Nathafi
avatar 14/10/2017 @ 21:10:00
Bien sûr... Bien sûr que le souvenir des belles choses peut compenser les mauvaises, et bien heureusement !
Sinon nous serions tous malheureux, tristes, éteints dans ce monde incertain. Il faut vivre, comme on peut, avec des moments forts, ne pas se poser de questions, connaître des instants présents qui resteront à jamais imprimés au fond de nos mémoires...

J'avais une amie... Pas très jolie, mais drôle, avec un certain charme, une bonne copine qui partageait tous mes secrets. Mes frasques d'homme célibataire la faisaient rire, elle jaugeait mes conquêtes et essayait de me les révéler. Quand l'une s'annonçait trop possessive, elle m'avertissait. Quand l'autre jouait double jeu, elle me le disait. Longtemps j'ai tenu compte de ses avis, je ne m'étais pas aperçu, en fait, que chaque fille qui m'approchait représentait pour elle un obstacle, qu'elle essayait de me faire contourner par ses conseils avisés...
Bien plus tard, un soir, c'est arrivé. Nos lèvres se sont jointes, et une belle histoire a commencé. Elle m'aimait, je le sentais, et me connaissait par coeur. C'était doux, c'était tendre, passionné et parfois cruel. Le hic, c'est que nous n'étions plus libres, ni l'un, ni l'autre. Elle avait deux enfants, un mari. Moi une compagne et deux bambins aussi. Autant dire que nous avons regretté longtemps de n'avoir pas plus tôt ouvert les yeux l'un sur l'autre. Elle m'a avoué qu'elle n'avait fait que ça, pendant des années, d'attirer mon regard sur elle, en virant tour à tour mes multiples conquêtes. Bête que j'étais, je n'avais rien vu !
Et là, avec quinze ans de plus, nos vies rangées et nos préoccupations, nous essayions de nous voir de temps en temps. Ces moments nous rapprochaient chaque fois plus, et l'un et l'autre avions pensé avoir raté notre vie, avoir près de nous l'âme soeur recherchée pendant tant d'années.
Comment vous dire ? A ses côtés, je me suis senti de nouveau vivant ! Oui, vivant ! Certes je ne suis pas malheureux, j'ai ma famille, mes enfants, une situation convenable et une bonne santé. Il faut croire qu'il me manquait tout de même quelque chose. Vous savez, comme chacun d'entre nous, le quotidien, la routine, ça lasse... Et puis on s'éteint.. Sans s'en rendre compte, pourtant je pensais le contraire. A son contact, j'ai repris conscience de certaines choses, j'ai eu envie de vivre, avec un grand V. J'ai changé ma façon de voir les choses, mes priorités ont dévié, certaines choses m'ont semblé soudain futiles.
Bien sûr, je ne suis pas fier de cette époque, j'ai eu un cas de conscience, tous ces mots laids me sont passés par la tête, “adultère”, “tromper”, “salaud”, je me les suis répétés maintes fois, quand je me trouvais soudain entre deux eaux, à espérer une rupture prochaine. L'aimais-je ? Oui, mais je ne le lui ai jamais dit. Elle a su seulement le bien qu'elle me faisait, qu'en d'autres temps et d'autres lieux, on aurait pu vivre quelque chose de moins éphémère.
Car il a bien fallu mettre un terme à cette histoire, rejoindre la voie de la raison, pour nos conjoints respectifs, pour nos enfants, pour nos consciences. D'un commun accord nous avons pris la décision de nous quitter. Les débuts ont été très difficiles, je sombrais souvent dans d'obscures pensées. Mais ce qui revenait, c'était ces moments uniques, ces bouffées d'oxygène qui m'étaient livrées quand je vivais quelque chose à ses côtés, ce petit truc qui faisait que je me sentais invincible, beau, fort, unique. Chaque fois ces souvenirs me faisaient remonter la pente, et bien que sentant mon coeur se pincer, je me disais que nous avions quand même vécu des moments forts, le regard embué, les sens en folie, les esprits en phase. Oui, quelque chose de fort, qui m'a sauvé en périodes de doute, des images qui reviennent souvent, rassurantes, malgré la déchirure de nos derniers instants, les appels de colère, les claquements de porte, les démarrages en trombe, les mails vengeurs.
J'ai presque oublié ces moments douloureux. Je ne pense qu'au meilleur, et quand, dans ma vie, je me sens mal, je pense à ses paroles, à nos longues conversations sans queue ni tête qu'on avait beaucoup de peine à couper, à son regard bienveillant sur l'être faible que j'étais.

Oui, le souvenir des belles choses peut compenser les mauvaises, indubitablement.
Carpe Diem

Evaetjean
avatar 14/10/2017 @ 21:18:13
On dirait du vécu mais du point de vue de l'autre... Jolie texte empreint d'amour. Bien écrit et facile à lire même si au premier abord le texte semble compact. Des phrases courtes dans l'ensemble et j'aime bien les phrases courtes qui donnent, à notre cerveau, le temps de respirer !

Sujet bien traité, merci...

Martin1

avatar 15/10/2017 @ 10:32:29
On dirait du vécu mais du point de vue de l'autre...

Ah oui j'y ai pensé aussi!

