Pieronnelle

avatar 19/04/2017 @ 23:13:30
Bang ! le choc nous fit sursauter. Mais impossible à localiser exactement. Nous nous regardâmes, pas encore vraiment inquiets sauf Marie que le moindre bruit anormal apeurait. Le lac brillait au soleil enveloppé dans ses manteaux de montagnes bleues. Le Bang était tellement anachronique dans cet univers de paix et de beauté ! Etait-ce un coup de feu amplifié par l’écho des montagnes ? Marie aussitôt proposa de revenir sur nos pas, mais contre notre opinion. Nous étions trois : Marie, Tom et moi Justine, partis pour une randonnée dans les montagnes d’Auvergne.

Je connaissais mal le lieu, même si j’étais née dans cette région, mais je m’étais munie d’un plan qui avait l’air précis. Plus de bang depuis un bon moment, on rassura donc la fragile Marie et nous nous engageâmes sur un sentier bordé de fleurs tapissantes et qui longeait le lac. La fragilité de Marie venait d’un échec dans sa vie personnelle et professionnelle. Tom et moi lui avions proposé une coupure dans la sorte d’engrenage dépressif où elle se complaisait jusqu’à la victimisation. Nous voulions lui redonner de l’énergie en la bousculant un peu dans son apathie et une ballade en montagne, face à une nature apaisante et belle, nous avait semblé un début de solution. Nous voulions lui redonner le goût de l’effort, l’obliger à se sortir d’elle-même et surtout de ce qu’elle appelait à tort ses échecs alors que la perte de son travail ne provenait que d’un concours de circonstances et sa séparation d’avec son compagnon une évidence qu’elle s’était refusée de voir dès le départ. Elle, fragilisée, n’y voyait qu’une malchance qui lui collait à la peau.

Mais si on le veut on peut réussir sa vie d’une façon ou d’une autre si on accepte de se reprendre en mains. Marie pouvait le faire, nous la connaissions bien ; sa sensibilité la fragilisait beaucoup mais lui donnait aussi une faculté de ressentir profondément les choses, et nous comptions bien lui redonner le goût d’apprécier la vie grâce à ce contact avec la nature et une sorte de dépassement de soi.
A peine étions-nous repartis qu’un autre bang, nettement plus proche, nous stoppa net. Marie cria ; sans réfléchir Tom lui prit une main et l’entraîna en avant ; tandis que je me précipitai devant eux pour les guider. C’est alors qu’au bout du sentier je vis une sorte de cabane qui semblait habitée par un homme très âgé.

Le vieux se tenait devant moi, il pleurait, mais son visage avait l’air de rire. Quelle rencontre imprévisible et étonnante ! Quand Marie parvint devant lui elle resta interdite mais je senti immédiatement qu’elle était bouleversée. C’était comme une apparition qui représentait à elle seule ce qu’elle-même ressentait profondément ; les pleurs et le rire ; le rire comme pour occulter les larmes ; l’espoir pour cacher le désespoir; enfin c’est ce qui me vint à l’esprit. Pourtant la situation était presque burlesque bien que très émouvante. Mais ce qui me surpris le plus ce fut le gros fusil que l’homme tenait dans ses bras ; au même moment Marie l’aperçu. Tom et moi, nous la vîmes se précipiter vers le vieil homme et lui arracher le fusil. Celui-ci la regarda avec ses yeux mouillés mais hagards et nous comprîmes qu’il n’avait pas toute sa tête. Mais ce qui nous bouleversa le plus ce fut le geste de Marie qui avait complètement dépassé sa peur en s’emparant de cette arme qu’elle avait, comme nous, pensé dangereuse, plus pour ce vieux fou que pour nous.

Cyclo
avatar 20/04/2017 @ 11:16:43
Un peu de balade, un peu de psychologie, et une chute plutôt surprenante, et qui mériterait un prolongement, non ? Que va devenir Marie ? Et le vieux ? Et la vie ? Ya un roman entier derrière ce début !

