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Mallollo

avatar 26/03/2015 @ 16:55:46
Rouge Georges bande son arc vers le président et lâche d'un coup franc la corde qu'il retenait de ses doigts fermes et secs. La flèche transperce la boîte crânienne de l'illustre qui termine sa chute sous le galop assourdissant des chevaux en fuite.

Rouge Georges est loin, Rouge Georges ne risque rien. Rouge Georges est le meilleur tireur de la tribu, et très rapide à la course à pied, bien que né peau de lune. Rouge Georges a pour parents Aile d'Aigle et Plus Si Pucelle. Plus Si Pucelle, qui n'avait jamais pu honorer la fertilité de la flèche d'Aile d'Aigle, ramena un jour à la tribu cet enfant blanc d'à peine quatre ans trouvé au fond de la profonde Gorge Rouge qui dessine le relief de la plaine aux Mille Vents. Avant d'être recueilli par Plus Si Pucelle, Rouge Georges savait qu'il s'appelait Georges. Alors, la tribu décida d'appeler Georges l'enfant Rouge Georges pour ne pas le confondre avec les autres Georges Blancs, que la tribu côtoyait pour le commerce noir des peaux brunes de bisons aux cornes blanches. Pour intégrer la tribu et lui faire honneur, Rouge Georges décida très vite que sa peau devait ressembler à leur cuir tanné sous l'astre mordant. Rouge Georges prit donc l'habitude de se laisser rôtir jour et jour (car Rouge Georges savait que la nuit n'était pas faite pour rougir sa peau) et vécut son enfance au rythme des lunes et des rites initiatiques qu'il passa haut la main. Rouge Georges a depuis lors la peau rougie et séchée par le soleil.

Rouge Georges ne risque rien, Rouge Georges est loin. Déjà trop loin cependant, car Rouge Georges a besoin du scalp de sa victime. Rouge Georges doit prouver à la tribu que Rouge Georges n'est plus un peau de lune. Grand Poilu Tacheté, le Grand Chef Rouge, a dit que Rouge Georges devrait ramener le scalp du Grand Chef Blanc pour être définitivement accepté dans leur tribu. «Sinon, Rouge Georges sera chassé». Cette phrase hantait Rouge Georges depuis que Grand Poilu Tacheté l'avait prononcée devant le grand totem et le reste de la tribu. Rouge Georges quitta donc le tipi d'Aile d'Aigle et Plus Si Pucelle pour s'en aller dans le paysage dénudé, scalper le Grand Chef Blanc qui se faisait appeler Prési Dent. Rouge Georges ne sait pas ce que signifie «Prési». C'est pour Rouge Georges une preuve suffisante de son appartenance authentiquement peau rouge. Mais ce n'est pas une preuve de sang. Seul un scalp colorerait à jamais la peau de Rouge Georges aux yeux des siens.

Grand Poilu Tacheté savait que le Grand Chef Blanc rôdait dans la plaine aux Mille Vents. Un des Georges Blancs avait prévenu Grand Poilu Tacheté de cette visite, car le Grand Chef Blanc devait inaugurer une ligne de chemin de fer, ce sentier sur lequel galope à vitesse folle le cheval de fer crachant le feu. Sans cela, Grand Poilu Tacheté n'aurait jamais envoyé Rouge Georges, le meilleur tireur à l'arc, réaliser une quête dont la durée aurait sans doute dépassé les mille lunes. Grand Chef Poilu Tacheté avait estimé que cette épreuve serait des plus simples pour Rouge Georges, Rouge Georges voulait tellement trouver sa place au sein de la tribu. Et puis, scalper le Grand Chef Blanc serait une bonne chose pour garder la mainmise sur le territoire de la plaine aux Mille Vents, sachant que les blancs se scalperaient entre blancs pour choisir un nouveau Grand Chef Blanc. Drôle de rite, pensa Grand Poilu Tacheté en se frottant le cuir des mains.

