Shelton
avatar 15/06/2018 @ 09:49:49
Oui, la chronique va très vite revenir... et comme chaque année à pareille période, je suis en pleine lecture pour la préparer car "L'été c'est fait pour lire", c'est un livre par jour durant tout l'été à partir du 21 juin - eh, mais c'est bientôt ! - à la radio et sur Internet !

Je souhaite comme chaque année depuis déjà longtemps, être très varié et ce n'est pas toujours si simple car on a l'habitude de lire que ce que l'on aime... Ce qui est certain c'est que tous les jours je jongle d'un classique à un polar, d'un livre jeunesse à une bande dessinée ou d'un livre de cuisine à une biographie historique...

J'espère que le résultat sera à la hauteur de mes attentes - oui j'en ai quelques-unes car je lis les ouvrages avant pour mon plaisir quand même - et qu'il provoquera chez les les lecteurs ou auditeurs quelques envies de lecture car c'est bien là l'objectif !

Saint Jean-Baptiste 15/06/2018 @ 10:38:23
C’est bien sympathique cette chronique qui nous revient avec l’été.
Je me réjouis déjà de cette lecture quotidienne, merci et bonne chance Shelton.

Shelton
avatar 21/06/2018 @ 06:09:36
Jeudi 21 juin 2018

L’été c’est fait pour lire et voici maintenant presque trente ans que j’ai lancé ce cri pour commencer mes chroniques consacrées aux livres chaque été… Trente ans de radio, c’est quand même long, trente ans à promouvoir le livre sous toutes ses formes, trente ans à vouloir pousser chacun d’entre nous à découvrir ou redécouvrir le plaisir de la lecture…

Chez moi, ce plaisir est arrivé tardivement car j’ai commencé par une dyslexie profonde qui m’a tenu à l’écart de l’écrit… heureusement, il a fallu une orthophoniste, une enseignante et une bonne fracture du bras pour trouver le chemin du livre, de l’écrit, du bonheur livresque… J’étais en quatrième, le bras entièrement dans le plâtre – enfin, articulation du coude et de l’épaule noyées dans le plâtre – et je fus donc obligé de stopper les sports physiques avec ballon… C’est un roman d’Agatha Christie, Un meurtre sera commis le…, avec une certaine Miss Marple comme héroïne, qui échoua dans mes mains et qui me libéra de mes appréhensions de la lecture. Mieux, je découvrais rapidement toute la force de la lecture, le bonheur que cela pouvait apporter et très vite je devins un lecteur boulimique…

A cette époque je ne lisais pas que l’été car en moyenne je me suis mis à lire un livre par jour et, je l’avoue, je lisais durant certains cours… En trois ans je découvrais Agatha Christie, Balzac, Edgar Poe, Zola, Pierre Corneille, Thomas Corneille, Robert Brasillach, Rabelais, Pierre Benoît, Somerset Maugham, Charles Exbrayat mais aussi des lectures jeunesse, la bande dessinée, la poésie…

Lorsque quelques années plus tard on me proposa de faire de la radio – l’ouverture des ondes avait permis de concevoir des radios locales de qualité – j’ai immédiatement lancé – avec un ami beaucoup plus âgé que moi – la Chronique des livres dont le but était de tenter de transmettre cette passion de la lecture et des livres… Très vite je rencontrais des auteurs, j’interviewais et analysais, écrivais et enregistrais… Mon premier invité fut Ivan Cloulas, aujourd’hui disparu, avec qui je parlais de Laurent le Magnifique durant une trentaine de minutes… C’était au Livre sur la place de Nancy en 1990…

Chaque été je relève le pari un peu fou de présenter un ouvrage tous les jours. Pari car quand je commence, les livres ne sont pas encore tous lus ou relus, les chroniques ne sont pas encore écrites et enregistrées… Il y a comme une pression qui s’installe sur mes épaules – mais aussi sur celles de mon épouse qui relit toutes mes chroniques, vérifie l’orthographe et la cohérence du propos – et tant que la dernière n’est pas écrite et « dans la boîte » je ne suis pas certain de faire l’été entier !

Dans cette chronique estivale, c’est aussi un choix important, je mélange volontiers tous les genres littéraires, de la bédé au roman, du polar à l’essai, de la poésie à l’album enfant, du livre de cuisine à la biographie, du beau livre au livre léger dit de gare… Oui, on trouve tout cela car comme l’été c’est fait pour lire, tout est bon pour vous donner envie de lire !

Bien sûr, il n’y a pas que des nouveautés, que des classiques ou des formats poche car lire c’est avant tout une rencontre entre vous – le lecteur – et le texte – le livre – ce qui peut arriver partout, avec tous les livres et à n’importe quel moment de votre vie ! Alors pourquoi l’été me direz-vous ? Tout simplement parce qu’il s’avère que nous avons plus de temps libre, un moral plus ensoleillé qui se prête mieux à la découverte de textes, parce que les vacances nous donnent du temps, parce que l’on peut lire à la plage, dans le train, dans une chaise longue dans le jardin, sur notre terrasse, au jardin public… et, surtout, parce que l’été c’est fait pour lire. Point à la ligne ! Non, mais…

Alors, dès demain, je vous donne rendez-vous pour une première idée de lecture et surtout pour un point de passage quotidien qui durera une saison entière, du moins si je tiens le pari, bien sûr !

Bonne lecture estivale et à demain !

Donatien
avatar 21/06/2018 @ 08:27:05
Merci d'avance Shelton.

Falgo 21/06/2018 @ 09:23:37
Shelton Grand merci et bon courage.

