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Forums  :  Vos écrits  :  Curiosité mortelle.

LisaSmnt
avatar 24/07/2016 @ 19:47:07
Plus d’un mois est passé, mais je suis rongée par les remords.
J’aurai dû aider cette femme. Dès que je l’ai vue sur ce pont, j’ai tout de suite compris qu’elle tentait de mettre fin à ses jours.
Je l’ai regardé couler sans bouger un cil. J’étais terrifiée.
D’un côté, je voulais la laisser mourir en paix, mais de l’autre, je me disais que ce n’était peut-être qu’une mauvaise passe dans son existence.
J’ai voulu agir trop tard, elle était déjà morte. Je l’ai laissée là et je me suis enfuie.
C’est un pêcheur qui l’a retrouvé le lendemain.
Je sais pertinemment que j’aurai pu l’aider.
Maintenant, c’est trop tard.

Tandis que je me promène dans les rues, le soleil se couche.
J’aime beaucoup la couleur rouge-orangé que prend le ciel en ce moment.

Sur mon chemin, je tombe nez à nez avec une vieille maison. La plupart des fenêtres sont brisées, fermées ou même closes par des planches de bois.
J’ai une folle envie d’y aller.
Je fais le tour du propriétaire pour trouver une porte.
L’herbe est très haute. Elle est déserte depuis des années.
La porte est fermée par un cadenas rouillé. Je pousse la porte et passe sous la chaine.
L’herbe m’arrive au bassin.
Je m’aventure dans le jardin de la demeure. Elle est très imposante.
En avançant dans les hautes herbes, je me blesse sur un morceau de fer caché sous des orties.
Je passe le seuil de la porte grinçante, ma curiosité me tuera !
Je monte lentement les escaliers, j’ai un peu peur.
Une marche se brise sous mon pied, mon pied se coince.
Je tire d’un coup sec et il se dégage.
Je me relève et continue d’avancer. Je fais plus attention où je mets les pieds désormais.
J’arrive au premier étage, des jouets d’enfant sont éparpillés un peu partout. Je marche sur un ours en peluche.
Un vieux tapis est au milieu de la pièce. On dirait une salle de jeux.
Soudain, j’entends des craquements dans le couloir. Je me redresse pour y jeter un coup d’œil.
Je ne comprends pas, c’est impossible. Il y a une petite fille en robe blanche devant moi.
Je me frotte les yeux, elle se rapproche de moi.
Je la questionne sur la raison de sa présence ici, elle dit que c’est chez elle.
Elle a l’air perdue, mais également sûre d’elle. Serait-ce un fantôme ? Non, les fantômes n’existent pas.
Elle me dit qu’elle n’est pas un fantôme, elle est ma culpabilité.
L’enfant s’approche de moi à pas lents, elle pose sa main sur ma joue et m’explique que j’ai très mal agit et que je mérite une punition.
Je ris. C’est juste une mauvaise blague, enfin j’espère.
Ensuite, elle prend ma main et m’emmène dans une pièce isolée où une fenêtre est ouverte.
La petite a raison, j’ai commis le péché mortel. Je mérite la mort.
Je dois rattraper ma faute.
Jamais personne n’a été damné pour avoir fait trop de mal, mais beaucoup sont en enfer pour un seul péché mortel dont ils n’ont pas voulu se repentir.
Je ne veux pas de rédemption ou quoi que ce soit d’autre.
Une vie pour une vie.
Le suicide réussi est le seul péché mortel dont on ne puisse se confesser.
Mourir, ça ne me fait rien, c’est quitter la vie qui me gêne.
Je monte sur le rebord de la fenêtre, je pris une dernière fois.
Je saute.
Je tombe, la chute n’en finit pas, jamais je ne touche terre, je ne me brise pas en mille morceaux. Je tombe, je tombe, le vide autour de moi, le vide qui n’en finit pas, et personne pour me rattraper, me rassurer, me prendre dans ses bras, me dire que tout va bien ce passer et que sous mes pieds, la terre est ferme.
Ma chute s’arrête enfin, elle m’a paru durer une éternité.

Saule

avatar 25/07/2016 @ 09:05:57
Terrible ! J'aime bien "Le suicide réussi est le seul péché mortel dont on ne puisse se confesser".
Nb: petite erreur à la fin je prie une dernière fois.

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