Saint Jean-Baptiste 22/07/2012 @ 23:01:08
(...) quelque atroce détail sur ses relations avec Lolita au coeur d'anecdotes touristiques est effroyable!


Sacré bouquin tout de même!


Atroce ? oui et non ! Moi je trouve que cette Lolita n’existe pas ; elle n’a pas de consistance, elle ne vit pas, elle ne souffre pas, elle ne jouit pas… rien ! On dirait un prétexte à raconter une histoire…

Je vais tacher de trouver un meilleur moyen d’exprimer cette curieuse impression.
D’abord aller plus loin dans ma lecture, mais l’entrain n’y est plus.
Quoique, c’est vrai : sacré bouquin tout de même !

Dirlandaise

avatar 22/07/2012 @ 23:23:21
Bof, moi je ne trouve pas que ce livre soit un chef-d'oeuvre. Je crois posséder un autre livre de cet auteur quelque part donc je vais peut-être lui accorder une seconde chance. Il ne faut pas juger un auteur sur un seul livre n'est-ce pas ? Mais sa façon d'écrire m'irrite au plus haut point. Il se plaît à truffer son texte de mots qui ne sont même pas dans le Larousse ! Pour les ignorantes comme moi, c'est pas un cadeau et c'est frustrant de chercher et de ne rien trouver ! ;-(

Plume84

avatar 22/07/2012 @ 23:43:05
Je trouve que pour un premier livre écrit dans une langue différente de sa langue maternelle, Nabokov nous fait une démonstration de son grand talent littéraire.
Cependant, comme Dirlandaise, je ne dirais pas que "Lolita" est un chef d'oeuvre, il est trop maladroit sur certains passages, enfin à mon goût.

Maladroit mais démontrant le génie de l'auteur.

Saint Jean-Baptiste 23/07/2012 @ 12:16:44
Bof, ... mots qui ne sont même pas dans le Larousse ! Pour les ignorantes comme moi,
Mais, Dirlandaise, quand tu ne sais pas, faut pas avoir peur de demander, voyons…

Donatien
avatar 23/07/2012 @ 14:18:45
Je dois dire que mon sentiment après la relecture de ce roman est plutôt partagé. Je ressens un cartain malaise par rapport à ces personnages de malades, de tueurs en série, de pédopohiles.

La question qui se pose donc est : "Pouvons-nous traiter de tout, rire de tout, inventer n'importe quel personnage?

Je crois que oui, mais que le lecteur doit être averti.

Si en 1959, date d'édition de "Lolita", le fait d'aimer les "nymphettes" pouvait passer pour simplement osé, la situation a changé depuis la découverte de l'ampleur de ce phénomène.

L'affaire Dutroux en Belgique, Outreau en France, les prêtres de l'église d'Irlande et d'autres pays ont créé une prise de conscience douloureuse du phénomène.

Le plus douleureux est le fait que la majorité des faits sont commis par des proches ou des membres de la famille des victimes.

D'où le réflexe de rejet ou de révulsion de certains lecteurs mais surtout lectrices.

J'ai un problème avec des personnages comme Bateman de "Amiracin psycho", de Harry White dans "Le démon" de Selby
ou au cinéma sur des films comme "Nés pour tuer" ou"Baise-moi".

Je sais que ces personnes existent, mais il me semble que c'est un filon commercial pour certains écrivains ou réalisateurs de film.

Mais je ne peux nier l'admiration que je porte à l'oeuver de Vladimir Nabokov. Son intelligence, son ironie (parfois méchante) mais surtout sa capacité imaginative et ses merveilleux cours de littérature qui sont des modèles du genre.

Le problème avec certains malades, c'est qui'ils sont sincères, que Humbert Humbert aime Lolita à la folie. Que c'est vraiment le récit d'un amour fou, mais qu'il y a une victime c'est à dire l'adolescente de 12 ans. C'est une folle équipée délirante et rocambolesque!

En Belgique des relations sexuelles, même avec consentement, avec une personne de moins de 14 ans, est juridiquement un viol, donc un crime.

