Saint Jean-Baptiste 18/05/2016 @ 19:04:38
Tu as raison ! J'avais oublié 1981 : impardonnable.
Rien d’impardonnable à ça, Bolcho, tu es comme moi, tu ne gardes que les bons souvenirs...
;-))

Saint Jean-Baptiste 19/05/2016 @ 10:39:23
1. « En attendant la taxe Tobin « , Frédéric Lemaire


On se demande pourquoi la taxe Tobin est si difficile à mettre en application.
Elle propose que toutes les transactions financières soient taxées ; le pourcentage proposé est très faible. Cette taxe devrait être imposée par les politiciens mais les financiers n'en veulent pas. Ça montre bien que dans le rapport des forces les financiers sont les plus forts.
Ça montre aussi que les politiciens qui déclarent : « mon ennemi c'est la finance » promettent d'abattre des plus forts qu'eux et sont des prometteurs de beaux jours.

Saint Jean-Baptiste 19/05/2016 @ 11:22:38
2.« Le refus du libre-échange », Serge Halimi

Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que notre cher Serge Halami se met, une fois de plus, le doigt dans l’œil.

Il nous dit que « les manifestants réunis par le mouvement Nuit debout espèrent qu’une « convergence des luttes » permettra... (...) le refus des traités de libre-échange.
Bien qu'il nous dise que c'est « un des objectifs », tout l'article nous fait croire que c'est le seul ! Et je me demande si beaucoup de manifestants savent ce que c'est le TTIP. Je crois plutôt que le mot d'ordre est « mort aux flics » et, éventuellement, l’annulation de la révision du code du travail.

Saule

avatar 19/05/2016 @ 17:22:41
Bien qu'il nous dise que c'est « un des objectifs », tout l'article nous fait croire que c'est le seul ! Et je me demande si beaucoup de manifestants savent ce que c'est le TTIP. Je crois plutôt que le mot d'ordre est « mort aux flics » et, éventuellement, l’annulation de la révision du code du travail.

Les eurocrates avaient dogmatisé que ce traité serait bon pour l'économie et que comme les gens étaient trop bêtes pour comprendre, il était préférable de garder les négociations secrètes et faire passer le texte en douce.

Mais on dirait que ça a raté, finalement peut-être que les gens ne sont pas si bêtes que les eurocrates l'avaient espéré ?

Hiram33

avatar 19/05/2016 @ 17:36:27
"je me demande si beaucoup de manifestants savent ce que c'est le TTIP."

N'être pas d'accord avec eux est une chose mais croire que ce sont des abrutis parce qu'ils ne sont pas de ton bord ce n'est pas chrétien !

Saule

avatar 19/05/2016 @ 19:28:07
Il y avait une vielle dame en vélo devant moi au feu, le genre alter-mondialiste. Elle avait une pancarte attachée à sa selle indiquant "TTIP - TAFTA vrije zone". Comme quoi il y a une mobilisation certaine.

Saint Jean-Baptiste 20/05/2016 @ 09:26:22
"

N'être pas d'accord avec eux est une chose mais croire que ce sont des abrutis parce qu'ils ne sont pas de ton bord ce n'est pas chrétien !

C'est sympa de ta part, Hiram, de mettre une petite dose de religion partout mais je ne sais pas si je suis du bon bord, je suis contre le TTIP. Je crois avoir compris que c'était un perfectionnement de la mondialisation et je suis contre la mondialisation. Et toi ?
Et tabasser les flics, je suis contre aussi. Et toi ?

Hiram33

avatar 20/05/2016 @ 12:16:23
"C'est sympa de ta part, Hiram, de mettre une petite dose de religion partout mais je ne sais pas si je suis du bon bord, je suis contre le TTIP."

C'est juste pour te rappeler au bon souvenir de tes valeurs chrétiennes ;-)

Je crois avoir compris que c'était un perfectionnement de la mondialisation et je suis contre la mondialisation. Et toi ?

Je suis pour la mondialisation des Droits de l'Homme et de la laïcité.


"Et tabasser les flics, je suis contre aussi. Et toi ?"

Je suis contre tout tabassage.

Saint Jean-Baptiste 20/05/2016 @ 16:06:22


Je suis pour la mondialisation des Droits de l'Homme et de la laïcité.

Je suis contre tout tabassage.
Nous sommes faits pour nous entendre, Hiram.