Rouge Georges, déjà trop loin, s'arrête, se retourne, plisse les yeux et fronce les sourcils. Il croyait qu'il serait facile de découper le scalp de Prési Dent une fois la flèche décochée. Mais ni Rouge Georges ni Grand Poilu Tacheté n'avaient imaginé que le Grand Chef Blanc serait encore plus entouré mort que vivant.

Rouge Georges décide d'attendre le lever de la lune.

***

A Gone Town, l'effervescence gronde. Comment le président Georges Jr. Georgesson a-t-il pu être abattu d'une seule flèche en plein milieu du front ? C'est la question que tout le monde se pose, de Janis Fidjanis, française d'origine contrôlée, chanteuse de cabaret, à Harris Jr. Harrisson, le shérif de Gone Town. Qui a bien sa petite idée, mais il est trop tôt pour la dévoiler aux marshals. Il ordonne cependant que cinq hommes se relaient pour surveiller jours et nuits la dépouille du président. Harris Jr. Harrisson soupçonne les indiens d'avoir fait le coup.
- Une flèche, une seule ! Faillait voir la précision du tir, Janis. Et pas un chat aux alentours, évaporé... Ce maudit bâtard mérite la corde, le goudron et les plumes, mais il a tout de même mon respect.
Harris Jr. Harrisson, accoudé au comptoir du Bluester Saloon, siffle son neuvième double sec lorsqu'il répète cette phrase pour la quatrième fois à Janis Fidjanis.
- Faut qu't'arrêtes de boire mon pauv' Harris, lui réplique Janis Fidjanis. Et qu'tu t'concent' sur çui qui a fait ça. Y mérit' pas d'vivr' c't'enfoiré. Viens Harris Jr. Harrisson, mont' avec moi. J'vais t'chanter bon anniversaire à ma façon.
De sa paupière lourdement fardée elle parvient à lui décrocher un clin d'œil et Harris Jr. Harrisson suit la trace de Janis Fidjanis au premier étage du Bluester Saloon.

Janis Fidjanis et Harris Jr. Harrisson sont allongés tranquillement sur la couche lorsqu'un cri les réveille. C'est ce pied tendre de Johnny Jr. Johnnyson, shérif adjoint depuis que son prédécesseur s'est fait la malle avec le coffre de la banque, il y a quatre jours à peine. Mais Johnny Jr. Johnnyson a du courage et possède même un certain talent pour les joutes verbales.
- Shérif, Shérif ! Je connais l'assassin du président, c'est pour moi une chose évidente. La flèche, l'endroit, la plaine aux Mille Vents, rien ni personne aux alentours : Il s'agit d'un autochtone. Un Indien, quoi.
- Je vois que t'es capable de réfléchir mon pied tendre, grogne Harris Jr. Harrisson de sa voix encore enrayée par l'alcool. Monte que j't'explique.
Du haut de la fenêtre de la chambre six du Bluester Saloon, Harris Jr. Harrisson remarque aussitôt qu'il laisse profiter toute la rue de sa vigoureuse nudité. Il recule dans l'ombre de la chambre, empoigne le bras de Janis Fidjanis ainsi que ses bas-résilles, pour les jeter hors de la chambre six du Bluester Saloon.
- Dégage d'ici Janis, j'ai quelqu'un à faire pendre.
- Inutile de m'chambouler comme ça Harris, j'sais met' mes talons ailleurs par moi mêm'. Janis Fidjanis se relève, s'en va et croise Johnny Jr. Johnnyson dans l'escalier. Elle en profite pour lui tapoter les valseuses en lui assénant son clin d'œil fétiche.
- Quand t'as fini avec Harris, viens me voir mon coco, j'vais t'donner l'courage qui t'faut.
- Euh… Oui, excusez-moi mademoiselle, je suis visiblement sur votre chemin, répond Johnny Jr. Johnnyson à la fois inquiet, troublé et gêné de penser qu'il va très certainement se ruer sur l'offre de Janis Fidjanis dès qu'il aura terminé son entretien avec Harris Jr. Harrisson.
- La prochaine fois, prends la peine de v'nir sur moi mon poulain, plutôt que d'êt' sur mon ch'min.
Janis Fidjanis se met à pousser un rire gras, bientôt suivie par les cowboys bourrés du Bluester Saloon.