Mais j'en reviens à la question de fond, est-ce que tous les sujets peuvent être traités par les artistes?
J'estime que oui, mais après avoir été prévenu ,par l'expérience ou l'avertissement des diffuseurs de ces récits.

Quant à la préciosité de certains termes, il faudrait consulter l'édition originale pour évaluer la traduction . Il est aussi vrai que le vocabulaire commun s'est appauvri depuis 1959.

Mon impression finale est que j'éprouve de la pitié pour Humbert Humbert, mais que je ne lui permettrais pas de séduire d'autres victimes.

Dirlandaise

avatar 23/07/2012 @ 17:43:30
Bof, ... mots qui ne sont même pas dans le Larousse ! Pour les ignorantes comme moi,
Mais, Dirlandaise, quand tu ne sais pas, faut pas avoir peur de demander, voyons…


J'aurais dû les noter... J'étais devenue tellement désabusée que vers la fin, je ne cherchais même plus, certaine de ne rien trouver dans mon Larousse.

Dirlandaise

avatar 25/07/2012 @ 00:21:41
Tiens, un exemple de mot non trouvé dans mon Larousse :

"Peccable" !

J'ai trouvé la définition sur internet. Ah ce Nabokov ! Je lis un autre livre de lui... je dois être masochiste...

Tu le connaissais ce mot toi SJB ? Ben pas moi... il est vrai que je suis tellement ignoraaaaaaaaaaannnnnnnnnnnnttttttttttttttte !!!! Héhéhé !

Saint Jean-Baptiste 25/07/2012 @ 00:43:23
Tiens, un exemple de mot non trouvé dans mon Larousse :

"Peccable" !

Tu le connaissais ce mot toi SJB ?

Je connaissais : impeccable, alors, peccable, j’ai deviné. ;-))
Mais je suis d’accord avec toi, il y a un tas de mots que je n’avais jamais vus et que je ne connais pas.

Mais je crois que l’auteur en invente beaucoup.
Je me souviens d’un passage où il dit qu’il n’a pas la patience de chercher le mot juste alors il en emploie un autre au hasard.

Beaucoup de gens aiment d’être surpris. C’est vrai pour tous les arts, on veut du nouveau, n’importe quoi, du moment que ce soit nouveau et surprenant.
À croire que c’est devenu le but de l’art : surprendre, étonner, choquer ; l’art moderne, c’est devenu faire n’importe quoi, du moment que personne ne l’ait fait avant !

Dans ce sens, Nabokov est un artiste de génie, il n’arrête pas de surprendre et d’étonner, à tel point que pour finir, ça devient vraiment lassant (avis personnel, évidemment).

Merrybelle
avatar 25/07/2012 @ 08:22:38
Je cite :
À croire que c’est devenu le but de l’art : surprendre, étonner, choquer ; l’art moderne, c’est devenu faire n’importe quoi, du moment que personne ne l’ait fait avant !



C'est ce qui a été fait de tout temps et c'est bien la définiton de créer.
C'est pour l'artiste trouver une expression. Un artiste ne peut se permettre de peindre au XXIe s comme Rubens , ça n'aurait aucun sens. Il n'exprimerait rien de lui.
A l'ère de la photographie et de Photoshop, un peintre ne pourrait se tenir à un portrait classique .
Donc forcément ça choque les contemporains. un exemple des plus communs : les impressionnistes tant appréciés de nos jours même par ceux qui ne goutent pas l'art n'ont ils pas été rejetés en leur temps par tous et on peut multiplier les exemples. Si on apprecie l'art du Caravage , c'est bien qu'il a apporté quelque chose de nouveau, qui lui appartient et qui va au delà de ce qui se faisait jusqu'alors, etc... L'art c'est la création, le renouvellement et non le recopiage. Et un artiste est unique, il casse les codes et contrairement à l'expression galvaudée : non un enfant ne pourrait faire la même chose !