Saint Jean-Baptiste 21/05/2016 @ 11:35:47
3 - Contester sans modération – de Pierre Rimbert

Voila un bel article, il dit des choses intéressantes sur les temps présents, et puis il est bien écrit.

« Nombre d’organisations et de militants se sont résignés à ne plus convoiter l’impossible, mais à solliciter l’acceptable ; à ne plus aller de l’avant, mais à souhaiter l’arrêt des reculs. A mesure que la gauche érigeait sa modestie en stratégie, le plafond de ses espoirs s’abaissait jusqu’au seuil de la déprime ». (dixit Pierre Rimbert)
Sans rire, c'est rare de voir un article si bien écrit.

Les contestataires d'aujourd'hui disent : « Le monde ou rien !» et : « nous voulons tout !».
Mais est-ce encore possible ?

L'article nous dit qu'au XIXème siècle Victor Higo écrivait : « nous ne voulons pas les pauvres soulagés, nous voulons la misère abolie »
Et ils y sont arrivés : le temps où les hommes et les femmes travaillaient jusqu'à leur mort, les enfants, garçons et filles, travaillaient dès leur douze ans, sans sécurité sociale, sans mutuelle, sans syndicat, sans congé, sans pension, a été aboli.

Mais à cette époque là nous étions les maîtres du jeu. Nous étions les seuls à produire.
Aujourd'hui la Chine, le Brésil, la Russie, les pays d'Asie produisent la même chose que nous. Et ils produisent à des prix six fois moins élevés que nous et à qualité égale. Mais sans respecter les règles : ils en sont toujours à l'esclavagisme.

Et nous, nous exigeons moins d'heures de travail, plus de salaire, plus de congés, bientôt... la retraite à vingt ans !

L'article nous dit encore que les protestataires de nuit debout veulent : « contrôler l’économie, décider collectivement ce que l’on produit, comment on le produit, ce qu’on entend par « richesse ». Non pas la parité femmes-hommes, mais l’égalité absolue. Non plus le respect des minorités et des différences, mais la fraternité qui élève au rang d’égal quiconque adhère au projet politique commun. Point d’« écoresponsabilité », mais des rapports de coopération avec la nature. Pas un néocolonialisme économique habillé en aide humanitaire, mais l’émancipation des peuples ».

Encore une fois, c'est beau comme l'antique. Il faut croire aux lendemains qui chantent. Il faut croire aux chimères, l'espoir fait vivre, n'est-il pas. Mais...

Saint Jean-Baptiste 25/05/2016 @ 11:48:18
...Peuvent-ils se détourner, sans aucun état d’âme, sans aucune réparation (compensation financière, soutien diplomatique, mise en place d’une coopération fondée sur le juste échange, etc.), d’une région qu’ils ont patiemment déstabilisée ?
...



Après avoir perdu des dizaines de milliards de dollars avec leur aventure en Irak. On demande des compensations financières aux Ricains pour le renversement de Saddam Hussein ? Mouahahahaha!

Ce simple passage valait la lecture tellement c'est bon de savourer ce genre de délire.

4. « Les Etats-Unis sont fatigués du monde », Benoît Bréville

Moi aussi, Martell, j'ai savouré ce genre de délire quand je suis arrivé à la conclusion de cet article méli-melo, sur l'interventionisme des E-U :
« ...même quand ils ne maintiendront plus de soldats dans la région, les Etats-Unis resteront comptables du chaos qu’ils ont enfanté ».

« ...Le chaos qu'ils ont enfanté » ! Venant du Monde, je crois que c'est de l'humour à répétition. Quand ils ont un blanc dans leur journal ils pondent toujours le même article pour nous expliquer que, sans les E-U, les Arabes seraient si heureux, il n'y aurait pas eu de « printemps arabe » et le Proche-Orient, comme le reste du monde, vivrait dans une pacifique euphorie... !