Shelton
avatar 22/06/2018 @ 04:34:19
Vendredi 22 juin 2018

L’été c’est fait pour lire et comme vous le savez je ne dédaigne pas trouver ici ou là des ouvrages qui apportent des informations et qui par leur légèreté sont quand même des livres de vacances, d’été, de repos… C’est pour cela que j’ai choisi de commencer cette longue série de propositions de lectures par un ouvrage d’histoire, académique dirai-je même, mais qui traite des cafés et des restaurants sur les boulevards parisiens entre 1814 et 1914…

L’auteur de cet ouvrage, La vie parisienne, n’est pas un auteur qu’il faudrait admirer sans réserve car si la deuxième partie de sa vie a été entièrement consacrée à la gastronomie française, s’il a tenu une magnifique rubrique dans le journal Le Monde, nous rappellerons quand même qu’il fut un auteur et journaliste violemment antisémite et anti-franc-maçonnerie durant la première guerre mondiale. Cela lui valût en son temps cinq ans d’emprisonnement… Après la guerre, de façon assez surprenante, il fut recruté par Le Monde d’Hubert Beuve-Méry… Il signe alors sa chronique du nom de La Reynière.

Ce critique est si suivi et réputé qu’un journaliste du Nouvel Observateur écrit à l’occasion de la fête de ses soixante-dix ans : « Quand il éternue sur une mauvaise sauce, la cuisine française s’enrhume ! ».

Si on fait abstraction de son passé sulfureux durant l’Occupation de la France par les nazis, force est de constater qu’il écrit remarquablement bien et qu’il connait très bien la France de la gastronomie. Ici, il nous raconte Paris et ses boulevards à travers les cafés, bistrots, troquets et restaurants qui s’y trouvent avec une multitude d’anecdotes succulentes… Chaque page est presque une page d’anthologie à chaque fois et pourrait faire l’objet d’une dictée avec des adultes curieux et gourmands…

« Après Larue, c’est au Ritz que Proust dînait ou soupait avec ses amis, surtout envoyait prendre son mince ravitaillement. En huit années, Céleste l’a vu picorer une fois des rougets, deux fois des éperlans, deux fois des œufs et quelques fois de la salade russe et des frites. Mais pour ses invités, il commandait généralement du poulet… »

Oui, avec Robert Courtine, on ne se contente pas de voyager dans la ville de Paris, de boire des cafés ici ou là mais on croise les grands écrivains, les hommes politiques, les femmes de la ville qui comptent… C’est quand même très précis car on parle cuisine et on voit naître des plats comme la sole normande au Cadran Bleu, boulevard du Temple…

Je comprends bien que certains seront frustrés par un tel ouvrage car il faudrait le compléter par des dégustations bien réelles ou un guide de cuisine pour aller travailler immédiatement à la confection de plats remarquables, histoire de manger comme les frères Goncourt, les frères Tharaud, Alphonse Daudet, Balzac, Zola, Poincaré et tous les autres que l’on croise dans cet ouvrage…

L’auteur a d’ailleurs anticipé votre demande puisqu’il a écrit un recueil de 1200 recettes, Le guide de la cuisine des terroirs, en cinq volumes. Donc, en sa compagnie, on peut voyager dans l’univers de la gastronomie, avec histoire, réalisation et dégustation… N’est-ce pas l’idéal pour cette période estivale ?

Le seul petit bémol, il est quand même de taille, c’est que presque tous les ouvrages de Robert Courtine sont épuisés et qu’il faut se les procurer d’occasion. Il faut donc chercher, chiner, dépoussiérer, être patient… Mais en été, on a aussi un peu plus de temps…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, je vous souhaite bonne lecture et je vous dis à demain !

Shelton
avatar 23/06/2018 @ 06:01:37
Samedi 23 juin 2018

L’été c’est fait pour lire et j’aime prendre le temps de découvrir durant cette période estivale des ouvrages que je n’ai pas pris le temps de découvrir durant l’année. Il faut dire que nous sommes toujours entrain de courir et de nous agiter même si ce n’est pas très efficace… Alors, l’été, on se pose et on se donne un peu d’espace de liberté, on oublie la montre et on part à l’aventure livresque, par exemple avec une bonne bande dessinée comme cela va être le cas aujourd’hui. En effet, j’ai lu avec beaucoup de plaisir l’album « Lincoln » de Duval, Meli et Ameur aux éditions Glénat.

Il faut bien avouer que pour nous, les Européens, ce président américain n’est connu que par son nom et, éventuellement, pour certains, par sa mort. En effet, le 14 avril 1865, Abraham Lincoln, président en exercice des Etats-Unis, est assassiné au théâtre Ford à Washington par John Wilkes Booth. Ce dernier était un acteur, probablement perturbé et endoctriné par les sudistes. Il appartenait à une conspiration dont on ne sait pas grand-chose puisque l’assassin est abattu deux semaines plus tard par des soldats de l’Union, que les autres conspirateurs ont été arrêtés et exécutés très vite… Le premier président américain assassiné provoquait à sa façon les premières rumeurs de conspiration…

Ce qui est certain c’est que, la veille de sa mort, Abraham Lincoln annonçait son intention de vouloir donner le droit de vote aux esclaves qu’il venait d’affranchir… Inacceptable pour les sudistes… Car, c’est le moment de dire que ce président américain est bien celui de la Guerre de Sécession !

Cette guerre qui a commencé en 1861 et prend fin en 1865, va opposer les nordistes et sudistes, les tenants de l’esclavagisme et les autres même quand ils ne sont pas convaincus à 100 % de l’utilité de libérer les esclaves. Abraham Lincoln a dit que s’il avait pu maintenir l’unité des Etats-Unis dans abolir l’esclavage, il l’aurait fait…

La bande dessinée scénarisée par Fred Duval sous l’autorité scientifique et historique de Farid Ameur va raconter la vie de Lincoln en suivant le président américain se déplaçant pour Gettysburg où il s’apprête à prononcer un discours clef (19 novembre 1863). A cette occasion, dans son train spécial, il évoque les plus grands évènements de sa vie avec ses proches…

Cette narration avec retours en arrière maitrisés et courts permet une lecture qui n’a rien à voir avec une biographie classique. Le fait que ce soit en bande dessinée devrait convaincre les plus réticents à se lancer dans l’histoire des Etats-Unis, une histoire ici accessible à tous grâce au dessin narratif et efficace de Roberto « Dakar » Meli, le dessinateur qui avait déjà œuvré dans cette collection « Ils ont fait l’histoire », avec un très bon « Robespierre ».