Le musée Picasso de Barcelone expose des peintures de l'adolescent Picasso, beaux, exceptionnels pour quelqu'un de son âge mais il ne serait jamais devenu Picasso si il en était resté là, il n'aurait rien exprimé de lui-même.
Maintenant on peut y ressentir une émotion ou pas, aimer ou pas , c'est un autre débat. Mais on ne peut pas dire que l'art de nos jours c'est faire n'importe quoi.

Mais nous nous éloignons de Lolita, qui d'ailleurs ne devrait plus tarder à arriver.

Feint

avatar 25/07/2012 @ 10:29:00
Tiens, un exemple de mot non trouvé dans mon Larousse :

"Peccable" !

J'ai trouvé la définition sur internet. Ah ce Nabokov ! Je lis un autre livre de lui... je dois être masochiste...

Tu le connaissais ce mot toi SJB ? Ben pas moi... il est vrai que je suis tellement ignoraaaaaaaaaaannnnnnnnnnnnttttttttttttttte !!!! Héhéhé !
Il est dans le TLF :
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/…;

Le Larousse est un dictionnaire encyclopédique, c'est son orientation. C'est pourquoi les mots un peu rares ou obsolètes y sont souvent absents. Pour ceux-là, il vaut mieux chercher dans le Robert, dans le Littré, ou bien sûr dans le TLF qui sont des dictionnaires de langue (entendre : des dictionnaires de la langue française).

Saint Jean-Baptiste 25/07/2012 @ 11:00:56
... L'art c'est la création

Mais nous nous éloignons de Lolita, qui d'ailleurs ne devrait plus tarder à arriver.

Ce que tu dis est vrai, Merrybelle, à quelques restrictions près :
« l’art c’est la création », non ! La création fait partie de l’art.

C’est vrai que certains artistes sont arrivés à casser le codes, comme les Courbet, Manet, Braque, Picasso… Mais c’était des créateurs de génie.
Je trouve qu’aujourd’hui, trop « d’artistes » s’imaginent qu’ils font de l’art, parce qu’ils surprennent, étonnent, choquent, comme si c’était le but de l’art.

Hé oui, Merrybelle, il faudrait ouvrir un autre forum pour en parler, parce qu’on s’éloigne de notre Lolita - que je me fais une obligation de terminer… Alors que c’est les vacances !

Feint

avatar 25/07/2012 @ 11:25:28

Je trouve qu’aujourd’hui, trop « d’artistes » s’imaginent qu’ils font de l’art, parce qu’ils surprennent, étonnent, choquent, comme si c’était le but de l’art.
Et ce faisant, ils ne font que reproduire ce que dans leur esprit ils croient susceptible d'étonner ou de choquer. Il n'y a alors aucune création authentique, mais simplement quelque chose qui fait semblant d'en être. (Et je ne pense pas du tout que Nabokov soit concerné.)

Dirlandaise

avatar 25/07/2012 @ 22:48:56


Dans ce sens, Nabokov est un artiste de génie, il n’arrête pas de surprendre et d’étonner, à tel point que pour finir, ça devient vraiment lassant (avis personnel, évidemment).


Nabokov sait écrire et aime bien le montrer. Du coup, il force sur le style au détriment de l'histoire. Je dois souvent relire des paragraphes entiers afin de m'assurer d'avoir bien saisi ce qu'il voulait exprimer. Pourtant, quelque chose m'incite à poursuivre la lecture de cet auteur, je ne peux pas encore expliquer quoi mais bon, je préfère de beaucoup Thomas Bernhard.

Dirlandaise

avatar 25/07/2012 @ 22:52:30
Oui Feint tu as raison, le Larousse n'est pas le dictionnaire idéal pour trouver des mots rares. Heureusement qu'il existe d'autres ressources.

