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L’Ennui
C’est un long fleuve encombré de corail
Dont les pensées alenties se déraillent
Et s’abreuvent
Pendant qu’au travers des rochers conduisent
Des nochers dont les tremblements traduisent
Tant d’épreuves
Frayant chemin à travers le maquis
Toujours allant vers des lendemains qui
Désenchantent…
Jetant ses bras dans de pâles lagunes
Traînant un drap de néfaste rancune
Desséchante
En irriguant les pâtures voisines
Souvent se perd et s’écoule en ravines
Si retorses
Qu’en lisière du sentier, stupéfait
D’alluvions en ruisseaux, on se défait
De ses forces
Au bord glissant de l’Ennui, solitaires
Nos pieds amorphes ont quitté la terre
Prends courage !
Car cet appel méandreux et diffus
Heurte en fracas d’impassibles refus,
Des barrages…
Méconnaissant le laurier, l’aloès
Comme on oublie ses lointaines prouesses
Il se trace
Sa route calme à travers les épines
A son passage les branches opinent
Sa disgrâce.
Les vagues, encore, encore, exténuantes
Forment des lignes prestes et remuantes
Ternes drames…
Là-bas d’autres vagues futiles arrivent
Sans arroser davantage la rive
De notre âme.
C’est un long fleuve encombré de corail
Dont les pensées alenties se déraillent
Et s’abreuvent
Pendant qu’au travers des rochers conduisent
Des nochers dont les tremblements traduisent
Tant d’épreuves
Frayant chemin à travers le maquis
Toujours allant vers des lendemains qui
Désenchantent…
Jetant ses bras dans de pâles lagunes
Traînant un drap de néfaste rancune
Desséchante
En irriguant les pâtures voisines
Souvent se perd et s’écoule en ravines
Si retorses
Qu’en lisière du sentier, stupéfait
D’alluvions en ruisseaux, on se défait
De ses forces
Au bord glissant de l’Ennui, solitaires
Nos pieds amorphes ont quitté la terre
Prends courage !
Car cet appel méandreux et diffus
Heurte en fracas d’impassibles refus,
Des barrages…
Méconnaissant le laurier, l’aloès
Comme on oublie ses lointaines prouesses
Il se trace
Sa route calme à travers les épines
A son passage les branches opinent
Sa disgrâce.
Les vagues, encore, encore, exténuantes
Forment des lignes prestes et remuantes
Ternes drames…
Là-bas d’autres vagues futiles arrivent
Sans arroser davantage la rive
De notre âme.
Petite modification (pour répondre à l'engouement phénoménal dont ce poème a été l'objet ;-) :
C’est un long fleuve encombré de corail
Dont les pensées alenties se déraillent
Ou se tracent
Leur route calme à travers les épines.
A son passage les branches opinent
Sa disgrâce.
Jetant ses bras dans de pâles lagunes
Traînant un drap de néfaste rancune
Desséchante
Frayant chemin à travers le maquis
Toujours allant vers des lendemains qui
Désenchantent…
En irriguant les pâtures voisines
Souvent se perd et s’écoule en ravines
Si retorses
Que d’alluvions en ruisseaux, stupéfaits
Tout le long du sentier, on se défait
De ses forces
Au bord glissant de l’Ennui, solitaire
Des pieds chancelants ont quitté la terre
Des mourants.
Mais cet appel méandreux et diffus
Heurte en fracas l’impassible refus
Du courant.
Les vagues, encore, encore, exténuantes
Formant ces lignes prestes et remuantes
Petits drames,
Là-bas, je crois, d’autres vagues arrivent
Sans arroser davantage la rive
De notre âme.
C’est un long fleuve encombré de corail
Dont les pensées alenties se déraillent
Ou se tracent
Leur route calme à travers les épines.
A son passage les branches opinent
Sa disgrâce.
Jetant ses bras dans de pâles lagunes
Traînant un drap de néfaste rancune
Desséchante
Frayant chemin à travers le maquis
Toujours allant vers des lendemains qui
Désenchantent…
En irriguant les pâtures voisines
Souvent se perd et s’écoule en ravines
Si retorses
Que d’alluvions en ruisseaux, stupéfaits
Tout le long du sentier, on se défait
De ses forces
Au bord glissant de l’Ennui, solitaire
Des pieds chancelants ont quitté la terre
Des mourants.