Voici donc une très bonne bande dessinée, bien construite, pour entrer dans une histoire que nous ne connaissons presque pas et qui est traitée autrement que dans les bédés de la Guerre de Sécession/Western qui sont bien sympathiques mais pas toujours très historiques et pédagogiques. Ici, on apprend sans s’en rendre compte et c’est un véritable plaisir !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, pourquoi ne pas aller voir du côté de cette très belle collection de bandes dessinées historiques dont la particularité est d’être accompagnée pour chaque personnage d’un dossier historique de qualité garanti par un historien reconnu ?

Shelton
avatar 24/06/2018 @ 08:39:04
Dimanche 24 juin 2018

L’été c’est fait pour lire mais aussi pour recevoir ses amis à table. En hiver, on est fatigué et usé, on manque de soleil et de lumière et quand on arrive chez les amis on est déjà entrain de penser au départ et au moment tant attendu depuis le lever, celui où l’on va pouvoir se glisser au lit, au chaud… L’été c’est très différent, on a le temps, on est impatient de rigoler, partager, échanger… et, donc, de manger ou, pour d’autres, de préparer un bon repas à partager ! Figurez-vous, comme l’été c’est fait pour lire, que l’on peut à la fois lire et préparer le repas, à condition de trouver un ouvrage qui nous tente…

Souvent, l’été, on croit que la seule chose à faire c’est de la viande grillée au barbecue… Erreur, si la viande peut être là, il ne faudrait surtout pas oublier tous les magnifiques légumes de saison qui viennent transcender les goûts et titiller nos palais… En tous cas, je ne vais pas les oublier et je vous invite à lire et agir avant de goûter, « Curry et tajines à partager entre potes » de Valéry Drouet et Pierre-Louis Viel aux éditions Mango.

La première phase de cet ouvrage de qualité est de vous permettre de réaliser vous-mêmes un certain nombre de sauces ou préparations que la facilité nous pousse généralement à acheter dans le commerce. Alors, si pour une fois, votre pâte de curry rouge, votre garam masala, votre chutney de mangue aux graines de moutarde ou vos pickles aux épices venaient directement de votre cuisine ? Oui, cela nécessite de trouver un fournisseur d’épices de qualité mais sans faire de publicité pour les uns et les autres, je crois qu’à Chalon-sur-Saône, nous sommes bien équipés de ce côté-là… Pour le reste, il suffit de suivre le processus de fabrication très bien expliqué dans le livre…

En suite, nous allons avoir tous les conseils pour fabriquer, que dis-je élaborer, les accompagnements de ces magnifiques curry colorés… Par exemple, on va apprendre – et c’est très simple – à faire le raïta de concombre, le dal de yaourt, la purée de haricots rouges ou le pilaf aux épices… J’aime beaucoup le concombre et cette recette mérite le détour… Il faut des petits piments et comme j’en ai dans mon jardin ce sera encore meilleur !

Bien sûr, ici, je ne peux pas vous donner une recette et vous accompagner dans toutes les phases de l’élaboration, mais dans les currys j’en ai retenus quelques-uns qui vont certainement venir prendre place sur ma table cet été. Par exemple, la lotte au curry rouge et tomates cerises car j’aime la lotte et que mon jardin va me fournir les tomates cerises, ou le curry de chou-fleur sauté car nous sommes plusieurs à la maison à aimer le chou-fleur, légume parfois mal aimé qu’il faut redécouvrir et qui est bien meilleur que celui que l’on nous faisait manger à la cantine jadis…

Côté des tajines, j’ai posé mon regard sur celui de poulet aux courgettes et au thym citron car comme certains le savent depuis longtemps je suis fan des courgettes et ce légume peut être cuisinés de tellement de façons différentes que je n’en refuse aucune. Alors, pourquoi pas avec thym et citron ?

Enfin, comment ne pas évoquer ce plat qui me fait saliver depuis que je l’ai découvert – mais pas encore réalisé – le tajine de carottes à l’orange, avec oignon, ail, raisins secs, miel… J’ai le sentiment que ce sera un délice… On verra avec qui je vais partager cela… pas la peine de tous m’envoyer un message !

Voilà donc un bon livre pour cet été, et comme l’été c’est fait pour lire et cuisiner, bonne lecture et à vos fourneaux !

Hiram33

avatar 24/06/2018 @ 14:38:13
Un critique gastronomique qui donne envie de vomir. http://pourcel-chefs-blog.com/blog1/2014/…

Pieronnelle

avatar 24/06/2018 @ 17:06:19
Et bien dis donc ! Autant Shelton nous fait saliver avec ses tajines , autant le lien de Hiram donne effectivement envie de vomir...du lourd !

J'en profite pour remercier Shelton de toutes ses chroniques !

Shelton
avatar 25/06/2018 @ 07:44:56
L’été c’est fait pour lire et c’est souvent l’occasion, enfin pour moi car je ne sais pas pour vous, de replonger dans les grands classiques. Oh, la question fondamentale serait bien sûr de réfléchir à ce qu’est un « classique » mais depuis mes classes préparatoires littéraires j’avoue avoir jeté l’éponge… Chacun a sa définition des classiques, chaque lecteur a son expérience des classiques et, du coup, chacun a sa liste de classiques. Je me base donc sur ma liste, mon expérience, mes lectures… C’est ainsi !

Pour moi, un classique peut prendre plusieurs visages. Il y a ces auteurs et ouvrages que l’on m’a imposés quand j’étais jeune… Certains m’ont séduit comme Corneille, Balzac, Zola, Villon, tandis que d’autres ne m’ont pas accroché du tout comme Victor Hugo ou Maupassant… Par contre, il y a les auteurs que l’on a découverts dans notre adolescence, qui nous ont marqué, que l’on a relus plusieurs fois et qui sont bien devenus nos classiques… Pour moi, je peux citer, par exemple, Poe, Rousseau, Pierre Benoît, Joseph Kessel, Flaubert, Agatha Christie... Remarquez bien que je ne parle jamais de qualité de ces auteurs… Car comment jauger précisément et impartialement la qualité d’un auteur ?

