Les forums

Forums  :  Vos écrits  :  Une nuit, un rêve, toi

Evaetjean
avatar 22/09/2017 @ 15:56:25
Une nuit, un rêve, toi...

Il est des nuits plus dur que d’autres. Des nuits où le sommeil tente de s’échapper trop régulièrement. Des nuits où les pensées viennent s’infiltrer insidieusement et réussissent à prendre suffisamment de puissance pour chasser définitivement le peu de douce inconscience qui me reste.

Et voilà ! Mes yeux s’ouvrent en grand, un coup d’œil au réveil «03:00 ». Je referme les yeux, tente d’écarter les pensées pour laisser le sommeil reprendre sa place au milieu de ce brouhaha.

Douleur à l’épaule, les pensées reviennent doucement… Stop ! Sur le dos peut-être ? Non c’est pas mieux. J’ouvre les yeux sur un plafond que je ne vois pas, puis les ferme de nouveau. Sur le côté droit peut-être ? Non rien à faire ! Sur le ventre ? Ah ! Oui ! Non… non. Allez on repart pour le côté gauche, le dos, le côté droit, le ventre... encore et encore dans ce grand tourbillon de nuit je tourne et tourne à la recherche de ce sommeil qui ne semble vraiment pas vouloir de moi.

Sur le dos ?... J’abandonne. J’ouvre les yeux sur ce même plafond que je ne vois toujours pas et je lui parle. Je parle au pourquoi de ces nuits où, parfois, le sommeil fuit… je parle à ce qui m’a été pris de si beau, de si précieux que mes pensées se bousculent avec leurs valises de souvenirs et leurs sacs de questions sans réponses. Je parle, je lui parle et je lui demande pour la énième fois de venir jusqu’à moi. De franchir ce monde invisible et de me rejoindre dans mes rêves. Je lui explique combien j’ai besoin de l’entendre, de lui parler, de la serrer dans mes bras, de la sentir. Je lui parle et à bout de mots je m’endors… enfin.

Mon homme, moi… assis… à table… on regarde un film.

Soudain, je la vois. Assise sur le canapé elle me regarde, me sourit. Elle sourit de toutes ses fossettes et se met à me parler. Et elle parle, elle parle. Elle parle de son bac, de ses épreuves du lendemain avec ses mains qui gigotent dans tout les sens. Et je vois ses ongles immenses, multicolores, magnifiques, balayaient l’air au rythme de ses paroles. Elle est assise, les jambes croisés avec aux pieds des chaussures aux talons vertigineux. Elle est belle. Elle semble si… réelle !

Je me lève incrédule... mon homme ne bouge pas. Il ne la voit pas, ne me voit pas et là, je comprends !

Je rêve ! Je rêve, oui, mais à fleur de conscience… Rêver, continuer de rêver. Ne pas bouger, surtout pas. Halte ! Halte aux pensées, halte aux souvenirs qui débordent des valises, halte aux questions sans réponses qui veulent sortir des sacs. Chut ! Stop ! Ne pas bouger ! Tout juste respirer et vivre sa présence, juste un instant...

Je vais la voir, m’assied à côté d’elle. Elle parle, elle parle. Je lui touche la jambe. Ce n’est pas une illusion, elle est là. Ce n’est pas une illusion son corps est réel, chaud. A son tour elle me regarde, étonnée, me demande ce que je fais. Aucun mot ne sorte, les larmes montent. J’éclate en sanglots…

Chut ! Ne pas pleurer trop fort du fond de mon lit, si je le réveille ça va l’inquiéter ! Si je le réveille il va me réveiller et tout s’évaporera… chut doucement. Je sens les larmes couler le long de mes joues pour venir s’échouer sur mon oreiller mais je m’accroche à mon rêve comme à un minuscule bout de bois en plein océan.

