de bonnes intentions ! En promenant mon œil dans ma bibliothèque, en visitant attentivement de nombreuses librairies et en discutant avec beaucoup d’entre vous, j’ai réalisé – peut-être encore plus que d’habitude – que cette situation n’était pas prête à changer. En effet, au lieu d’insister dès l’école sur les façons non violentes de discuter, négocier et mener les relations avec les autres – de l’individu aux nations – on met en place une éducation fondamentalement violente, basée sur le conflit et la guerre… même si pour se donner bonne conscience on précise quand même dans les manuels d’histoire que les vaincus et vainqueurs d’une guerre perdent autant…

Regardez, par exemple, les commémorations de la Grande guerre, celle de 14-18, à montrer des cérémonies patriotiques, je dirais presque nationalistes dans certains cas, des sortes d’amicales des vainqueurs et dans certains cas on y a associé les vaincus s’ils étaient bien devenus Européens entre temps… Est-ce une bonne façon de voir les choses ?

2018 fut l’année anniversaire de « Mai 1968 ». Certes, on a tenté d’expliquer aux plus jeunes ce qu’avait été cette période de conflit, de lutte, de combat, de révolution (larvée ou pas, la question reste)… mais j’ai peu entendu de célébration à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Martin Luther King, le 4 avril 1968. Pourtant, son discours de Washington proposait bien une autre façon de concevoir les relations entre les hommes, une non-violence active, intelligente et positive, profondément humaine et respectueuse de chacun… On aurait pu, aussi, célébrer la date anniversaire de l’assassinat de Gandhi, autre grand apôtre de la non-violence… C’était le 30 janvier 1948…

On a tellement le sentiment d’avoir abandonné cette non-violence que mes étudiants ne savent plus très bien qui étaient des hommes… Gandhi ? Martin Luther King ? Par contre, si on discute avec eux, on constate qu’ils connaissent mieux – moins mal diront certains – Clausewitz ou Barbusse… Là, encore, si on creuse un peu, on est surpris. D’une part parce que pour Clausewitz, une fois donné le titre de son ouvrage majeur, « De la guerre », rien ne sort d’autre. D’ailleurs, personne n’a lu le livre, seulement les résumés dans certains ouvrages de préparation aux concours… Quant à Barbusse, on le retrouve noyé avec tous les autres romanciers qui ont fait 14-18 et qui en ont parlé, de Maurice Genevoix à Ferdinand Céline, de Roland Dorgelès à Drieu La Rochelle, sans oublier Kessel, Jünger… Mais on ne les a pas beaucoup lus, on a oublié la critique de la guerre qu’ils portent en eux et la guerre n’est qu’une fatalité qu’il faut supporter et non un mal qu’il faut éviter…

Pour montrer à quel point nous en sommes, il existe un ouvrage pour les étudiants en préparation concours qui porte le nom : La guerre en 30 dissertations corrigées ! Oui, je sais, la paix est aussi traitée, du moins de temps en temps, mais je préfèrerais que l’on apprenne la réalité de la non violence et de ce qu’elle peut apporter à l’humanité !

Oui, il faut parfois être un utopiste pour faire avancer le monde… Tiens, si vous relisiez un peu Rabelais, un auteur que l’on oublie trop facilement et dont la vision de la guerre permet de bien comprendre l’intérêt des autres voies… Fais ce qu’il te plait ! Tout un programme qui nous éloigne de ce monde où il est dit de faire ce qui plait aux dirigeants… Bon, allez, le rebelle se tait un peu et vous conseille de lire car l’été c’est fait pour lire et Rabelais pourrait bien vous guider vers d’autres rivages plus humains… Contrairement à ce que l’on vous fait croire trop souvent à l’école sur cet auteur qui est un très grand penseur de la renaissance !!!
Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 21/08/2018 @ 21:03:06
Mercredi 22 août 2018

L’été c’est fait pour lire et comme annoncé plusieurs fois c’est à Patrick Modiano que nous allons nous consacrer aujourd’hui. Je ne l’ai pas inclus dans ma liste de classiques à cause de son Prix Nobel de littérature en 2014, mais tout simplement parce qu’il fait partie des écrivains contemporains que j’aime. D’ailleurs, je ne peux pas le citer sans penser à Annie Ernaux car, pour moi, ces deux auteurs ont de nombreux points communs. Aujourd’hui, parlons donc de Patrick Modiano et demain nous rendrons visite à Annie Ernaux !

Patrick Modiano entre réellement littérature en 1967 ave un premier ouvrage publié, « La place de l’Etoile ». Le roman est sorti avec un an de retard à cause de la Guerre des six jours. Il faut dire que ce roman peut sembler polémique avec des remarques sur les Juifs qui d’ailleurs ont été souvent enlevées par l’auteur lui-même dans les éditions ultérieures. Mais globalement la critique est plutôt positive et c’est l’avènement d’un jeune auteur… Les prix Roger-Nimier et Fénéon viennent marquer le terrain et les prix se suivront… Goncourt en 1978 et Nobel en 2014…

Bon, comme chacun le sait bien, un prix littéraire ne fait pas toujours la qualité d’un ouvrage et tout roman d’un écrivain, si renommé soit-il, n’offre pas automatiquement le plaisir au lecteur ! Je dirais même qu’avec Patrick Modiano la crainte peut être légitime puisqu’il avoue écrire systématiquement le même livre ! Trouverait-on du bonheur à relire plusieurs fois le même ouvrage ?

Je vais donc essayer de vous expliquer comment je perçois Patrick Modiano, comment je le lis et pourquoi je continue à le lire… sans me lasser et avec plaisir !

Il me semble que la particularité de ce romancier est d’écrire sans construire un roman classique avec intrigue, personnages, évènements perturbateurs ou pas… En fait, cet auteur travaille en continue sur la mémoire, la mémoire quotidienne, la mémoire individuelle et la façon dont chacun de nous construit sa vie avec ses souvenirs. Oui, dans ce sens, il écrit bien toujours de la même façon mêlant à sa fiction de véritables souvenirs qu’il collectionne en lui… mais, non, il n’écrit jamais le même livre car il ne se souvient pas des mêmes choses et il emballe ces derniers dans de nouvelles fictions à chaque fois ! Oui, il écrit bien le même récit, en racontant à la première personne, en faisant comme s’il était le héros de ses histoires et pour ceux qui ont lu sur lui, on reconnait régulièrement des éléments totalement biographiques, du moins au premier regard… mais non, il n’écrit jamais le même roman car ce n’est pas lui le héros de son roman, c’est un narrateur de fiction ce qui permet à chaque lecteur de s’identifier au narrateur et de se souvenir lui aussi de sa vie, de ses rencontres… Au bout d’un moment de cette lecture quelque peu magique, vous ne savez plus si vous êtes dans un roman de Modiano ou dans le votre et c’est ce qui fait pour moi, le charme de cette littérature que j’adore !

Dans son dernier roman, Souvenirs dormants (2017), très vite on est dans le souvenir lointain des personnes que l’on a croisées, des aventures que l’on a eu, des discussions surprenantes qui ont pu se tenir ici ou là mais surtout à Paris. Patrick Modiano aime cette ville et on pourrait presque affirmer que c’est bien Paris le personnage principal… D’ailleurs, ce roman, j’avais bien l’impression de ne l’avoir jamais lu mais j’avais le sentiment que c’était le mien et que j’aurais pu en être l’auteur… Attention, je n’ai aucunement la prétention d’écrire aussi bien que Modiano, c’est juste ce sentiment que j’ai vécu les mêmes choses, les mêmes évènements… ou, en tous cas, que j’aurais pu les vivre !

Pour moi, Patrick Modiano et réellement un auteur que j’aime, qui ne me déçoit jamais et à chaque nouveauté, j’ouvre le livre avec une légère palpitation cardiaque de lecteur-explorateur qui part à la découverte d’un auteur, d’un roman et de lui-même… Et c’est pour cela que j’aime lire et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture de Patrick Modiano et à demain !

Shelton
avatar 22/08/2018 @ 20:08:51
Jeudi 23 août 2018

L’été c’est fait pour lire et après avoir parlé de Patrick Modiano hier je voulais ouvrir avec vous le travail d’Annie Ernaux, comme je l’avais annoncé. J’ai déjà qualifié Annie Ernaux d’écrivain de la vie quotidienne, de la banalité… Pas pour la dévaloriser ! Bien au contraire ! C’est parce qu’elle transforme notre quotidien en tragédie ou tragi-comédie qu’elle peut être rangée, classée, positionnée en véritable auteure… Enfin, une femme qui parle de la vie, la vraie, celle qui nous préoccupe tous les jours… Alors certains pourront trouver cela ennuyeux, fade, lassant… d’autres merveilleux, magique, enchanteur… moi, je dis que c’est, tout simplement, le récit d’une vie bien ordinaire, celle que nous vivons et, donc, nous avons beaucoup de facilité à nous glisser dans les personnages des œuvres d’Annie Ernaux car ils nous ressemblent… Quel(s) livre(s) choisir ! Pour commencer glissons-nous dans « La vie extérieure », un livre de 2000…

L’écriture simple, certains diraient minimaliste, d’Annie Ernaux, du moins dans cet ouvrage, ressemble beaucoup à celle de Paul Auster dans son Carnet rouge, un petit livre dans lequel il avait fixé des rencontres, des personnages croisés dans le métro new-yorkais. Annie Ernaux nous emmène, dès le départ, dans le RER, ce fameux transport en commun, sorte de métro de l’Île de France, souvent aérien, parfois sous-terrain… Et il s’en passe des choses dans ce RER, et encore elle ne nous raconte pas tout…

Au départ, on a l’impression qu’Annie Ernaux va simplement nous parler des gens qu’elle croise, qu’elle voit, qu’elle entend…

« Une femme non maquillée assise en face de son fils, un préadolescent, dans le RER vers Denfert. Elle lit un journal féminin. Il remue les jambes, se cache la tête derrière son cartable, tous les signes montrant qu’il ne sait pas quoi faire de son corps.