Je me souviens d’un ami enseignant qui disait que la lecture d’un classique provoquait un changement profond du lecteur… Donc, on pourrait dire qu’un classique est un auteur ou une œuvre qui change son lecteur… Excessivement subjectif mais je pense qu’il y a quelque chose de vrai et profond dans cette remarque… Car je dois bien avouer que « mes » classiques m’ont changé… Agatha Christie m’a transformé en lecteur alors que dyslexique j’avais beaucoup de mal à dépasser un paragraphe de trois lignes… Edgar Poe m’a transformé en lecteur inconditionnel de nouvelles… Pierre Corneille m’a fait aimer le théâtre, passion renforcée par la suite avec Labiche, Ionesco, Camus, Sartre… Zola et Balzac m’ont poussé à lire des romans volumineux sans m’en rendre compte et ce n’était pas gagné au départ… Flaubert m’a fasciné et L’éducation sentimentale et devenu un roman culte… Bref, les classiques nous changent !

Mais puis-je vous conseiller « mes » classiques comme s’ils allaient devenir vos classiques ? Là, bien sûr, il n’en est pas question. Nous sommes tous libres en tant que lecteurs. Je vais donc vous proposer cet été des livres que je considère comme des classiques, pour moi, et vous vous les approprierez peut-être. Ils pourront devenir, qui sait, vos classiques, demain, à la fin de l’été ou à l’occasion d’une prochaine lecture…

Je sais déjà que cet été je vous parlerai de Balzac, de Gide, de Dostoïevski, de Françoise Sagan, de Simone de Beauvoir… Pour moi, aucun doute, ce sont bien des classiques… Ce sera à vous de les lire ou pas, de les aimer ou pas, de changer ou pas… Et qu’importe ! Le but n’est pas d’aimer tous les mêmes ouvrages, de considérer les écrivains selon le même classement ou de rejeter de concert certains ouvrages ! Non, mille fois non ! Ce qui est important, c’est de trouver chaussure à son pied, plus exactement des livres correspondant à notre capacité de lecture du moment… Parmi ces ouvrages, qui sait, nous aurons le bonheur de nous fabriquer « nos » classiques, « nos » livres cultes… et c’est ce que je vous souhaite du plus profond du cœur !

Donc, régulièrement, je vous proposerai des ouvrages de ma liste « sacrée » et le prochain un ouvrage d’André Gide. Ce ne sera pas le plus connu ni le plus abouti, mais un de ceux que j’aime et que je viens de relire pour l’occasion… Mais, en attendant, découvrez La symphonie pastorale… Et après, j’attendrai vos commentaires, y compris ceux des lecteurs déçus car j’admets bien volontiers les points de vue divergents…

En attendant, puisque l’été c’est fait pour lire, je vais vous souhaiter bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 26/06/2018 @ 04:12:58
Mardi 26 juin 2018

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi un moment privilégié pour réfléchir ce qui n’est pas un luxe ! En effet, toute l’année nous sommes ballottés par les clichés médiatiques, les discussions de comptoir et les préjugés à la mode… On finit par tout répéter sans trop comprendre, à suivre le troupeau sans prendre conscience des lieux où tout cela nous guide…

Un exemple ? On traite de fascistes tous ceux qui sont d’extrême droite et que l’on voudrait voir disparaître, enfin politiquement parlant. Or qui pourrait dire ce qu’est réellement le fascisme ? D’ailleurs est-ce une spécificité de la droite extrême ? C’est pour répondre à certaines questions de cette nature que je vous invité à redécouvrir – pour certains à découvrir tout simplement – les ouvrages de Pierre Milza, à commencer par son Fascisme français, passé et présent.

Pierre Milza est un historien français né en 1932 et décédé en 2018, le 28 février pour être précis. Sa vie entière il a écrit sur l’Italie, en particulier sur le fascisme dont il est devenu l’un des historiens les plus solides. En particulier, il a toujours montré les différences et spécificités entre nazisme et fascisme, sans pour autant transformer le fascisme en régime bienveillant…

Il est donc intéressant – pour ne pas dire plus – de découvrir ce que pense cet expert en fascisme de ce que l’on a eu en France, de ce que l’on connait encore aujourd’hui ! Et, là, attention, avec Pierre Milza, il ne suffit pas de prononcer des mots comme on jette des injures, il faut aller comprendre de quoi on parle…

Alors, on part pour les origines en passant par le refus de l’ordre bourgeois, la volonté de rétablir la monarchie, Boulanger, le nationalisme intégral de Charles Maurras, l’affaire Dreyfus… Bien sûr, l’arrêt sur image sur les années trente est consistant avant d’arriver à l’épisode important de Vichy. Une question fondamentale se pose alors : Vichy fut-il un régime fasciste ?

C’est probablement là le plus gros apport de cet ouvrage avec un regard pertinent sur les différents régimes de Vichy et les acteurs, les mouvements et les titres de presse… Il n’y eut pas qu’un seul Vichy et il y eut bien des velléités fascistes à Vichy… mais Pierre Milza nous explique avec beaucoup d’arguments que Vichy ne fut pas un régime fasciste ce qui n’en fait pas pour autant un bon régime. Il explique d’ailleurs que dans la ville de Nice ce sont des policiers français qui arrêtent des juifs et que ce sont des fascistes italiens qui tentent de les protéger…

Il explique très bien que jamais la France n’a connu un réel mouvement populaire et révolutionnaire pour prendre le pouvoir et installer un régime fasciste. La droite a bien connu quelques mouvements fascisants mais qui ne sont jamais arrivés au pouvoir. Ce que la France a connu est un croisement improbable entre la contre-révolution maurassienne et le national-populisme. Le régime qui est né est une forme de dictature particulière, ni pire ni meilleure que le fascisme, et qui est propre à la France. Dans le domaine de l’antisémitisme, ce fut pire que le fascisme.

