Saule

avatar 03/12/2016 @ 11:38:00
Ce livre fait partie de ceux que j'ai essayé à plusieurs reprises de lire mais que j'ai chaque fois abandonés après quelques pages. Un autre exemple est "Une journée d'Ivan Denissovitch". Ce sont des livres qui font l'unanimité, je sais que je rate quelque chose, mais chose bizarre je cale.

La critique de Eric Elies me convainc de ré-essayer, peut-être sera-ce la bonne..

Nathafi
avatar 03/12/2016 @ 11:48:01

Je crois qu'on connait tous ce problème, et c'est frustrant parce qu'on a cette impression de louper.

Tu as raison de vouloir ré-essayer, je fais la même chose avec "Crime et châtiment" et "La montagne magique", qui semblent toutefois plus accessibles que Soljenitsyne ! Va savoir pourquoi ça ne passe pas...

Bon courage, Saule !

Eric Eliès
avatar 03/12/2016 @ 12:02:54
Il y a peut-être un effet de traduction car c'est un livre qui a connu de nombreuses éditions. Après, c'est une oeuvre qui ne fait pas l'unanimité, comme le montrent certaines autres critiques éclair, car le récit est lent (même s'il n'est pas dénué d'action). Néanmoins, il est lent comme un fleuve, qui emporte le lecteur dans son flux. Et cette lenteur est compensée par la brièveté du récit, qui est remarquablement apuré de tout superflu. Tout y est essentiel... Personnellement, j'ai été happé par le récit, très âpre et envoûtant, qui me semble bien plus aisé que "Une journée d'Ivan Denissovitch", que j'ai également lu. Conrad est un excellent conteur, pas seulement un fin psychologue. A mon avis, c'est comme la baignade, le plus dur c'est d'entrer : après, tu peux te laisser porter !

Saule

avatar 03/12/2016 @ 15:44:20
J'ai l'édition Gallimard (L'imaginaire), la traduction est de Anfré Ryuter (1876-1952), un belge qui était romancier et poète, http://data.bnf.fr/11923157/andre_ruyters/

Quand je le relirai, je m'arrangerai pour lire en parallèle la version originale : il y a un site openlibrary.org sur lequel on peut emprunter des livres, surtout des livres anglais (et dans le domaine public je suppose). Ainsi, pour ce livre en particulier,

https://openlibrary.org/works/OL38663W/…

Eric Eliès
avatar 03/12/2016 @ 22:27:16
J'ai l'édition Gallimard (L'imaginaire), la traduction est de Anfré Ryuter (1876-1952), un belge qui était romancier et poète, http://data.bnf.fr/11923157/andre_ruyters/


C'est cette édition que je possède. Bonne lecture, Saule !

Cyclo
avatar 04/12/2016 @ 07:01:27
Oui, on a tous connu cette impossibilité d'arriver à avancer dans une lecture, souvent d'un très grand livre.
Moi, ce fut "La peste", de Camus, entamé vers 17 ans la première fois, qui m'est tombé des mains, repris à 25 ans, idem, puis trentenaire, et là, j'ai été enthousiasmé.
Je crois que le moment compte beaucoup (ainsi, je n'ai pas lu "Le grand Meaulnes" adolescent et, quand je l'ai lu, vers 30 ans, je l'ai achevé et trouvé insipide, sans comprendre ce que tout le monde y trouvait, tant pis pour moi), la disponibilité d'esprit aussi (je suis frappé depuis quelque temps, quand je vais au cinéma ou au théâtre par le nombre de gens qui gardent leur smartphone allumé jusqu'à la dernière seconde, puis qui le rallument dès que c'est fini, comment avoir l'esprit préparé à ce qu'on va voir ; moi, j'en suis incapable, il me faut être préparé, il me faut le silence intérieur, comme si j'entrais en religion) et même qu'il y a, comme dans toute rencontre, le jour et l'heure : il faut être prêt à accueillir ce qui se présente à nous. C'est valable pour l'amour, pour l'amitié, pour la littérature, l'art, le voyage, la cuisine même... Les livres que j'ai le plus appréciés sont ceux que j'ai rencontrés quand j'étais prêt à les accueillir.
Si, pour une raison ou une autre, nous avons l'esprit encombré de scories (soucis physiques ou moraux), l'accueil d'un livre peut ne pas se faire.

Enfin, pour les livres étrangers, se pose le problème de la traduction, plus ou moins bonne et fluide. Et des écrivains dont la langue est très dense, ce qui est le cas de Conrad.

Saint Jean-Baptiste 04/12/2016 @ 12:30:15
J'ai lu toutes les critiques de ce livre et je suis très intrigué. Tistou fait référence à Pierre Loti et Saint-Ex., deux auteurs que j'ai énormément aimés, et Malraux, dont je ne suis jamais parvenu à terminer La Condition Humaine, malgré de multiples essais.