Mais, en fait, très rapidement, on comprend bien que ces rencontres, ces croisements, ces personnages du RER, des rues ou des magasins sont autant d’occasions pour Annie Ernaux de nous parler d’elle, certes de façon indirecte, mais d’elle quand même. En effet, ce peuple, ces gens ordinaires, elle en fait partie, à coup sûr ! Elle écrit sur tout le monde pour rappeler ce que l’on vit, ce qu’elle vit. Et quand l’actualité internationale fait irruption dans le monde, elle fait irruption dans sa vie et elle peut dire : « Ecrire cela, et tout ce que j’écris ici, comme preuve. »

Oui, elle écrit pour se prouver qu’elle existe, que nous existons, que la vie continue malgré tout !!!
Ce livre que certains ont nommé, un peu trop rapidement, journal est pour moi un livre admirable, une sorte de preuve absolue que la littérature nous touche au plus profond de nous même puisque nous en sommes les héros à part entière…

Certains moments peuvent nous toucher plus que d’autres… « Sur les panneaux publicitaires est réapparue cette belle femme au visage grave, cheveux lisses en chignon bas, qui dévoile complètement un sein en le soulevant légèrement comme si elle s’apprêtait à allaiter. Mais le sein un peu affaissé est celui d’une femme mûre et il est atteint d’un cancer. Le regard de la femme croise celui des autres femmes partout, dans le métro, dans les rues. » Nous sommes le 26 mai 1994. Quelques années plus tard, Annie Ernaux prendra le RER et le métro pour se rendre à l’institut Curie pour se faire soigner de son cancer du sein… Elle en parlera dans son ouvrage « L’usage de la photo »… Elle était devenue une femme concernée par ce message de 1994…

On rencontrera dans cette « vie extérieure » des échos des évènements en Bosnie-Herzégovine, en Russie, à la télévision, à Cergy…

Un très beau livre, une très belle littérature et un très bon moment à passer en compagnie d’une femme de lettres étonnante que j’aime beaucoup… Mais, je voudrais aussi vous glisser un mot de son dernier ouvrage paru, « Mémoire de fille ». En effet, cette fois-ci, elle va procéder quelque peu différemment. Elle va parler d’une jeune fille qui va vivre une histoire particulière, une première fois violente, un viol… C’était en colonie de vacances, et elle va nous montrer comment on passe de la curiosité, de l’ouverture à une nouvelle vie… à un traumatisme que l’on garde une vie entière !

Mais dans ce livre, en même temps, le ton change régulièrement, le « elle » devient « je » et Annie Ernaux nous explique que cette fille, c’était elle… Prenant, touchant, simple, profond, humain, éducatif, constructif, éblouissant, perturbant, choquant… et, surtout, génialement littéraire !

Voilà pourquoi j’aime Annie Ernaux, peut-être que pour les mêmes raisons vous la détesterez ou la mépriserez… C’est normal, chacun réagit comme il peut face une telle lecture ! En tous cas, pour ceux qui ne connaissent pas – encore – il est temps de la lire, pour ceux qui l’aiment, il faut y revenir et quant à ceux qui la détestent, ce n’est pas grave tant il y a de livres et d’auteurs pour nous satisfaire…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 24/08/2018 @ 10:38:01
Vendredi 24 août 2018

L’été c’est pour lire et il faut lire sur tous les sujets, même les plus surprenants ou inattendus. Par exemple, il peut toujours sembler paradoxal d’annoncer « la télévision est morte » ou « en train d’agoniser » alors qu’il y a encore une moyenne d’écoute et visionnage quotidien de trois heures trente par Français ! Et pourtant quand je trouve un essai intitulé « La fin de la télévision » je ne peux pas m’empêcher de le prendre et de le lire…

Cet essai de Jean-Louis Missika vient nous montrer que la télévision n’est plus tout à fait ce qu’elle était hier, tout est en train de changer. Si elle ne meurt peut-être pas, alors pour le moins elle est en train de connaître sa véritable révolution. Oui, la télé fait sa mue !

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l’auteur rappelons qu’il a écrit avec Dominique Wolton l’ouvrage devenu référence « La folle du logis, la télévision dans les sociétés démocratiques ». Mais une trentaine d’années a passé, la folle est toujours là, oui, mais dans quel état ?

La première étape de l’histoire de la télévision peut être résumée, comme le dit très bien l’auteur, dans ce qui s’est passé le 20 juillet 1969. Ce sont les premiers pas d’Armstrong sur la lune et toute la planète est en communion parfaite avec lui… Même les Russes sont bien obligés de constater leur défaite sur cette aventure lunaire…

Les heures de gloire de la télévision vont s’inscrire alors avec des grandes messes chantées avec chorales polyphoniques : le sacro-saint 20 heures, les finales de la coupe du monde de football et jusqu’à la guerre en direct avec la première guerre du Golfe et ses bombardements suivis par la planète entière…

Cette première phase serait-elle terminée, définitivement close ? On n’est pas loin de le penser puisque, dit-on, cette année en dehors de quelques grands rendez-vous sportifs il n’y aura pas eu de pointes d’audience. Les grands journaux télévisés ont perdu de leur superbe depuis que des chaînes d’information continue sont venues participer à la fête. Ces fameuses thématiques ont pris leur part du gâteau et le public a de moins en moins confiance dans cette information distillée sous contrôle de quelques journalistes…

Il faut dire qu’entre temps c’est une nouvelle folle qui est arrivée : Internet ! Et toutes nos habitudes ont changé, ou sont en train de subir une profonde évolution. L’auteur le constate en 2006, année de l’écriture de l’essai, et cela est d’autant plus vrai aujourd’hui en 2018…

Deux éléments mis en avant me semblent important à retenir. D’une part, le fait que la multiplicité de l’offre télévisuelle, combinée à des modes de fonctionnement Internet de recherches individuelles de programmes, fait que nous n’avons plus une population entièrement stéréotypée… Je me souviens, que l’on excuse cet aspect ancien combattant, que dans ma jeunesse, certains matches de sport étaient bien diffusés à la télévision. Le lendemain, tout le monde en parlait… Aujourd’hui, celui qui veut voir du football, du rugby, du tennis, du basket… peut en voir tous les jours, ne suivre que son club préféré et, finalement, on en parle beaucoup moins, chacun n’ayant vu qu’un match parmi tant d’autres…

Le second point réside dans ce qu’appelle Jean-Louis Missika « la déprofessionnalisation » des médias. Elle est arrivée en plusieurs temps comme certaines formes d’interactivité, puis les talk shows, la télé réalité et, enfin, toutes les formes « d’antenne est à vous » qui ont fleuri. Les professionnels disparaissent au profit de tout un chacun qui peut se transformer en artiste, en journaliste, en sportif, en éditorialiste, en politique… Il y a de bonnes choses dans cette évolution, mais il y a, aussi, comme le dirait Esope s’il arpentait nos rues, le pire…

Que deviendra la télévision ? Va-t-elle disparaître entièrement ? Nous vivons comme le dit l’auteur, une « sorte de période de transition où les initiatives se multiplient sur Internet et ailleurs pour expérimenter les possibilités nouvelles d’organisation du débat politique et de production d’une information d’intérêt général ».

Mais je terminerai en affirmant que la télévision, malgré tout, est encore bien là ! Un exemple ou deux ? Regardez la Coupe du monde de football, toujours des taux de suivi phénoménaux, avec des recettes publicitaires majestueuses… Certaines émissions de télévision comme Fort Boyard, Danse avec les stars ou Le meilleur pâtissier sont encore de beaux succès d’audience…

Oui, tout change, indéniable, mais la télévision a encore quelques beaux jours devant elle car une partie de la population n’arrivera pas à changer d’habitude instantanément ce qui causera, probablement, des fossés entre les personnes, en fonction, entre autres, des générations… rien de nouveau sur notre pauvre Terre…

Un bon essai à lire car le passage de quelques années sur ses pages ne le rendent pas caduc et comme l’été c’est fait pour lire, c’est bien le moment de réfléchir sur le dilemme capital : lire ou regarder la télé, il faut choisir !

Moi, durant l’été, j’ai choisi, alors bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 25/08/2018 @ 10:01:54
Samedi 25 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais c’est aussi le temps idéal pour relire ce que l’on a aimé. Ce concept n’est pas fait uniquement pour les gros pavés philosophiques et souvent j’aime l’espace d’une soirée reprendre en mains une bande dessinée dont on garde juste quelques images en tête… il est bon et agréable de réactiver cette mémoire visuelle et de redonner un peu de sens à ces images fugitives qui nous habitent…

Il y a quelques années, j’ai découvert une autrice de qualité, Pénélope Bagieu. Elle venait de la publicité et elle aspirait à une autre vie de création, plus directe, plus libre, plus souple… et la bande dessinée allait lui offrir cet espace… C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de l’interviewer à Paris puis à Angoulême. Des belles rencontres qui avaient accompagné des lectures plaisantes et dynamiques… J’ai ainsi le souvenir de « La page blanche » et d’une interview avec Boulet, le scénariste, que mes étudiants avaient montée en petite vidéo lors d’un festival Angoulême… Car l’avantage des bandes dessinées de Pénélope Bagieu c’est de pouvoir les partager avec mes étudiants car elle écrit pour tous les âges, chacun s’y retrouve !

Mais, il y a deux jours, c’est « Cadavre exquis » que j’ai repris avec plaisir car c’est réellement une bande dessinée que j’aime beaucoup. Il faut dire qu’en dehors d’être une histoire plaisante de mystification, une fable illustrant le « tel est pris qui croyait prendre », ce livre parle de plusieurs thèmes très pertinents : la position de l’auteur dans la société, la création, l’édition, le marketing littéraire, les critiques littéraires, la femme et l’homme dans la société, la culture, l’amour… OK, cela ressemble un peu à une liste de Prévert mais je vous avoue que c’est un véritable plaisir de lire ces quelques 128 pages qui se lisent d’un seul coup sans pause… Les thèmes sont bien tous là et il est possible que vous en trouviez encore plein d’autres… C’est normal car il est impossible d’enfermer Pénélope Bagieu dans une boite, dans un carcan, dans un champ qui ne serait pas infini… C’est ainsi !

Thomas est un écrivain qui a du mal à écrire son nouveau roman… Du moins c’est ce que va croire au départ la jeune Zoé qui ne connait rien à la littérature, qui fréquente un homme rustre, chômeur, beauf, qui dort en chaussettes et qui est très exigeant avec sa compagne… Elle-même fait de l’accueil dans un grand salon international… On est bien loin des livres…

Et, pourtant, la rencontre improbable, entre un écrivain un peu dépassé et cette femme qui ne lit presque pas va bien avoir lieu. Cet évènement va avoir de nombreuses conséquences tant éditoriales que sentimentales… sans que l’on tombe dans une histoire à l’eau de rose, je vous le promets !

J’avoue que même après plusieurs relectures je continue d’apprécier ce « Cadavre exquis » qui me semble une bande dessinée de très grande qualité par sa construction. A la lecture des premières pages on aurait presque l’impression qu’il s’agit d’un petit récit léger et plus on avance, plus on relit, plus on découvre que les dessins plein d’humour cachent du profondément humain et c’est ce qui rend Pénélope Bagieu accessible à tous et universelle !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, comme on le droit de lire des bédés, je vous propose de voyager dans l’univers de cette autrice exceptionnelle… N’hésitez pas, après « Cadavre exquis » et « La page blanche », à découvrir les nouveautés c'est-à-dire les tomes 1 et 2 de « Culottées » !