Il existe encore dans notre pays des tenants de ce régime et d’autres qui sont restés plus fascistes. C’est en sachant les identifier que nous sauront mieux les combattre et préserver la cohésion et la vitalité de notre nation. A ce titre, je ne peux qu’insister sur la qualité de sont analyse du Front National…

Enfin, je me dois de vous prévenir que ce livre date de 1987 et, pourtant, il n’a pas pris une ride… Diable ! Comme l’été c’est fait pour lire, il ne vous reste plus qu’à trouver cet ouvrage et à le lire… Heureusement, aujourd’hui, grâce à Internet, on peut trouver ce genre d’ouvrage et prolonger ainsi la vie de cet auteur, Pierre Milza…

Shelton
avatar 27/06/2018 @ 05:02:24
Mercredi 27 juin 2018

L’été c’est fait pour lire et, aussi, pour recevoir ses petits-enfants à la maison ! Cela permet aux dits petits chéris de profiter de leurs grands-parents, aux grands-parents de faire comme s’ils rendaient service à leurs enfants alors qu’en fait ils veulent eux-aussi profiter de ces petits enfants, enfin, cela permet de construire une relation dans la durée qui peut aider considérablement au moment de l’adolescence et j’en sais quelque chose puisque j’ai logé chez mon grand-père quand j’étais étudiant… Tout cela pour dire que je ne pouvais pas échapper à l’album pour enfant « Cher Grand-père », album que j’ai bien sûr offert à un de mes petits enfants…

C’est l’histoire d’un Grand-père qui, avant, vendait des montres et des horloges, mais qui, aujourd’hui, prend son temps, tout son temps… Il apprend l’allemand, pique-nique, jardine…

Il écrit aussi des lettres d’amour, va à Paris, mange des parts de tarte avec une amie… mais, surtout, il prend le temps d’être Grand-père même si avec lui le temps passe à toute allure !

Il s’agit donc d’une belle histoire simple que tous les grands-pères aimeront et probablement, aussi, les petits-enfants puisque chaque grand-père prendra le temps, n’en doutons pas, de lire et relire cet ouvrage sans se lasser…

Le dessin est simple mais permet d’accompagner en douceur et avec efficacité la lecture et la narration de façon agréable. Il est le fruit du travail de Catarina Sobral, une jeune artiste portugaise qui a été, pour cet album, lauréate du Prix international d’illustration de la foire du livre de Bologne en 2014 !

Graphiquement, j’adore la classe du Grand-père et les couleurs franches qui offriront aux jeunes enfants une lecture confortable. Cette histoire les attend, elle est faite pour eux et en prenant en compte leurs capacités visuelles…

Enfin, précisons que ce grand-père est idéal ou presque car il cuisine, jardine, se cultive et va à l’école chercher ses petits-enfants… Qui n’en voudrait pas ? Non ?

Il s’agit donc d’un très bon et beau petit album illustré publié chez Hélium que vous allez pouvoir lire sur tous les tons et que les petits-enfants vont apprécier sans aucune hésitation. C’est en tous cas un coup de cœur pour moi qui suis à la fois amateur d’ouvrages illustrés et grand-père ! Par contre, je l’ai offert à celle que je suis déjà allé chercher à la sortie de la crèche, je n’ai pas pris le risque d’entendre : « Pourquoi lui il va chercher sa petite-fille et pas toi ? »…

C’est aussi l’occasion de rappeler que les adultes qui se lamentent sur la perte de la lecture ont tort s’ils n’offrent pas aux enfants la possibilité de lire durant l’été puisque l’été c’est fait pour lire ! Il faut proposer aux jeunes lecteurs du choix, de la qualité, de la variété !!! Sans aucune hésitation, du livre neuf, de l’occasion, du livre de bibliothèque, de la bédé, de l’album illustré, du roman, du conte… Remuons-nous !!! C’est à chacun d’entre nous de devenir sauveur des livres, pas aux autres !!!

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, lisons, faisons lire et partageons nos livres et nos lectures !!!

Shelton
avatar 28/06/2018 @ 06:49:46
jeudi 28 juin 2018

L’été c’est fait pour lire, des bons polars en particulier… Alors, comme je suis un adepte, en quelque sorte, depuis très longtemps, des romans de Jean Failler, en particulier de cette série Mary Lester qui maintenant comporte tout simplement 49 volumes, ce qui n’est pas rien, je pense qu’il est bien temps d’en parler...

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Mary Lester de la police nationale, commissariat de Quimper, bien sûr, disons qu’il s’agit de romans plutôt sympathiques, bien écrits et avec une intrigue policière. La particularité ne réside pas spécifiquement dans la nature des intrigues mais dans les lieux puisqu’avec cette série nous allons d’un coin de la Bretagne à un autre… Dans le premier roman, Les bruines de Lanester, l’officier de police stagiaire Mary Lester était dans le Morbihan, du côté de Lorient pour ceux qui ne savent pas ou se situe Lanester, tandis qu’avec le dernier, Ça ne s’est pas passé comme ça, elle prend ses quartiers dans le Finistère, à Roscoff…

Alors, bien sûr, quand un auteur écrit autant d’histoires policières, il est normal qu’elles ne soient pas toutes du même niveau, qu’il y en ait des plus ou moins bonnes. J’ai toujours reconnu cette situation et j’ai parfois fait la moue après quelques lectures… Par contre, je reconnais que les dernières intrigues étaient indiscutablement meilleures et c’est aussi le cas avec la dernière que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire lors de mon dernier séjour en Bretagne…

Quand une personne se noie dans le port de Roscoff, on peut croire à une noyade accidentelle. Quand il y en a trois de suite en une semaine, il devient plus difficile d’invoquer une série malencontreuse même si c’est bien là la théorie du responsable de la gendarmerie locale…

Mary Lester, impliquée de façon amicale dans cette affaire ne croit pas un seul instant à la coïncidence… Reste à ne pas marcher sur les chemins protégés de la gendarmerie et à ne pas déclencher une nouvelle guerre des polices. Heureusement, Mary Lester est assez diplomate de ce côté-là et elle sera bien aidée par une juge de ses relations à Quimper…

Pour ce qui est de l’intrigue policière à proprement parler, je n’ai pas envie de vous en dire trop. Qui peut bien avoir intérêt à jeter à l’eau – une eau bien froide de Bretagne du Nord – trois personnes ? Une affaire d’argent ? De jalousie ? De grand banditisme ? De politique locale ? Ce qui est certain, c’est que l’enquête sera complexe et se prolongera sur deux volumes de près de 300 pages. C’est passionnant et bien construit, crédible… Le lecteur passe un excellent moment !