Johnny Jr. Johnnyson ouvre la porte de la chambre six du Bluester Saloon tout en gardant un œil fixé sur l'arrière train de Janis Fidjanis.
- T'inquiète pas, mon pied tendre. J'vais pas retenir tes deux sacs ici très longtemps.
Harris Jr. Harrisson fait signe à Johnny Jr. Johnnyson de fermer la porte et de venir s'asseoir à la table où lui-même est déjà installé avec un double sec dans la main et la bouteille à moitié vide dans l'autre.
- J'imagine que vous avez déjà élaboré un plan, monsieur ?, questionne Johnny Jr. Johnnyson.
- Tout vu mon pied tendre, lui répond Harris Jr. Harrisson. Tu sais, dans la vie, il y a deux sortes de gens, les gens cons comme toi et ce connard de rouge, et les gens comme moi. Inutile de t'expliquer la différence. Tu comprendrais pas. Bref, ce que je voulais te dire, c'est que j’vais faire surveiller le cadavre. Si c’est bien les Indiens qu’ont fait l’coup, y partiront pas sans un trophée.

Georges Jr. Georgesson. Stop. Président des Etats-Unis d'Amérique. Stop. Assassiné d'une flèche au milieu du front. Stop. Indiens de la plaine aux Mille Vents soupçonnés. Stop.

La nouvelle de la mort de Georges Jr. Georgesson se répand à la vitesse du chemin de fer. De télégramme en télégramme, le pays tout entier commence à s'affairer et les premiers journalistes arrivent déjà à Gone Town, ce qui rend les affaires plutôt juteuses pour le Bluester Saloon et Janis Fidjanis, qui ne sait plus où donner de la croupe.

***

La lune est ronde et blanche. Rouge Georges, armé de son arc et de son couteau, observe depuis l'arrière du Bluester Saloon les Georges Blancs boire et se battre, drôle de coutume. Rouge Georges n'est pas intéressé par ces Georges Blancs vivants. Rouge Georges veut trouver le corps mort de Prési Dent et il n'y a qu'une seule manière de procéder. Hutte après hutte, Rouge Georges scrute chaque fenêtre. Dans la première, Rouge Georges voit une femme, qui n'est autre que Janis Fidjanis, jouer avec les volants de sa jupe. Dans la deuxième, un Georges enfant joue avec un pétard sous une table où un Georges Blanc fume le calumet.

Dans la troisième hutte de bois, deux Georges blancs armés d'un arc à feu se tiennent tant bien que mal debout, à côté d'une grosse caisse de bois. Rouge Georges remarque que ces deux Georges Blancs, bouteille en main, ne semblent plus très lucides. Rouge Georges est persuadé que Prési Dent se trouve dans cette hutte, peut-être même dans la caisse de bois. Rouge Georges bande son arc, vise à travers la fenêtre et tire deux flèches qui atterrissent simultanément au milieu du front de chacun des Georges Blancs. Rouge Georges est fier de son tir. Rouge Georges racontera cette histoire à Grand Poilu Tacheté. Il pénètre dans la hutte, scalpe ensuite les deux Georges Blancs et dépose son butin dans sa petite sacoche.

Quelques bougies allumées entourent la caisse contenant Georges Jr. Georgesson. La flèche a été retirée mais le croque-mort n'a rien pu faire pour maquiller le trou ; une grosse cicatrice en forme de croix marque le souvenir de l'impact. Georges Jr. Georgesson est vêtu d'un costume trois pièces noir, d'une chemise blanche, de chaussettes et de chaussures noires, cirées, mais déjà couvertes d'une fine couche de poussière sableuse. Sale coin pour mourir quand on est président. Dans la main de Georges Jr. Georgesson, une vieille photographie datée de 1882. On l'y reconnaît, accompagné de sa femme et d'un jeune enfant.