J'aime bien ce texte, il m'interroge pas mal.
Je le trouve écrit avec de l'intelligence et du recul, qui ne condamne jamais les choix ni les faits, simplement admet une réalité difficile avec laquelle il a fallu composer. Et assez naturellement, ces choix finissent par se plier à la raison sans verser dans le dogmatisme, et consentent à une forme de sacrifice, ce qui est honorable.
Merci Nath

XooHooX
avatar 15/10/2017 @ 11:30:49
Oui, le souvenir des belles choses peut compenser les mauvaises, indubitablement.


Je disait dans mon texte que pour moi bons mauvais souvenir forment un équilibre ... car je vois CERTAINS souvenirs comme des expérience de vies ... et un expérience nous apprend ... je considère donc que si on oubli un mauvais souvenir c'est comme si on désapprenait l'expérience dont-il nous a enrichi !
Mais certains mauvais souvenirs qui n'apportent pas une réelle expérience mais que de la négativité ... si les bons
peuvent les compensé OUI !

Pieronnelle

avatar 15/10/2017 @ 11:33:51
Oui on peut dire que tu as complètement traité le sujet et ta réponse est claire et nette, car la démonstration est édifiante. C'est toute une vie ,ou deux en fait, qui se déroulent dans un texte pourtant court ; c'est ta façon d'écrire que l'on retrouve où tout s'enchaîne avec facilité voire évidence ; rien n'y est tout noir ou tout blanc mais l'essentiel est de retirer le bon côté de l'ivraie comme on dit...même imprégné de nostalgie ce texte est nettement optimiste !

Frunny
avatar 15/10/2017 @ 19:27:13
"rejoindre la voie de la raison" pour sauver la face et ne pas blesser les gens qui nous entourent.
Dur !
Comme un arrière goût de " je passe à côté de ma vie".
J'aime beaucoup ton texte comme un écartèlement entre la raison et de désir.

Marvic

avatar 16/10/2017 @ 11:18:26
Comme tu la décris bien cette routine, même si elle est satisfaisante (tiens, dans mon texte aussi, ça parle de routine !), et cette envie, ce besoin de vivre des moments forts, des moments intenses et inoubliables.
Même si cela implique un "écart de conduite" !
J'ai trouvé une grande justesse dans la description de cette relation amour/amitié.
Beau moment de lecture

Lobe
avatar 18/10/2017 @ 17:48:14
Récemment, dans l'émission Les pieds sur terre, il y avait une histoire de ce type : un garçon et une fille qui entretenaient une correspondance sans s'avouer leur sentiment, trop sûrs chacun que l'autre ne les considérait qu'avec le regard de l'amitié. Cela durait tant d'années!

Ici, j'aime que les pas de temps soient flous. J'imagine un monsieur d'une soixantaine d'années, qui voudrait coucher cette histoire par écrit, sans s'appesantir de faits et de dates, mais plus en allant à l'essence de ce qui faisait la relation. Ce que tu sembles nous dire, c'est que l'amour qui ne voit souvent dans l'infidélité que la mort du couple, pourrait aussi bien la considérer comme une béquille un brin honteuse (parce que conventionnellement condamnée) mais pourtant bien nécessaire. Je trouve que c'est un beau texte que tu as commis, qui nous prend par surprise l'air de rien.

Tistou 21/10/2017 @ 18:45:37
Oui, le souvenir des belles choses peut compenser les mauvaises, indubitablement.


Je disait dans mon texte que pour moi bons mauvais souvenir forment un équilibre ... car je vois CERTAINS souvenirs comme des expérience de vies ... et un expérience nous apprend ... je considère donc que si on oubli un mauvais souvenir c'est comme si on désapprenait l'expérience dont-il nous a enrichi !
Mais certains mauvais souvenirs qui n'apportent pas une réelle expérience mais que de la négativité ... si les bons
peuvent les compensé OUI !


XooHooX, je crois que tu te trompes d'approche dans notre démarche.
Nous ne cherchons pas à faire un concours d'idées ou un débat philosophique. Nous écrivons quelque chose, qui peut faire sens, ou pas, qui peut être pure fiction, ou pas, ... à partir d'un thème défini. Et la critique attendue au bas de chaque texte porte sur l'écriture, le texte tel qu'il est livré à lire.Il ne s'agit pas de débattre ou dérouler des idées ...

Tistou 21/10/2017 @ 18:52:51
Tu traites parfaitement le sujet, Nathafi, à partir d'une situation facilement compréhensible par tout un chacun. Les bons souvenirs sont clairement évoqués, les mauvais aussi.
Je m'aperçois que, dans l'ensemble des textes, les situations traitées sont plutôt douloureuses. Douloureuses subies ou douloureuses acceptées comme ici. Restent heureusement de bons souvenirs pour éviter de sombrer ...
Je pense que pour aucun de nous le thème et sa "vaguitude" n'ont facilité les choses. Je suis curieux de voir si les "suites", disons les "rebonds" seront dans une autre tonalité ?

Alors c'est ...XooHooX qui continue ton texte. Je ne m'en étais pas aperçu avant de faire la remarque plus haut à XooHooX ! J'espère que ça va lui faciliter les choses ?
Et toi tu continues ... "l'arbre et le roseau" de Pieronnelle. Une certaine continuité de pensée ...

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