Seulement, voilà, il y a un dernier chapitre qui est plus délicat. Non, rassurez-vous, je ne vais pas casser votre lecture en révélant trop… Cette fin d’histoire laisse se dégager une impression plus mitigée, non pas sur le roman ou la série, mais sur ce que l’auteur pense réellement de la justice… On a le sentiment que Jean Failler peine à croire dans la justice de notre République… Une sorte de blues citoyen… On sait que le romancier a eu une mésaventure judiciaire qui pourrait bien expliquer cela, qu’il s’inspire très souvent d’un fait réel et ce pourrait être une seconde explication car la justice parfois ne va pas jusqu’au bout d’un dossier ou que, cette fois-ci, son ras-le-bol de l’injustice déborde sur ses pages de fiction… Allez savoir !

Comme l’été c’est fait pour lire et que cette lecture est parfaitement adaptée à l’été, surtout si vous êtes en Bretagne, c’est l’occasion rêvée pour découvrir cette série Mary Lester ou lire le dernier, Ça ne s’est pas passé comme ça ! Alors, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 29/06/2018 @ 05:41:40
Vendredi 29 juin 2018

L’été c’est fait pour lire mais aussi pour réfléchir. Réfléchir, oui, cela me semble une grande faiblesse d’aujourd’hui. On n’a plus le temps de réfléchir, cela ne sert à rien, ne rapporte pas d’argent et il y a beaucoup mieux à faire… Enfin, c’est ce que je crois entendre bien souvent ici ou là et il faudrait peut-être prendre conscience que cela ne nous mène pas très loin…

Regardez du côté de notre alimentation… Oui, cette année, on a voulu faire le Grenelle de l’alimentation et de l’agriculture. Déjà, on avait oublié que les deux domaines avaient un lien… En fait, dans les années soixante, on avait voulu nous faire croire que tout allait changer. Les foyers s’étaient équipés de réfrigérateurs, de congélateurs et les magasins avaient grandi démesurément et on ne parlait que de super marchés (oui les hyper c’étaient pour plus tard). On a donc vu les prix baisser, les quantités augmenter et la qualité diminuer, souvent même à notre insu car on ne savait pas ce que les agriculteurs allaient devoir faire pour produire plus, toujours plus et moins cher…

Après plusieurs scandales sanitaires et professionnels – je vous passe les détails mais vous devez bien vous souvenir du poulet aux hormones, de la vache folle, de la brebis tremblante, des raviolis de cheval dopé, des pesticides incrustés dans les peaux de fruits et légumes – il semblerait que le citoyen-consommateur ait choisi de revenir – mais le voyage sera très long – à une qualité portée par les commerces de proximité, les agriculteurs des petites et moyennes exploitations et une cuisine réélaborée chez soi et non dans des usines…

Mais comme les mauvaises habitudes ne disparaissent pas d’un seul coup, on a vu à l’occasion de cette grand-messe de l’agriculture que les réticences étaient fortes pour faire machine arrière, que les politiques étaient faibles devant les lobbies et que le citoyen-consommateur continue à hésiter à changer ses comportements…

Vous allez me dire que tout cela nous éloigne des livres, de l’été et de la réflexion… Pas si sûr, chers amis, surtout si vous décidez de lire des ouvrages qui nous rappellent comment vivaient nos ancêtres dans une France essentiellement rurale… Ce qui est certain, c’est que ces ouvrages pourraient nous pousser à modifier nos comportements ce qui serait bénéfique pour notre santé, notre agriculture, l’avenir de la planète et même les relations sociales dans nos vies, de la famille au travail, de l’habitat au temps libre…

Deux ouvrages ont retenu mon attention dans ce domaine à commencer par le très connu « Histoires des paysans de France » de Claude Michelet. Ce livre n’est pas une théorie, un essai ou une monographie, c’est simplement une série de récits que l’on pourrait entendre à une soirée autour de la cheminée ou raconter à nos enfants pour leur faire comprendre comment la terre et les hommes peuvent nous offrir la vie, pourvu qu’on l’accepte ! Attention, il n’est jamais dit et il ne faut surtout pas croire que tout était mieux avant…

Le second ouvrage est celui de Jean-Louis Beaucarnot, « Comment vivaient nos ancêtres ? », magnifiques fresques qui expliquent bien comment se mettent en place les habitudes, les us et coutumes comme on doit dire… Et ce n’est pas toujours très rationnel !

Alors, bien sûr, ces deux ouvrages ne vont pas changer entièrement notre vie ou révolutionner les monde, mais ils vont peut-être alimenter notre réflexion car pour réfléchir, il faut apporter du contenu solide ce que la lecture fait très bien surtout si on choisit bien ses livres, si on varie les sujets et les auteurs… Et, comme l’été c’est fait pour lire, c’est bien le moment d’en profiter…

Alors, bonne lecture et bonne réflexion à tous !