Mais cet appel méandreux et diffus
Heurte en fracas l’impassible refus
Du courant.
Les vagues, encore, encore, exténuantes
Formant ces lignes prestes et remuantes
Petits drames,
Là-bas, je crois, d’autres vagues arrivent
Sans arroser davantage la rive
De notre âme.
Je ne l'avais pas vu passer! Je reviendrai bientôt (et puis il faut encore que je commente celui sur Diogène, c'est dans la liste des choses que je ferai quand le temps de faire des choses sera revenu)!
Superbe
Il y a quelques tournures que j'adore (pâles lagunes..), ce que j'ai préféré c'est la belle monotonie, rythmée de langueurs, entre jaillissement et torpeur.
Si c'est sombre, désenchanté! la léthargie ambiante rends les choses diffuses.
Forts sympathique comme monotonie celle des éléments
fluviaux, monts, terre, vagues
...descendant vers l'embouchure ...de nous même
Il y a quelques tournures que j'adore (pâles lagunes..), ce que j'ai préféré c'est la belle monotonie, rythmée de langueurs, entre jaillissement et torpeur.
Si c'est sombre, désenchanté! la léthargie ambiante rends les choses diffuses.
Un roi sans divertissement est un homme plein de misère
Forts sympathique comme monotonie celle des éléments
fluviaux, monts, terre, vagues
...descendant vers l'embouchure ...de nous même
Je ne l'avais pas vu passer! Je reviendrai bientôt (et puis il faut encore que je commente celui sur Diogène, c'est dans la liste des choses que je ferai quand le temps de faire des choses sera revenu)!
Mais je t'attends ;-) rien ne presse.
Merci Magicite !
Un formidable poème où le style s'accorde puissamment avec le fond. Et que dire, sinon que ce style est magnifique, mélodieux, poétique. Et le poème en dit plus que la réalité. La réalité de la vanité, de la mélancolie, de l'Ennui.
La tentation de la mélancolie ! Entre nous, Martin, sais-tu que la mélancolie était, au Moyen-Âge, considérée comme un péché capital ?
;-))
La tentation de la mélancolie ! Entre nous, Martin, sais-tu que la mélancolie était, au Moyen-Âge, considérée comme un péché capital ?
;-))
Un formidable poème où le style s'accorde puissamment avec le fond. Et que dire, sinon que ce style est magnifique, mélodieux, poétique. Et le poème en dit plus que la réalité. La réalité de la vanité, de la mélancolie, de l'Ennui.
La tentation de la mélancolie ! Entre nous, Martin, sais-tu que la mélancolie était, au Moyen-Âge, considérée comme un péché capital ?
;-))
Merci beaucoup, SJB !
En effet, la mélancolie est considérée comme une forme d'attachement futile aux choses terrestres... D'ailleurs le chant grégorien a été pensé pour échapper à la fois à la transe et d'autre part à la mélancolie. C'est un chant liturgique pur.
C'est une vraie question que tu poses... à quel titre peut-on considérer la mélancolie comme un danger ? Je ne sais pas trop ;-)
C'est une vraie question que tu poses... à quel titre peut-on considérer la mélancolie comme un danger ? Je ne sais pas trop ;-)
Moi non plus.
Et j'avoue péché beaucoup par mélancolie (et aussi par orgueil, aussi par gourmandise etc.)
Sinon, oui c'est puissant, belle métaphore filée avec l'eau, c'est poétique, oui, tout empreint de mélancolie silencieuse et contemplative; mélodieux par contre je ne sais pas, j'ai un petit souci avec le rythme, que je trouve trop saccadé....(cinq minutes plus tard) je viens de tout lire à haute voix, en fait ça concerne uniquement les deux premières strophes, je trouve que la musicalité de ces dernières est moins harmonieuse que celle des autres.
Mais sinon, c'est très beau.