Donc bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 26/08/2018 @ 11:20:50
Dimanche 26 août 2018

L’été c’est fait pour lire et quand il faut choisir un livre pour les tout petits enfants, ce n’est pas simple, avouons-le bien simplement. D’une part, il faut essayer de trouver un livre de qualité, une histoire qui tienne la route et qui respecte bien le jeune lecteur car « jeune » ne signifie pas demeuré, stupide, naïf, crétin, analphabète ou que sais-je encore. Par contre, nous devons nous abstenir de choisir l’histoire en fonction de nos seuls goûts et envies car, dans ce cas-là, le livre n’aurait que peu de chances de satisfaire le jeune lecteur… Oui, je le répète encore et toujours, si la lecture du jeune n’engendre pas du plaisir, comment voulez-vous que plus grand il puisse trouver du bonheur à lire ?

Alors, j’erre presque l’âme en peine ou plus exactement les sens aux aguets dans toutes les librairies de France et de Navarre, enfin surtout de Paris, Chalon-sur-Saône, Carnac, Quiberon… pour trouver les albums illustrés qui pourraient plaire à mes petits-enfants et par là-même à tous ceux qui me lisent et écoutent pour trouver le livre qu’ils pourront lire à leurs chers petits… Heureusement, sur mon chemin je rencontre des auteurs, des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, des parents ! Chacun à sa façon me donne des éléments d’appréciation à commencer par mes enfants qui deviennent les uns après les autres des parents-lecteurs !

Comme les petits lecteurs dévorent les livres – au sens propre et au sens figuré – il est fortement conseillé de choisir des albums cartonnés ou des livres avec des pages plastifiées. C’est plus sûr et on a plus de chance de pouvoir lire et relire le livre… Sachant qu’un enfant adore relire seul un livre qu’on lui a lu plusieurs fois. Parfois, on l’entend blablater comme s’il tentait de lire les textes…

C’est donc ainsi que, lors d’une pérégrination livresque, j’ai découvert la collection « Mon livre des odeurs et des couleurs » de la maison Auzou. Tout de suite le concept m’a plu car mettant en place un système ludique pour apprendre et reliant entre elles plusieurs connaissances : le mot, l’objet, la couleur et l’odeur. De plus, le livre est extrêmement interactif et donc met le jeune enfant en position de co-lecteur, si on peut dire… J’ai immédiatement porté mon attention sur l’album « Le marché » puisque mon escale en librairie précédait le passage à l’AMAP où je récupérais mes légumes de la semaine…

Alors, certes, dans mon panier, il n’y avait pas d’ananas ni de mangue, de viande ni de poisson, d’olives ni de miel… Mais, si je regarde les fruits et légumes cités dans le livres, nous en avions quand même beaucoup en rentrant à la maison : melon, oignon, pomme de terre, tomate, poivron, courgette… de quoi faire apprentissage, révision et dégustation !

Les dessins de cet album sont signés Mr Iwi, un illustrateur que je ne connaissais pas du tout… mais cela n’enlève rien à son talent : ses dessins sont parfaitement adaptés aux enfants entre 2 et 4 ans qui reconnaissent tous les fruits et légumes rencontrés sur le marché !

On peut donc affirmer que c’est un bon ouvrage qui réserve en plus une surprise. En effet, on pourrait croire que les odeurs sont juste abordées avec des mots mais, en fait, vous allez aussi sentir quand vous aurez frotté votre doigt sur un petit coin du livre (en fait un coin rond si vous voyez ce que je veux dire) et c’est ainsi que 6 produits seront abordés différemment…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, il est temps de vous y mettre avec ces chères petites têtes blondes… Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 27/08/2018 @ 11:01:14
Lundi 27 août 2018

L’été c’est fait pour lire et souvent je vous parle d’auteurs qui ont marqué, sinon ma jeunesse, ma vie d’étudiant comme Zola, Saint-Exupéry, Corneille, Anouilh… Mais figurez-vous que je vais vous parler aujourd’hui d’une romancière et femme de Lettres que je n’ai rencontrée que tardivement…

En effet, il y a quelques années, j’avouais que je n’avais jamais lu d’ouvrages de Simone de Beauvoir alors que j’avais lu et apprécié quelques nombreux textes et pièces de théâtre de Jean-Paul Sartre. Il fallait donc que je fasse preuve de bonne volonté pour connaître un peu mieux cette grande femme de nos lettres…

J’avoue que j’ai eu peur de me lancer dans « Le deuxième sexe » directement car je jugeais cette autrice sur la réputation qu’elle avait auprès de mes collègues de lycée et prépa… et ce n’était pas terrible, reconnaissons-le !

Alors, j’ai décidé de passer par un livre intermédiaire, « Entretiens avec Simone de Beauvoir » d’Alice Schwarzer. Cette dernière est une journaliste allemande qui a eu la chance de fréquenter Simone de Beauvoir entre 1972 et 1982. C’est une militante féministe et elle limite ses questions à la lutte féministe, à la condition de la femme, à la femme de Beauvoir et, plus brièvement, au couple mythique Sartre-Beauvoir. Du coup, la lecture est facile, tout à fait adaptée à un « découvreur » de Simone de Beauvoir… tout en nous apprenant beaucoup sur cette femme !

C’est en lisant cet ouvrage que l’on mesure que Simone de Beauvoir est née en 1908, qu’elle est de la génération de Simone Weil (la philosophe), qu’elle avait déjà 28 ans à l’avènement du Front Populaire et que son dernier choix politique fut de voter, un peu à contre cœur, pour François Mitterrand, en 1981. Alors bien sûr, son féminisme n’est pas celui de la génération suivante et elle mit beaucoup de temps à accepter que des femmes se constituent en mouvement spécifique, voire même en parti spécifique comme ce fut le cas très peu de temps en Allemagne…

Pourtant, il ne faudrait pas croire qu’elle est absente de ce combat. Bien au contraire, elle en a livré dans « Le deuxième sexe » les fondements, les soubassements, les bases définitives. Oui, Simone de Beauvoir est féministe mais pas tenancière d’un féminisme qui pousserait les femmes à prendre la place des hommes, pire, de revêtir leurs défauts pour faire comme eux, en pire… Non, les femmes doivent changer le monde, refuser les contraintes et les pièges d’un machisme bien réel qu’elle refuse. Par contre elle émet des doutes sérieux sur le comportement de certaines femmes qui voudraient faire croire que le socialisme, la paix ou l’humanisation de notre société peuvent devenir des combats féministes. Non ! Il ne faut pas, d’après elle, confondre le combat des êtres humains (paix, socialisme, justice…) et celui des femmes qui veulent seulement être elles-mêmes !

Je ne peux pas vous dire que j’étais d’accord avec tous les arguments de Simone de Beauvoir, mais j’avoue que je sens avoir fait un pas dans la connaissance de cette grande femme par un livre composé de plusieurs interviews de grande qualité. Depuis, j’ai lu des ouvrages de Simone de Beauvoir et je ne peux pas parler de tous mais je retiens ceux qui m’ont marqué le plus : « Le deuxième sexe », « Une mort très douce », « La cérémonie des adieux »…

Mais cette année, Simone de Beauvoir a fait son entrée dans la collection La Pléiade de chez Gallimard. L’album de l’année lui est consacré, il est écrit par Sylvie Le Bon, sa fille adoptive, et il est tout simplement remarquable et il peut faire une excellente introduction à l’œuvre de Simone de Beauvoir, une grande de notre littérature française…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, je pense qu’il serait bon de provoquer les jeunes de ce pays à la lecture de Simone de Beauvoir pour qu’ils comprennent mieux ce qu’est l’être humain car elle on ne se contente pas de parler d’homme et de femme…

Alors bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 27/08/2018 @ 20:24:55
Mardi 28 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais reconnaissons que cette période estivale a été aussi marquée par de très nombreuses discussions sur le climat. Je l’avoue tout de suite, je ne suis pas un expert dans ces questions de climat, de température, de réchauffement de la planète… mais je suis un grand lecteur sur ces questions. Donc, je ne peux que vous proposer, vous aussi, de lire certains ouvrages pour limiter les prises de positions radicales et infondées. Oui, ces questions sont complexes et plus on se documente, plus on mesure la complexité des modèles, des données, des réflexions, des conséquences et des mesures à prendre…

Certes, quand on est en pleine canicule, on crie au réchauffement, quand il fait froid en juin au dérèglement, quand il y a trop de chaleur en décembre on est content pour la facture de chauffage et quand il neige en janvier on oublie que c’est normal en hiver, sous nos latitudes… D’ailleurs, on n’est jamais content, c’est une certitude !

Là où les choses se compliquent c’est que quand on est en période dite caniculaire et que les pouvoirs publics nous demandent de rouler moins vite, de ne plus utiliser les véhicules polluants, de remettre à plus tard certains déplacements, de ne pas sortir trop en plein milieu de journée, on en veut pas obéir, on râle encore plus fort et on demande des mesures… Mais quelles mesures car quand on en propose on les refuse immédiatement !

Il y a quelques semaines, après un orage digne des tropiques, un village de Bourgogne fut envahi par les moustiques. La population fut rapidement excédée sous les piqures à répétition. Tous les habitants se tournaient vers le maire : Il faut faire quelque chose !

Seulement, le maire qui voyait à long terme ne voulait pas répandre des produits nocifs, ne voulait pas changer tout le paysage du village en bétonnant à tout va et il était perplexe ce qu’il pouvait réellement faire… Alors, un matin, il prit un arrêté municipal : il interdisait formellement aux moustiques d’entrer dans le village !

Cette histoire est simplette mais elle montre bien le problème. Personne ne veut des efforts pour juguler ce qui peut l’être et tout le monde veut des solutions miracles qui n’existent pas ! Alors, l’être humain va voir les choses évoluer sans rien faire…

Emmanuel Le Roy Ladurie, dans un remarquable essai, Histoire du climat depuis l’an mil, tente de montrer que l’histoire du climat n’est pas une science fragile mais qu’elle doit être rigoureuse car cette histoires est capitale pour comprendre les paysages et leur évolution, les populations et leurs migrations, l’économie et ses conséquences… Il ne tranche pas sur ce qui dépend de l’homme et ce qui est plus dans un cycle naturel mais il parle des conséquences des variations climatiques et il s’agit bien là d’un sujet capital pour nous !