Shelton
avatar 30/06/2018 @ 07:11:39
samedi 30 juin 2018

L’été c’est fait pour lire et prendre la direction de la Floride semble au départ une belle idée estivale… Les vacances en quelque sorte dans un des plus beaux pays du monde… Sauf que nous sommes au seizième siècle et qu’il ne s’agit pas du tout de vacances mais de conquête, de colonisation, de guerre… D’accord, mais comme il s’agit d’une bande dessinée, on peut quand même affirmer qu’il s’agit d’une lecture facile et compatible avec le repos ! Quoi que cela reste à prouver, finalement, car « Florida » de Jean Dytar n’est pas une bande dessinée de gare, n’est pas un livre facile et ce n’est certainement pas un album pour enfant. Je serais tenté de vous dire que nous sommes là en présence d’une magnifique bande dessinée intelligente et de qualité pour adulte !

Cet ouvrage va nous raconter l’histoire de ce que fut la Floride française ou plus exactement ce qu’elle aurait pu être si… Oui, avec des si on met Paris en bouteille mais avec de tels albums tout devient possible y compris expliquer ce que nous ne savons pas, répondre aux questions qu’on ne se pose pas et imaginer l’avenir du passé sans aucun problème…

Dans cette magnifique histoire, il y a du réel, du romancé, du politique, du fantasmé, du géographique, du féminin, de l’historique, du culturel, du religieux, de l’humain, surtout du profondément humain ! Je ne vais ni vous raconter cette histoire, ni passer en revue tous les éléments du scénario, seulement parler de ce qui m’a touché et ce sera déjà beaucoup !

Tout d’abord, on y parle d’une période capitale pour l’Europe, les Guerres de religion. Ces guerres, on le sait bien maintenant, ont d’abord été des guerres politiques et de pouvoir. Il n’y a aucun doute sur ce point… Mais ceux qui ont vécu ces terribles périodes l’ont fait avec leurs certitudes, leur foi, leurs connaissances, leur spiritualité… On comprend ce que furent certains déchirements, certaines tensions, y compris au sein des royaumes, des villages, des familles…

Il y a la position de la femme et les espérances qu’elle peut avoir pour se réaliser, pour aller au bout de ses compétences… Eléonore incarnera cette femme qui est loin d’être sotte, qui est cultivée, qui est compétente, qui est cartographe… enfin, dans les faits, c’est une certitude. Mais peut-on laisser une femme voyager comme géographe dans une expédition ?

Il y a aussi ce mécanisme de la découverte des autres, de ceux qui ne sont pas de la même couleur, qui ont des langues différentes, des religions mystérieuses… et qu’il faut « mettre au service » de celui qui devient l’occupant, le colonisateur… le méchant ! Dans cette bande dessinée, il y a indiscutablement une « discussion » autour de la colonisation, de ce que l’humain, voit, ce qu’il fait, ce qu’il tolère, ce qu’il accepte, ce qu’il défend… D’ailleurs, quand on revient d’une telle expédition, on n’est plus le même et Jacques sait de quoi il s’agit, lui qui ne s’est jamais remis de son voyage en Florida !

Il y a aussi et ce n’est pas négligeable, la vie d’un couple avec ses enfants, Eléonore et Jacques… On partage, on se dit, on souffre, on se relève, on survit, on éduque… ensemble même quand c’est difficile !

Il y a encore le talent de Jean Dytar, son écriture, son dessin, sa façon de construire son histoire, sa narration graphique tout en finesse et pétrie d’humanité…

Tout cela pour dire, sans trop vous en dévoiler le contenu, que Florida est une grande bande dessinée qu’il faudra avoir lue car il y aura désormais ceux qui l’ont lue et ceux qui ne l’auront pas fait ! Alors, comme l’été c’est fait pour lire, il est peut-être temps de lire Florida, de l’offrir, la faire lire…

Donc très bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 01/07/2018 @ 06:40:00
Dimanche 1er juillet 2018

L’été c’est fait pour lire mais aussi, comme je le dis souvent, c’est un temps privilégié pour se donner à ses amis en cuisinant et préparant de bons petits plats adaptés au temps, à la saison, aux goûts de chacun… Or, vous le savez bien, ce sont les épices qui très souvent viennent transfigurer vos plats !

Alors, vous voilà partis à la conquête des épices ici ou là et, à Chalon-sur-Saône, il n’en manque pas des magasins spécialisés qui vous proposent ces épices du monde… Mais, sans vouloir vexer quiconque, il faut bien reconnaitre que souvent les mélanges proposés regorgent de sel, que les herbes de Provence n’ont jamais poussé au sud, que les curry ont tellement voyagé qu’ils n’ont plus rien d’authentique… Bref, ce n’est pas toujours l’arnaque mais c’est très souvent la fête à la fadeur !

Voilà pourquoi, vous devez transformer vos jardins, vos balcons et autres rebords de fenêtres en fabriques locales d’épices ! Première chose évidente, il n’y a pas besoin de trop de surface ni de pots, ni de terre ni de savoir faire pour obtenir un peu de saveur et de bonheur gustatif ! Alors comme nous sommes en été, que l’été c’est fait pour lire et que certains ont besoin d’un petit guide pour commencer à fabriquer leurs ingrédients culinaires, voici un bon petit ouvrage : Cultivez vos aromates et épices, dans la collection des Petits guides Rustica.

Premier élément et il est de taille, l’ouvrage est proposé par une Anglaise. Attention, il ne s’agit pas d’une moquerie nationaliste mais d’un constat : si ce qui est proposé peut pousser en Grande Bretagne, alors vous ne devriez pas avoir de problème en Bourgogne !

Deuxième question fondamentale pour l’apprenti c’est la conservation des herbes… Oui, à un moment donné on en a à foison mais on les consomme avec parcimonie… Que faire ? C’est là que le guide est assez précis en expliquant pour chaque aromate et épice, les moyens de conservation que l’on peut mettre en œuvre. Ainsi, on abordera le séchage, l’huile, le congélateur…

Dans cet ouvrage, on ne se limitera pas aux aromates classiques de notre cuisine traditionnelle, on trouvera tout sur le piment, le gingembre, le raifort, la moutarde… Le piment ? Oui, on peut en faire pousser même sur son balcon en Bourgogne, j’en ai actuellement un pied qui prospère paisiblement et qui a déjà six beaux fruits qui se préparent à tomber dans mon panier… Mais, je vous rassure, on ne va pas les manger d’un seul coup ! Certains sécheront, d’autres iront prendre un bain d’huile d’olive vierge et bio tandis que les derniers iront dans une sauce piquante qui sera congelée en petits pots… Il faut savoir s’organiser si on veut en manger toute l’année sans trop compter sur la grande distribution !

