Lobe
avatar 18/01/2017 @ 10:15:41
Mardi dix janvier deux mille dix-sept, onze heures huit minutes trente et une secondes : le café s'est précipité hors de ma tasse, après un remous plus accentué que les autres. Je ne saurais dire si c'est d'exultation ou de peur, et d'une panique nerveuse qui ressemblait bien à une forme aiguë de bonheur. Mais force est de constater que je tremblais.

Je n'ai pas des dizaines de sources de fierté dans ma vie. Le plus souvent, mon objectif est mener ma barque du mieux que je peux, en essayant de rester sereine, amie présente quelle que soit la distance, élève attentive et consciencieuse, être humain-e au fait de son impact sur le devenir de notre petite bille dans son système stellaire.

Il y a une semaine et une poignée d’heures pourtant, j'ai été mille pieds au-dessus du sol, de ses vers de terre, de leurs turricules, de la vie bien ancrée. Je crois que c'est une histoire de faire surgir. Mettre quelque chose à la place du néant, toujours la même rengaine. Le néant cette fois est un vide déjà très plein : le quotidien d'une cinquantaine de lycéens, de quelques professeurs, et d’une brochette d’étudiants en écologie. Ce quelque chose qui a surgi, construit par des échanges de courriels, de rencontres, de rêves à faire rentrer dans les cases des dossiers de financement, c’est une journée.

Une journée un peu cri d’alarme, un peu invitation à croire que c’est possible. Sur l’érosion de la biodiversité tropicale, puisque c’est ce qui forge notre quotidien, notre champ d’étude. Mais science sans partage n’est que vain remue-ménage. Alors nous nous sommes efforcés de. Nous avons bâti un édifice un peu brinquebalant, qui avait bien, une fois fini, la forme d’un pont. D’un pont dans un delta de plusieurs rives. D’un pont fantasmagorique et concret, celui du savoir. D’une certaine forme de savoir. Entre des Terminales pris au saut du lit et des étudiants prêts à transmettre les merveilles et bizarreries de la zone intertropicale. Entre des lycéens et le maestro de la botanique tropicale, Francis Hallé. Entre des apprenants et des savants, scientifiques de divers horizons.

Mille pieds au-dessus du sol. Je suis redescendue avec des souvenirs pour me bercer la nuit, des injonctions à moi-même (ne perds jamais de vue que c’est l’échange qui te soude), des liens renforcés, des éclats de rire inscrits dedans. Et une tache de café, comme un discret clin d’œil, sur mon pantalon.

Cette journée a existé, vous pouvez en lire plus ici : https://fr.ulule.com/colloque-erosion-biodiversite…. Il reste encore une partie de moi qui doute que Critiques Libres soit le meilleur lieu pour exposer cela. L’initiative le mérite. Et les individus qui font ce site aussi. Alors, voici. Et puis j’avais envie d’écrire, boudiou !

Saule

avatar 18/01/2017 @ 18:35:53
Magnifique Lobe, le petit texte et le colloque. La planète a besoin de gens comme vous !

Sissi

avatar 18/01/2017 @ 18:42:23
Et puis j'ai eu plaisir à le lire, boudiou!

Fanou03
avatar 20/01/2017 @ 17:28:12
Oui, battons-nous pour la biodiversité, ce bien précieux et irremplaçable ! Quand on lit ça par exemple: http://lemonde.fr/biodiversite/article/…, ça me déprime !

Antinea
avatar 22/01/2017 @ 07:39:38
Lobe, super bien écrit, comme d'habitude.
Le fonds me parle. L'écologie, la biodiversité, le changement climatique... Indissociables. Ne pas mettre aujourd'hui ces enjeux en top priorité politique, c'est de l'inconscience. Merci d'oeuvrer à la sensibilisation de ces jeunes !
Et oui qu'elle fierté d'organiser de telles journées, aussi bien dans la forme que dans le fonds. J'ai eu mon heure de gloire aussi sur la très polémique biologie de synthèse il y a un peu plus d'un an.
Tu connais la fondation pour la biodiversité ?

Lobe
avatar 05/02/2017 @ 14:35:36
Non Antinéa (shameonme). Qu'est-ce? Y es-tu impliquée?

Tistou 07/02/2017 @ 22:51:52
Je ne sais pas si tu as la possibilité de nous lire, là-bas au coeur de l'Afrique, chez les Indomptables Lions, les bouffeurs de Pharaons, mais j'imagine que oui. Comme ton quotidien doit te mettre loin de notre site, de nos ratiocinations européo-européennes. C'est que tu as la capacité à t'enflammer et donner chair à tes rêves, ce texte ci-dessus le prouve.
Savoir marcher sur l'eau, c'est important. Pas toujours. Mais à des moments choisis, des moments indispensables. Je ne doute pas que tu le saches ...
Mais dis moi, le Cameroun ce n'est pas plutôt une zone équatoriale ?

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