Quand j’entends faire une distinction entre migrants victimes de la guerre, victimes politiques, victimes économiques, victimes climatiques… je voudrais quand même préciser qu’en fait il s’agit bien de victimes humaines d’une situation complexe où tous ces aspects jouent un rôle ! Alors, sommes-nous encore humains pour accueillir et partager ce qui ne nous appartient pas à titre individuel mais bien au titre de l’humanité… Eau, air, terre…

Emmanuel Le Roy Ladurie a rejoint le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) car il est convaincu que c’est une façon d’alerter, d’agir et communiquer pour que l’humanité prenne conscience des problèmes et accepte, enfin, avant qu’il ne soit trop tard, les mesures radicales qui doivent être prises pour limiter la casse, car casse il y aura !

Alors, je sais bien qu’un livre ne peut pas convaincre tout le monde instantanément mais cette lecture pouvait vous aider à comprendre ce serait déjà très bien… et comme l’été c’est fait pour lire c’est bien le moment d’ouvrir l’Histoire du climat depuis l’an mil…

Alors bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 29/08/2018 @ 10:32:32
Mercredi 28 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais ce n’est pas d’un livre seul que je voudrais parler aujourd’hui mais d’une collection entière comportant plus de 700 titres… et ce n’est pas terminé ! En effet, il y a quelques années, j’ai découvert la collection « Découvertes Gallimard », une magnifique collection qui donnait l’impression d’avoir en main un beau livre pour le prix d’un livre de poche… Le slogan commercial et les premières remarques des critiques étaient aussi bonnes que les impressions des prescripteurs : «On n’a jamais vu autant de choses entre la première et la dernière page d’un livre.»

Au départ, il s’agissait bien d’un documentaire de plus, une façon de recycler le savoir pour pas trop cher en exploitant un peu les auteurs… Je sais c’est un peu rude dit comme cela mais ce n’est pas loin de la réalité… Les éditions Gallimard cherchent la façon d’aborder ce segment de marché et le premier coup de génie c’est d’avoir voulu faire dès le départ un livre, commun aux adolescents et adultes, qui soit, en plus, un bel objet accessible à tous !

Cette collection arrivait après «Découvertes cadet» (1983) et «Découvertes benjamin» (1984), et au départ cela ne devait s’adresser qu’aux juniors… Mais très vite la cible est explosée d’autant plus que la finesse éditoriale permet aux visiteurs de plusieurs grandes expositions parisiennes de trouver le titre correspondant à la sortie… C’est d’ailleurs ainsi que j’ai lu mon premier titre…

Quelle fut la recette miracle ? Si quelqu’un pouvait la donner cela signifierait que tous les éditeurs ne réaliseraient que des merveilles et comme ce n’est pas le cas il faut plutôt imaginer que dans cette réussite il y a un peu de circonstances extérieures, du talent et du travail, une pincée de chance, sans oublier une bonne maquette graphique, un expert de qualité pour chaque titre, une iconographie riche et bien imprimée, des références, des documents, des sources indiquées. Pas de redite, pas de blabla inutile, tout est bien ordonné et amené et le lecteur se laisse faire même quand il ne connait rien au sujet.

Mais, c’est peut-être là le plus fort, quand le lecteur connait le sujet il prend plaisir à lire, à réviser ses connaissances et il mesure que le livre est très bon ! Les titres les plus vendus, si mes informations sont bonnes, sont :
• À la recherche de l’Égypte oubliée (1986)
• Picasso : Le sage et le fou (1986)
• Van Gogh : Le soleil en face (1987)
• Mahomet, la parole d’Allah (1987)
• L’écriture, mémoire des hommes (1987)

Alors, pour ma part, je vais vous donner les références de celui que j’ai lu cet été, « La guerre d’Algérie, histoire d’une déchirure » d’Alain-Gérard Slama (1996). La Guerre d’Algérie est non seulement une guerre terrible, presque fratricide, qui connut les pires abus mais, en plus, elle a divisé de façon durable et encore visible aujourd’hui le peuple de France et le peuple d’Algérie. Certes, la colonisation avait bien commencé le travail mais cette guerre a terminé de rendre ces deux peuples, ces deux pays, ces deux cultures incapables de se comprendre, de s’entendre, de s’aimer… Du moins, c’est ce que l’on peut croire même si je ne désespère pas qu’un jour on puisse regarder cette période en face avec tous les éléments des deux côtés et que l’on puisse reconstruire des relations amicales et paisibles entre ces deux rives de la Méditerranée…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, n’hésitez pas à découvrir cette collection Découvertes et ce titre en particulier que j’ai beaucoup apprécié.

Très bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 30/08/2018 @ 10:35:10
Jeudi 30 août

L’été c’est fait pour lire mais je reconnais que le cheminement qui pousse un livre dans nos mains est parfois surprenant. Prenons un exemple, je vais au salon du livre de Paris en mars 2018 et j’y reste deux jours entiers. J’y rencontre des auteurs, des attachées de presse, des éditeurs, des lecteurs, je discute avec tous ces grands passionnés de lecture et j’offre même quelques livres à mes petits-enfants, en particulier ma petite-fille qui a passé la seconde journée entière dans le salon, à deux ans, et qui nous dira dans le métro au moment de rentrer chez elle : « je suis très contente »…

Et, soudain, en fin de journée, je vois un auteur assis à son stand, qui dédicace un ouvrage « La trilogie écossaise ». C’est Peter May, un Ecossais édité par une maison française, Rouergue. Je ne le connais pas du tout, je ne l’ai jamais lu et j’ai l’impression que je n’en ai jamais entendu parler… Il a l’air sympathique, une seule personne est avec lui et donc je décide de discuter avec lui, de découvrir ce qu’il fait… Peut-être qu’il existe un ange gardien spécialiste du roman policier qui m’a poussé vers cet auteur, allez savoir !

Après quelques minutes d’échanges, plutôt en langue de Shakespeare car notre ami ne parle pas trop la langue de Corneille, je décide d’acheter non pas le premier tome de la Trilogie mais « La Trilogie écossaise » entière… C’est une prise de risque pas trop importante compte tenu du prix du livre mais je plonge dans l’inconnu total…

Trois jours plus tard, j’ouvre l’ouvrage et je commence « L’île des chasseurs d’oiseaux »… Doucement je découvre qui est Fin Macleod, policier natif de l’île de Lewis où va se dérouler l’enquête que nous allons suivre. Au départ, je crois être dans un polar classique et mon cerveau est la recherche des réponses qui viendront prendre leur place derrière ces questions traditionnelles : qui ? Pourquoi ? Comment ? Et vous connaissez tout cela…

Mais voilà, très vite je comprends que je fais fausse route, que je dois changer mon fusil d’épaule car la question principale est : quelle est cette île ? Alors, bien sûr, je dépose le roman et je plonge dans les encyclopédies et dans Internet, me voilà soudain sur la route des Hébrides extérieures dont j’ignorais l’existence, je découvre cet archipel au nord-ouest de l’Ecosse et son île de Lewis, la plus au nord de l’archipel… Très vite je comprends que tout est vrai dans ce roman du moins en ce qui concerne l’île, la religion, les us et coutumes, la population, le climat et cette habitude d’aller un fois par an à la chasse sur un rocher inhabité…

Je reviens au roman que je lis en quelques jours, puis je passe au suivant et en peu de temps j’ai absorbé cette trilogie, je me suis rassasié de cette île, de ses habitants, et je me dis que j’irais bien y faire un tour, un jour, qui sait…

Et là, je réalise que certains, très proches de moi connaissent très bien cette trilogie, sont même pour certains déjà allés dans cet archipel comme en pèlerinage à la trilogie… Enfin, une amie, cet été, m’en parle car elle-aussi est tombée sous le charme de Peter May, de ses romans et surtout des Hybrides extérieures…

Je réalise, en quelque sorte, que j’étais le dernier à découvrir cette « Trilogie écossaise » de Peter May ! Alors, si vous aimez les polars noirs, cruels et très humains, si vous aimez les romans sociaux et les paysages sauvages, si vous avez envie de voyager dans l’inconnu même si ce n’est finalement pas si loin de chez nous, si, surtout, comme moi, vous ne connaissez par ces trois romans, « L’île des chasseurs d’oiseaux », « L’homme de Lewis » et « Le braconnier du lac perdu », alors, aucune hésitation, embarquement immédiat pour les Hybrides extérieures et comme l’été c’est fait pour lire je ne peux que vous souhaiter bonne lecture et demain !

Shelton
avatar 31/08/2018 @ 10:15:37
Vendredi 31 août 2018

L’été c’est fait pour lire et comme nous avons plusieurs fois abordé la question de la télévision, il n’était pas possible de ne pas proposer, au moins une fois, d’ouvrir le petit ouvrage de Pierre Bourdieu sur la question… Oui, du Pierre Bourdieu pour lecture estivale, c’est un peu osé, mais pourquoi pas ?

En mai 96, deux cours de Pierre Bourdieu au Collège de France sont diffusés par Paris Première, chaine de télévision. Ils ont pour objet la télévision et les dangers qu’elle fait courir aux « sphères de la production culturelle, art, littérature, science, droit, philosophie, droit » mais aussi à la politique et à la démocratie. Sujet fort qui mérite, même 22 ans plus tard, toute notre attention…

C’est le monde journalistique qui est, non pas attaqué, mais analysé dans son fonctionnement en espace clos, ce que Bourdieu appelle « la circulation circulaire de l’information » où la rivalité qui s'exerce sur fond d’audimat a pour but de guetter l’événement voire de le produire ou de renchérir au plus vite sur des informations traitées ailleurs. Dans l'urgence où elle est tenue de travailler, la télévision fait appel à une panoplie de « fast thinkers » qui peuvent commenter à chaud l’actualité et qui passent aux yeux du public pour les véritables penseurs dans leur domaine alors que, comme le montre très bien Bourdieu, ce sont généralement les éléments en marge de leur discipline, non reconnus par leurs pairs, qui gagnent par l'apparition télévisée le plébiscite du plus grand nombre. L’exemple emblématique étant Bernard-Henri Lévy. Aujourd’hui, seul complément qu’il faudrait faire, c’est nommer quelques-uns de ceux qui sont venus remplacer BHL avec souvent encore moins de compétences et d’expériences…

Pour ne pas heurter le public, les journaux télévisés n'abordent pas de sujets qui fâchent ou entraînent trop à la réflexion. Ils relatent à grand renfort d’images et de paroles les faits divers les plus spectaculaires et les grandes compétitions sportives.