Donc, maintenant, si vous voulez récolter, dès cette année, votre persil, du thym, du safran, du laurier, il n’est pas complètement trop tard à condition de s’y mettre tout de suite, si non ce sera pour l’année prochaine… Moi, cette année, j’ai de la ciboulette, du persil, du basilic, des piments… et tout cela sur un modeste balcon…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, une belle proposition de lecture qui vous accompagnera au jardin ou sur le balcon, Cultivez vos aromates et vos épices ! Bonne lecture et bon jardinage !

Shelton
avatar 02/07/2018 @ 05:50:17
Lundi 2 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et j’ai déjà dit l’importance capitale des classiques, mot que j’ai déjà pris le temps de définir… Nous sommes donc dans une période propice aux lectures qui permettent de vivre, de prendre conscience de notre place dans cette vie qui est pour chacun de nous, quelles que puissent être nos certitudes, un mystère ! Or cette vie se termine impitoyablement par la vieillesse, une période trouble et délicate que chacun va tenter de vivre à sa façon, de la survie au suicide, de l’espérance à la désespérance, de la joie à la tristesse totale… Deux grands auteurs – mais ils ne sont pas les seuls – ont écrit sur ce sujet, Simone de Beauvoir et André Gide. Je parlerai des deux mais aujourd’hui, commençons par André Gide, un auteur maudit par les uns, adulés par d’autres, mais, surtout, oublié par beaucoup aujourd’hui… Et pourtant…

André Gide a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1947, à la fin de sa vie, pour l’ensemble de son œuvre. A cette occasion, il persiste et signe, c’est la jeunesse qui porte l’avenir de l’humanité, pas les vieux comme lui. D’ailleurs, jusqu’à la fin de sa vie il a aimé être entouré de jeunes gens… ce que les bienpensants lui ont reproché sans toujours comprendre son comportement, ses choix, sa vie… Jusqu’au bout de son parcours sur terre, il va conserver son énergie, sa motivation, sa créativité, son envie d’écrire… et il va décéder le 19 février 1951… à l’âge de 81 ans !

Au début de l’été 1950, si on comprend bien ce qu’il dit lui-même, il décide de prendre une page blanche et d’écrire. Ce sera plus ou moins autobiographique, sans plan, sans brouillon, sans note… Il va laisser son esprit vagabonder dans ses souvenirs et dans la réalité… et c’est peut-être là un de ses meilleurs ouvrages, Ainsi soit-il ou les jeux sont faits !

Alors, bien sûr, Gide vieillissant comprend bien que la vieillesse est tombée sur lui, que rien ne sera plus comme avant, que sa plume – même si elle a été transformée en stylo – ne va plus aussi vite que sa pensée… Mais, on pourrait dire aussi que son cri : « j’existe encore car l’écris encore ! » est touchant, profond, clair, beau et très humain, profondément humain…

Gide a –t-il changé » pour autant ? Non, il ne craint pas la mort et il veut vivre jusqu’au bout… Il aime les jeunes gens, il ne s’en cache pas, et il pense que c’est ce qui le maintient en vie comme un certain David biblique qui faisait venir dans sa couche, très tard dans sa vie, une certaine… Bon, d’accord, David a passé sa vie à aimer les femmes, les jeunes en particulier et ce n’est pas son cas, à lui André Gide. Néanmoins, il faut de la jeunesse pour que la sève continue de couler en lui…

Il y aura donc bien un jeune homme pour que la vie revienne, ce sera Mala, un bel athlète ou Apollon des terres désertiques sahariennes… Certains verront là un ultime défi à la bienséance, d’autres la preuve que la vie est encore là, mais nous, aujourd’hui, nous pouvons lire avec délectation ces dernières phrases jetées sur le papier… Pour un peu, on pourrait presque lire dans son ouvrage – publié de façon posthume en 1952 – « Aujourd’hui, André Gide vient de mourir d’une congestion pulmonaire. Il semblait détendu… » Par contre, on ne le voit pas dans le livre, il semblerait qu’André Gide ait été assez despotique avec son entourage dans les derniers mois de sa vie… Mais, vous le savez bien, il y a toujours un écart substantiel entre la vie réelle et la littérature !

Alors, l’œuvre d’André Gide a été mise à l’index de l’Eglise catholique mais pouvait-on attendre autre chose compte tenu qu’il était protestant et homosexuel, qu’il avait perdu la foi et qu’il avait toujours dit ce qu’il était avec un certain courage ? Par contre, son œuvre est universelle car profondément humaine, sa littérature apporte beaucoup au lecteur, pousse à la réflexion et à la visite des cœurs, bref, pour moi c’est indiscutablement un véritable classique qui ne doit pas être oublié par le monde moralisateur qui nous entoure… et comme l’été c’est fait pour lire…

Très bonne lecture et à demain !

Vince92

avatar 02/07/2018 @ 09:46:33
Hello Shelton, ssauf erreur de ma part le titre de l'ouvrage dont il est aujourd'hui question n'est pas mentionné...
André Gide, c'est en effet un grand auteur, du point de vue du pure style en tout cas, j'aime beaucoup. Les Caves du Vatican et surtout La Porte étroite sont des livres qui m'ont marqué. Récemment encore j'ai lu Les Faux-Monneyeurs qui est admirable a plus d'un titre. J'ai le projet de lire le Journal de Gide, un gros morceau.

Merci pour la chronique en tout cas

Shelton
avatar 02/07/2018 @ 09:57:35
En fait, il y est bien, mais ce n'est pas assez clair : Ainsi soit-il ou les jeux sont faits

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