Bolcho
avatar 09/07/2016 @ 10:39:15
1. L’autodestruction du Parti socialiste, Rémi Lefebvre (prof de science politique à l’université de Lille-II)

Subjugué par les dogmes du « marché libre » et rivé aux consignes de Bruxelles, le président François Hollande s’obstine à imposer le démantèlement du code du travail, faute de lutter efficacement contre le chômage. Comme une majorité de syndicats, de Français et de parlementaires rechignent, il tente un passage en force, au mépris même de toute logique électorale.
 A moins d’un an de l’élection présidentielle, la cause paraît entendue : M. François Hollande, qui se prépare à l’évidence à solliciter le renouvellement de son mandat, n’est même pas assuré de figurer au second tour.
La politique de l’offre (politique libérale consistant à tenter de relancer l'activité économique en multipliant les avantages offerts aux entreprises) engagée dès l’automne 2012 ne produit toujours pas de résultats. 
Se dirige-t-on vers la fin du PS ? Quelle rationalité électorale poursuivent les élites socialistes, par ailleurs si « raisonnables » ? Les choix idéologiques sont si marqués qu’ils prennent le pas sur les intérêts électoraux du parti. M. Hollande en est devenu le fossoyeur. En 2014, son parti a perdu 162 villes de plus de 9 000 habitants — un record pour des élections municipales.  Le parti dans son ensemble connaît une hémorragie de militants sans précédent. Les renouvellements de cartes au 1er décembre 2014 ne dépassaient pas 60 000 adhérents, soit largement 50 000 de moins qu’en 2012. 
La démocratie interne est inexistante. Les résultats du congrès de Poitiers, en juin 2015, ont été complètement ignorés, alors qu’ils étaient censés définir la ligne politique du parti.  Manuel Valls, qui n’a cessé, depuis, de radicaliser sa ligne sociale-libérale. La « loi travail », qui ne faisait pas partie des engagements de 2012, n’a jamais été discutée au PS ; elle n’a fait l’objet d’aucun vote du bureau politique. Les débats se sont déplacés dans l’arène parlementaire, où les députés frondeurs organisent une résistance très médiatisée, mais jusqu’ici marginale. 
La destruction du parti apparaît comme une stratégie délibérée de M. Valls. Fortement minoritaire lors de la primaire de 2011, il cherche à liquider le « vieux parti », comme l’un de ses modèles, M. Anthony Blair, l’avait fait avec le Labour au Royaume-Uni, pour réinitialiser le jeu politique au centre.  Il est désormais débordé sur sa droite par le ministre de l’économie Emmanuel Macron, qui adopte la même stratégie hors du PS et cherche la surenchère dans la « transgression » des marqueurs politiques de gauche.
Monsieur Hollande cherche à empêcher la dispersion des candidatures à gauche au premier tour. Il s’est employé à diviser les écologistes, avec un succès certain. La nomination au gouvernement de trois ministres écologistes en janvier 2016 a rempli son office. Une victoire de M. Nicolas Sarkozy à la primaire serait très favorable à M. Hollande. Le PS entonne déjà le refrain des élections législatives de 1986 : « Au secours, la droite revient ! » 
Si irréaliste que cela puisse paraître, le PS n’a donc pas encore complètement renoncé à l’idée d’une victoire en 2017. Déjà, Mme Martine Aubry et les frondeurs enjambent la défaite à venir et préparent le futur congrès. Le PS est peut-être à l’agonie ; mais il a démontré au cours de sa longue histoire une capacité de résilience qui fonde sa longévité historique.

2. Une Europe à refaire, Serge Halimi

La victoire du Brexit constitue bien un coup de tonnerre pour l’ensemble du Vieux Continent.
 L’Union aurait pu opposer au triomphe de la concurrence planétaire un modèle de coopération régionale, de protection sociale, d’intégration par le haut des populations de l’ex-bloc de l’Est.
Mais au lieu d’une communauté, elle a créé un grand marché. Bardé de commissaires, de règles pour les États, de punitions pour les populations, mais grand ouvert à une concurrence déloyale pour les travailleurs. Sans âme et sans autre volonté que celle de complaire aux plus aisés et aux mieux connectés des places financières et des grandes métropoles. L’Union ne nourrit plus qu’un imaginaire de pénitences et d’austérité, immanquablement justifié par l’argument du moindre mal.