« On a ce produit très étrange qu’est le journal télévisé, qui convient à tout le monde, qui confirme les choses déjà connues, et surtout qui laisse intactes les structures mentales », écrit Pierre Bourdieu. Il montre aussi comment ces intellectuels peuvent passer à la collaboration, ce qu'il appelle la loi de Jdanov : « Plus un producteur culturel est autonome, riche en capital spécifique et exclusivement tourné vers le marché restreint sur lequel on n’a pour clients que ses propres concurrents, plus il sera enclin à la résistance. Plus, au contraire, il destine ses produits de grande production (comme les essayistes, les écrivains journalistes, les romanciers conformes), plus il est enclin à collaborer avec les pouvoirs externes. »

Notre conférencier montre aussi comment certains animateurs journalistes censés représenter le savoir et la rigueur morale, tel Cavada en son temps, peuvent orienter le cours d'un débat. Il semble d’ailleurs que rien n’ait changé…

Il montre comment les journalistes, faute de savoir garder la distance nécessaire à la réflexion, jouent le rôle de « pompier incendiaire », de quelle façon ils peuvent créer l’événement en montant en épingle un fait divers, comme cela fut encore le cas, en France, à l'approche des élections présidentielles.

Ce livre est paru dans la maison d’éditions créée autour de Bourdieu, et qui avait déjà donné cet ouvrage dénonciateur du milieu journalistique parisien : « Les Nouveaux chiens de garde » de Serge Halimi. Même si Pierre Bourdieu a disparu depuis, ses « leçons » demeureront... du moins, si on veut bien encore les lire, et comme l’été c’est fait pour lire, n’hésitons pas à ouvrir « Sur la télévision » de Pierre Bourdieu…

Alors, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 01/09/2018 @ 10:03:11
Samedi 1er septembre 2018

L’été c’est fait pour lire et en profiter pour engranger une multitude de bonnes recettes pour l’hiver. En effet, l’été, on n’a pas toujours le temps de tester toutes les découvertes culinaires, mais lors des longues soirées hivernales, lors que l’on se retrouve seul avec plein d’amis dans la cuisine, on recherche de bonnes recettes ancestrales agréables à partager. Or un chef avait cultivé cet univers dans son auberge et même s’il a pris sa retraite on peut continuer à l’honorer…

C’est en 2013 que Jacques Thorel a décidé de vendre son auberge, la fameuse Auberge Bretonne de La Roche-Bernard. Quand on va en Bretagne en partant de Bourgogne et si on évite de se mettre sur l’autoroute A6, on arrive en Bretagne par la route qui vient de Nantes. On n’ergotera pas 106 ans pour savoir si Nantes est ou n’est pas en Bretagne, donc ce qui est certain, c’est que notre entrée majestueuse se fait par La Roche-Bernard… et donc par cette auberge qui se voulait être une sorte de musée vivant de la gastronomie bretonne !

Il faut dire que Jacques Thorel a appris la cuisine de sa grand-mère et de sa mère qui toutes les deux lui ont transmis une multitude de conseils, de recettes, de coutumes de Bretagne. Souvent, celui qui vient de l’extérieur croit que la gastronomie bretonne est simpliste. D’ailleurs, croit-il, les Bretons ne savent faire que des plateaux de fruits de mer et des galettes !

Bien sûr, tout n’est pas entièrement faux dans cette remarque préalable mais la première chose à noter c’est que la gastronomie bretonne est basée sur bons produits et simplicité ! A ce titre, le fameux plateau de fruits de mer a bien sa place dans la gastronomie locale même si ce n’est pas toujours une spécificité bretonne… Encore que… les huitres de Cancale… les coquilles Saint-Jacques de la baie de Saint Brieuc… les langoustes des abers… la langoustine de Loctudy… la Belon de la baie de Quiberon… Oui, tout cela fait saliver quelque peu !

Une des grandes spécialités est le Kik ha farz. La première fois que j’ai entendu ce nom, j’avais fantasmé sur ce que pouvait être ce plat… Mais j’étais loin de la vérité. En fait, c’est un nom breton qui signifie viande et farine ! Tout de suite cela devient moins poétique mais quand on suit Jacques Thorel dans les recettes cela devient beaucoup plus appétissant !

C’est une recette du Léon, donc du Finistère Nord et au départ c’était un plat de pauvres. Si je vous la présente de façon traditionnelle, on pourrait dire que l’on met un jarret de porc salé dans l’eau à bouillir avec quelques légumes et que l’on plonge dans la même casserole un sac avec du blé noir – sarrasin – pour que cette farine cuise avec le même bouillon. Cette farine cuite devient une boule que l’on peu trancher et qui accompagne la viande. Cela tient bien au corps. C’est la potée bretonne en quelque sorte.

Dans son ouvrage Jacques Thorel, nous présente plusieurs versions. Dans les Abers, de façon très classique, on prendra plats de côte et jarret de porc avec navet, panais, carottes, poireaux et chou. Du côté de la cuisine léonarde, on trouve deux versions dont une assez originale avec un mélange de porc et de bœuf. C’est ainsi qu’avec du paleron ou de la macreuse de bœuf, un jarret et de la poitrine de porc et des navets, on arrive à un excellent résultat en bouche… Parfois, on a même des recettes ou le blé noir est remplacé par du froment… comme si c’était la spéciale pour touristes !

Voilà donc un ouvrage de qualité pour ceux qui voudront prolonger tout au long de l’année les vacances bretonnes à travers une gastronomie qui ne cherche qu’à mieux se faire connaitre et reconnaitre ! Alors, comme l’été c’est fait pour lire et préparer l’hiver en cuisine, bonne lecture avec « Le grand classique de la cuisine bretonne » et à demain !

Shelton
avatar 02/09/2018 @ 11:17:31
Dimanche 2 septembre 2018

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi l’occasion de relire certains albums de bandes dessinées qui ont marqué notre jeunesse… Puisque que l’on m’a très gentiment offert un nouvel album dans ma collection « Les bijoux de la Castafiore », c’est l’album que j’ai décidé de relire aujourd’hui…

Que je vous précise un peu les choses… « Les bijoux de la Castafiore » est l’album des aventures de Tintin que je préfère et, du coup, je le collectionne dans toutes les langues possibles, du moins celles que je trouve sur mon chemin, lors de mes voyages, ou que l’on m’offre en rentrant de voyage… Cette fois-ci, ce fut du Danemark que vint la surprise : Castafiores Juveler !

Bon, même si j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire dans cette langue étrange aux consonances familières parfois, c’est de la version française que je vais parler… et la chronique sera beaucoup plus longue que d’habitude… On peut dire tellement sur cet album !

Sur la couverture, Tintin nous invite à le suivre en silence… Pourquoi ? Parce que la Castafiore chante devant les caméras de la télévision ? Parce que notre présence pourrait énerver le chat et Milou gentiment couchés sous le piano de maître Wagner ? Parce que nous sommes sur le point de pénétrer dans l’album le plus important, le plus abouti, le plus réussi d’Hergé ? Voyons tout cela de près…

C’est toujours facile de commencer un texte sur les Bijoux par ce que disait l’auteur Hergé : «En commençant cet album, mon ambition était de simplifier encore, de m’essayer à raconter, cette fois, une histoire où il ne se passerait rien.»

Mais cela présente l’inconvénient d’entendre des oiseaux de mauvaise augure/foi dire que puisqu’il n’y a rien dans cet album, on va s’en économiser la lecture ! Et, alors, c’est le drame ! Car ne pas lire un des meilleurs albums d’Hergé, c’est se priver d’un bonheur incroyable, c’est vivre à l’ombre quand le soleil est là à deux pas… Mais je vais essayer de vous expliquer tout cela avec simplicité, modération, efficacité car je voudrais bien que tous ceux qui ne l’ont pas encore lu puissent le faire rapidement. Il y a quelques années, j’ai fait étudier cet album à des classes de sixième. Pour cela j’ai commencé par tenter de convaincre des enseignants de français que l’on pouvait étudier, analyser, travailler sur un épisode des aventures de Tintin. J’avais proposé Les bijoux car c’est celui que j’aimais, je connaissais le plus. Une des enseignantes, une des plus réticentes à la lecture de la bande dessinée, fut la première à venir me voir pour m’avouer qu’elle avait été surprise de tout ce qu’elle avait trouvé, la force du récit, le poids des personnages, la qualité des textes, la maîtrise de l’intrigue… Bref, la plus récalcitrante se retrouvait la plus séduite par Les bijoux de la Castafiore ! Et c’est ce qui vous menace dès que vous ouvrirez ce livre…

Lorsqu’Hergé parlait de la simplification de son récit, il voulait dire que, pour une fois, Tintin ne ferait pas ses valises et resterait au château de Moulinsart, la fameuse propriété du capitaine Haddock. Mais, pourtant, les valises seront bien présentes, tout au long de l’histoire, puisque Haddock va tenter de faire faire les siennes pour éviter la Castafiore qui s’invite chez lui, puis Nestor devra porter celles de la diva et de sa suite, sans oublier le départ du rossignol milanais, les bagages de Tournesol quand il partira la rejoindre… car si Tintin ne bouge pas du château, il en passe du monde dans cet album où tout un chacun semble pris de bougeotte… D’ailleurs, puisque nous sommes dans les bagages et les voyages, voici qu’Hergé met en scène des gens du voyage. Mieux ! Il fait comprendre au capitaine Haddock la difficulté de vivre ainsi dans une société qui ne laisse aucune place à la différence : « Eh bien ! Mille sabords ! Vous allez vous installer autre part, c’est moi qui vous le dis ! … Il y a une belle pâture près du château, au bord d’une petite rivière : vous pouvez y venir quand vous voulez…»

Le capitaine Haddock se met, ainsi, à dos, son valet Nestor [«Inviter des Romanichels chez soi !!…»], les Dupond(t) [«Comment, c’est vrai ?… Vous ne pouviez pas le dire plus tôt ?… Les voilà, les coupables !… Des preuves, Nous les trouverons !… Ces gens sont tous des voleurs !…»], mais, heureusement, Tintin garde la tête froide [«Vous avez bien fait de les inviter…Mais ce n’est pas parce que ce sont des Bohémiens que vous avez le droit de les soupçonner. »]. D’ailleurs, soupçonner de quoi ? Oui, j’ai oublié de vous dire que cet album fonctionne autour des fameux bijoux de la Castafiore, on s’en doute un peu avec le titre, mais c’est mieux en le disant… La chanteuse d’opéra est arrivée au château de Moulinsart avec sa caissette de bijoux dont la fameuse émeraude offerte par le Maharadjah de Gopal… Mais comme Bianca Castafiore est un peu excessive, bien désordonnée et sans mémoire, elle passe son temps à chercher ses bijoux, quand elle ne chante pas l’air des bijoux, ce qui est plus normal pour une diva de sa classe…