Pieronnelle

avatar 20/04/2017 @ 17:33:16
Oui oui je sais, il fallait qu'un L à balade ! :-) ça c'est pour désamorcer Tistou ! :-))

Lobe
avatar 20/04/2017 @ 18:20:26
Oui, cela ressemble à un incipit. Alors sans être dans la situation de Marie, moi aussi en balade quand j'entends un bruit de détonation, j'ai l'envie de fuite qui me prend les jambes. Trop peur des chasseurs avinés (comment ça c'est un cliché?). Ou alors il faut continuer la route en chantant! Ça pourrait être une solution pour Marie aussi, la chanson - une façon autre de sortir de soi. Et de sortir de soi ce qui demande à sortir de soi (chagrin, détresse, échecs - catharsis du chant).

Le fait d'être dans la tête de Justine rend assez frappant le contraste entre la description de Marie (qu'on plaint un peu mais qui reste trop fade pour que vraiment on s'en préoccupe) et sa réaction finale. Tu avais une idée de suite?

Tistou 20/04/2017 @ 18:45:31
Il ne faut qu'un l à bal.... (oups ! pardon. Tiens, je suis désamorcé. Ah, ça fait ça d'être désamorcé ... ?)

Plus sérieusement. 4 phrases en tête de §. C'est clair.

Encore un texte d'une cohérence remarquable. Pas du tout affecté par le placement des phrases (la prochaine fois on pourrait suggérer "le kangooroo saute à pieds joints" ou bien "La grimace de l'hippopotame était désopilante", quelque chose de mieux senti !!).

Et nous voilà évoluant en montagne auvergnate, près d'un lac (d'où le titre !!!), avec une personne dépressive et fragile et un vieux qui tire des coups de tromblon. Et pourquoi pas ? Plus logique que mon affaire de kangooroo, non ?
Bonne histoire qui se tient bien, bien racontée, et qui doit faire du bien à raconter. Par exemple quand on s'appelle Piéronnelle. Et ce n'est qu'un exemple.

SpaceCadet
avatar 21/04/2017 @ 02:54:35
Un épisode dans la vie de Marie qui aurait mérité que tu puisse lui accorder plus de temps et d'espace. Il y avait de quoi faire quelque chose de plus long, de plus élaboré. Tu as tout de même pu fouiller sa psychologie (par le biais d'une tierce personne, ce qui n'est pas donné) et illustrer comment ce personnage part d'un état 'X' et évolue vers un état 'Y', ce qui représente déjà beaucoup, compte tenu des limites inhérentes à l'exercice. Cela dit, placer quatre personnages, outre la mise en scène et le développement de l'intrigue dans un texte court n'est pas qu'une petite affaire et s'ils (les personnages) tiennent tous bien leur place, on a cependant envie de mieux les connaître, d'en savoir plus à leur sujet.

N...ajat

avatar 23/04/2017 @ 23:21:04
Pratiquement, ton texte est le dernier à commenter, et je dois t'avouer que je suis un peu embarrassée de dire que je l'adore, je le trouve cohérent et d'une grande subtilité et la fin excite ma curiosité pour connaitre la suite. Est-ce que Marie va s'en sortir et comment?
Pour la cinquième ou la sixième fois je me vois en train de dire que tout le monde, les six participants, sont tous impeccables mais pourquoi donc je ne vois jamais de défaut ou de faille?
Prenant l'exemple de Nathafi, malgré que tu trouves que la fin manque de logique, personnellement je l'ai jugé sur le plaisir que sa lecture m'a procurée tant pis si la fin ne concorde pas vraiment avec la réalité parce que parfois il faut croire l'auteur sur paroles.
Maintenant il ne me reste que le texte de notre ami SpaceCadet, et pour la énième fois je dirai que son texte est original et léger.
Tout le long de cet exercice je n'ai rencontré que des textes parfaitement parfaits, peut-être que vous feriez moins bien la prochaine fois.:-)

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