Nymphette

avatar 12/07/2012 @ 18:37:04
Je ne reproche rien à Nabokov, qui suis-je pour le juger ? Je m'étonnais simplement qu'on encense un livre sur la pédophilie alors que d'un autre côté, on descend en flammes un auteur qui a le courage de s'affirmer.


Ce que l'on encense ici, c'est la plume de cet auteur sa capacité à ,ous faire ressentir des choses, et aucunement son comportement pédophile (s'il était avéré...) ou son affimration que cela est "normal" ou non punissable!


Tu as bien sûr le droit de ne pas aimer ce livre! et même de l'arrêter si cette lecture t'ennuie!

Koudoux

avatar 12/07/2012 @ 19:22:51
Je viens de terminer la première partie.
J'apprécie toujours autant l'écriture et je déteste de plus en plus HH.
Je me suis aussi posé la question sur la précision de Nabokov
quand il décrit les ressentis du pédophile.
J'ai lu toutes vos réflexions à ce sujet mais je me garde de prendre position.

Merrybelle
avatar 12/07/2012 @ 20:52:13
Voir tourner cette discussion autour du thème "Nabokov est il ou pas pédophile avéré ou fantasmé" me laisse sans voix face à la qualité littéraire de cette oeuvre alors qu'on encense des fadaises auto fictionnelles ou à base de parenthèses.

je crois au pouvoir de l'imagination de Nabokov et à son intelligence et je crois volontiers à une personnalité de type "entomologyste"
Je pense que Nabokov est très loin de l'autofiction dont la littérature française actuelle nous abreuve et que j'exècre à quelques exceptions près.
Aussi , j'ai fait quelques recherches sur le net que je partage ici aux fins d'éclairer certains des intervenants


« Ce qui fait que Nabokov a accédé si rapi­dement au statut de classique con­temporain, c'est d'abord son écriture remarquable, fortement imagée. C'est aussi sa capacité à inventer et com­poser des histoires extrêmement complexes et emboîtées, analyse Maurice Couturier (..). Surtout, il ne se soucie pas de l'actualité, pas plus que de donner à ses romans une dimension sociale ou documentaire. A travers les person­nages qu'il invente, il s'intéresse à des choses bien plus essentielles sur l'humain. Comment l'individu se fabrique. Avec quelle sensibilité, quel courage, quelle force. Avec aussi quelle violence et quelle perversité parfois - qu'on songe à la part de sadisme et de cru­auté contenue dans Rires dans la nuit, Invitation au supplice ou Lolita. »

« Je ne poursuis aucun objectif social, je n'apporte aucun message moral. J'aime seulement composer des énigmes avec des solutions élégantes », déclarait Nabokov lui-même. Abhorrant l'idée d'une littérature à vocation de distraction ou de consolation pour le lecteur. « Je garde une rancune tenace aux gens qui demandent à leurs lectures romanesques d'avoir un caractère informatif, édifiant ou national, ou encore d'être aussi bonnes pour leur santé que le sirop d'érable ou l'huile d'olive... », protestait-il encore, plaidant pour une littérature de pure invention, pour l'écriture comme un art d'« enchanteur » - un art qui ne vise pas au réalisme, au contraire empreint de magie, mêlant « la stratégie de l'inspiration et les tactiques de l'esprit, la chair de la poésie et le spectre d'une prose translucide ».

Et Maurice Couturier de préciser : « Son œuvre, notamment Lolita (1955), mais aussi Ada ou l'ardeur, où il est question d'inceste, a été jugée parfois comme moralement provocante. Mais Nabokov n'est en rien un libertin. Son souci premier n'est pas de parler de la transgression ou du sexe, mais d'uti­liser le sexe et la transgression comme défis à une écriture poétique. Pour lui, la question est : comment puis-je ­rendre cela dicible ? Il essaie en ­somme de faire un peu la même chose que Ronsard. Ronsard dont il disait d'ailleurs qu'il aurait donné tout ­Racine et tout Corneille pour un de ses sonnets. »



ou encore

"Il s’agit donc d’une œuvre sur une relation pédophile, mais nullement sur la pédophilie, cette relation est traitée sans aucun jugement moral, comme n’importe quelle passion irrésistible mais non réciproque. " Lolita ne traîne aucune morale derrière elle." prévient Nabokov. Humbert Humbert manipule le double langage avec virtuosité: il s'accuse des fautes qu'il a commises à l'égard de Lolita, mais s'ingénie par ses prouesses d'écriture à gagner l'admiration sinon même la complicité de son lecteur. "Ce livre est de tous mes livres celui qui a été le plus difficile à écrire - il traitait d'un thème si étranger, si éloigné de ma vie affective que j'ai éprouvé un plaisir tout particulier à faire appel à toutes mes ressources de "combinateur" pour le rendre réel."