Quand une personne, mondialement connue comme la Castafiore, vient s’installer, temporairement, dans un petit village de Belgique, les journalistes rappliquent à grande vitesse. Hergé en profite pour nous raconter une histoire de paparazzi. Les journalistes n’ont jamais eu le beau rôle dans les aventures de Tintin, puisque le seul bon, l’inégalable, le grand, c’est le reporter Tintin, lui-même. Les deux professionnels de Paris-Flash, Jean-Loup de la Batellerie et Walter Rizotto, sont tout simplement nuls et ridicules. Ils vont transmettre de fausses nouvelles, sans aucune précaution éthique, après avoir croisé Tournesol qui ne comprend rien aux questions, surdité expliquant tout… Quant aux deux lascars du Tempo di Roma, ils n’arriveront à voler les photographies qu’en profitant de la pagaille installée par l’équipe de la télévision (encore les médias à l’œuvre !). Mais il faut dire que ces journalistes italiens avaient osé dire que la Castafiore pesait plus de cent kilos… Crime de lèse-majesté : ils ne sont que goujats, malotrus, rustres, mufles…

Mais, tout cela étant dit, que reste-t-il de l’histoire ? Il ne reste qu’une tranche de vie au château, un lieu paisible où un événement est venu perturber le quotidien de Haddock, Tintin, Tournesol… Mais quel est cet événement ? L’arrivée, des Bohémiens, le passage de la Castafiore et sa suite, Irma et Wagner ? Le vol hypothétique des bijoux ? L’intrusion intempestive des Dupont(d) ?
En fait, la vie quotidienne de bourgeois propriétaire que mène le capitaine Haddock est perturbée par un événement majeur [du moins sous l’angle du confort réel], à savoir, la destruction partielle d’une marche de l’escalier… Un bout de marbre se brise et la tranquillité disparaît… « J’y ai introduit le détail vécu du marbrier Boullu qui doit venir réparer la marche d’escalier », mais qui met trop de temps à venir. Cette passivité, fainéantise, négligence professionnelle, aura de très lourdes conséquences. Presque tous les personnages vont choir dans la descente marbrée : Tournesol (page 5), Nestor (pages 6, 11, 12), Haddock (page 7, avec entorse à la cheville gauche qu’il faudra plâtrer, puis page 62 alors que tout semble rentrer dans l’ordre), Irma (page 35), Wagner (page 43), Tintin (même lui n’y échappe pas, page 44)… Mais, les esprits observateurs pourraient faire deux remarques. La première, assez technique, est que l’on ne voit jamais, à deux exceptions près, les chutes elles-mêmes. On ne voit que celle de Nestor où il arrive, avec des efforts étonnants, à retrouver son équilibre in extremis… pour mieux choir la page suivante… et la dernière du capitaine Haddock qui marche sur la marche qui vient juste d’être réparée… « C’est malheureux !… Moi qui revenais justement vous dire d’attendre un jour ou deux avant de poser le pied sur cette marche… ». Décidément, ce marbrier arrive toujours en retard…

Cet épisode de la marche joue un double rôle. Il permet de confirmer que tout va de travers. Dès que le marbre est brisé, tout le monde marche sur la tête… Mais, c’est aussi un très bel exemple de comique de répétition, méthode qui a fait ses preuves depuis très longtemps (« Que diable allait-il faire sur cette galère ! »).

L’angle technique que j’évoquais plus haut est aussi remarquable. En effet, en ne voulant pas montrer toutes les chutes, Hergé fait appel à l’ellipse, et il est maître dans cet aspect de la narration graphique… Irma descend en courant l’escalier. La case suivante, Haddock, dans son salon, entend un Boum caractéristique et s’exclame : « C’est ça !… Toujours la marche ! ». Puis, troisième vignette et dernière de cette séquence, Irma se frotte les fesses (en tout bien tout honneur, nous sommes dans les aventures de Tintin) et semble se remettre difficilement.

La seule qui ne tombe pas est, assez paradoxalement, Bianca Castafiore. Pourquoi ? Je ne suis pas certain de vous proposer la meilleure solution… Cet album raconte, même si c’est construit sur un quiproquo et une mauvaise interprétation de journalistes, une annonce de mariage, un amour fantasmagorique entre la Castafiore et Haddock… Or, ce dernier ne supporte pas Bianca [ « La Castafiore ici !!! Cataclysme ! Catastrophe ! Calamité ! »], et, pourtant, c’est lui qui va l’empêcher de s’écrouler : « Attention ! La marche ! »… Oui, malgré tout ce qu’il pense, c’est lui le vieux marin solitaire, haïssant l’opéra, ne supportant pas la diva, qui sauve celle que l’on donne comme sa fiancée…

C’est aussi le moment de jeter un œil plus perspicace sur cette Bianca Castafiore. C’est un personnage spécial dans l’œuvre de Hergé car elle un peu seule pour représenter le monde féminin. Elle est une sorte de vierge éternelle qui n’a aucun avenir conjugal ni sexuel. Pas de liaison, pas de prétendant, pas de vie familiale, et cette histoire de mariage avec Haddock fera long feu… C’était une rumeur de journaliste ! Les femmes et Hergé ? Voilà un mystère qui nécessiterait de longues études et qui dépasse largement le cadre de cet album. En effet, on peut toujours dire que les aventures de Tintin entrant dans le cadre de la loi de 1949 sur les lectures de jeunesse ne permettaient de mettre en scène des histoires de sexe, d’amour, d’adultes… Mais, je le reconnais, c’est « botter en touche » avec un sujet important… Alors, nous reviendrons sur ce thème d’Hergé et les femmes dans une prochaine chronique, c’est promis...

Dans la pseudo relation entre Haddock et Castafiore, il est aussi important de remarquer les noms dont la chanteuse d’opéra décore le pauvre marin : Bartock, Kappock, Koddack, Mastock, Kosack, Hammock, Kolback… Pourquoi une telle pitrerie ? Pour montrer que pour la Castafiore, un homme n’est qu’une denrée secondaire, la preuve elle n’arrive pas à retenir son nom ? Ou, peut-être plus crédible, pour accentuer les origines inconnues du capitaine ? N’oublions pas que dans Le secret de la Licorne et Le trésor de Rackham le rouge, nous apprenons que Haddock est un descendant d’un bâtard du roi soleil… Et cela nous met en évidence la question de l’identité chez Hergé, lui-même fruit d’un secret de famille… Oui, parfois, la bande dessinée peut être plus grave que ce que l’on croit : une aventure ouvre sur l’autobiographie, sur le fort intérieur de l’auteur…

Question langage, les Dupond(t) se déchaînent aussi avec lapsus, contrepèteries incomplètes, erreurs de vocabulaire… Je dirais même plus calembours à trois sous… Ils sont en très grande forme, au sommet de leur bêtise, et l’affaire de la disparition des bijoux va permettre une mise en couleurs de cette stupidité incarnée, doublement incarnée ! Quand ils arrivent, ils pulvérisent leurs deux chevaux sur le camion de la télévision, ils suspectent tout le monde, de Tintin à la pauvre Irma, mangent des coussins envoyés par la Castafiore, se prennent les pieds dans les fils, ont des idées préconçues sur les gens du voyage [comme tous les policiers du monde, diront certains…], se font agresser, verbalement seulement, par la Castafiore, embrassent des arbres pour éviter des branches qui tombent, égarent une émeraude dans de la belle herbe verte… Bref, les anciens agents X33 et X33 bis (cf. Les cigares du Pharaon, première version) sont toujours aussi bêtes et il ne faut pas compter sur eux pour retrouver les bijoux disparus…

Cet album est une galerie de portraits où l’on retrouve aussi le fameux Séraphin Lampion, l’assureur volubile ami de cette « vielle branche de Haddock », qui vient « serrer la pince à ce vieux pirate », qui félicite « le vieux flibustier » dès l’annonce des fiançailles avec Bianca Castafiore… et qui trouve, enfin, une personne pour lui claquer la porte au nez et le faire taire… Merci la Castafiore, personne n’avait réussi avant toi ! Cet album est bien le tien…

Je suis certain d’avoir lu, ici, le meilleur album d’Hergé, celui qui m’accompagne depuis 1963, date de sa parution, car, le relisant tous les ans, au moins une fois, je peux affirmer qu’il est un compagnon parfait des bons et mauvais jours… Ce serait, probablement, l’album de bédé que je prendrais avec moi pour partir sur une île déserte, mais je ne suis pas pressé car j’aime bien ma bibliothèque avec ses milliers d’albums qui me font rêver entre mes lectures des Bijoux… Alors, comme l’été c’est fait pour lire, vous pourriez lire ou relire « Les bijoux de la Castafiore », en français, danois ou patois bressan… A vous de choisir la langue mais bonne lecture !

Shelton
avatar 03/09/2018 @ 10:03:16
Lundi 3 septembre 2018

L’été c’est fait pour lire mais il prend fin, petit à petit… On ne va pas arrêter de lire pour autant d’autant plus que nous allons de voir relire tous les albums des aventures de Tintin avant le 15 septembre et l’exposition de la salle Marcel Sembat de Chalon-sur-Saône… Alors, penchons-nous un instant sur Hergé…

On peut penser ce que l’on veut de Hergé, l’homme qui a vécu au vingtième siècle en Belgique. Certains d’entre vous le trouvent trop à droite, d’autres rétrograde, certains trop chrétien, d’autres le soupçonnent d’homosexualité, de misogynie… Il en est pour ne pas vouloir s’en occuper car ce qu’il a fait ne touche qu’à l’amusement pour la jeunesse…

Ma jeunesse a été marquée par les aventures de Tintin, c’est indiscutable, mais Hergé ne m’intéresse que comme auteur, c’est à dire comme celui qui a fait progresser le récit bédé de façon spectaculaire en deux décennies… de 1929 à 1949.

Sans donc vouloir fermer les yeux sur ses choix et amitiés politiques, certains biographes se sont attardés sur ces aspects de la vie de Georges Rémi, je voudrais que l’on puisse lire cet ouvrage exceptionnel qui a été réalisé à l’occasion de la grande exposition du Centre Pompidou pour le centenaire de sa naissance (1907). C’est une mine de documents, plus de neuf cents dessins, des extraits de lettres, d’interviews… que du Hergé, sans commentaires, pour que chacun puisse se faire une idée de cette œuvre, de sa complexité, de son côté innovateur.