Rouge Georges s'approche lentement du corps, sort tranquillement son couteau et découpe posément le haut du front de Prési Dent, en pensant qu'il fera bientôt pour toujours partie de la tribu. Le scalp est à moitié détaché lorsque Rouge Georges remarque la photographie. Rouge Georges s'arrête un instant, retire la photographie de la main du cadavre et la regarde attentivement. C'est la première fois que Rouge Georges observe un dessin si bien réalisé. Il reconnaît Prési Dent et se dit qu'il doit être accompagné de sa Plus Si Pucelle et de son Georges enfant.
- Et toi là, le rouge !
Sorti du Bluester Saloon pour aller pisser, talonné par son fidèle adjoint, Harris Jr. Harrisson s’est vite rendu compte en voyant l’unique silhouette penchée sur le président, que quelque chose clochait.
- Bouge pas d'une plume ou j'te plombe !
Rouge Georges détourne le regard du portrait de famille pour le porter à hauteur des yeux de Harris Jr. Harrisson, et remarque l'arc à feu pointé vers lui.
- Le tuez pas shérif !, crie Johnny Jr. Johnnyson caché derrière la porte. On en a besoin pour lui soutirer des informations.
- M'en fous, c't'un rouge, il parlera pas et on n'a pas b'soin d'un juge pour le plomber. Harris Jr. Harrisson avait les yeux exorbités, fixés sur Rouge Georges sur qui il pointait son gros calibre. J'vais t'plomber tu sais, j'vais t'plomber !
- J'ai dit : le tuez pas shérif !, répète de sang-froid Johnny Jr. Johnnyson.
Janis Fidjanis lui a visiblement donné un peu de courage ; Johnny Jr. Johnnyson pointe désormais le bout de son arme sur le crâne de Harris Jr. Harrisson.
-Ok ok, c'est bon, pied tendre. Mets-lui les menottes et enferme ce connard de peau rouge.
Harris Jr. Harrisson remballe son flingue.
Johnny Jr. Johnnysson attrape le bras de Rouge Georges, le pousse sur la table, face contre le demi-scalp de Georges Jr. Georgesson, lui prend les mains pour les lui attacher derrière le dos, hésite et s’interrompt.
- Shérif, venez voir. Il y a quelque chose qui ne cadre pas ici.
Harris Jr. Harrisson se retourne et rejoint son adjoint. Johnny Jr. Johnnyson lui montre une marque sur le haut des cuisses de Rouge Georges. D'un coup sec, Harris Jr. Harrisson relève la tunique de Rouge Georges, laissant entrevoir une peau encore plus blanche que l'entrecuisse de Janis Fidjanis.
- Merde, c't'un blanc. Va falloir le juger, conclut Harris Jr. Harrisson.

Rouge Georges capturé. Fumée. Rouge Georges être pendu. Fumée. Après prochaine lune. Fumée. Fumée.

***

Le soleil rougit encore un peu plus la peau de Rouge Georges. Cerné par Johnny Jr. Johnnyson d'un côté et Harris Jr. Harrisson de l'autre, Rouge Georges se tient devant la corde nouée à la potence de Gone Town.
- Et oui mon rouge, faut pas scalper les présidents, lui susurre Harris Jr. Harrisson au creux de l'oreille. On va te pendre haut et court. T'auras toute la place pour fendre l'air avec tes pauv' jambes cramées.