ou encore

" Il les passe presque tous au laminoir, les prestigieux confrères (à l’exception de Shakespeare et Pouchkine, ses intouchables), les traitent de « naturalistes » pour n’avoir pas tout sacrifié au style, au drapé, au son, à la forme, à la vision, à la structure de leur prose. Jamais il ne pardonnera à un écrivain d’avoir renoncé à être un artiste. Surtout s’il a trahi l’art au profit de la critique sociale. Pour un esprit qui tient le roman pour mensonge et illusion, l’expression « histoire vraie » est insultante. "


Bien sûr, ces lignes ne convaincront pas ceux qui n'y trouveront pas chaussures à leurs pieds Mais pour ma part, je suis confortée dans l'idée que je me faisais de cette oeuvre

Je mets en suspens la lecture de Lolita en attendant de trouver un exemplaire traduit par Couturier.
et j'envisage furieusement de consacrer mes vacances à relire "autres rivages" et ses nouvelles

Sissi

avatar 12/07/2012 @ 21:02:14
Dante n'a jamais touché Béatrice, il ne l'a jamais "eue", elle se tapait complètement de lui, et il a continué à l'aimer bien après sa mort.



Ce n'est pas parce que ça n'a pas été consommé qu'il ne l'a pas désirée sexuellement.


Peut-être, mais ce n'est aucunement l'objet de ses écrits. L'objet de ses écrits c'est l'amour mystique, désintéressé, Béatrice vue comme une espèce d'ange, de madone, de femme idéale qu'il vénère en secret etc...(on se demande même si elle a vraiment existé d'ailleurs).
Alors c'était peut-être un gros menteur, en attendant il n'y a aucun rapport avec "Lolita" et la surexcitation sexuelle qui s'en dégage.

Avada

avatar 12/07/2012 @ 21:02:43
Tout à fait d'accord avec toi , Merybelle.

Il faut ajouter aussi que certains passages sont vraiment très marrants.

Sissi

avatar 12/07/2012 @ 21:03:16
Merci Merrybelle pour toutes ces notes très intéressantes!

Dirlandaise

avatar 12/07/2012 @ 21:29:12


Alors c'était peut-être un gros menteur, en attendant il n'y a aucun rapport avec "Lolita" et la surexcitation sexuelle qui s'en dégage.


Le rapport c'est que Humbert présente Dante comme quelqu'un qui a aimé une fille très jeune et il se sert de cet exemple pour se déculpabiliser donc c'est lui qu'il taxer d'ignorance madame l'impératrice et non pas moi. Êtes-vous en mesure de comprendre cela du haut de votre trône doré ?

Dirlandaise

avatar 12/07/2012 @ 21:30:11
Correction : qu'il faut taxer...

Koudoux

avatar 12/07/2012 @ 23:12:21
Merci Merrybelle pour tes recherches.

Pucksimberg
avatar 12/07/2012 @ 23:38:27
Merci pour ces précisions Merrybelle !

Dirlandaise

avatar 13/07/2012 @ 00:40:45
C'est certain que lorsqu'on se donne la peine de faire quelques recherches, on trouve plein d'avis différents sur ce livre et son auteur. J'ai trouvé des articles qui rejoignent ma pensée, d'autres complètement à l'opposé et d'autres qui me donnent raison enfin, on trouve de tout et on peut très bien ne conserver que ceux qui vont dans le sens qui est le nôtre. On peut aussi argumenter à coup d'articles glanés ici et là sur le net, rien de plus facile mais bon, si vous voulez absolument vous rassurer sur la moralité de Nabokov, je n'ai rien contre. Tant mieux s'il n'était pas un pédophile que dire de plus, je ne pourrai jamais savoir le fond de sa pensée de toute façon mais je me réserve la liberté de m'interroger sur ses motivations profondes.

Une autre référence à Dante à la page 171 de l'édition Gallimard Folio que je suis en train de lire :

" Oh, Lolita, n'étais-tu pas à la fois ma fille et mon amante, comme la Virginie de Pô-pô et la Béatrice de Dante (...)"

Donc, à supposer que Béatrice ne fut jamais l'amante de Dante, Nabokov s'égare avec cette phrase de Humbert. Il était donc ignorant à ce point ?

