Eniotna 18/08/2004 @ 14:58:29
Quelqu'un connaît-il une (ou plusieurs!) édition (qui se trouve quand même assez facilement) permettant encore de ressentir la joie de cheminer de page en page avec son coupe-papier?
Je n'ai pas envie de faire un pastiche de Nathalie Sarraute; aussi, pour ceux qui pourront croire que ma demande est un peu... farfelue, je leur conseille vivement un des passages d'Enfance (dans la première moitié je pense) dans lequel la romancière relate avec nostalgie sa technique pour couper les pages, les crampes aux doigts à force de manier la petite lame... Cet extrait devrait achever de les persuader.
En ce qui me concerne, je suis déjà adepte à 200%!!

Je vous remercie donc d'avance.
eniotna

Monique 18/08/2004 @ 16:00:28
Antoine, les rares bouquins que je trouve vierges de lecture, à "effeuiller" soi-même donc, c'est chez les bouquinistes d'occasion, parfois emmaüs ou autres associations du genre. J'avoue que je ne cherche pas particulièrement à en trouver des neufs qui n'ont pas cette odeur particulière des vieux volumes ayant parfois passé des dizaines d'années dans des lieux confinés. Mais je ressens aussi ce plaisir "charnel" à passer d'une page à l'autre comme on ouvre une enveloppe personnellement adressée. C'est trop rare.

Saule

avatar 18/08/2004 @ 16:06:22
Récemment quelqu'un a critiqué un livre et y parlait du plaisir qu'il avait eu de couper les pages. Pas moyen de me souvenir de quelle critique il s'agit pourtant. Je pense que c'était Sakhti ou Lucien.

Fee carabine 18/08/2004 @ 16:26:54
L'éditeur José Corti propose encore des livres "à couper". Ou du moins proposait, parce que je viens de faire l'acquisition de 2 recueils de Paul Celan publiés chez cet éditeur, et las... les pages sont déjà soigneusement coupées... Mais je ne sais pas si la politique de José Corti en la matière dépend du type de texte ou de la collection où ce texte est publié, ou si elle vient de changer de fond en comble (ce qui serait dommage..)

Sahkti
avatar 18/08/2004 @ 16:34:33
Bravo Saule! J'avais effectivement parlé du coupe-papier à propos de l'ouvrage de Corinne Desarzens "Je voudrais être l'herbe de cette prairie", publié aux Editions de l'Aire.
Ce n'est pas une pratique habituelle ou banalisée chez cet éditeur suisse, mais cela correspond à la sensibilité de Corinne Desarzens et à la philosophie de son livre intime.

Saint Jean-Baptiste 18/08/2004 @ 20:45:58
Récemment quelqu'un a critiqué un livre et y parlait du plaisir qu'il avait eu de couper les pages. Pas moyen de me souvenir de quelle critique il s'agit pourtant. Je pense que c'était Sakhti ou Lucien.

Je pense me rappeler que Lucien avait aussi évoqué ce doux plaisir en parlant du Rivage des Syrtes dans les éditions José Corti.

Lesembruns 18/08/2004 @ 22:50:32
moi, je n'aime pas ce principe... en fait, je trouve que ça fait des pages mal découpées, que ça ne fait pas très "propre"...

et puis, comment faites vous, vous emportez votre coupe papier partout avec vous ??? si vous voulez lire ledit livre ailleurs que chez vous...

pourquoi ceci a t il été créé ??? vraiment pour être sûr que personne n'avait eu en sa possession ledit livre ???

savez vous qui a été à l'origine de cette initiative ?

Eniotna 25/08/2004 @ 09:55:30
Je suis désolé de ne pas avoir répondu plus tôt et donc de ne pas avoir remercié les personnes ayant bien voulu répondre.

En effet, il est rare de trouver de ce genre de bouquins, mais j'ai eu envie de connaître les autres éditions après avoir lu la Littérature à l'estomac de J. Gracq chez José Corti justement (d'ailleurs ma lecture a été principalement motivée par le découpage des feuillets du livre!).

Enfin, grâce à vous, il y a trois possibilités: José Corti, l'édition suisse de l'Aire et les bouquinistes de Monique! Si j'en trouve de mon côté, je vous en informerai!

Amicalement
eniotna

Eniotna 25/08/2004 @ 10:04:51
moi, je n'aime pas ce principe... en fait, je trouve que ça fait des pages mal découpées, que ça ne fait pas très "propre"...

et puis, comment faites vous, vous emportez votre coupe papier partout avec vous ??? si vous voulez lire ledit livre ailleurs que chez vous...

pourquoi ceci a t il été créé ??? vraiment pour être sûr que personne n'avait eu en sa possession ledit livre ???

savez vous qui a été à l'origine de cette initiative ?