A travers les dessins et les textes, on traverse la période de genèse avec des personnages que l’on a très vite oublié. Mais dès le départ, il est évident que Hergé a compris comment on pouvait donner du mouvement et de la dynamique à une simple vignette. L’exemple de la bande où l’on voit un homme gonfler son pneu de bicyclette jusqu’à l’éclatement en est l’illustration parfaite. En quatre dessins, tout est dit, nos oreilles ont tout entendu… c’est d’une grande force !

Par la suite, nous aurons tous les albums des aventures de Tintin, les ouvrages qui resteront dans l’histoire de la bande dessinée. Chacun d’entre nous pourra choisir celui qu’il aime le plus, celui qu’il relira dans la foulée, celui qui l’a marqué le plus…

Certains albums très datés et très marqués par la période, les idées de Hergé (ou celles de son temps), comme Tintin au Congo sont présents, mais comme dans l’exposition, on comprend bien que c’est à partir du Lotus Bleu que le génie de Hergé se met en place pour le plus grand bonheur de ses lecteurs…

Comme vous le savez, j’ai un vrai faible pour les Bijoux de la Castafiore, album de la maturité, de la plénitude, du plaisir total, de la narration efficace à l’extrême… Celui aussi où Haddock réagit contre l’ostracisme dont sont victimes les gens du voyage… Comme quoi le personnage de Hergé doit être plus complexe que ne le disent certains…

Ce catalogue d’exposition devrait être chez tous les tintinologues, tintinophiles, tintinolâtres, et, plus généralement chez tous ceux qui ont gardé un bon souvenir de ces albums que nous avons lus dans notre enfance… Ah, j’oubliais que c’est indispensable de l’offrir à tous ces jeunes qui ont découvert Tintin en dessins animés mais qui aiment, à leur façon, le même héros que nous…

Quant aux autres, oubliez tout cela, nous nous retrouverons autour d’autres bédés mais vous ne me priverez pas de mes rêves d’enfance… Ah, ça non !!!

Shelton
avatar 04/09/2018 @ 08:02:20
Mardi 4 septembre 2018

L’été c’est fait pour lire et chaque été, on fête les étoiles du ciel, on prend le temps de lever la tête, on contemple cet astre satellite de la terre, la lune… Au mois de juillet, on peut même célébrer l’anniversaire des premiers pas de l’homme sur cette fameuse Lune… J’ai même entendu que l’on avait donné le nom de professeur Tournesol à une place d’une grande ville du Sud-ouest, Bordeaux si j’ai bien retenu… Rien à voir me direz-vous ? Non, au contraire, tout à voir et montre la notoriété de ces aventures de Tintin en bandes dessinées…Alors, puisque nous allons avoir la chance en septembre,à Chalon-sur-Saône, d’avoir une exposition autour de Hergé et de Tintin, continuons notre exploration de l’œuvre de Hergé par ce magnifique album, Objectif Lune !

Parler de cet album Objectif Lune, c’est rendre hommage au professeur Tournesol, un des plus grands savants de notre époque. Il fut brillant, inventif, curieux de tout, à l’origine des lasers, de la télévision, des sous-marins, des réacteurs nucléaires… et j’en oublie obligatoirement tant on ne peut lister toutes ses inventions… Alors, Objectif Lune, c’est sa consécration comme astrophysicien, c’est une partie importante de sa biographie, c’est le moment où Hergé décide de nous le révéler dans sa grandeur, dans sa réalité…

Le professeur Tournesol entre dans l’œuvre de Hergé au début du Trésor de Rackham le Rouge, de façon modeste, comme un professeur illuminé et sans grande importance. Pensez donc, sa grande invention serait le lit qui se replie dans la journée pour permettre aux habitants des appartements restreints d’avoir un peu plus de place pour vivre… Mais, par la suite, il prend de l’importance. Dans le duo Les 7 boules de cristal et Le temple du soleil, il est indiscutablement le héros, le centre… Même Haddock a pour lui des mots sympathiques et tendres… Mais, il faut savoir attendre pour mesurer la grandeur d’un homme. Dans Objectif Lune, nous allons le retrouver au centre de recherches atomiques de Sbrodj, en Syldavie. Oui, il est si connu et célèbre qu’une nation étrangère lui offre un poste de chercheur, non, encore mieux, un titre de directeur de la section astronautique ! C’est ainsi que, secondé par l’ingénieur Frank Wolff, il prépare une fusée pour aller sur la lune… Mais Tintin et Haddock ignorent encore tout cela quand ils rentrent dans ce bon château de Moulinsart.
Car tout commence par un retour au château de Haddock. Tintin, Milou et le capitaine semblent revenir d’un long voyage, au moins un mois d’absence car ils vont apprendre de Nestor que le professeur Tournesol est parti depuis déjà trois semaines… Mais on ne sait pas où il est… Heureusement, un télégramme arrive de Syldavie pour donner des indications précieuses : « Venez me rejoindre »… Et nous revoilà partis dans une grande aventure !

En haut de la page 2, on peut remarquer que Milou est entrain de tester les escaliers du château. En fait Hergé expérimente les possibilités de cet escalier et il y reviendra par la suite, dans une autre aventure dont nous parlerons par ailleurs. Sur cette même page, dans l’avion de la compagnie syldave, un sinistre personnage fait son apparition, il semble prêter attention aux paroles de Haddock, surtout quand il prononce le nom de Tournesol. On commence à se douter que ce voyage ne sera pas de tout repos… Mais cet homme restera dans l’ombre, on n’en saura pas trop sur lui et Hergé restera plus prudent que dans L’étoile mystérieuse en s’abstenant de lui donner un nom, une appartenance ethnique ou religieuse… Mais nous sommes en 1953 et l’auteur a tiré les leçons du passé, au moins dans les formes…

C’est au moment où nous réalisons que cette histoire tourne à l’espionnage, qu’elle présente de nombreux dangers potentiels, tant pour Tournesol que pour nos amis cherchant à le rejoindre, que Hergé va s’offrir une petite série de gags avec notre cher capitaine… Notre marin est un grand amateur de whisky et on veut lui mettre de l’eau minérale dans son alcool, lors du voyage – quel scandale ! – et à l’aéroport de Klow, un douanier, après avoir découvert la réserve de whisky de Haddock, lui demande une petite amende de 875 khors de droits de douane… On croit que Hergé s’égare mais en fait dans cette histoire on va pouvoir constater qu’un grand nombre de frasques de Haddock sont créées pour alléger l’histoire. Tournesol sera le savant, Tintin le sauveur et Haddock le clown… Un peu simplificateur mais très proche de ce que le lecteur va découvrir de page en page… Pour ce qui est de Haddock, c’est facile à vérifier…page 4, il se retrouve avec sa casquette complètement enfoncée, page 5, Haddock subit un lavage de tête à l’eau minérale, page 7, il s’assomme en sortant de la voiture, page 8, re-choc avec Tournesol qui l’embrasse en gardant son casque, page 11, il prend feu en voulant fumer avec l’appareil auditif de Tournesol, page 13, il tombe à la renverse en visitant la centrale nucléaire, page 16, le voilà repeint en rouge pour l’hiver, page 26, le gag de la chaise devrait plaire à tous les lecteurs ayant gardé une âme d’enfant… On pourrait continuer la liste jusqu’à la fin de l’album, mais je préfère vous laisser effectuer une lecture spéciale en regardant toutes les anecdotes avec le capitaine Haddock dans cet album… A vous de jouer ! Mais, en fin d’album, lorsque la tension est la plus forte, Haddock ne sera plus là pour faire rire et on oubliera facilement son encyclopédie en trois volumes…

Mais le comique ne viendra pas seulement de Haddock. D’ailleurs le capitaine n’est là que la première étape du rire, il fait rire mais en laissant le lecteur dans l’histoire. Le « comique impasse », celui qui égare le lecteur, est incarné par le duo, classique mais irremplaçable, des Dupondt… Dès leur arrivée, en confondant tenue grecque avec tenue syldave, ils donnent le ton général de leurs interventions et il faut bien comprendre que ce décalage total finira dans la tragédie car s’ils… mais c’est encore trop tôt pour en parler…

Mais n’est-il pas temps de parler de ces Dupondt… Quand j’étais petit, je croyais que c’étaient des jumeaux, mais je me trompais. Dupond et Dupont, deux orthographes de nom, deux personnes distinctes, deux origines différentes… Hergé a probablement pensé et pris modèle sur deux jumeaux de sa famille, mais il veut aussi montrer que pour lui mes policiers sont uniformisés par leurs tenues, leurs formations, leurs missions… Ils les montrent d’une bêtise incroyable depuis leur première apparition et ce n’est pas dans cet album qu’ils retrouveront un peu de crédibilité… Mais puisqu’ils sont différents comment fait-on pour distinguer Dupond et Dupont ? En fait, ce n’est pas très compliqué : Dupond, d comme droite, a une moustache qui tombe de façon droite… Dupont, t comme tordue, a une moustache qui se rebelle en tombant… Et voilà, maintenant, vous saurez comment les distinguer ce qui ne vous apportera rien au niveau de l’histoire, mais vous pourrez faire chercher les autres…

Mais dans Objectif Lune, on va assister à une super séquence Dupondt… Durant 39 vignettes, sur trois pages, Hergé s’amuse avec ces deux imbéciles heureux. Rien de nouveau pour le lecteur, pas d’avancée dans l’histoire, juste une présentation de la bêtise incarnée avec les Dupondt qui finissent par arrêter un squelette ! Mais page 25, quand la séquence est enfin terminée, Hergé nous montre que le drame, lui, est bien en train de se mettre en place, c’est sobre mais efficace, moquerie et récit fondamental se suivant de très près… « OK ! Leur fusée est à nous !… »

Car, Objectif lune, est bien avant tout, une histoire forte. Tournesol veut envoyer une fusée sur la Lune pour permettre à l’homme de fouler le sol du satellite naturel de la Terre pour la première fois. Cet album est celui de la préparation, le suivant, On a marché sur la lune, sera celui de la réalisation comme nous avions eu chez Jules Verne De la terre à la lune et Autour de la lune… Mais, si on peut parler de science fiction, on peut aussi dire qu’il s’agit de politique fiction car Hergé se lance dans la conquête de l’espace juste avant que les Etats-Unis et l’URSS se fassent une guerre terrible pour cette aventure dans l’espace… Mais voilà, les Syldaves aidés par Tournesol seront les plus rapides…

Dans Objectif Lune, nous aurons donc une aventure scientifique, un emballage plein d’humour – de tout cela nous avons déjà parlé – mais il y aura aussi la partie d’espionnage. Et pour cela, il faut une avancée scientifique – ce sera la fusée nucléaire de Tournesol – une nation étrangère désireuse de venir voler un secret – la Bordurie – et un traître – mais je ne vais pas vous donner son nom tout de suite car je pense que si l’un d’entre vous lisait cet album pour la première fois, le suspens demeurerait jusqu’au deuxième épisode de cette histoire – et nous voilà partis dans cette grande aventure…