Je la serre dans mes bras à nous en étouffer toutes les deux. Mon mari se lève « je vais me coucher » lance t’il et il part. Je la regarde, prend sa main dans la mienne. Sa peau est si douce. On se lève à notre tour, s’assied à la table et on parle. Elle ne semble pas comprendre mes larmes, ne pas savoir ce qui a pu provoquer mon étrange réaction. Je n’ai qu’une façon douce de lui annoncer ce que je sais. Alors je lui demande. Je lui demande avec des mots tendres si elle sait comment doit s’appeler la promotion de son bac… « non » me répond-elle. Alors je lui dis, je lui dis qu’elle porte son prénom. « Mais non maman n’importe quoi » me dit-elle. Je lui confirme que si, c’est exact, et lui demande si elle sait pourquoi… « non »… alors je lui dis, je lui dis avec une douceur infinie afin de ne pas lui faire peur… je lui dis et je regrette aussitôt… « Elle porte ton nom parce que, Maëva, tu es morte ».

Jamais, jamais je n’aurai dû lui dire que je savais. J’aurai dû taire que j’avais compris qu’il ne s’agissait que d’un rêve. Un rêve d’une réalité troublante. CE rêve que j’attendais depuis si longtemps afin de la serrer le plus fort possible dans mes bras. Jamais je n’aurai dû lui dire… En une fraction de seconde… elle a disparu.

Du fond de mon rêve, à l’intérieur de moi, du tréfonds de mon âme ce bouillonnement immense, de plus en plus violent qui sort en un cri puissant lui hurlant de revenir, la suppliant de ne pas partir… Je pleure et je crie… Et puis...

Sur le dos, j’ai ouvert les yeux sur un plafond que je ne voyais pas. Emprunt du contact de sa peau sur la mienne, de la chaleur de son corps entre mes bras, du son de sa voix vibrante à mes oreille, les yeux embués de larmes.

Un rêve ? Ou pas...

Tistou 22/09/2017 @ 18:14:59
Un rêve, pour sûr. Et des plus douloureux, tout aussi sûr.
Pas confronté à la perte d'un enfant (Dieu m'en garde), je ne fais pas ce genre de rêve. Par contre, ta description de l'insomnie du début de ton texte, le réveil malheureux à 3h du matin et l'impossibilité de se rendormir, ça oui, je pourrais y souscrire. Les soucis, le stress y conduisent tout pareil.
On comprend parfaitement Evaetjean que c'est très dur pour toi puisqu'hélas, il ne s'agit pas d'une fiction. C'est réussi, malheureusement.
Ton rêve, lui, est plus étrange. Mais la sensation de ne pas vouloir bouger un cil pour que le rêve ne s'évanouisse pas, ça je crois que tous le connaissons .

Je ne me souvenais pas que tu étais sujette à des fautes, manifestement d'inattention. Il y en a quelques unes. Elles sautent d'autant plus aux yeux qu'elles sont incongrues et peu nombreuses.

Pieronnelle

avatar 22/09/2017 @ 19:07:22
Bouleversant ! J'en ai la gorge nouée...et ta façon de raconter est si...réelle dans l'iréelle ou bien le contraire...Du coup je comprends mieux pourquoi le theme "le souvenir des belles choses peut-il compenser celui des mauvaises"te parlait...La nuit est souvent propice à toutes les pensées douloureuses et pourtant il y a toujours l'espoir que le sommeil, le vrai , viendra pour tout effacer...au moins pour quelques heures...
Mais je sais que ce que tu nous as écris t'a fait du bien, qu'un petit bout de ta souffrance s'est enfui même si on a perçu le tremblement des doigts et les yeux plein de larmes...
Que dire d'autre ? Du courage , mais tu en as , et qu'il ne reste que de belles choses pour attenuer les mauvaises...
Heureuse que tu nous ai fait confiance...

Evaetjean
avatar 24/09/2017 @ 14:42:42
Merci de vos commentaires. Et si Tistou sujette aux fautes. Je me suis pourtant relue plusieurs fois mais bon.

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier