Dirlandaise

avatar 14/07/2012 @ 22:10:02
Donc, en conclusion, Nabokov, avec cette histoire, frappe fort sur la société bien-pensante américaine qui interdit les relations entre hommes adultes et femmes enfants (nymphettes comme il les nomme). Il ne frappe pas sur les pédophiles et non plus sur la pédophilie. Mais il me reste une centaine de pages, donc ma conclusion peut s'avérer erronée.

Dirlandaise

avatar 14/07/2012 @ 22:14:31
Et je le soupçonne fortement, en bon aristocrate européen qu'il était, d'avoir éprouvé des ennuis avec cette dite société américaine bien-pensante suite à des relations du même type que celle décrite dans ce livre.

Fin

Koudoux

avatar 14/07/2012 @ 23:01:03
Le passage du grand voyage du couple à travers les Etats Unis m'a semblé un peu long.
Par contre j'ai éprouvé du dégout quand HH a expliqué son envie de devenir grand-père :
"ne compterait que huit ou neuf ans vers 1960; alors que je serais encore dans la force de l'âge..."

Donatien
avatar 15/07/2012 @ 08:39:11
Je viens de terminer la première partie. HH vient d'arriver à ses fins mais pas comme il l'imaginait.Lo prends les commandes de leur équipée s'étant révélée expérimentée en matière sexuelle.
Cette première partie est vraiment rocambolesque lorsque l'on reprend tous les rebondissements imagnié part l'auteur. Un amour de jeunesse, un mariage, une expédition arctique, une prostituée, remariage avec Charlotte, mort accidentelle provoquée par "le bras velu du hasard". C'est finalement à l'hotel des chasseurs, après une description des lieux, des voyageurs, des bruits de plomberie, digne des Marx Brothers, que Lolita se revèle beaucoup moins innocente et vierge que souhaité.

HH reste un personnage répugnant, mais je ne le crois pas pervers. Il semble aimer vraiment. C'est un grand malade qu'il faudrait malgré tout empêcher de sévir.
Mes souvenirs d'une première lecture me disent qu'il va le payer durement. Il va être ridiculisé,trompé. Fini de délirer. La réalité va se révéler brutale, la vraie vie quoi!

A+

Nymphette

avatar 15/07/2012 @ 19:12:21
Je viens de marier H.H. à Charlotte.

Et le voilà déjà à vouloir occire sa "douce" pour mettre l amain sur Lolita de façon définitive. Et vous ne le trouvez pas pervers? Il manipule à loisir quiconque croise son chemin pour arriver à ses fins. Il "aime" une jeune fille de 12 ans, fantasmant sur elle de mille façons non avouables, souhaitant la droguer pour l'abuser plus encore...

Peut-être souffre t-il, mais cela n'enlève rien à ses propres torts!

Pucksimberg
avatar 15/07/2012 @ 19:31:08
p.490 :

HH me ferait presque de la peine, pourtant je l'avais condamné sévèrement dès le début. Il aime vraiment Lolita. Parce qu'elle est bien plus âgée à la fin du roman, cet amour semble moins monstrueux.

En revanche, quand HH évoque les Lolita II et III, ses pulsions et son désir deviennent vraiment terrifiants.

Je suis assez intrigué par ce HH ( je n'ai pas dit que je l'admire !!! Loin de là ... ), les monstres suscitent souvent l'intérêt du lecteur ( amour monstrueux de Phèdre pour Hippolyte, Grenouille dans "La Parfum", les vieillards de nombreux romans de Kawabata dont "Les Belles endormies", Roberto Zucco dans la pièce de Koltès ...). C'est vrai qu'il fait preuve d'humour, n'hésite pas à se moquer de lui-même et de la situation dans laquelle il est plongé. Il est même surprenant quand il prend de la distance avec lui-même et parle de lui à la troisième personne du singulier comme un scientifique qui se pencherait sur le cas d'un patient.

Comme tout est vu à travers le regard de HH, donc ressenti, révélé, jugé par lui, il est dur de se faire une opinion tranchée sur Lolita ... Comme Marvic l'a dit et pour reprendre ses termes, elle ne me semble pas totalement perverse. C'est tout de même une pauvre petite, une gamine la dérive qui a eu très vite des expériences sensuelles certes, mais la rendre machiavélique à 12 ans me semble excessif.

Ces propos de HH sont assez clairs et justes :
" rien ne pouvait faire oublier à ma Lolita la lascivité infâme que je lui avais infligée. Tant que l'on ne pourra pas me prouver - à moi tel que je suis aujourd'hui, avec mon coeur et ma barbe, et ma putréfaction - que cela est sans conséquence aucune à très long terme qu'une enfant nord-américaine nommée Dolores Haze ait été privée de son enfance par un maniaque, tant qu'on ne pourra pas le prouver ( et si on le peut, alors la vie n'est qu'une farce ), je n'entrevois d'autre cure à mon tourment que le palliatif triste et très local de l'art verbal. Pour citer un poète de jadis : Le sens moral chez les mortels n'est que la dîme que nous npayons sur le sens mortel du sublime."

Pucksimberg
avatar 15/07/2012 @ 21:15:14
"une gamine à la dérive"

Marvic

avatar 15/07/2012 @ 21:15:23
J'ai terminé la lecture de ce roman que je ne suis pas prête d'oublier!
Bien sûr, je vous attends pour "discuter" de la fin.
En particulier sur la personnalité de Lolita. Qu'en pensez-vous?

A noter cependant une petite dizaine de pages de Nabokov où, entre autres, il raconte la genèse de ce livre, il essaie d'expliquer le refus des éditeurs américains...
J'ai particulièrement aimé les dernières lignes:-)
"Ma tragédie personnelle... est qu'il m'a fallu troquer mon idiome naturel, mon vocabulaire russe si riche... contre un mauvais anglais de remplacement dépourvu de tous les accessoires..."
Moi qui ai déjà été très impressionnée!!

Pucksimberg
avatar 15/07/2012 @ 22:54:30
Fini aussi !

Le premier paragraphe du roman m'avait accroché, les dernières lignes aussi ...

Oui roman marquant c'est sûr !

Shelton
avatar 15/07/2012 @ 23:04:00
Je n'ai pas encore succombé à la "magie" du texte... mais je n'ai lu que 80 pages...

Saule

avatar 15/07/2012 @ 23:26:16
Marvic, j'en étais au moment ou Lolita partait au camp. Le livre prend un virage scabreux après, et je revois tout à fait mon opinion. Lolita est elle-même pour le moins délurée, mais on a du mal à la cerner, finalement on ne la voit qu'à travers les yeux de HH et son obsession.

Voila un exemple de descriptions très visuelles que j'aime bien, on a l'impression d'y être, et ça rend bien l'état d'esprit de HH (il sort de chez le médecin en ayant l'impression de l'avoir manipulé et d'avoir reçu des sédatifs puissants qui lui permettront d'endormir la petite).

"Conduisant la voiture de ma femme d'un doigt, je repris tout heureux le chemin de la maison. Ramsdale, après tout, ne manquait pas de charme. Les cigales stridulaient ; l'avenue venait tout juste d'être arrosée. Avançant doucement comme sur un tapis de soie, je tournai et débouchai dans notre petite rue en pente. Tout paraissait curieusement si juste ce jour-là. Si bleu et vert. Je savais que le soleil brillait parce que ma clé de contact se reflétait dans le pare-brise ; et je savais qu'il était exactement trois heures et demie parce que l'infirmière qui venait chaque après-midi faire des massages à Miss Opposite descendait d'un pas léger, en bas blancs et souliers blancs, l'étroit trottoir."

J'avance lentement, j'en suis dans le tour du pays en voiture avec Lolita. Les hotels, les lieux, les gens, .. c'est très bien rendu mais n'empêche, je ne suis pas encore réellement pris par le roman.

Plume84

avatar 16/07/2012 @ 18:16:04
La lecture de la première partie a été, pour moi, un peu laborieuse. Je n'ai pas accroché à la partie description du "road-trip" à travers l'Amérique entre HH et Lolita (je ne connais pas du tout le pays, ca n'a sans doute pas aidé).
En revanche, je me délecte (pour le moment) de la deuxième partie. Je suis à la page 368, et les chosent ont l'air de se corser pour HH; l'adolescence fait des ravages dans l'avenir qu'il s'était imaginé avec Lolita. Elle grandit, se rebelle, et j'ai hâte de continuer la lecture pour voir où cette situation va les mener tous les deux, même si des indices, depuis le début du livre d'ailleurs, nous livrent certaines réponses.

@Saule: Je suis vraiment entrée dans le romain à partir de la deuxième partie.
@Shelton: les 80 premières pages ne sont pas, de loin, les meilleures.

Sissi

avatar 16/07/2012 @ 20:07:27
Page 370

Je viens donc de lire ce post de Pucksimberg que j'avais écarté avant (vu que je n'en étais pas là, et il se trouve que je pense tout pareil! :-)

Je pense juste que Lolita a tout autant d"emprise sur HH (mais une emprise plus psychologique que matérielle, c'est vrai.)

En fait, ils me font pitié tous les deux....



p.364 : RAPPEL : post à ne pas lire si vous n'avez pas dépassé la page indiquée.

La fin de la première partie est très prenante et souligne l'emprise de HH sur Lolita. On se sent un peu impuissant :

" - Parce que, répondis-je, ta mère est morte.
( ... )
A l'hôtel, nous prîmes des chambres séparées, mais au milieu de la nuit, elle vient me rejoindre dans la mienne en sanglotant, et nous nous réconciliâmes fort gentiment. Elle n'avait, voyez-vous, absolument nulle part où aller."

Je trouve la dernière phrase très dure.


Je suis assez surpris par le tournant que prend la deuxième partie. C'est un véritable road movie dans les Etats-Unis. Un peu glauque parfois. Dans cette partie, on oublie un peu que Lolita est une ado. j'ai eu le sentiment d'avoir sous les yeux un couple en cavale.

La force de ce roman est de reposer sur l'emploi du "je". On ne sait pas si ce que Humbert craint est justifié car il devient paranoïaque et inquiet. Le lecteur est tenu en haleine.


Sissi

avatar 16/07/2012 @ 20:09:13
Oubli, la culpabilité d'HH qui interpelle souvent le lecteur pour s'excuser ou se défendre,, et dit souvent "messieurs les jurés" ou "les membres du jury" etc...

Marvic

avatar 16/07/2012 @ 21:25:47
Saule, tu as donc dépassé la scène qui personnellement m'a fait bondir... et je n'étais pas la seule.
"Les hommes viennent de mars... ;-)

Comme Plume84, c'est vraiment la deuxième partie du roman, après les pages "touristiques", qui m'a passionné.

Et si la fin n'est pas complètement une surprise, ce n'est peut-être pas à celle-ci que l'on s'attend; mais des indices sont laissés dès le début du roman et effectivement le narrateur s'adresse à des jurés.

Nymphette

avatar 17/07/2012 @ 08:05:03
Bonjour!

J'en suis environ à la page 230. Je n'arrive pas à lire autant que je le voudrais en ce moment, et je me sens un peu à la traine!

H.H. a tenté de droguer la petite pour lui faire... bref, ce qu'il a "à faire". Cette histoire est assez obsédante & fascinante. Et l'écriture recherchée & précieuse de NABOKOV joue en cela un rôle majeur. Si le texte avait été plus commun, il aurait vite semblé vulgaire: ici, le mélange de magie & de poésie rend la réalité si ce n'est plus supportable au moins d'une certaine façon plaisante à lire...

Quant au personnages...

H.H. est l'image même du manipulateur pervers: il donne le change socialement alors que dans l'intimité il s'avère le pire des "compagnons"

Lolita me semble peu dupe de la situation et elle en joue sans vraiment se rendre compte des conséquences: une petite chipie qui déchantera des années plus tard!

Nymphette

avatar 17/07/2012 @ 08:05:46
"auX personnages" évidemment!

Lobe
avatar 17/07/2012 @ 14:54:16
Je n'ai eu que l'occasion de lire hier, et dans de mauvaises conditions (train supprimé, donc attente dans la gare bruissante, puis par manque de place dans le tgv suivant, voyage debout dans le wagon bar...). Heureusement, j'ai très vite été happée par le livre, donc ça a été un trajet presque agréable. J'aime beaucoup l'écriture de Nabokov (traduction de Maurice Couturier), j'avais souvent un sourire aux lèvres. Le personnage de Humbert Humbert ne me dégoute pas, c'est comme si implicitement en ouvrant le livre j'avais accepté qu'il soit attiré vers de si jeunes filles. Mais ça ne m'empêche pas d'être gênée ponctuellement, envers l'assurance absolue avec laquelle il accepte ses désirs, et surtout son désir pour Lolita.

Maria-rosa 17/07/2012 @ 17:13:00
Tout au long de ce livre que j'ai lu il y a longtemps (j'avais à cette époque, en plus, des filles de l'âge de Lolita), je me souviens de n'avoir pu me départir d'une profonde compassion pour Lolita et pour un dégoût profond mêlé de pitié, oui de pitié, pour cette larve manipulatrice de Humbert Humbert qui ne parviendra jamais à franchir affectivement l'âge adulte.
Ne jamais oublier que Lolita est toujours vue par les yeux de Humbert et que tout au long du livre elle est objet et non sujet, même lorsqu'il semble profondément amoureux, elle n'est jamais qu'une image qu'il se crée pour alimenter sa déviance.
Bien sûr que la gamine est délurée, bien sûr qu'elle se joue et se moque finalement de Humbert. Elle n'est qu'un objet malléable que l'on a tordu d'une certaine façon. Mais qui a bien pu dire un jour que la fin de l'enfance et le début de l'adolescence est un âge d'innocence et de pureté. Quelle invention stupide. C'est pour cela aussi que l'adolescence fait peur bien souvent, pour ce qu'elle peut susciter chez le genre de personnage représenté par Humbert.

Alma
avatar 17/07/2012 @ 19:17:36
Je viens juste de terminer la lecture de Lolita
Un premier bilan, à chaud .
Un roman troublant , à plus d'un titre .
Troublant par son sujet (il en a été ici longuement débattu), même si les choses sont toujours dites avec élégance, douceur et sans vulgarité.
Troublant aussi par la personnalité de HH, un pervers qui frémit dès qu'il aperçoit la moindre nymphette et dont le monologue est un plaidoyer pro domo pendant lequel il prend régulièrement à témoins lecteurs et jurés . Quand on sait qu'il prend un grand plaisir à mener en bateau les psy chargés de l'interroger, et comme il est l'unique narrateur dans le roman, donc que tout est vu et raconté de son point de vue, on ne peut que se demander où est la vérité, et quelle est la part de l'affabulation, de la mythomanie .
Troublant aussi apr les rapports qu'entretiennet HH et Lolita, alternativement maître et esclave, bourreau et victime, chat et souris .
Le lecteur est ainsi sans cesse ballotté, destabilisé par ce qu'on peut considérer comme une étude de cas pathologique .
Si j'ai goûté l'écriture souple, riche, j'ai souvent été agacée par la récurrence des mots rares ou savants dont l'abondance frisait le maniérisme et la préciosité quelque peu ridicule .
Des portraits savoureux et féroces !!!!!ceux de femmes : chacune des 2 épouses de HH, la directrice du lycée que fréquente Lolita, l'infirmière de l'hôpital .
Des passages touchants : les retrouvailles avec une Lolita, mariée, enceinte, le dernier paragraphe de l'ouvrage : dédicace finale à Lolita dont la tendresse fait écho au lyrisme de la phrase d'ouverture : "Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins"
Des passages plus ennuyeux : les villes traversées pendant le long road movie, la traque puis l'assassinat de CQ
Bref, un roman à l'effet de douche écossaise et que je ne regrette pas d'avoir lu avec attention

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