C'est vrai, le coupe-papier n'égale pas le massicot. Mais le livre n'en est-il pas plus personnel?
Je sais que j'aurais beaucoup de mal à me défaire de ce genre de bouquin pour la simple raison que c'est moi qui aurai le premier ouvert ce livre, que personne n'aura pu ne serait-ce que le feuilleter avant moi. C'est une marque de délicatesse de la part de l'éditeur que j'apprécie beaucoup.

En ce qui concerne l'origine de cette coutume, je pense que justement cette usage était très courant et s'est perdu jusque à disparaître quasi-totalement. Je peux aussi complètement me planter, et si quelqu'un en sait plus, qu'il n'hésite pas!

Monique 25/08/2004 @ 10:47:24
savez vous qui a été à l'origine de cette initiative ?
En ce qui concerne l'origine de cette coutume, je pense que justement cette usage était très courant et s'est perdu jusque à disparaître quasi-totalement. Je peux aussi complètement me planter, et si quelqu'un en sait plus, qu'il n'hésite pas!
Personnellement je pense qu'il s'agit au départ de technique d'imprimerie, et que les machines utilisées dans les débuts pour l'assemblage ne prévoyaient pas le massicotage préalable au collage et à la reliure et que c'est venu par la suite. Mais je peux me tromper... Je crois qu'il y a des sympathisants CL qui travaillent ou ont travaillé dans l'imprimerie ?!

Lucien
avatar 25/08/2004 @ 11:23:20
J'ai effectivement parlé du coupe-papier à propos des ouvrages de Gracq publiés chez Corti. Ce plaisir de participer à la finition d'un livre, je l'ai encore goûté en juin ou juillet avec les "Carnets du grand chemin", un livre "achevé d'imprimer en janvier 2002". Si Corti avait changé de politique éditoriale, ce serait donc très récemment.

Fee carabine 25/08/2004 @ 11:40:57
"La rose de personne" (achevé d'imprimer en juin 2002) et "Poèmes" (achevé d'imprimer en février 2004), deux livres de Paul Celan parus chez José Corti sont bel et bien "coupés", et imprimés sur une autre qualité de papier et dans un format plus grand que "les cahiers du grand chemin" ou les recueils "Poésie verticale" de Roberto Juarroz (il me semble que le dernier date aussi de 2002). Peut-être un choix en fonction du livre. Je l'espère en tout cas.

Sottovoce
avatar 25/08/2004 @ 14:14:49
Quelques maisons d'édition pratiquent encore la feuille non coupée, mais ce sont des éditeurs qu'on pourrait qualifier de "confidentiels", puisque leur tirage n'est jamais très important et le choix des auteurs édités se base sur la qualité des textes et non sur le marketing. Par exemple: Fata Morgana, Cadex, les Cendres, Jacques Brémond.
Quant à la feuille coupée ou non, elle l'est après impression, car (en tout cas autrefois) plusieurs pages sont imprimées sur une grande feuille, qui est repliée par après, en quatre (in-quarto), en huit (in-octavo), etc. ce qui donne la taille du livre une fois terminé.
Les livres courants sont alors passés à la rogneuse et donc les plis disparaissent, laissant des pages coupées.

Monique 25/08/2004 @ 14:47:13
Quant à la feuille coupée ou non, elle l'est après impression, car (en tout cas autrefois) plusieurs pages sont imprimées sur une grande feuille, qui est repliée par après, en quatre (in-quarto), en huit (in-octavo), etc. ce qui donne la taille du livre une fois terminé.
Les livres courants sont alors passés à la rogneuse et donc les plis disparaissent, laissant des pages coupées.
Voilà ! Et c'est clairement expliqué ! C'est la rogneuse qui m'échappait, je supposais un massicot pour supprimer les plis. Dis donc, ça doit en faire une poussière !...

Sottovoce
avatar 25/08/2004 @ 14:54:50
Non, pas de poussière, je crois que ce que j'appelle rogneuse correspond au massicot, c'est une lame qui coupe toutes les feuilles en une fois.

Agathe 25/08/2004 @ 15:14:53
Les editions " Rougerie" proposent des receuils de poèmes avec ces feuilles à découper au coupe-papier. Je viens d'en ouvrir un d'Yvon Le Men, pas plus tard que ce matin : "carré d'aube".
J'aime aussi beaucoup cet acte de découvrir les mots dans une action volontaire, comme si la matière , le papier se méritait autant que l'écrit. Le livre sert alors d'écrin, la lecture devient précieuse.

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