Le chant grégorien comme remède à la mélancolie... Je n'y avais jamais pensé mais c'est tellement vrai. Ce chant produit une force surhumaine sur l'esprit et redonne le goût à la vie.
Et pourtant, il paraît qu'au départ il avait été simplifié pour que toute une assemblée de fidèles puisse le chanter sans l'avoir répété.
En fait, c'est tout ce qui est beau qui produit cet effet, à mon avis.
Cette question de la mélancolie condamnée au M-A m'a toujours intrigué. Je crois que la mélancolie était associée à la tristesse et la tristesse au désespoir. Ce qui était condamné, finalement, c'était la désespérance. Mais au fond, je n'en sais rien.
Reste que ton poème vaut la peine d'être lu et relu, ne le polluons pas avec nos considérations métaphysiques... ;-))
Et pourtant, il paraît qu'au départ il avait été simplifié pour que toute une assemblée de fidèles puisse le chanter sans l'avoir répété.
En fait, c'est tout ce qui est beau qui produit cet effet, à mon avis.
Cette question de la mélancolie condamnée au M-A m'a toujours intrigué. Je crois que la mélancolie était associée à la tristesse et la tristesse au désespoir. Ce qui était condamné, finalement, c'était la désespérance. Mais au fond, je n'en sais rien.
Reste que ton poème vaut la peine d'être lu et relu, ne le polluons pas avec nos considérations métaphysiques... ;-))
Je crois que la mélancolie était associée à la tristesse et la tristesse au désespoir. Ce qui était condamné, finalement, c'était la désespérance. Mais au fond, je n'en sais rien.
Oui, je partage ton analyse !
Merci beaucoup SJB.
J'aime beaucoup que l'ennui (métaphysique, ici, on est d'accord?), tu le décrives comme un principe dynamique, quelque chose qui s'infiltre, progresse. Ça interroge.
Je crois qu'à force de lire tes strophes, je finis par percevoir le jeu entre la vie et ce qui se met dans son chemin pour l'empêcher - cet ennui-mélancolie: la vie est ce fleuve au courant unilatéral. Même sans savoir où elle va, elle sait qui faut qu'elle y aille, obstinément. L'ennui serait ce qui freine le courant, lui permet de prendre des chemins de traverse dans les ripisylves, de déborder dans les plaines. Pour les noyer ou les fertiliser? A cela je n'ai pas de réponse.
En tout cas, je te trouve bigrement doué. Vraiment!
Je crois qu'à force de lire tes strophes, je finis par percevoir le jeu entre la vie et ce qui se met dans son chemin pour l'empêcher - cet ennui-mélancolie: la vie est ce fleuve au courant unilatéral. Même sans savoir où elle va, elle sait qui faut qu'elle y aille, obstinément. L'ennui serait ce qui freine le courant, lui permet de prendre des chemins de traverse dans les ripisylves, de déborder dans les plaines. Pour les noyer ou les fertiliser? A cela je n'ai pas de réponse.
En tout cas, je te trouve bigrement doué. Vraiment!
Ét bien moi non plus je ne l'avais pas du tout vu passer ce poème ! Et quel poème ! J'aime tout, la musicalité,j'adore qu'on revienne à la ligne avec des phrases voire des mots courts qui nous touchent ou nous frappent ; l'atmosphère incroyable très «picturale» ; le sens profond, qui exprime bien la lisière entre mélancolie et ennui...en fait pas beaucoup d'ennui ici qui est pour moi seulement le fil transparent qui conduit à la mélancolie. C'est beau, languissant, j'y vois quelques vapeurs qui s'échapperaient d'un univers baudelairien...
Merci à Lobe d'avoir remonté ce bel ouvrage...
Merci à Lobe d'avoir remonté ce bel ouvrage...
@Lobe : oui, l'ennui ralentit le courant de la vie, le rend apathique, presque stagnant. On est en lutte contre lui, car il nous éloigne, nous isole, nous affaiblit, tout en croyant pouvoir nous charmer (la mélancolie comme forme poétique).
@Piero : J'ai peur que l'albatros de Baudelaire soit encore très, très loin dans le ciel !
Merci beaucoup de vos commentaires ;-)
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