3. Grande braderie en Grèce, Niels Kadritzke (journaliste de l'édition allemande du Monde Diplo)

Le revolver sur la tempe, Athènes a capitulé devant les exigences de ses « partenaires » européens en juillet 2015. Les décisions budgétaires et fiscales du pays sont désormais soumises à leur accord préalable. Et le programme de privatisations imposé à la Grèce orchestre le plus important transfert de propriétés jamais opéré dans un pays de l’Union européenne.
La vague de privatisations a fait chuter les salaires, dégradé les conditions de travail et accru les inégalités de revenus.
À cet égard, la Grèce constitue un cas d’école. À cause de la crise provoquée par son endettement, le pays s’est vu contraint par ses créanciers de vendre au plus offrant le plus grand nombre possible de ses entreprises publiques ou para-publiques, dans le seul objectif d’honorer ses remboursements. 
Deux projets de privatisation sont les plus lourds du pays : la vente de 67 % des parts de la société du port du Pirée (OLP) au groupe chinois China Ocean Shipping Company (Cosco) et la concession de quatorze aéroports à un consortium privé dominé par le groupe allemand Fraport.
D’abord, il y a cette surprenante décision de céder un réseau aéroportuaire qui rapporte de l’argent. 
Dans le cas de Fraport, le concessionnaire des quatorze aéroports jouit d’une réserve presque illimitée de subventions, de transferts de fonds et de garanties de la part d’un État grec pris à la gorge. Celui-ci n’a pas son mot à dire dans les décisions qui affectent l’un des secteurs-clés de l’économie nationale.
Pour qui se soucie de la stabilisation durable des finances publiques grecques, l’opération Fraport représente de toute évidence la pire des options possibles. On pourrait en dire de même de la plupart des dix-neuf privatisations (gaz, électricité, port de Salonique…) engagées ou programmées.
On aurait tort d’en déduire que la conservation du secteur public tel qu’il fonctionnait auparavant aurait été la solution idéale. Mais, entre les soldes pour prédateurs internationaux et l’économie du clientélisme, il y avait de la place pour une troisième option.