Shelton
avatar 13/07/2012 @ 07:10:56
J'ai commencé le roman, j'ai lu vos premières remarques et je vais venir donner mon avis dans les heures qui viennent, en tentant de ne pas redire ce que vous avez déjà écrit

Nymphette

avatar 13/07/2012 @ 08:26:29
Je souligne ici que mon pseudo n'a pas du tout été choisi suite à la lecture de la description de la nymphette par Mr. H.H. mais bel & bien en pensant aux petites lutines ailées & taquines façon Loisel...

p46 de l'édition Folio Poche, Traduction de M COUTURIER


"j'étais consumé par la fournaise de toutes les nymphettes qui passaient mais, poltron respectueux des lois, je ne me permettrais jamais de les approcher. Quant aux créatures femelles qu'on m'autorisait à manipuler, elles n'étaient que de simples palliatifs. je veux bien croire que les sensations que j'éprouvais dans l'acte naturel de fornication étaient assez semblables à celles qu'éprouvent les grands même normaux lorsqu'ils s'accouplent avec leurs grosses femelles tout aussi normales en ce va-et-vient coutumier qui fait trembler le monde. Le seul inconvénient, c'était que moi, à la différence de ces messieurs, j'avais entrevu une félicité incomparablement plus poignante. Le plus terne de mes rêves libidinaux était mille fois plus éblouissant que tous les adultères que pourraient imaginer l'écrivain de génie le plus viril ou l'impuissant le plus talentueux."

Donatien
avatar 13/07/2012 @ 08:44:13
Il me semble lire plus de procureurs que de lecteurs!
Où sont les impressions de lecteurs cheminant le long du parcours délirant de HH? Les bonnes et mauvaises surprises, les joies et les hauts le coeur?
Dommage.

Merci à Merrybelle pour ses recherches.

Alma
avatar 13/07/2012 @ 09:26:04
Il me semble lire plus de procureurs que de lecteurs!
Où sont les impressions de lecteurs cheminant le long du parcours délirant de HH? Les bonnes et mauvaises surprises, les joies et les hauts le coeur?.


Les impressions des lecteurs arriveront - peut- être- quand les procureurs en auront terminé......

Dirlandaise

avatar 13/07/2012 @ 10:17:54
Mes impressions de lectrices : c'est un livre très moyen et je cherche toujours les qualités littéraires tant vantées par certains. Ce n'est pas en truffant le texte de termes littéraires peu usités que cela résulte en un texte de qualité. Je suis extrêmement déçue. Je croyais découvrir un écrivain génial et je découvre un auteur bien ordinaire. Plus j'avance dans ma lecture, plus le récit tourne au mauvais polar. Certains passages me rappellent de tristes souvenirs de lecture de BEE ! C'est vulgaire et racoleur, écrit pour divertir un public en mal de sensations. Beurk et rebeurk !

Je poursuis péniblement mais je suis de plus en plus exaspérée. Un livre très au-dessous de mon niveau et ceci dit sans prétention aucune.

Dirlandaise

avatar 13/07/2012 @ 10:18:20
Correction : lectrice...

Dirlandaise

avatar 13/07/2012 @ 10:26:13
J'ai commencé le roman, j'ai lu vos premières remarques et je vais venir donner mon avis dans les heures qui viennent, en tentant de ne pas redire ce que vous avez déjà écrit


Il me tarde de connaître ton avis sur ce livre Shelton. ;-)

Plume84

avatar 13/07/2012 @ 11:10:31
De mon côté, je suis fascinée par ce personnage dans lequel Nabokov a si bien réussi à se glisser; à nous glisser pourrais-je dire.
Que ce texte soit ou pas en partie autobiographique relève, comme le dit bien Dirlandaise, encore aujourd'hui du débat ou du scandale.
En revanche, je suis séduite par le style littéraire, mais je peux comprendre que l'on y adhère pas forcément car c'est assez surprenant. Quelqu'un a dit un peu plus haut que l'on pouvait presque se prendre d'affection pour HH, et pour moi, c'est là que réside le génie littéraire de Nabokov dans cette œuvre.
Pour le moment, HH s'évertue encore dans le secret à se délecter de la petite Lolita. J'espère ne pas être déçue de la façon dont il décrira leur "amour" réel.
A plus tard.

Sundernono

avatar 13/07/2012 @ 11:15:24
Bonjour,

Si je peux me permettre je trouve que le débat tourne beaucoup trop autour de l'auteur ou du personnage central de ce roman, Humbert Humbert. Si Nabokov était un pédophile, cela ce saurait, surtout ce roman ayant été écrit par un ancien ressortissant russe vivant aux Etats-Unis en période de guerre froide...
Le problème, il me semble, se trouve tout simplement dans le fait que plusieurs d'entre vous n'avez pas fini le livre, vous verrez qu'au dela de son attirance pour les "nymphettes" HH aime vraiment Lolita.
D'ailleurs je trouve que le rôle de Lolita est sous-estimé dans vos commentaires, Dolores est loin d'être innocente...
Après concernant le style, pour ma part je l'ai trouvé élégant, assez proche de celui de Capote que j'affectionne. Parfois il est vrai que le récit peut être légérement pédant ou précieux, mais il me semble que Nabokov le fait pour mieux situer HH vis à vis du lecteur.
Bonne continuation et bonne lecture!

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