Saule parle du Soljénitsyne : Une Journée d'Ivan Denissovitch, un de mes livres préférés que j'ai lu et relu des quantité de fois.
Et Nathafi parle de Crime et Châtiment, un livre que j'ai lu dernièrement et que je ne pouvais plus lâcher tellement j'étais pris.

Je vais commander l'édition conseillée par Saule et Eric Eliès, avec traduction de André Ryuter et j'essayerai d'en faire une critique.

Eric Eliès
avatar 04/12/2016 @ 13:28:36
Attention SJB, la fil de la discussion a glissé du livre de Conrad vers les livres réputés dans lesquels on peut avoir du mal à s'immerger. "Au cœur des ténèbres" n'a pas grand chose à voir avec "Crime et Châtiment" ou avec "Une journée d'Ivan Denissovitch" (et j'ai lu ces deux livres). Je ne suis pas trop d'accord avec les références cités par Tistou car les écrivains français cités ne font pas passer ce frisson de folie, aux limites du fantastique, qui nimbe le récit de Conrad comme un halo de ténèbres. "Au coeur des ténèbres" n'est pas un livre d'aventures exotiques... A mon humble avis, et en toute modestie, je pense, comme je l'écris dans mon commentaire, que Stevenson, London, Quiroga et d'une certaine manière Ewers et Lovecraft sont bien plus proches, par l'âpreté du style (attention à ne pas se laisser abuser par la réputation de Stevenson et de London d'auteurs pour adolescents) et leur capacité à susciter une sorte de vision de cauchemar lucide, du style de Conrad qui n'a quasiment pas d'équivalent dans la littérature française (où trop peu de marins ont pris la plume... ou le stylo !). Parmi les critiques postées sur le site (outre la mienne of course :)) ), je trouve que celle de Myrco reflète très bien l'ambiance du livre.

Myrco

avatar 04/12/2016 @ 14:36:57
Parmi les critiques postées sur le site (outre la mienne of course :)) ), je trouve que celle de Myrco reflète très bien l'ambiance du livre.

Merci Eric, cela fait toujours plaisir, surtout venant de toi;)

Myrco

avatar 04/12/2016 @ 14:48:59
Je suis tout à fait d'accord sur la parenté avec Lovecraft en ce qui concerne l'atmosphère de ce texte.
A noter que je l'ai lu dans la traduction de Jean Deurbergue qui m'a paru très bien aussi.

Tistou 04/12/2016 @ 15:08:49
Ce serait dommage que tu ne réessaies pas, Saule. Ne pas pouvoir "rentrer" dans la prose et les sentiments que génère Joseph Conrad me parait inconcevable ...

Hey Mr Eric Eliès. tu tronques un peu ce que j'ai écrit dans ma critique. Je le remets ici :

"Joseph Conrad fait partie de ces auteurs, tels Saint Exupéry, Pierre loti ou André Malraux, dont on sent bien à les lire que les sentiments extrêmes ressentis au cours de péripéties tout aussi extrêmes, s’appuient sur du vécu, une expérience personnelle."

Pas tout à fait pareil ...

Pour ceux qui ont été impressionnés par "Au coeur des ténèbres", il y en a un qui l'a manifestement lu, l'a aimé et a voulu, à sa manière le rejouer (et sa lecture n'est pas inintéressante), c'est V.S. Naipaul avec "La courbe du fleuve".

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/24124

Cyclo
avatar 04/12/2016 @ 19:39:55
Disons que Conrad, comme tous les grands auteurs, nécessite d'être très concentré sur sa lecture, sous peine de passer à côté ou de... s'ennuyer. Donc bien choisir son moment !
Pour moi, il reste avec Herman Melville, le plus grand écrivain de la mer.

Eric Eliès
avatar 04/12/2016 @ 19:56:35

Hey Mr Eric Eliès. tu tronques un peu ce que j'ai écrit dans ma critique. Je le remets ici :

"Joseph Conrad fait partie de ces auteurs, tels Saint Exupéry, Pierre loti ou André Malraux, dont on sent bien à les lire que les sentiments extrêmes ressentis au cours de péripéties tout aussi extrêmes, s’appuient sur du vécu, une expérience personnelle."


@ Tistou : j'avais écrit en réponse au mail de SJB, qui te citait, mais ma réponse était un raccourci excessif, je le concède, car sur le critère de l'expérience vécue, la comparaison se justifie pleinement (mais, sur le style, je reste plus dubitatif). Néanmoins, pour poursuivre sur ta critique, quand tu écris que tu ne vois qu'un rapport lointain entre le livre de Conrad et Apocalypse Now, il me semble que le colonel Kurtz, isolé dans un avant-poste en pleine jungle, est un double assez évident de celui du récit de Conrad. Certes, il n'y a pas, dans le livre de Conrad, la guerre et ses scènes de massacre mais il règne, sur le patrouilleur fluvial de Coppola, la même folie oppressante que sur le vapeur de Conrad. Et l'esclavage et le trafic d'ivoire font un contexte guère plus réjouissant que la guerre du Vietnam !

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