4. Information sous contrôle, Serge Halimi et Pierre Rimbert
Avant que l’indignation générale ne le contraigne à reculer, le gouvernement de M. Manuel Valls a tenté d’interdire une manifestation syndicale en France — du jamais-vu depuis des décennies. Cette dérive autoritaire doit beaucoup au climat de guerre sociale qu’entretiennent les principaux médias du pays. Subissant la férule de ses propriétaires, la presse renonce au rôle de défenseur des libertés politiques.
« Ce n’est qu’un début, continuons le combat contre la CGT », annonce l’éditorialiste-vedette du Point en ouverture d’un numéro sur « La vraie histoire du “mal français”.
Les médias n’observent pas : ils mènent un « combat ». Et agissent comme une force politique.
« Démagogie debout » (27 avril), « Rétablir l’ordre » (18 mai), « Terrorisme social » (24 mai), « Dictature cégétiste » (26 mai), « Les vandales de la République » (18 juin) : que les éditoriaux du Figaro s’apparentent une collection de tracts appelant à « renvoyer la gauche et briser le pouvoir des syndicats » (10 juin) s’inscrit dans la continuité historique d’un journal marqué à droite. Mais ce registre de la canonnière pointée sur les opposants à la « loi travail », largement majoritaires dans le pays, et en particulier sur la Confédération générale du travail (CGT), premier syndicat français, a gagné des médias perçus comme moins ouvertement militants : France 2, i-Télé, Europe 1...
Le 15 juin, au lendemain de la plus importante manifestation syndicale jamais organisée contre un gouvernement (se proclamant) de gauche sous la Ve République, c’est le sort des façades de l’hôpital Necker, endommagées lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, qui retient toute l’attention des journalistes. La polémique a été lancée la veille par le premier ministre et par le président de la République. Imputant la responsabilité de la « dévastation » de l’établissement à la CGT, ils menacent d’interdire toute manifestation syndicale. 
L’hostilité du quotidien Le Monde envers le « parlementarisme rationalisé », c’est-à-dire subordonné aux choix de l’Élysée, a longtemps fondé l’identité politique du quotidien. Dans une spectaculaire volte-face, le quotidien vespéral acclame désormais le social-libéralisme autoritaire incarné par M. Manuel Valls. « Vive le 49.3 ! », éditorialise-t-il le 13 mai 2016, afin de justifier l’escamotage du débat parlementaire pour faire passer la « loi travail ». Et il argumente :   « Que l’on sache, le pouvoir exécutif émane, en premier ressort, de l’élection du président de la République. » 
 Mais, « que l’on sache », la mise en cause du code du travail ne comptait pas au nombre des soixante engagements du candidat François Hollande. Elle ne figurait pas non plus dans le programme des députés socialistes entrés à l’Assemblée nationale en juin 2012. Faute de quoi ils n’auraient probablement pas été élus. Le congrès du Parti socialiste avait même voté en 2015 une résolution dans un sens opposé, signée par M. Valls et Mme Myriam El Khomri .
La presse agit comme la caisse de résonance d’un bloc politique.
Là où les oppositions entre Le Monde, Le Figaro, Libération, RTL ou France Inter d’avant le tournant de 1983 balisaient un espace idéologique assez vaste, les médias dominants campent désormais, à quelques sujets de société près, sur le même terrain. 
Le soir de la journée nationale du 26 mai 2016, le journal télévisé de 20 heures de France 2 consacre trois minutes et vingt secondes aux manifestations, et vingt et une minutes vingt-cinq secondes aux « violences », « blocages », problèmes des petites entreprises, pénuries d’essence et « chantage » de la CGT contre les dirigeants de presse. 
Il s’agit de dissoudre l’action revendicative dans les images d’échauffourées, comme si les manifestations n’étaient qu’un déferlement de chaos face au gouvernement de la raison. Les médias de masse n’accordent leur bienveillance qu’aux mouvements qui consentent à ne jamais franchir un certain nombre de lignes rouges préalablement tracées par eux : ne pas faire grève (ou alors sans déranger personne), ne pas interrompre des examens, ne pas bloquer les transports, les ports, les raffineries, ne pas troubler l’ordre public, les représentations théâtrales, le Tour de France… 
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les journalistes disposent de pouvoirs étendus sur les principaux titres de presse. Organisés en sociétés de rédacteurs, ils se disent « désormais décidés à remettre en cause les structures qui ne garantissent plus au public des informations à la fois sûres et complètes ». Leur détermination à ne plus voir « prévaloir dans la presse les intérêts privés sur l’intérêt général » faiblit à partir de la décennie 1980, sous l’effet des transformations du secteur de la communication : amenuisement du lectorat, baisse des recettes publicitaires, essor du numérique, concentrations industrielles. 
Les propriétaires de journaux poussent plus loin leur avantage.  Le sénateur de droite Serge Dassault a obtenu que son journal se métamorphose avec une régularité de métronome en serviteur des industriels milliardaires amis de l’avionneur et gros annonceurs du Figaro.
L'Obs se proclame «  de gauche, citoyen, réaliste, progressiste ». Mais, il y a deux ans, son directeur Matthieu Croissandeau souhaitait, « sans arrière-pensée ni équivoque, la pleine réussite de Manuel Valls et de son nouveau ministre de l’économie, Emmanuel Macron ».
Donc, quelles que soient les chartes d’indépendance, un titre dont le responsable éditorial est nommé par l’actionnaire, et qui dépend par ailleurs de sa générosité (intéressée), vit sous la coupe de ses intérêts, de ses amitiés — et de ses caprices.
On savait les médias acquis aux priorités néolibérales. On savait les médias français peu soucieux de démocratie sitôt que le suffrage populaire contrarie leurs desseins fédéralistes européens. Avec leur accompagnement bienveillant de l’état d’urgence, avec leur nonchalance devant la mise en cause, inédite depuis plus d’un demi- siècle, du droit des principales confédérations syndicales à manifester dans la capitale, une étape supplémentaire vient d’être franchie.
Dorénavant, le journalisme encourage la dérive autoritaire du pouvoir, et le fait d’autant plus volontiers que se resserre autour de son cou le cercle de fer des industriels qui le possèdent.