Rouge Georges regarde fièrement droit devant lui. La corde, les journalistes, la foule venue en masse assister à la pendaison du meurtrier le plus sauvage de l'Ouest, désormais surnommé Whitescalp. Quelle désillusion pour Rouge Georges, entrer dans la grande histoire en étant coloré de blanc. La foule crie «À mort Whitescalp !», «Pendez-le !» ou encore «Le goudron et les plumes pour Whitescalp».
- Le goudron et les plumes. En voilà une bonne idée ! crie Harris Jr. Harrisson à la foule. Qu'on amène un baril de goudron et des plumes.
Johnny Jr. Johnnyson, heureux de représenter la loi auprès de ses pairs, s’en va d’un pas assuré chercher le baril et les plumes et revient aussitôt. Harris Jr. Harrisson s'empare de la brosse, la trempe dans le goudron et en badigeonne le corps de Rouge Georges, qui reste stoïque. Au même moment, Johnny Jr. Johnnyson installe le sac de plumes au-dessus de la potence et le renverse sur Rouge Georges qui se retrouve aussitôt peau noire et couvert de duvet blanc.

Il n'y a plus de rouge sur la peau de Rouge Georges. Rouge Georges n'est pas digne de sa tribu. Rouge Georges va se mettre lui-même la corde au cou et se jeter dans le vide. Rouge Georges pourra mourir honorablement.

- Mais y va quand même pas se pendre lui-même ? crie furieux Harris Jr. Harrisson, devinant l’intention de Rouge Georges.
- Laissez-lui au moins sa dignité, répond Johnny Jr. Johnnyson. Ce n'est pas vous qui répétiez sans cesse que ce connard avait gagné votre respect pour ce tir ?
- Yep, t'as raison, Johnny.
Rouge Georges se passe la corde au cou et se jette dans le vide sans réfléchir.

Alors que Rouge Georges se débat instinctivement au bout de sa corde, une flèche vient soudain la rompre juste au-dessus de sa tête.
- Les Indiens, panique Janis Fidjanis. Les Indiens sont là !
Harris Jr. Harrisson regarde au loin et aperçoit un nuage de fumée galopant à toute vitesse vers Gone Town, précédé des hululements guerriers bien connus dans la région.
- Préparez-vous, tout le monde ! ordonne rapidement Harris Jr. Harrisson. Que tous les hommes prennent leurs armes et que les femmes et les enfants rentrent dans leur maison. Visiblement, on a de la visite.
Et après un silence des plus austères, les yeux écarquillés, c'est un Harris Jr. Harrisson au bord de l'apoplexie qui hurle :
- Abattez-moi tous ces rouges !

Les flèches et les balles s'échangent durant une bonne heure, tuant des indiens d'un côté et des cowboys de l'autre. Un nuage de poussière inonde le lieu. Harris Jr. Harrisson découvre le corps de Johnny Jr. Johnnyson sans vie derrière l’abreuvoir du Bluester Saloon. «Pauv' pied tendre». Harris Jr. Harrisson jette un œil aux alentours, où tout n'est plus que désolation dans un silence de plomb. Indiens ou blancs, ils sont soit blessés soit morts, aucun d'entre eux n'est plus apte au combat. Harris Jr. Harrisson semble être seul dans cette brume de poussière lorsqu'une flèche lui transperce soudain les côtes pour venir se loger droit dans son cœur. Harris Jr. Harrisson voit s’approcher une ombre emplumée, celle de Rouge Georges. Rouge Georges s’agenouille, respire le souffle court de Harris Jr. Harrisson, sort de sa pochette sa lame affilée qu’il fait glisser le long de la joue moite et froide du shérif.
- Rouge Georges doit ramener le scalp de Prési Dent.
D’un coup sec du poignet, Rouge Georges enfonce sa lame dans le cou d’Harris Jr. Harrisson dont le dernier soupir n’est qu’un gargouillis mouillé.
Rouge George se relève et retourne dans la hutte du président. La peau du crâne a déjà été recousue mais Rouge Georges retire le fil point par point et achève de le scalper. Quelques gouttes de sang tombent sur la photographie que Georges Jr. Georgesson tient toujours entre les doigts.
Rouge Georges observe à nouveau le beau dessin. Rouge Georges prend avec lui le beau dessin pour se souvenir de ce jour. Rouge Georges séchera le scalp de Prési Dent ce soir autour d'un feu. Rouge Georges sait qu'il n'y a plus de tribu. Rouge Georges ne retournera pas chez lui. Rouge Georges doit continuer sa route. Rouge Georges suivra le soleil brûlant. Rouge Georges ira vers l'Ouest.