Dirlandaise

avatar 25/07/2012 @ 23:01:35
"Sa lutte avec les mots était exceptionnellement pénible et cela pour deux raisons. L'une était la difficulté qu'éprouvent les écrivains de sa sorte à combler l'abîme entre l'expression et la pensée ; ils ont le sentiment à rendre fou que les mots justes, les seuls mots justes attendent sur l'autre bord dans un lointain brumeux, tandis que de ce côté-ci de l'abime, les réclamant instamment, frémit une pensée sans vêtements. Il ne pouvait se servir d'expressions toutes faites, parce que les choses qu'il avait à dire étaient d'un caractère exceptionnel, et il savait, en outre, qu’on ne peut soutenir qu'une idée véritable existe en dehors des mots faits pour elle sur mesure. Si bien que (pour user d'une comparaison plus rigoureuse) la pensée qui n'était nue qu'en apparence suppliait simplement que devinssent visibles les vêtements qu'elle portait, tandis que les mots cachés dans le lointain et qui semblaient des coquilles vides, en réalité attendaient d'être embrasés et mis en branle par le pensée que déjà ils recelaient."

Faut le faire (ou plutôt l'écrire) tout de même... ;-)

Saint Jean-Baptiste 25/07/2012 @ 23:41:56



Nabokov sait écrire et aime bien le montrer. Du coup, il force sur le style au détriment de l'histoire. (...)

Pourtant, quelque chose m'incite à poursuivre la lecture

C’est exactement ça ! Par exemple, il remplit six pages pour expliquer le charme d’une fillette qui joue au tennis. On lit ça avec plaisir tellement c’est bien écrit mais, au fond, ça ne raconte rien. Et, curieusement, on ne peut pas lâcher le livre, on veut savoir ce qui va arriver…
Curieux bonhomme, ce Nabokov…

Feint

avatar 26/07/2012 @ 14:52:35
"Sa lutte avec les mots était exceptionnellement pénible et cela pour deux raisons. L'une était la difficulté qu'éprouvent les écrivains de sa sorte à combler l'abîme entre l'expression et la pensée ; ils ont le sentiment à rendre fou que les mots justes, les seuls mots justes attendent sur l'autre bord dans un lointain brumeux, tandis que de ce côté-ci de l'abime, les réclamant instamment, frémit une pensée sans vêtements. Il ne pouvait se servir d'expressions toutes faites, parce que les choses qu'il avait à dire étaient d'un caractère exceptionnel, et il savait, en outre, qu’on ne peut soutenir qu'une idée véritable existe en dehors des mots faits pour elle sur mesure. Si bien que (pour user d'une comparaison plus rigoureuse) la pensée qui n'était nue qu'en apparence suppliait simplement que devinssent visibles les vêtements qu'elle portait, tandis que les mots cachés dans le lointain et qui semblaient des coquilles vides, en réalité attendaient d'être embrasés et mis en branle par le pensée que déjà ils recelaient."

Faut le faire (ou plutôt l'écrire) tout de même... ;-)
Bel extrait !

Dirlandaise

avatar 26/07/2012 @ 22:31:04


Faut le faire (ou plutôt l'écrire) tout de même... ;-)
Bel extrait !


Oui, il est tiré du livre "La vraie vie de Sebastian Knight" et non de "Lolita".

Feint

avatar 26/07/2012 @ 22:54:30
Ça donne envie.

Maria-rosa 27/07/2012 @ 18:17:34
(...) quelque atroce détail sur ses relations avec Lolita au coeur d'anecdotes touristiques est effroyable!


Sacré bouquin tout de même!


Atroce ? oui et non ! Moi je trouve que cette Lolita n’existe pas ; elle n’a pas de consistance, elle ne vit pas, elle ne souffre pas, elle ne jouit pas… rien ! On dirait un prétexte à raconter une histoire…

Je vais tacher de trouver un meilleur moyen d’exprimer cette curieuse impression.
D’abord aller plus loin dans ma lecture, mais l’entrain n’y est plus.
Quoique, c’est vrai : sacré bouquin tout de même !


Tout à fait d'accord avec toi, SJB, curieuse impression que j'ai ressentie aussi. Comme si Lolita n'existait pas vraiment. Peut-être seulement un prétexte à décrire un cerveau malade par un écrivain extraordinaire.

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