5. Le revenu garanti et ses faux amis, Mona Chollet
Parler d’instaurer un revenu garanti sans préciser ce que l’on entend par là revient à discuter de l’adoption d’un félin sans dire si on pense à un chaton ou à un tigre », remarque M. Olli Kangas, directeur de recherche de Kela, l’institut finlandais de protection sociale
Dans les versions de gauche, on imagine un montant proche du salaire minimum, assez élevé pour couvrir les besoins de base (autour de 1 000 euros), ce qui permettrait de refuser un emploi jugé inintéressant, nuisible et/ou mal payé.  L’un des défenseurs actuels de cette version en France, Baptiste Mylondo, associe le revenu garanti à des mesures drastiques de réduction des inégalités : impôt sur le revenu fortement progressif, taxe sur le patrimoine, instauration d’un revenu maximum (avec une échelle de un à quatre).
À l’autre extrémité du spectre, dans la version libérale — théorisée par l’économiste américain Milton Friedman (1912-2006) —, le montant est trop faible pour que l’on puisse se passer d’emploi. Au lieu de renforcer le pouvoir de négociation des salariés, le revenu de base fonctionnerait alors comme une subvention aux employeurs, qui seraient tentés de baisser les salaires. Et il ferait office de « solde de tout compte » en se substituant aux prestations sociales existantes (assurance-maladie, chômage, famille, vieillesse). 
On doit au philosophe belge Philippe Van Parijs la réactivation du concept en Europe, sous le nom d’« allocation universelle », au début des années 1980. Lui-même ancien adhérent dans son pays du parti Écolo, il estime que la possibilité laissée à chacun d’organiser sa vie et son travail bouscule les habitudes de pensée à la fois de la droite et de la gauche.
Quels arguments justifieraient l’instauration d’un revenu de base ? Tous nos interlocuteurs invoquent le nombre d’emplois appelés à disparaître du fait de l’automatisation et de la numérisation.
Autre écueil : que le revenu de base laisse libre cours au démantèlement du droit du travail et des conquêtes salariales entamé par des entreprises comme Uber.
Comme tout projet progressiste, le revenu garanti dans sa version de gauche se heurte à l’absence d’un pouvoir en position de le mettre en œuvre. Manuel Valls, a déclaré sur Facebook, le 19 avril, vouloir « ouvrir le chantier du revenu universel », avant d’ajouter aussitôt qu’il ne s’agirait pas d’une allocation « versée à tous », car « cela serait coûteux et n’aurait aucun sens ». Autrement dit : le revenu universel, pourquoi pas, mais à condition qu’il ne soit pas… universel.

Hiram33

avatar 20/07/2016 @ 18:03:24
Merci pour ce résumé.

Le Revenu universel est une idée qui circulait dans les milieux de gauche et maçonniques dans les années 1980. Le but était humaniste. Aujourd'hui, le projet est repris par les ultra-libéraux. Cela paraît curieux car on imagine mal Macron ou Wauquiez faire le bien pour la "France d'en bas".

M'est avis que leur projet est le suivant :

- Donner le Revenu universel en échange de 5 à 10 heures par mois dans la fonction publique. Ainsi, chaque fonctionnaire qui partira à la retraite sera remplacé par un vacataire payé avec le Revenu universel et donc soumis au silence et à la frousse car en cas de syndicalisation ou de contestation, on le menacera de lui retirer son revenu. Plus tard, les ultra-libéraux pourront vendre les services publics en arguant que ces services ne sont plus efficaces (et pour cause avec un personnel démotivé et menacé en permanence...).

-Autre but, puisque le Revenu universel sera garanti, pourquoi bien travailler à l'école ? Ce sera l'explosion de l'illettrisme et la multiplication du nombre de citoyens encore plus faciles à manipuler pour grossir les rangs des partis favorables aux lois du marché voire pire...

Saint Jean-Baptiste 22/07/2016 @ 11:32:49
Je crois, personnellement, que ce revenu universel doit être mis sérieusement à l'étude parce que la société ne peut pas continuer à fonctionner comme elle le fait aujourd'hui.
C'est très simple, il n'y a plus assez de travail pour tout le monde. Il faut trouver autre chose que le travail pour se valoriser et prendre sa place dans la société.

Ce que tu dis ici, Hiram, me paraît tout à fait juste (je fais un copier-coller) :

« -Autre but, puisque le Revenu universel sera garanti, pourquoi bien travailler à l'école ? Ce sera l'explosion de l'illettrisme et la multiplication du nombre de citoyens encore plus faciles à manipuler pour grossir les rangs des partis favorables aux lois du marché voire pire... » (dixit Hiram)

Sauf que, pour moi, ce n'est pas un but mais une conséquence : il me semble évident que beaucoup d'élèves se contenteront de la perspective de vivre avec, par exemple, 1000 € par mois et n'étudieront plus (le vieux rêve de la retraite à 20 ans).
Mais ce n'est pas le but. Un des buts annoncés était justement de permettre aux travailleurs de travailler moins pour se cultiver plus.

Deuxièmement, à mon avis, les gens les plus faciles à manipuler iront toujours plus à gauche parce que la gauche promet toujours plus, sans soucis de pouvoir réaliser ses promesses. Il faut beaucoup de sens critique, et donc d'instruction, pour résister aux promesses de la gauche, tellement on voudrait qu'elles soient réalisables.

Personnellement, je pense que ce revenu universel finira par voir le jour, sous une forme ou sous une autre ; et ce sera un mieux ou un pire selon ce que nous en feront.