L'ombre de Rouge Georges se dissout dans le nuage de poussière, s'éloigne de Gone Town pour aller là où les cactus ne lui en feront pas, de l'ombre.

Mallollo

avatar 26/03/2015 @ 16:57:02
"Rouge Georges" est une co-production La Courgette Lejeune / Mallollo :D

Une bonne partie de plaisir que l'écriture de ce texte, j'espère qu'il vous plaira!

Cédelor 01/04/2015 @ 11:42:50
J’ai enfin pris le temps de lire l’histoire de Rouge Georges. Ça représente 6 pages, quand même ! C’est que les longs textes à lire à l’écran sont fatigants. Les longs textes, je préfère les lire sur papier, dans des blocs cartonnés ou brochés plus ou moins épais, petit ou moyen format !

Mais enfin, que voulez-vous, quand on a de l’inspiration, il est parfois difficile de dire à ses doigts (quand on utilise le clavier) ou à sa plume (si on aime à écrire à l’antique manière) de s’arrêter ! Et ça a dû être manifestement le cas de ce texte proposé par Mallolo et La courgette lejeune ! Ce que je comprends tout à fait !

Bref, pour en revenir à ce texte, j’ai attendu d’en avoir le temps et l’humeur pour le lire et… j’ai apprécié !  Un léger ton décalé et humoristique, de quoi faire sourire intérieurement à sa lecture ! Toutes ces couleurs et ces patronymes absurdement répétitifs et ces personnages délicieusement clichés !

Un petit morceau bien écrit et homogène de bout en bout. C’est une réussite, je trouve. Bravo à vous ! On peut dire que la collaboration à deux a été fructueuse ! Je me demande comment vous l’avez écrit car on ne voit pas de différence de style qui sauterait aux yeux.

Tistou 01/04/2015 @ 16:11:23
Rouge Georges, Rouge Georges, ça me rappelle la chanson de Gérard Manset ( https://youtube.com/watch/… ) même s'il n'y est nullement question de scalp !

Tout en finesse et en suggestion pour l'essentiel. et pourtant il y a de la "viande" qui tombe ! Un vrai western !
Des personnages attachants et bien typés, des clins d'oeil à n'en plus finir aux canons du Western, et pourtant de la finesse (déjà dit). Belle réussite.
(Je n'aimerais pas m'appeler "Grand Poilu Tacheté". Non.)

C'est amusant de lire ceci, très évocateur de l'Ouest américain au moment où Lobe remonte mon texte sur Cooke City, qui, relu, m'a remis ces paysages en mémoire ... Go west ...

Lobe
avatar 25/04/2015 @ 20:07:41
Il m'a plu! Rien à redire sur l'écrit, de flèches en piques ça bondit, c'est enlevé. Inspirés par Céline Minard, Faillir être flingué?
Je suis contente de l'avoir lu pas si loin de là où ç'aurait pu se passer. Contente et horrifiée. J'ai croisé sur ma route il y a un mois de cela le Little Bighorn Battlefield National Monument. Il n'y a plus rien que quelques panneaux indicatifs, de paisibles collines, de placides petits chevaux sauvages et pourtant... ce qu'il s'est passé derrière, quand on y pense (pas le fait que cette fois-ci les Indiens aient gagné, mais la grande image de l'écrasement d'une civilisation par une autre).

J'ai dérivé, mais je redonde que j'ai vraiment aimé, été catapultée.

Tistou 02/06/2015 @ 23:00:12
Trois lecteurs pour cette co-production. C'est malheureusement tout ce qu'on peut attendre de Vos Ecrits actuellement. Je le remonte, tiens ...

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