Mais un des personnages essentiels de cette histoire est un objet qui va faire très rapidement le tour de la terre, au sens propre comme au sens figuré, que l’on peut acheter, malheureusement à prix d’or, en petit format ou en très grand… Il s’agit de cette fameuse fusée rouge et blanche, que l’on découvrira d’abord en petit format avec le prototype X-FLR 6 puis en version définitive à la page 42, le jour où Tournesol veut prouver à Haddock qu’il n’est pas un zouave… Mais voilà, ce jour là, un drame va se produire et personne ne l’avait envisagé : Tournesol, en faisant visiter la fusée, tombe, se cogne la tête et perd la mémoire… Le mammouth – le nom sous lequel les espions le désignent – ne peut plus continuer son travail de préparation au voyage lunaire… Le projet va-t-il capoter à cause d’une anodine chute ? Non ! Le capitaine Haddock va finir par aider Tournesol à revenir dans la réalité et pourtant le capitaine n’est pas celui qui souhaite le plus aller sur la lune puisque au moment d’embarquer il dit à Baxter, le directeur de la base : « Ecoutez, Monsieur Baxter, si vous y tenez vraiment, si je puis vous céder ma place… »… Mais, rassurez-vous, les passagers pour la lune vont bien embarquer, Tournesol, Tintin, Milou, Haddock et Wolff… Et voilà notre fusée qui décolle…

Mais avant de lire la suite des aventures dans l’espace de nos héros préférés, prenons encore quelques minutes pour découvrir les petites séquences consacrées à Milou, avec un chat, page2, avec une porte, page 7, avec sa tenue spéciale, page 12, 14 et 16, avec des ours, page 20 et 21, avec Wolff, page 27, avec la pipe de Haddock, page 31, avec une souris, page 38, lors de son essayage de scaphandre lunaire, page 51 et, enfin, lors du décollage de la fusée…
Comme nous l’avons déjà vu ensemble, il arrive parfois qu’Hergé nous fasse quelques clins d’œil, en particulier en dessinant des proches, des membres de son équipe des studios Hergé, c’est le cas dans cet album… A vous de chercher, par exemple, ce cher Edgar P Jacob, l’auteur des aventures de Blake et Mortimer, mais aussi un grand collaborateur d’Hergé, en particulier pour la mise en couleur de certains albums dans les années de guerre…

Il ne nous restera plus qu’à lire prochainement – et l’été c’est fait pour lire – la suite de cette histoire tout à la gloire scientifique du professeur Tournesol dans On a marché sur la lune…

Shelton
avatar 05/09/2018 @ 07:26:26
Mercredi 5 septembre 2018

L’été c’est fait pour lire et je voudrais encore aujourd’hui vous pousser à lire une bande dessinée mais pas du Hergé sur lequel nous reviendrons, bien sûr, très vite. Je sais que certains – ils ont même eu le courage de me le dire – ne comprennent pas ma passion pour cet art narratif qu’ils considèrent comme mineur. Je ne peux pas d’ailleurs les empêcher de le penser et je ne vais même pas argumenter de longues heures pour les faire changer d’avis. Par contre, si le jugement porté est fondé sur leurs souvenirs de jeunesse, alors, là, sérieusement, je peux leur dire lisez donc cette bande dessinée « La clôture » de Fabcaro (2007) et on en reparle !

Quand un auteur est à la recherche d’idées pour écrire un scénario de bande dessinée et quand il a aussi à réparer une clôture… tout peut arriver ! Je veux dire à l’auteur, à sa femme, à la clôture et à ceux qui croiseront le chemin de cet auteur en mal d’inspiration…

Souvent Fabcaro, auteur de bande dessinée qui habite pas trop loin de Montpellier, se met en scène dans ses bandes dessinées, mais pas de façon réaliste, plutôt avec un côté surréaliste, absurde et comique. Du coup, le résultat est détonant, fortement humaniste et contemporain. C’est ce qui fait le charme de ses bandes dessinées qui depuis quelques années plaisent à public de plus en plus fidèle, surtout depuis son chef d’œuvre « Zaï Zaï Zaï Zaï », bande dessinée qui est sortie après celle que je vous présente aujourd’hui (2015)…

Pourtant, « La clôture » mérite autant d’attention que « Zaï Zaï Zaï Zaï ». Très vite le lecteur est bousculé et il n’arrive plus à percevoir ce qui est la réalité, le rêve, le fantasme, la pensée de l’auteur… Bref, il nage en plein délire et il commence à exploser de rire – ce qui est dangereux en soi et je ne vous conseille pas d’essayer – en s’attachant aux personnages, y compris ceux qu’il ne reverra plus et tout cela sans trouver trace du vrai scénario que Fabcaro trouvera ou pas avant la fin de l’album…

Cet album est d’une force incroyable, d’un humour décapant et d’une singularité spécifique et unique. Franchement, je pense que nous avons là un auteur exceptionnel qui doit continuer son chemin car on prend trop de plaisir à cheminer à ses côtés… même s’il a finalement oublié de réparer la clôture…

La quatrième de couverture donne le ton définitivement mais souvent quand nous lisons ces textes plus ou moins construits pour faire envie on n’y croit pas trop. Là, il fallait y croire car c’est exactement le contenu de la bédé : « Cet album a failli être une poignante histoire d’amour entre deux cœurs errants, une chronique familiale pleine de tendresse, un pamphlet social sur la fulgurante ascension professionnelle d’un laissé-pour-compte, l’œuvre fondatrice d’un auteur de bande dessinée au sommet de son inspiration. Oui, mais voilà : il y a la clôture à réparer et les courses à faire ».

Quelques années plus tard, il partira faire les courses mais sa carte de fidélité ce qui provoquera le plus hilarant des livres… Donc, voilà, si vous êtes un peu déjantés, si vous n’avez jamais eu peur de l’absurde de Samuel Becket, si vous êtes prêts à partir à l’aventure, si vous souhaitez comprendre les doutes et les angoisses de l’auteur en phase de création, si vous aimez la bande dessinée même quand elle est en noir et blanc, si vous êtes en forme pour aborder le délire livresque et l’humour dessiné, si vous en avez mare de me lire et que vous préférez prendre un livre en main, si vous avez un peu de temps, si vous n’avez pas peur de tomber en addiction de Fabcaro… alors isolez-vous avec « La clôture » et puisque l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 06/09/2018 @ 06:58:23
Jeudi 6 septembre 2018

L’été c’est fait pour lire mais reconnaissons que cette période estivale est propice à des lectures légères, faciles, agréables et plaisantes… Tout cela est bien vrai mais, pour une fois, je veux allier directement le plaisir, la lecture et le sérieux tout en restant léger… Enfin, pas si léger en fait ! Il faut dire que l’on va parler de repas, de table, de menus et tout cela avec les repas officiels !

En effet, Jean-Victor Roux, ancien étudiant de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, aujourd’hui enseignant et chercheur, est devenu rapidement un expert reconnu dans l’étude des mœurs, des us et coutumes des gens de pouvoir… Tout un programme ! Dans son ouvrage de 2017, « La table, une affaire d’état », il explique et démontre que manger peut devenir un acte politique, un acte de révolte voire de révolution, un acte diplomatique et même une combinaison plus large englobant tout et ponctuant cela par l’amour comme Louis XV savait si bien le faire quand il descendait aux cuisines concocter un petit plat pour sa favorite du moment…

Comme Jean-Victor Roux s’est limité à la cuisine, à la gastronomie, à l’histoire et à la politique françaises, certains actes de table, si on peut se permettre l’expression, ne sont pas cités. Mais, d’une certaine façon, il faut se souvenir de la Cène – un repas qui fonde finalement une grande tradition religieuse – et de certains banquets bibliques, des banquets grecs et des dialogues philosophiques qui les accompagnaient, enfin des empereurs romains et de leurs fameuses orgies même s’il est parfois difficile d’en connaitre la réalité totale !

Ici, la part belle est faite d’abord au roi, enfin aux différents rois qui ont porté la table française au zénith c'est-à-dire principalement Louis XIV et Louis XV. Même si on parle bien de la « brioche » de Marie-Antoinette, il semble bien que Louis XVI n’ait pas été un grand amateur de la cuisine française, ce n’est pas sa grande passion, pas comme l’horlogerie…

Après, on parle de ces repas où l’on discute, argumente, critique… Il semblerait que certaines révolutions soient nées à table… Et, là, malheureusement, reconnaissons-le, le contenu des assiettes prenaient beaucoup moins d’importance…

Arrive alors la tradition du banquet républicain ! Il faut dire que jadis, cette grande cuisine française n’était pas accessible à tous. Seule la grande noblesse pouvait se vanter de participer à ces grands repas et bien souvent les petits nobles perdus en France ne mangeaient que guère plus et pas mieux que les populations qui les entouraient… Avec le banquet républicain, il y a comme une démocratisation de cette gastronomie et les premiers menus sont tout simplement gargantuesques ! Mais, ne nous trompons pas, cela ne signifie pas que l’on passait sa journée à table, enfin, pas la journée toute entière, enfin de nombreuses heures quand même…

Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’organiser quelques repas pour accueillir en France, que dis-je, à Paris, des délégations étrangères. La consigne était claire : le repas doit mettre à l’honneur certains aspects de la gastronomie française. Le budget était en conséquence et à chaque fois ce fut une véritable promotion de cette fameuse cuisine française… que tous nos invités n’appréciaient pas de la même façon, reconnaissons-le !

Ce livre de taille modeste et mais au contenu savoureux, se déguste avec bonheur et plaisir. Parfois, on apprend, dans d’autres périodes on se souvient… En effet, quand on parle de Giscard qui s’invite chez les français, j’avoue avoir vécu – par médias interposés – cela et m’en souvenir…

Alors, pour ceux qui légitimement regretteront que tout cela ne concerne que les grands de ce monde, qui se lassent d’entendre parler de Chirac et de la tête de veau, qui voudraient que l’on aborde plus l’alimentation en général, j’ai en réserve pour vous un remarquable ouvrage, « L’histoire de l’alimentation » de Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari aux éditions Fayard. Et là, on trouve tout ce qui n’est pas abordé chez Jean-Victor Roux…

Bon, je ne sais pas ce que vous faites mais j’ai une odeur qui arrive directement de mon four et il va être temps de me mettre à table… mais sans invité politique, je le concède ! Quant à vous, je vous souhaite une bonne lecture et vous dis à demain !

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