Saint Jean-Baptiste 22/07/2016 @ 11:34:01
...ce que nous en feronS (c'est encore mieux comme ça).

Hiram33

avatar 22/07/2016 @ 12:43:24
" Deuxièmement, à mon avis, les gens les plus faciles à manipuler iront toujours plus à gauche parce que la gauche promet toujours plus, sans soucis de pouvoir réaliser ses promesses. Il faut beaucoup de sens critique, et donc d'instruction, pour résister aux promesses de la gauche, tellement on voudrait qu'elles soient réalisables. "

Pourtant les études sociologiques (cf Jean-Yves Camus) montrent que le FN a un électorat de non-diplômés.
La culture empêche-t-elle la barbarie ? J'ai déjà proposé une étude sur ce sujet. La Scandinavie a le taux d'illettrisme le plus faible du monde et le plus grand nombre d'inscrits en bibliothèque pourtant l'extrême-droite est de plus en plus élevée.
Tu dis que l'illettrisme serait la conséquence et non le but. A-t-on vu nos politiciens lutter contre la désaffection des citoyens envers la culture ces vingt dernières années ?

Minoritaire

avatar 22/07/2016 @ 14:27:34

Tu dis que l'illettrisme serait la conséquence et non le but. A-t-on vu nos politiciens lutter contre la désaffection des citoyens envers la culture ces vingt dernières années ?
vingt? tu es bien restrictif...

Saint Jean-Baptiste 22/07/2016 @ 18:52:40

La culture empêche-t-elle la barbarie ? J'ai déjà proposé une étude sur ce sujet.
C'est un sujet prodigieusement intéressant. Au lendemain de la dernière guerre, René Grousset écrivait dans son  Bilan de l'Histoire : « L'homme est désormais sans illusion sur le monstre qui dormait en lui (...) Il aura suffit de l'occasion des doctrines totalitaires pour que le monstre, brisant ses chaînes, détruise sur d'immenses étendues une civilisation qui se croyait immortelle. (...) Tous les progrès du génie humain n'auront servi qu'à rendre incommensurablement plus meurtriers nos périodiques retours à la barbarie... »

Il écrivait ça dans le climat pessimiste de l'après guerre mais, il exagérait, notre civilisation n'a pas été anéantie. Deux mille ans de civilisation nous ont quand même amené à un niveau supérieur à ce qui existait avant, ou ailleurs (mais je ne devrais pas ajouter « ailleurs », je crois que c'est tabou).


Par ailleurs, l'extrême droite n'est ni une théorie ni une idéologie, ni non plus une position extrémiste, quand à peu près la moitié d'un pays devient partisan.
Il serait intéressant de savoir ce qui pousse les gens à se positionner à cette prétendue extrême droite. Certainement la peur du lendemain, le dégoût de la politique, le ras le bol des promesses non tenues... Je crois surtout qu'on vote « extrême » droite par défaut. Personnellement, je n'y vois pas un retour à la barbarie. J'y vois plus un appel à changer de système. Mais je peux me tromper.

Saint Jean-Baptiste 22/07/2016 @ 18:57:08

Tu dis que l'illettrisme serait la conséquence et non le but. A-t-on vu nos politiciens lutter contre la désaffection des citoyens envers la culture ces vingt dernières années ?
L'illettrisme n'est pas un but ; ou alors, les politiciens sont encore plus machiavéliques qu'on ne l'imagine.
Je crois surtout que la culture coûte cher et n'est pas porteuse de voix. Nos démocraties sont victimes du populisme qui consiste à prendre des décisions en prévision des voix que ça va rapporter.

Radetsky 22/07/2016 @ 20:22:13
1. L’autodestruction du Parti socialiste, Rémi Lefebvre (prof de science politique à l’université de Lille-II)....

Cette autodestruction (chez TOUS les partis "socialistes") a commencé en 1914. Rosa Luxemburg l'a bien analysée dans son bouquin "La crise de la social-démocratie allemande", rédigé en avril 1915. J'ai une édition de 1970, (avec préface de Clara Zetkin datée 1919, et une introduction d'Ernest Mandel de 1970), éditée chez les Editions de la Taupe, à Bruxelles. Depuis, l'Histoire n'a fait que bégayer pour les socialistes, qui ont buté et trébuché à chaque fois qu'ils étaient au pied du mur, sommés d'accorder leurs actes et leurs idées. R.I.P.

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